Sens et fonction épistémologiques de la critique du magnétisme animal par les Académies - article ; n°2 ; vol.29, pg 123-142
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Revue d'histoire des sciences - Année 1976 - Volume 29 - Numéro 2 - Pages 123-142
RÉSUMÉ. — De Mesmer à Freud, on fait souvent comme s'il y avait simple et directe filiation : cet article voudrait montrer que ce n'est pas Mesmer, mais ses opposants (en particulier les commissaires du Roi) qu'il faut placer à l'origine de cette histoire ; et d'autre part que la critique du magnétisme animal n'était ni aveugle, ni incohérente, à condition de lui restituer son contexte médical et culturel.
SUMMARY. — We sometimes suppose that there was a direct and simple filiation of ideas between Mesmer and Freud : this paper intends to show, on the one hand, that it is not Mesmer but his opponents (particularly the King's commissioners) whom we have to consider to be at the origin of this interpretation ; and, on the other hand, that, once replaced within its medical and cultural context, the criticism of the animal magnetism theory was neither blind nor incoherent.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M François Azouvi
Sens et fonction épistémologiques de la critique du magnétisme
animal par les Académies
In: Revue d'histoire des sciences. 1976, Tome 29 n°2. pp. 123-142.
Résumé
RÉSUMÉ. — De Mesmer à Freud, on fait souvent comme s'il y avait simple et directe filiation : cet article voudrait montrer que ce
n'est pas Mesmer, mais ses opposants (en particulier les commissaires du Roi) qu'il faut placer à l'origine de cette histoire ; et
d'autre part que la critique du magnétisme animal n'était ni aveugle, ni incohérente, à condition de lui restituer son contexte
médical et culturel.
Abstract
SUMMARY. — We sometimes suppose that there was a direct and simple filiation of ideas between Mesmer and Freud : this
paper intends to show, on the one hand, that it is not Mesmer but his opponents (particularly the King's commissioners) whom we
have to consider to be at the origin of this interpretation ; and, on the other hand, that, once replaced within its medical and
cultural context, the criticism of the animal magnetism theory was neither blind nor incoherent.
Citer ce document / Cite this document :
Azouvi François. Sens et fonction épistémologiques de la critique du magnétisme animal par les Académies. In: Revue
d'histoire des sciences. 1976, Tome 29 n°2. pp. 123-142.
doi : 10.3406/rhs.1976.1389
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1976_num_29_2_1389REV. HIST. SCI.
1976-xxix/2
Sens et fonction épistémologiques
de la critique du magnétisme animal
par les Académies
et cette opposants directe RÉSUMÉ. histoire filiation (en ; particulier — et De : d'autre cet Mesmer article les part commissaires à voudrait Freud, que la critique montrer on fait du Roi) souvent du que magnétisme qu'il ce n'est comme faut pas placer s'il animal Mesmer, y à avait l'origine n'était mais simple ses de ni
aveugle, ni incohérente, à condition de lui restituer son contexte médical et
culturel.
SUMMARY. — We sometimes suppose that there was a direct and simple
filiation of ideas between Mesmer and Freud : this paper intends to show, on the one
hand, that it is not Mesmer but his opponents (particularly the King's commissioners)
whom we have to consider to be at the origin of this interpretation ; and, on the other
hand, that, once replaced within its medical and cultural context, the criticism of the
animal magnetism theory was neither blind nor incoherent.
On a coutume, dans les histoires de la psychologie et de la
psychiatrie (1), de placer Mesmer et le magnétisme animal à l'origine
du mouvement qui conduit à Freud et à la psychanalyse : à travers
Mesmer, Braid, Bernheim et Charcot, une même pratique s'épu
rerait progressivement, dégageant ses concepts spécifiques de la
gangue dans laquelle ils étaient pris. On interroge alors les textes
des magnétiseurs, en s'efforçant de suivre l'apparition, timide et
tâtonnante, de la vérité, à travers les résidus d'une compréhension
erronée et mythique.
(1) Signalons quelques exemples parmi les plus récentes : W. Leibbrand et A. Wet-
tley, Geschichte der abendlándischen Psychopathologie. Fribourg und Miinchen, 1961 ;
I. Veith, Hysteria, The History of a Disease, Chicago, 1965 ; D. Barrucand, Histoire
de Vhypnose en France, Paris, 1967 ; H.-F. Ellenberger, The Discovery of the Unconsc
ious ; the history and evolution of dynamic psychiatry, London, 1970 ; L. Chertok et
R. Saussure, Naissance du psychanalyste : de Mesmer à Freud, Paris, 1973. 124 FRANÇOIS AZOUVI
Cette interprétation, exacte quant à la chronologie des événe
ments, demeure entachée d'une ambiguïté de principe. Car, faute
d'une elucidation conceptuelle — et pas seulement historique — des
problèmes, l'on fait comme s'il y avait homogénéité entre le projet
de Mesmer et celui de la psychothérapie, et l'on en vient à postuler
une continuité des buts, sinon des moyens (2). Même si tous les
auteurs s'accordent pour dire que Mesmer n'est pas Freud, ils ne
marquent pas avec toute la netteté désirable l'irréductible diff
érence qui sépare les propos de l'un et de l'autre : entre eux, en effet,
il ne s'agit pas seulement d'un écart dans l'élaboration d'une théorie
magico-médicale à une théorie scientifique. L'essentielle différence,
en vérité, tient au fait que ni chez Mesmer, ni chez ses disciples
prérévolutionnaires, il n'est question de psychologie (3). Il n'y a
chez eux, ni découverte d'une méthode d'accès au « psychisme », ni
surtout repérage d'une maladie « psychique ». Par conséquent,
lorsqu'on affirme que « l'hypnose a donné une dimension nouvelle
à la psychologie » (4), on postule à tort l'existence de la psychologie
au temps de Mesmer, et la continuité de celle-ci de 1780 à Freud.
Or, nous voudrions le montrer, il ne s'agit nullement de cela
avec Mesmer ; et si l'on veut respecter les ruptures qui scandent
l'histoire d'une science, il faut ranger Mesmer, non parmi les fondat
eurs, mais du côté de la préhistoire : de même que les alchimistes
ont parfois découvert des produits identifiés ultérieurement par la
chimie, de même Mesmer a inauguré une pratique qui allait
permettre aux psychologues et aux psychiatres du xixe siècle de
fonder la théorie que l'on sait.
D'autre part, lorsqu'on étudie l'histoire de l'hypnose de Mesmer
à Freud, on fait comme si seul comptait le recto de cette évolution.
Or, là encore, si l'on veut comprendre conceptuellement cette
histoire, il faut aller chercher chez les opposants de Mesmer, et non
chez ses partisans, la formulation des points fondamentaux que la
(2) Ellenberger, op. cit., p. 69 : « There is no doubt, however, that the develop
ment of modern dynamic psychiatry can be traced to Mesmer's animal magnetism... »
(3) Signalons que D. Barrugand le note (op. cit., p. 203 : « La manière d'étudier
(de Mesmer) n'est ni psychologique, ni scientifique »), mais sans en tirer les conséquences.
Ellenberger également, quoi que moins nettement (op. cit., p. 62).
(4) L. Chertok et R. de Saussure, op. cit., p. 214 ; ibid., p. 17 : « La psychothér
apie est pratiquement entrée dans sa phase expérimentale, sous le nom de « magnét
isme animal », à la fin du xvine siècle avec Mesmer » ; cf. aussi Leibbrand et Wettley,
op. cit., p. 474 : « Man kann daher schon von einer Geburtsstunde der Psychothérapie
reden. » CRITIQUE DU MAGNÉTISME ANIMAL PAR LES ACADÉMIES 125
postérité psychiatrique allait faire siens (5), oubliant étrangement
qu'ils avaient été, au siècle précédent, les armes mêmes des critiques.
Nous voudrions montrer que c'est l'opposition prérévolutionnaire
qui a joué dans cette affaire le rôle décisif. En même temps, nous
voudrions procéder à une réhabilitation du jugement des Commiss
aires du Roi, chargés d'examiner le magnétisme animal, en établis
sant que leur verdict, loin d'avoir été aveugle, expliquait avec
précision et cohérence les faits, à condition de lui restituer son
contexte médical et intellectuel.
F. -A. Mesmer arrive à Paris en février 1778, auteur d'une thèse
de médecine sur l'influence des planètes sur les corps terrestres. Il
vient proposer aux Français ce que les Viennois ont refusé, un
nouveau remède universel.
Sa théorie (6), qu'il faut brièvement rappeler, est un curieux
mélange d'occultisme et de physique newtonienne. Elle affirme
qu'il existe entre tous les corps, célestes et terrestres, une action
réciproque — le magnétisme universel (7) — , qui s'exerce par
l'intermédiaire d'un fluide extrêmement subtil et universellement
présent (8). Le corps humain n'échappe pas à ce réseau d'influences,
et la propriété qu'il a de les subir s'appelle magnétisme animal (9).
La vertu essentielle de ce dernier (identifiée d'ailleurs à la Nature)
consiste dans la conservation et le maintien de l'harmonie chez
tous les êtres (10). Toute maladie vient du dérangement, dans
quelque fonction du corps, de l'harmonie du fluide, et par consé
quent, de même qu'il n'y a qu'une seule maladie, il n'y a qu'un seul
remède, dont on comprend qu'il tienne dans la restauration de
(5) Ellenberger écrit au contraire : « However, his doc

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