À la recherche d une stratégie de l éducation : école et développement économique depuis 1949 - article ; n°86 ; vol.22, pg 317-329
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À la recherche d'une stratégie de l'éducation : école et développement économique depuis 1949 - article ; n°86 ; vol.22, pg 317-329

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Tiers-Monde - Année 1981 - Volume 22 - Numéro 86 - Pages 317-329
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marianne Bastid
À la recherche d'une stratégie de l'éducation : école et
développement économique depuis 1949
In: Tiers-Monde. 1981, tome 22 n°86. pp. 317-329.
Citer ce document / Cite this document :
Bastid Marianne. À la recherche d'une stratégie de l'éducation : école et développement économique depuis 1949. In: Tiers-
Monde. 1981, tome 22 n°86. pp. 317-329.
doi : 10.3406/tiers.1981.4026
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1981_num_22_86_4026A LA RECHERCHE
D'UNE STRATÉGIE DE L'ÉDUCATION :
ÉCOLE ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
DEPUIS 1949
par Marianne Bastid*
Lors de la fondation de la république populaire en 1949, les commun
istes chinois n'ont pas de doctrine précise sur les rapports entre l'ense
ignement et le développement économique. Fidèles à la tradition cultur
elle nationale et en particulier à l'héritage intellectuel du mouvement
du 4 mai 19 19 dont ils sont directement issus, ils attachent une grande
importance à l'éducation et croient à sa vertu transformatrice. Ils ont
aussi leurs propres traditions et expériences concrètes de gestion de
l'éducation, formées par l'exercice du pouvoir dans les bases territo
riales établies avant 1949. Mais tout cet acquis idéologique et pratique
associe chez eux l'éducation à la notion très large àtjianguo et non pas à
une stratégie économique particulière.
Le jian guot construction ou reconstruction nationale, appartient au
vocabulaire politique de l'époque impériale : il signifie alors établir
la dynastie, lui donner les moyens de gouverner et de durer. Il a été
repris par le courant réformiste et nationaliste avec le sens de refaire
une communauté nationale et fonder un Etat moderne capable de pro
téger ses citoyens et d'assurer leur prospérité. Les communistes ont
gardé l'expression avec ses implications particulières : créer un consensus
de la population autour des gouvernants, inculquer des habitudes, des
comportements qui cimentent une union morale, fonder une adhésion
consciente au régime, et accessoirement garantir les moyens d'existence
des habitants en améliorant les conditions de la production. L'œuvre
politique est donc au premier plan, non que les nécessités économiques
* Directeur de recherches au cnrs.
Revue Tiers Monde, t. XXII, n» 86, Avril-Juin 1981 3l8 MARIANNE BASTID
soient niées ou négligées, mais ces dernières sont dérivées de l'objectif
principal.
Certains dirigeants et cadres communistes avaient bien entrevu,
dans la base du Jiangxi et mieux encore plus tard à Yan'an, l'intérêt
qu'il y avait à ce que l'éducation fut conçue de manière à permettre à
ceux qui la recevaient d'augmenter la production. Mais c'est surtout
l'indifférence manifestée par les paysans et travailleurs à l'égard des
formes d'éducation qui leur étaient offertes, et le souci de réduire les
frais d'entretien des écoles qui avaient conduit le Parti communiste à
orienter partiellement l'instruction publique vers des fins économiques
immédiates.
Cette position subordonnée des considérations économiques signifie-
t-elle que le Parti communiste chinois a adhéré très tôt, bien avant
l'analyse critique des experts du Tiers Monde, à une notion globale du
développement, ou qu'il ne se soucie que du pouvoir, non de l'intérêt
populaire réel ? Certes le parti fait sienne la révolution globale prônée
par le marxisme-léninisme; mais il faut revenir aussi sur ce terme de
iian guo par lequel s'exprime alors le dessein communiste chinois :
plus que de « développer » il s'agit de fonder et édifier un ordre nouveau.
La priorité du politique, pris au sens large, est dans la droite ligne de la
réflexion et de l'expérience en matière de gouvernement depuis l'ant
iquité chinoise.
L'exercice du gouvernement depuis 1949 a amené le Parti commun
iste chinois à modifier sensiblement et à plusieurs reprises non seul
ement sa politique, mais sa doctrine concernant l'éducation. Adoptant
plus ou moins certaines versions chinoises officielles, beaucoup d'auteurs
étrangers ont mis ces fluctuations sur le compte de la « lutte entre les
deux lignes » au sein du parti, du conflit entre le modèle soviétique et un
modèle maoïste révolutionnaire; d'autres les attribuent à une alternance
entre l'impératif de quantité et celui de qualité. Ces deux interprétations
contiennent une part de vérité, mais elles ont tendance à simplifier
excessivement les facteurs et les caractères de l'évolution de l'enseign
ement chinois depuis 1949; elles négligent notamment le rôle des diff
icultés intrinsèques de l'éducation et la complexité de ses rapports
avec la croissance économique. Notre propos étant ici d'éclairer les
choix actuels et leurs perspectives, le bilan s'ordonnera autour des deux
questions suivantes : le système d'enseignement a-t-il été jusqu'ici conçu
comme un instrument du développement économique et dans quelle
mesure sa structure et ses résultats sont-ils adaptés à des besoins écono
miques concrets ?
C'est aux conceptions de l'enseignement qui ont prévalu en Union STRATEGIE DE L'ÉDUCATION 319
soviétique sous Staline, à partir de 193 1, que le Parti communiste chinois
emprunte, à la fin de 1949, l'idée que l'instruction publique est et doit
être un instrument direct du développement économique, en élevant
la productivité des travailleurs. Cette conviction trouve sans peine un
écho favorable parmi les libéraux et démocrates qui ont soutenu la
prise du pouvoir par les communistes et sont particulièrement nombreux
dans le milieu enseignant. En effet, depuis le début du siècle, le combat
pour une éducation capable de stimuler le progrès matériel a été au
cœur de leurs préoccupations. Le 25 octobre 195 1, paraphrasant un
propos de Lénine, Guo Moruo, président de la Commission d'Education,
déclare au nom du gouvernement, devant la Conférence politique
consultative, que si avant 1949 seule la Révolution pouvait résoudre les
problèmes économiques, depuis cette date c'est la mission de l'éduca
tion1. Cette foi persiste jusqu'en i960 et les hésitations concernent
jusque-là le choix des modalités les plus efficaces.
L'effort qui est d'abord consenti, dès 1950, se concentre sur le
perfectionnement des cadres politiques et administratifs, la formation
de techniciens de niveau supérieur et moyen pour une économie
de type industrialisé, et l'instruction élémentaire des travailleurs et des
enfants.
Mais dès 1953, le gouvernement est obligé d'avouer ses déboires :
violent mécontentement et pression des familles qui veulent que les
enfants continuent des études au-delà du primaire; impossibilité de
fournir un débouché aux diplômés du primaire et même à ceux du
premier cycle du secondaire, car le secteur industriel est encore trop
peu développé, que du reste ces jeunes, estime-t-on, n'ont pas la capacité
physique d'un emploi à l'usine non plus qu'une maturité suffisante pour
devenir cadres, qu'enfin à la campagne ils refusent de retourner à la
production; de plus, malgré les moyens mis en œuvre, les campagnes
d'alphabétisation2 rurale obtiennent un très faible pourcentage de
succès en comparaison des formules plus stables adoptées en ville.
Outre des solutions de fortune telles qu'encourager les parents à
occuper leurs jeunes enfants diplômés à des travaux ménagers, organiser
en ville des classes d'attente, introduire dans les écoles une éducation
idéologique sur la dignité du travail productif, la croissance de l'ense
ignement scolaire du niveau primaire et du premier cycle du secondaire
1. Bjenmin ribao (Quotidien du Peuple), 5 novembre 195 1.
2. Bien que le terme convienne mal pour la langue chinoise, écrite en idéogrammes, nous
désignerons par « alphabétisation » l'apprentissage de la lecture et de l'écriture d'environ
1 000 caractères de base, au terme duquel les Chinois considèrent qu'un individu a « balayé
la cécité cu

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