A propos de la participation du téléspectateur - article ; n°1 ; vol.1, pg 797-809
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Description

Sociologie de la communication - Année 1997 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 797-809
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 26
Langue Français

Extrait

Tamar Liebes
Edith Zeitlin
Dominique Pasquier
A propos de la participation du téléspectateur
In: Sociologie de la communication, 1997, volume 1 n°1. pp. 797-809.
Citer ce document / Cite this document :
Liebes Tamar, Zeitlin Edith, Pasquier Dominique. A propos de la participation du téléspectateur. In: Sociologie de la
communication, 1997, volume 1 n°1. pp. 797-809.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_004357302_1997_mon_1_1_3870A PROPOS
DE LA PARTICIPATION
DU TÉLÉSPECTATEUR
Tamar LIEBES
Réseaux, Reader CNET - 1997
797 - lévision, ont une structure lâche, faite
d'éléments peu solidaires, et ouverte à dif
férentes logiques de construction. MTV,
par exemple, fonctionne sur une succes
sion d'images éclatées qui rompent avec
les contraintes narratives traditionnelles et
permettent aux téléspectateurs de projeter
tout un ensemble de significations (Kind
er). Si cet exemple paraît trop marginal, il
suffit de se rappeler que le flux télévisuel
est lui-même conçu comme un enchaîne
ment de stimuli visuels disparates et que
les informations, les spots publicitaires ou
les programmes pour enfants se présentent
tous selon une forme segmentaire (2).
Le soap opera est l'exemple qui m'intér
esse. Comme l'a montré Sonia Livingstone
(3), les soap operas peuvent être considérés
comme des structures narratives fermées :
principe même de l'impérialisme un traitement réaliste qui exclut les points de Le
culturel se fonde sur l'idée qu'un vue divergents - par exemple l'auteur en op
texte étranger peut franchir les fron position avec un personnage -, une conti
tières nationales. Avant même d'en venir à nuité des personnages et de l'intrigue, un i
la question des effets, il faut se demander ndividualisme à toute épreuve et une défense
comment ces textes parviennent à retenir systématique des valeurs traditionnelles tou
l'attention de peuples et d'individus chant à la communauté ou à la famille. Et
complètement différents. Pour y répondre, pourtant, Livingstone, sans même prendre
la sémiotique propose le concept l'exemple de Dallas ou Dynasty, insiste
d'« ouverture ». également sur leur ouverture. Les soaps ne
Tous les textes offrent à leurs lecteurs mènent pas à des résolutions simples et l
différents modes de relation, mais certains inéaires des situations. Ils fonctionnent au
sont plus ouverts que d'autres. De ce point tour de personnages multiples dont les per
de vue, Eco (1) va à contre-courant de la sonnalités sont ambiguës et changeantes. Ils
proposent des points de vue différents sur plupart des sémioticiens en affirmant, ce
qui ne manque pas d'ironie, que de nom les problèmes sociaux, et constituent un fo
breux textes littéraires ne sont ouverts rum ouvert sur une variété de principes mo
qu'aux lecteurs initiés - dans la mesure où raux (4). Ils se déroulent comme la vie de
l'auteur invite le lecteur à opérer des com ceux qui les regardent, avec des histoires
mutations entre les différents niveaux qu'il dont l'issue n'est pas certaine, dans une
propose - et que les textes populaires sont sorte de dédale où la solution momentané
fermés parce qu'ils contraignent les lec ment trouvée n'est jamais meilleure qu'une
autre du point de vue narratif et moral. teurs, aussi différents soient-ils, à une lec
ture standardisée. Le débat concernant l'ouverture et la
fermeture - même lorsqu'il se fonde sur Les autres chercheurs semblent pourtant
penser que les textes populaires permett l'analyse des textes ou des genres - part
ent, par leur nature même, des lectures toujours du point de vue du lecteur, en po
sant la question suivante : le texte propose- multiples. Certains genres, surtout à la
il) ECO, 1979.
(2) WILLIAMS, 1974 ; NEWCOMB et HIRSH, 1983.
(3) LIVINGSTONE, 1983.
(4) LIEBES et LIVINGSTONE (1989) montrent que les soaps britanniques assurent davange ce rôle de forums
que leurs équivalents américains.
799 — t-il plusieurs lectures ou au contraire une décodage réaliste est « idéologique », non
lecture « idéale » ? Certains chercheurs en parce que les spectateurs prennent le texte
restent là, et d'autres s'engagent plus avant pour la réalité mais plutôt parce qu'ils
pour découvrir comment cela fonctionne donnent un sens à la narration à travers
en réalité. Ces travaux, qui découlent de l'intégration des personnages dans leur
propre univers de connaissances, de vadifférentes traditions de la recherche sur la
communication, débouchent toujours sur leurs et d'expériences. Ce glissement dans
des dichotomies inspirées par l'opposition les appellations témoigne d'un certain
« ouvert-fermé ». En comparant plus parti pris, puisque le chercheur en vient à
attentivement les paires entre elles, on peut considérer que le fait de prendre le sens
pourtant se dire que la question doit être comme allant de soi et de suspendre son
traitée selon un schéma plus complexe, jugement critique est « idéologique ». Du
coup, la lecture « d'attribution » devient comme celui que je vais présenter.
Commençons par examiner l'opposition non idéologique, puisqu'elle se préoccupe
proposée par Eco. Quel que soit le degré des caractéristiques touchant au texte et à
d'ouverture qu'il accorderait au texte des l'esthétique, comme par exemple la qualité
soap operas, il admettrait deux types de du jeu des acteurs, les probabilités narra
lecteurs, le lecteur « naïf » et le lecteur tives, ou les renvois intertextuels, bref,
« malin » (5). Le premier décode la dimen tout ce qui montre la liberté du lecteur par
sion « mythique », « primordiale » du rapport aux sollicitations du produit.
texte ; l'autre sa dimension « stratégique » Les termes de « lecture deductive » et
ou « ordonnée ». De toute évidence, le lec de « lecture d'attribution » ont été choisis
teur naïf - qui reçoit la réalité comme elle par Gross et Worth pour souligner l'intérêt
est donnée - est un lecteur fermé ; et le qu'ils portent à l'aspect esthétique du rôle
lecteur malin - qui appréhende le texte à du lecteur. Les nouvelles appellations in
travers sa structure - peut ré-ouvrir la nar troduites par Thomas et Allen montrent
ration et recombiner ses éléments. Worth que ceux-ci sont davantage concernés par
et Gross (6) donnent à l'équivalent de ces l'influence politique du texte. C'est aussi
formes de lecture le nom de « lecture de la préoccupation de Stuart Hall (8)
ductive » et de « lecture d'attribution ». La lorsqu'il opère une distinction entre les dé
codages « hégémoniques » et « opposition- première ne tient pas compte de l'auteur
nels » (9). Partant d'une position critique du texte et déduit la signification à partir
de références à la vie réelle, en considérant qui accorde l'hégémonie au texte et non au
que les personnages et l'intrigue appartien spectateur, Hall suggère avec cette distinc
nent à l'ordre naturel des choses. A l'i tion un glissement possible dans l'équi
nverse, la « lecture d'attribution » se fonde libre des pouvoirs entre le texte et le lec
sur la fiction et accorde une paternité exté teur. Grâce à une application empirique de
rieure à un auteur. Sari Thomas a testé em l'approche de Hall au genre des informa
piriquement les concepts de Worth et tions, Morley (10) a été en mesure de
Gross. Dans un rapport présenté sur ce tra confirmer que les lectures oppositionnelles
vail par Allen (7), ce dernier propose un existent bel et bien, et qu'elles revêtent à
nouvel étiquetage, en remplaçant les la fois des formes esthétiques et des
termes de lecture déductive/lecture d'attr formes idéologiques.
ibution par ceux de lecture « réaliste » et de La tradition positiviste a opéré des dis
lecture « fictive », et en soulignant que le tinctions similaires entre les différentes
(5) ECO, 1985.
(6) WORTH et GROSS, 1974.
(7) ALLEN, 1983.
(8) HALL, 1994.
(9)en fait, mentionne un troisième code, le code « négocié » situé quelque part entre les deux. Ce code
accepte comme règle la signification 

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