Alliances et échanges matrimoniaux à Seram central (Moluques) (suite et fin) - article ; n°1 ; vol.16, pg 125-149
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Alliances et échanges matrimoniaux à Seram central (Moluques) (suite et fin) - article ; n°1 ; vol.16, pg 125-149

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Description

L'Homme - Année 1976 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 125-149
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Valerio Valeri
Alliances et échanges matrimoniaux à Seram central (Moluques)
(suite et fin)
In: L'Homme, 1976, tome 16 n°1. pp. 125-149.
Citer ce document / Cite this document :
Valeri Valerio. Alliances et échanges matrimoniaux à Seram central (Moluques) (suite et fin). In: L'Homme, 1976, tome 16 n°1.
pp. 125-149.
doi : 10.3406/hom.1976.367617
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1976_num_16_1_367617ALLIANCES ET ÉCHANGES MATRIMONIAUX
A SERAM CENTRAL (MOLUQUES)*
par
VALERIO VALERI
IV. — La théorie de van Wouden
ET LA STRUCTURE SOCIALE A SERAM CENTRAL
Dans les pages précédentes, nous avons esquissé un modèle de fonctionnement
du mariage matrilatéral tel qu'il est pratiqué aujourd'hui. Mais il semble que ces
systèmes aient connu une évolution dont il serait faux de penser qu'elle ait com
mencé avec la prise de contrôle par l'Administration coloniale. Celle-ci a eu pour
effet principal de constituer des villages, brisant ainsi la structure territoriale et
résidentielle traditionnelle. Mais Seram central a été depuis longtemps le théâtre
de changements sociaux et culturels importants. A côté des groupes « auto
chtones », on trouve toujours de nombreux groupes immigrés des Moluques du
Nord, de l'Ouest de l'île, etc., sans compter l'influence politique de Ternate et de
Tidore. Ces groupes d'immigrants ont apporté leur culture (par exemple, le
chamanisme), ont modifié les relations entre lignages, ont été absorbés ou rejetés.
Malgré cela, il y a continuité entre l'ancien (ou l'image de l'ancien état des choses
que les indigènes nous offrent) et le nouveau : les principes structuraux fonda
mentaux ne semblent pas avoir changé. Les nouveaux groupes ont été intégrés
dans le système ancien de catégories (par ex. la quadripartition)1 — catégories
que la cosmologie et la mythologie reflètent mieux que ne le fait l'état actuel de la
société. Un certain travail de reconstruction est donc à la fois possible et nécessaire.
Une question inévitable se pose alors : dans quelle mesure cette reconstruction
permet-elle d'expliquer certains traits de la société et de l'idéologie actuelles ?
Une culture n'est pas faite seulement de strates et d'institutions congruentes :
* Le début de cet article (sections I, II et III) est paru dans L'Homme, juil.-déc. 1975,
XV (3-4) : 83-107.
1. Qu'ils connaissaient déjà de leur côté (c'est un trait commun aux Moluques).
L'Homme, janv.-mars 1976, XVI (1) , pp. 125-149. 26 VALERIO VALERI 1
des décalages peuvent exister, signes d'une évolution inégale des parties de
l'ensemble. C'est là que réside l'intérêt d'une reconstruction, pour une recherche
qui ne se limite pas à la simple fonction (c'est-à-dire forcément à la fonction
actuelle) des institutions. Celles-ci ne sont pas toujours adaptées aux nécessités de
la vie présente : les Huaulu — groupe le plus conservateur de la région — vivent
et sentent chaque jour l'inadéquation entre les institutions traditionnelles et la
réalité démographique, résidentielle et économique actuelle de leur société. C'est
donc eux-mêmes qui nous mettent en garde contre une interprétation aveuglé
ment fonctionnaliste et synchronique de leurs institutions.
On sait qu'une hypothèse sur la structure ancienne des sociétés de l'Indonésie
de l'Est a été formulée en 1935 par van Wouden. Cette hypothèse, après avoir été
longtemps ignorée en dehors de la Hollande, est à présent contestée, l'observation
des sociétés d'aujourd'hui ne confirmant pas, ou pas toujours, certaines des idées
maîtresses de van Wouden : existence d'un ancien système de classes matri
moniales, présence d'un principe de double affiliation, etc. Il nous semble qu'en
formulant des critiques — d'ailleurs justes — contre la théorie, on n'a pas suff
isamment tenu compte du but de van Wouden. Il était lui-même parfaitement
conscient du fait que les sociétés actuelles ne correspondaient plus à son modèle.
Si pourtant il le proposait, c'est que son but n'était pas de faire la sociologie d'une
institution matrimoniale. Il se proposait plutôt d'offrir un modèle d'explication
de la culture globale des sociétés de l'Indonésie de l'Est. Cela ne doit pas être
oublié. Le but principal de van Wouden — et c'est là que sa reconstruction a les
plus grandes chances de nous être encore utile — était de rendre compte d'un
ensemble de catégories, resté cohérent au niveau idéologique. Ces catégories
agissent encore comme un modèle, comme une façon de penser la totalité sociale.
Si van Wouden a utilisé un modèle essentiellement matrimonial pour les décrire,
c'est qu'il lui semblait être le seul à pouvoir rendre compte de la forme — et en
particulier de la forme numérique — que prennent ces catégories. Plutôt que de
chercher à savoir si ce modèle fournit une description adéquate de la réalité
actuelle, nous devons donc nous demander s'il nous donne une image cohérente de
l'idéologie de la totalité sociale.
A - « Niniani » et « amani »
II semble bien qu'à la fois le système des catégories de la culture de Seram
central et la représentation que les indigènes se font du passé répondent aux
grands principes de son modèle logique. Citons par exemple la quadripartition
(le groupe 4 + 1 de van Wouden), si importante ici et dans toutes les Moluques
centrales et que concrétisent les tables sacrificielles. Ces tables sont les images du
cosmos et de la société (cf. Rôder 1939 et 1948) ; elles rendent compte à la fois
des groupes appelés « Cinq » (Ulialima, Patalima, Lima Taun) et « Neuf » (Ulia- ALLIANCES ET ÉCHANGES MATRIMONIAUX 127
siwa, Patasiwa, Siwa Taun) , les premiers étant représentés par les quatre pieds de
la table sacrificielle et le plan de la table elle-même, les seconds par deux tables
dont les plans appartiennent au neuvième groupe (ainsi à Maraina-Manusela et à
Taluti). De même, la présence de l'autre modèle (6 + i) proposé par van Wouden
semble attestée. Ces systèmes — qui correspondent aux descriptions de leur passé
que donnent, par exemple, les Huaulu — peuvent exister côte à côte dans la même
société, ce qui suggère leur caractère de représentation beaucoup plus que l'exi
stence réelle, dans l'antiquité, de systèmes à quatre, six ou huit classes.
Plus important pour notre démarche est un autre thème que van Wouden a
traité : l'opposition des deux principes de filiation, maternel et paternel. Toute
une série d'oppositions s'ordonne autour de ces principes : les maternels repré
sentent la terre, la puissance magique, les autochtones ; les paternels, le ciel, la
puissance guerrière, les envahisseurs. A notre avis, la mythologie du mariage du
ciel et de la terre, attestée à Seram central et ailleurs aux Moluques, représente
symboliquement le fait que la société résulte de la synthèse de ces oppositions,
centrées sur celle qui confronte les maîtres du sol et les maîtres de la force.
Selon van Wouden, dans les sociétés anciennes de l'Indonésie orientale, le
« clan » non localisé aurait été matrilinéaire (le type dati), par opposition au
groupe local qui aurait été patrilinéaire (le type soa) (van Wouden 1968 : 154).
En effet, on pourrait retrouver à Huaulu un modèle du type que van Wouden
appelle « kei », avec quelques modifications : 4 ( -f- 1) clans matrilinéaires, inter-
sectés par 6 (+ 1) clans patrilinéaires. Malheureusement, comme on l'a vu, ces
prétendus clans matrilinéaires, qui correspondraient aux quatre unités fonda
mentales partageant la société, ne peuvent pas être considérés comme exogames,
et leurs rapports d'alliance sont très compliqués. La difficulté majeure, toutefois,
réside dans la définition du groupe territorial en fonction d'un seul principe de
filiation. Elle avait été bien vue par van Wouden, qui supposait la disparition du
système originaire et l'accentuation de l'unilinéarité, matrilinéaire ou patrilinéaire
selon les sociétés. Il

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