An-nam. Médecins et sorciers. Remèdes et superstitions. Psylles. Cobra Capels - article ; n°1 ; vol.5, pg 401-413
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1894 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 401-413
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1894
Nombre de lectures 34
Langue Français

Extrait

Paul Enjoy d'
An-nam. Médecins et sorciers. Remèdes et superstitions.
Psylles. Cobra Capels
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 5, 1894. pp. 401-413.
Citer ce document / Cite this document :
Enjoy d' Paul. An-nam. Médecins et sorciers. Remèdes et superstitions. Psylles. Cobra Capels. In: Bulletins de la Société
d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 5, 1894. pp. 401-413.
doi : 10.3406/bmsap.1894.5526
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1894_num_5_1_5526DENJOY. — ANN AM '. MÉDECINS ET SORCIERS 401 PAUL
COMMUNICATIONS.
AUJ-ÏVAM. —Médecins etjsorciers. — Remèdes et superstitions.
— Psylles. — Cobra C'apcls.
par M. Paul Denjoy.
Procureur de la République à BAC-LIÊU (Cochinehine française).
I. — MÉDECINS ET PHARMACIENS.
En Indo-Chine.» la médecine est exercée concurremment
par les Annamites, les Cambodgiens et les Chinois.
Les Annamites préfèrent de beaucoup Ta sorcellerie. Quel
ques-uns d'entr'eux, cependant, connaissent des recettes qui
sont des secrets de famille et les emploient à la guérison de
leurs malades.
Les remèdes sont livrés directement par le médecin, tout
préparés.
Quelquefois, c'est un pharmacien chinois qui est chargé de
l'ordonnance, mais le cas est rare.
En Annam, l'exercice de la médecine est libre, il n'est sou
mis à aucune formalité, à aucun contrôle.
Les poisons les plus violents sont maniés et vendus en
toute liberté.
La précaution qui consisterait à interdire la manipulation
et la vente des drogues réputées dangereuses, serait le plus
souvent inefficace, car les poisons sont répandus dans la
nature avec une profusion considérable et il faudrait plutôt
interdire au sol de les produire qu'aux indigènes de s'en
servir.
Les malfaiteurs (an-trom) emploient des essences soporifiques
qu'ils brûlent pendant la nuit et dont ils dirigent, avec des
tubes en bambou, la fumée dans les chambres occupées par
les personnes qu'ils veulent dévaliser. 402 SEANCE DU 17 MAI 1894
Us pénètrent ainsi, de nuit, sans aucun risque, auprès de
leurs victimes endormies, qu'ils ne maltraitent nullement,
mais qu'ils dépouillent complètement, leur enlevant même
leurs bijoux, bagues au doigt, colliers autour du cou, boucles
aux oreilles.
Quelques-uns de ces voleurs de nuit poussent l'audace
jusqu'à s'offrir un souper chez les dévalisés.
Ceux-ci ne se réveillent que le lendemain à une heure fort
avancée.
En proie à des douleurs de tête très violentes, les patients
sont, pendant deux ou trois jours, comme hébétés et ont des
nausées fréquentes.
Peu à peu tout se dissipe et le malaise disparaît.
Les Cambodgiens, principalement, font usage des poisons
végétaux, qu'ils emploient avec une très grande habileté.
Leurs médicaments sont livrés par des médecins — plutôt
sorciers — qui sont également dépositaires de recettes dont
le secret est parfaitement gardé dans la famille.
Ils prétendent connaître le philtre d'Amour et leurs médec
ins vendent fort cher une huile incolore dont les jeunes gens
imprègnent leurs lèvres dans l'espoir de séduire les jeunes
filles, grâce au pouvoir magique de ce liquide.
Les bonzes cambodgiens, non loin de leurs monastères et
les bonzes annamites près de leurs pagodes, établissent —
sous leur direction — des asiles où les malades sont soignés
gratuitement.
Les ressources de ces hôpitaux proviennent de la charité
publique et des dons généreux des malades.
Les soins sont donnés par les bonzes eux-mêmes avec beau
coup de sollicitude et de dévoûment.
Certaines personnes riches ne dédaignent pas de se faire
transporter dans ces asiles, espérant que la guérison sera
plus complète, en raison de la protection des ministres de
Dieu, sous laquelle elles viennent se mettre en entrant à l'hô
pital.
La médecine la plus sérieuse, la plus répandue et aussi la DENJOY. — ANNAM : MÉDECINS ET SORCIERS 403 PAUL
plus éloignée des pratiques superstitieuses, est celle qu'exer
cent les Chinois.
Ceux-ci tiennent également la pharmacie. Ils consultent, et
vendent aussitôt les médicaments qu'ils ordonnent.
Leurs officines sont luxueusement installées, comparative
ment aux autres magasins.
Leurs onguents sont disposés dans de petits vases en por
celaine bleue et cachetés de papier rouge portant en carac.
tères, le nom du remède et la marque de la maison.
De petits flacons, très légers, en verre de couleur, fermés
par de minuscules bouchons de liège qu'assujettit une calotte
de cire vierge, colorée en vert ou en rouge, contiennent des
liqueurs précieuses.
Certains remèdes sont administrés sous forme de pilules,
assez volumineuses, d'un goût fort désagréable, que la réglisse
vient cependant quelque peu corriger. Ces pilules sont enfer
mées dans des capsules en cire, grosses comme des petits
œufs de pigeon, qui préservent la composition du contact de
l'air extérieur et que l'on brise au moment de prendre le
remède.
Ces médicaments constituent les spécialités expédiées direc
tement des maisons connues de la capitale du Nord (bag-kinh
et par corruption par les Européens : pe-kin) ou des grands
centres de la Chine et vendues par les pharmacies de la capi
tale de l'Ouest. (dong-kinh, par corruption pour les Européens
ton-kin) de I'an-nam (sud-pacifique) et delà province de nam-ky
(Cochinchine méridionale), comme en France nos pharmac
iens sont dépositaires des pilules Suisses ou du vin Auguet.
Parmi les spécialités les plus populaires, on peut citer les
pilules contre le choléra, très petites et d'un rouge brique,
dans la composition desquelles entrent l'écorce de Man
goustan, et diverses essences des tropiques, Santal, ki-nam,
bois d'aigle, colombac.
Le dau-nhu-y est une huile médicinale qui donne d'excel
lents résultats pour les migraines et généralement pour les
fatigues générales de toutes sortes. 404 SEANCE DU 17 MAI 1894
On l'applique par friction sur les tempes et on aspire fo
rtement après s'être frotté les narines de ce liquide.
Un froid subit se produit par evaporation qui donne de
véritables soulagements. La base de cette liqueur est le cam
phre. Cette huile rappelle quant aux effets le crayon contre
la migraine si connu à Paris.
Mais ces spécialités constituent des exceptions, comme on
le conçoit aisément : le médecin préfère rédiger une ordon
nance et composer lui-même le remède qu'il ordonne au
malade.
La médecine chinoise e.st presque entièrement basée sur
les végétaux.
Dépositaires de secrets qui se transmettent avec l'officine,
les médecins chinois ne suivent, en Indo-Chine, d'autres
cours que ceux faits par le patron dont ils sont les élèves et
les futurs associés ou successeurs.
Des livres — le plus souvent des manuscrits — très anciens
et toujours écrits en langue chinoise, constituent tout le
bagage de ces savants, d'un genre spécial, comme on le voit.
L'élève travaille plusieurs années auprès de son maître,
consulte les ouvrages qu'on veut bien lui confier et sous l'œil
du praticien, fait son stage, en servant de garçon de labora
toire.
L'aspect sévère, les yeux cachés par de grosses lunettes
aux verres épais, le médecin tâte toujours le pouls de son
malade et ne manque jamais de lui faire exhiber sa langue.
Puis, il inspecte les yeux du sujet et lui pose ensuite une
série de questions qui doivent déterminer le diagnostic. Enfin
il écrit sur une feuille de papier de riz, en caractères chi
nois, l'ordonnance que, sous sa direction, l'élève va exé
cuter.
Tout aussitôt, parmi les simples, les graines, les feuilles
sèches et les tiges de toutes sortes que recèlent les tiroirs du
laboratoire, le stagiaire choisit et dose consciencieusement
suivant les données fournies par son maître.
Il est rare d'ailleurs que le remède ordonné ne figure pas DEKJOY. — ANNAM : MÉDECINS ET SORCIERS 405 PAUL
dans les livres dont le médecin est possesseur et en ce cas,
celui-ci se contente de mentionner sur l'ordonnance le nom
ou le numéro

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