Analyse sociétale et cultures nationales. Réponse à Philippe d Iribarne - article ; n°1 ; vol.33, pg 75-86
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Description

Revue française de sociologie - Année 1992 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 75-86
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 41
Langue Français

Extrait

Marc Maurice
Monsieur François Sellier
Jean-Jacques Silvestre
Analyse sociétale et cultures nationales. Réponse à Philippe
d'Iribarne
In: Revue française de sociologie. 1992, 33-1. pp. 75-86.
Citer ce document / Cite this document :
Maurice Marc, Sellier François, Silvestre Jean-Jacques. Analyse sociétale et cultures nationales. Réponse à Philippe d'Iribarne.
In: Revue française de sociologie. 1992, 33-1. pp. 75-86.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1992_num_33_1_4120R. franc, sociol. XXXIII, 1992, 75-8
DÉBAT
Analyse sociétale et cultures nationales
Réponse à Philippe d'Iribarne*
par Marc MAURICE, François SELLIER
et Jean-Jacques SILVESTŘE
Confronter deux démarches de recherche qui se fondent sur des compar
aisons internationales d'entreprises mais selon des principes d'analyse dif
férents représente un intérêt certain; et les auteurs de l'analyse sociétale
(ici, MSS) savent gré à Philippe d'Iribarne (PDI dans ce texte) d'avoir pro
voqué un tel débat.
Pour faciliter la compréhension de cette discussion qui met en jeu des
présupposés théoriques souvent implicites, il nous est apparu utile de rap
peler brièvement le contexte dans lequel les recherches en question se sont
développées. Ceci permettra aussi de mieux comprendre les irritations ou
agacements de PDI à propos de l'entêtement de MSS à «répudier» la notion
de «culture», et du «préjugé anticulturel» qui caractériserait selon lui la
sociologie française. Toutefois, reconnaissons que, mis à part ces quelques
instants d'humeur, pdi ne se départ pas d'un style «professionnel» dans
ses critiques, évitant toute polémique facile et prenant soin avec sérieux
et conviction de nous démontrer tout ce dont Г analyse sociétale se prive
en refusant l'apport d'une analyse culturelle telle qu'il la conçoit.
Notons d'ailleurs que l'insistance de l'auteur à nous convaincre est d'au
tant plus vigoureuse qu'il reconnaît lui-même (dans la note 1) être d'accord
avec notre démarche «sur un ensemble considérable de points», notam
ment «sur ce qui a trait à la manière dont se construit l'identité des ac
teurs» et sur l'apport de notre recherche à la «compréhension des
* « Culture et effet societal », Revue f ran- Comité de Rédaction de la rfs souhaitant que
çaise de sociologie, 32 (4) 1991, pp. 599-614. nous respections des normes rédactionnelles.
Nous avons bien conscience de ne pas dis- Nous avons donc commencé à répondre sur
cuter toutes les remarques très précises que le fond plutôt que sur des points trop précis,
nous fait Philippe d'Iribarne sur notre compa- Nous souhaitons vivement que ce débat se
raison entre la France et l'Allemagne, le poursuive.
75 Revue française de sociologie
phénomènes sociétaux». D'où son reproche et sa critique essentiels : pour
quoi ne pas aller «jusqu'au bout» de notre démarche en refusant de nous
intéresser aux éléments culturels qui, dans chaque société, servent à édifier
l'identité des acteurs et des rapports sociaux entre eux?
Toutefois, ce qui pour pdi est de l'ordre de l'évidence nous a précisé
ment posé question dès l'origine de notre recherche. L'originalité de notre
démarche s'est progressivement constituée en effet en nous gardant de ce
qui nous apparaissait comme deux écueils : celui des approches «univer-
salistes» et celui des approches « culturalistes », pour des raisons évidem
ment opposées, comme on le verra.
Le rappel du contexte dans lequel notre démarche trouve son origine
n'a donc pas pour objet de relativiser position de départ que nous
nous sommes efforcés d'expliciter depuis lors, notamment du point de vue
méthodologique (cf. Maurice, 1989) ; ce rappel vise plutôt à mieux faire
comprendre la signification de la «constance» que nous avons eue à nous
distancer d'une interprétation «culturaliste» de nos données, ce qui,
contrairement à ce qu'estime PDI, loin d'enrichir notre analyse, nous aurait
plutôt détournés de ce qu'il reconnaît comme la «position originale» de
l'« Ecole d'Aix-en-Provence» dans le débat qui oppose les tenants des
« lois universelles » dans les sciences sociales et ceux qui sont plus sen
sibles aux racines culturelles des spécificités nationales (pour reprendre
les termes de Lammers et Hickson, 1979, cités par pdi).
Autrement dit, on comprendra que notre position ne correspond pas à
une sorte d'à priori anticulturaliste. Le véritable débat entre nous se situe
pour l'essentiel dans les choix ou les présupposés théoriques et méthodol
ogiques qui sous-tendent nos approches respectives. Mais avant de répon
dre pour l'essentiel aux nombreuses questions que nous pose PDI dans son
texte critique (1), nous évoquerons brièvement l'origine et le contexte dans
lequel s'est développée l'analyse sociétale.
Ainsi, la recherche de Г «effet societal» se situe dans le milieu des
années 70, au moment où on commence à s'interroger sur la nature d'une
«crise» qui met en évidence à la fois l'internationalisation de l'économie
et les forces et faiblesses de chaque société face à une compétitivité r
enouvelée. Ce débat s'oriente alors sur la remise en cause du paradigme
de la société industrielle auquel était associé jusqu'ici un certain modèle d'or
ganisation et de gestion de l'entreprise et des rapports sociaux qui s'y nouent.
Notre entrée dans ce débat a pu se faire à partir d'une comparaison
limitée à deux pays - la France et l'Allemagne - et sur une question éco
nomique précise (cf. Maurice, Sellier et Silvestře, 1979; Reynaud, 1979).
En effet, dans ces deux pays, les entreprises avaient des types de structure
d'emploi et d'organisation du travail ainsi que d'inégalités de salaires très
(1) Bien entendu, nous nous référerons sociologie qu'à d'autres écrits du même au-
ici aussi bien au texte publié dans la pré- teur, principalement à La logique de l'hon-
cédente livraison de la Revue française de neur (1989).
76 M. Maurice, F. Sellier, J.-J. Silvestře
contrastées. De plus, dans chaque pays, les entreprises observées utilisaient
plus massivement les ressources en main-d'œuvre les plus chères. Un pro
blème de fond se posait alors. La théorie économique permet de comprend
re pourquoi les entreprises adoptent des comportements universels
d'économie des ressources chères : elles optimisent leur position concurr
entielle. Poursuivre la recherche revenait - pour nous - à considérer que
l'approche deductive de l'économiste évitait la question essentielle que
soulevaient nos résultats : comment fonctionne l'entreprise allemande et
comment fonctionne l'entreprise française, et en amont comment elle est
construite. Comment se développent - pour cette entreprise - des formes
«d'intérêt» et de «rationalité» dans des sociétés différentes.
Ainsi, l'objet central de l'approche sociétale consistait alors à saisir et
à analyser l'entreprise et ses acteurs dans la société. Choix décisif qui
rendait attentif non seulement aux interdépendances entre niveaux macro-
et micro- d'analyse, mais aussi bien à Г «encastrement social» (2) des ob
jets d'analyse.
De même les processus de socialisation des acteurs étaient-ils mis en
relation avec les formes de structuration organisationnelle pour constituer
la notion d'« espace professionnel» (et de mobilité) où se développaient
les «rapports sociaux» entre acteurs : l'analyse des interdépendances entre
socialisation et organisation apparaissait dès lors comme l'un des éléments
essentiels pour la construction de Y entreprise dans la société (Maurice,
Sellier et Silvestře, 1982).
Comment traitons-nous alors la comparaison internationale ? Nous la
traitons à partir de deux choix.
Le premier choix nous conduit à prendre une position originale par rap
port aux approches universalistes ou culturalistes. La comparabilité dans
les approches tend à dé-socialis

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