Architecture carcérale: point de vue d un directeur de prison - article ; n°4 ; vol.13, pg 379-385
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Description

Déviance et société - Année 1989 - Volume 13 - Numéro 4 - Pages 379-385
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Gérard Ramel
Architecture carcérale: point de vue d'un directeur de prison
In: Déviance et société. 1989 - Vol. 13 - N°4. pp. 379-385.
Citer ce document / Cite this document :
Ramel Gérard. Architecture carcérale: point de vue d'un directeur de prison. In: Déviance et société. 1989 - Vol. 13 - N°4. pp.
379-385.
doi : 10.3406/ds.1989.1162
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1989_num_13_4_1162Déviance et Société , 1989, Vol. 13, No 4, pp. 379-385
ARCHITECTURE CARCÉRALE:
POINT DE VUE D'UN DIRECTEUR DE PRISON
G. RAMEL*
Préambule
L'auteur de cet article est directeur depuis six ans des Maisons d'arrêt et de
préventive du canton de Vaud; ces établissements peuvent accueillir plus de trois
cents détenus, hommes et femmes, répartis dans six prisons. Toutes les catégor
ies de détenus sont représentées dans ces différents établissements (préventive,
exécution de courtes peines d'arrêts, semi-liberté et semi-détention).
Genèse de la prison de La Côte
Après plus de dix ans de recherche, de réflexion, d'études et de contestat
ions, s'ouvrira une nouvelle prison, dans la région de La Côte, destinée à
accueillir essentiellement des détenues femmes, ainsi que quelques prévenus
hommes.
En 1976, la seule prison de femmes de Suisse romande ferme ses portes faute
de pensionnaires. Aujourd'hui, non seulement la prison d'Hindelbank (Berne),
où sont placées les détenues romandes, est surpeuplée, mais plusieurs condamn
ées ne peuvent y être envoyées, faute de place, et purgent leurs peines dans des
prisons préventives dont les cellules, déjà en-dessous des normes quant à leur
surface, ont dû être doublées ; d'autre part, il est impossible, pour des raisons
d'architecture, de trouver des locaux permettant de répondre au but de la réin
sertion et destinés à permettre aux détenues de travailler ou d'avoir des occupat
ions ou loisirs que l'on est en droit d'attendre de n'importe quel établissement
de détention.
De plus, la prison de Morges est à la limite des conditions de détention
décente: ni toilettes ni eau courante dans les cellules, aucune possibilité de pro
menade, etc. En 1980, le Tribunal fédéral a attiré l'attention du Conseil d'Etat
sur le fait que cet établissement ne répondait plus aux normes admissibles.
Directeur des Maisons d'arrêt et de préventive du Canton de Vaud (Suisse).
379 La même année, le Conseil d'Etat décide d'acheter un terrain à Lonay.
Devant les réticences de la population et des autorités communales, le Service
pénitentiaire cherche, en vain, un autre terrain. Partout, il se heurte à un refus,
les conditions n'étant jamais favorables: les autorités ne sont pas opposées à la
construction d'une prison, mais préfèrent qu'elle se construise sur le terrain voi
sin! Et pourtant, à cette époque, il n'était prévu que trente-cinq places, dont
vingt places pour des femmes.
Considérations générales et directives
Dès le début, la préoccupation de chacun fut qu'architecture et conception
de l'exécution des peines soient intimement liées. C'est pourquoi, en vue de pré
parer le concours, le Département de Justice et Police décida d'organiser un col
loque auquel furent invités, outre les membres du jury, diverses personnalités
liées au domaine pénitentiaire: juges, directeurs de prison, assistants sociaux,
aumôniers, surveillants, médecins.
Les considérations et directives du programme proposé aux architectes résul
tèrent en grande partie de ce colloque où les thèmes de réflexion suivants furent
présentés.
Agressions dues au bâtiment
Plusieurs aspects et éléments du bâtiment peuvent être ressentis comme des
agressions par les prévenus/détenus.
De manière générale, les détenus préfèrent les bâtiments anciens, mais char
gés de vie, même si leur confort laisse à désirer, par rapport aux bâtiments neufs
et impersonnels.
L'uniformité (de couleurs, de formes, d'espaces) constitue une autre source
d'agression.
L'absence de barreaux aux fenêtres peut être ressentie comme une hypocrisie
sociale, une provocation. Des solutions mixtes ont été essayées (parties ouvrant
es avec barreaux, parties fixes sans).
Des espaces de distribution vides et strictement utilitaires peuvent aussi
contribuer à la détérioration du climat général. Plus que des espaces de transi
tion, il est souhaité que les circulations ou zones d'accès soient conçues pour
participer à la vie communautaire (repas, détente, jeux, etc.).
Sécurité
La sécurité d'une maison de détention ne vise pas seulement à prévenir les
évasions mais aussi, et c'est tout aussi important, à empêcher les éventuels
complices de l'extérieur à s'introduire à l'intérieur de l'établissement.
380 La sécurité est essentiellement concrétisée par une enceinte qui peut être
matérialisée soit par des murs, soit par des grillages, soit des parties de bâti
ments. Le choix et/ou le dosage de ces éléments sont laissés à l'appréciation des
concurrents. Des moyens électroniques peuvent renforcer la sécurité des él
éments physiques, en particulier la nuit.
Un autre aspect de la sécurité est celle du personnel en cas d'émeute ou
d'invasion. Il est souhaitable que l'accès vers la sortie depuis les zones du per
sonnel puissent se faire sans devoir traverser les zones des détenus, y compris
pour ce qui est des ateliers.
Enfin, à l'intérieur du bâtiment, les dispositifs de surveillance seront réduits
au strict minimum.
Relations avec l'environnement non-carcéral
De manière générale, une limite claire et efficace d'avec l'environnement
non-carcéral peut avoir un effet sécurisant sur ce dernier.
Les secteurs
La présence, dans un même établissement, d'hommes et de femmes, consti
tue une difficulté certaine. Le secteur hommes doit être strictement séparé du
secteur femmes.
A l'intérieur des secteurs, toutefois, des séparations très prononcées des dif
férentes sections risquent d'entraîner une grande rigidité de fonctionnement et
enlever toute souplesse d'adaptation à des conditions futures différentes de cel
les qu'exprime le programme qui ne peut être que le reflet moyen de la situation
actuelle. Il est souhaitable que le projet traite les différents secteurs plutôt
comme des ensembles et des sous-ensembles qu'en tant que subdivisions juxta
posées, dans un souci constant de souplesse et d'évolution.
Cellule
II est souhaitable que la forme de la cellule offre plusieurs possibilités de dis
poser le mobilier, pour favoriser l'appropriation spatiale par le détenu.
381 Description du projet
La conception de la prison voulue par les utilisateurs a été très bien comprise
par les architectes auteurs du premier prix du concours, qui ont axé leurs tr
avaux sur la «ville». Ils ont voulu que les détenus, mis «hors du monde» par la
justice, retrouvent une vie communautaire (voulue aussi par la direction) à
l'intérieur même de la prison. C'est pourquoi celle-ci se présente comme un
bourg, entouré tout d'abord de son enceinte protectrice. Puis on trouve une rue
(le couloir de la prison), de part et d'autre de laquelle s'organisent les maisons
(pavillons des cellules et ateliers). Les maisons s'ouvrent sur des cours intérieu
res (cours de promenades), les fenêtres des «maisons» se faisant face (figure 1).
Figure 1: La prison «Les Tuilières»: A, Bâtiment administraif; B, Salle des sports;
C, Locaux et services communs; D/E, Secteurs cellulaires et ateliers.
Après que les architectes responsables de la construction de la prison eurent
été désignés, la commission de construction visita plusieurs réalisations récentes
qui lui permirent de préciser et d'améliorer les principes contenus dans le projet
de concours tout en conservant ses caractéristiques principales. De même, la
direction de la future prison va s'approcher de détenues encore en prison ou
libérées afin de connaître les besoins d

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