Aux sources d une réflexion théorique sur l image:  l apport des écrits personnels de S. T. Coleridge - article ; n°49 ; vol.15, pg 9-22
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Aux sources d'une réflexion théorique sur l'image: l'apport des écrits personnels de S. T. Coleridge - article ; n°49 ; vol.15, pg 9-22

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Description

Romantisme - Année 1985 - Volume 15 - Numéro 49 - Pages 9-22
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Denise Degrois
Aux sources d'une réflexion théorique sur l'image: l'apport des
écrits personnels de S. T. Coleridge
In: Romantisme, 1985, n°49. pp. 9-22.
Citer ce document / Cite this document :
Degrois Denise. Aux sources d'une réflexion théorique sur l'image: l'apport des écrits personnels de S. T. Coleridge. In:
Romantisme, 1985, n°49. pp. 9-22.
doi : 10.3406/roman.1985.4728
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1985_num_15_49_4728Denise DEGROIS
Aux sources d'une réflexion théorique sur l'image :
L'apport des écrits personnels de S.T. Coleridge
II serait vain de nier que Coleridge est d'abord le poète de La Chan
son du Vieux Marin, de Kubla Khan, de Chris tabel, des Conversation
Poems : ces œuvres, presque toutes composées vers 1798, (l'« Annus
Mirabilis », année qui fut aussi celle de la collaboration amicale avec
Wordsworth) n'ont jamais cessé d'être considérées comme des œuvres
majeures du Romantisme anglais. Mais, de nos jours, il devient évident
que l'œuvre philosophique et critique de Coleridge, longtemps délaissée,
retrouve sa vitalité. Le « New Criticism » américain, sensible à la manièr
e dont Coleridge a exalté l'unité organique et l'autonomie interne de
l'œuvre d'art, n'est peut-être pas étranger à ce renouveau1 . Mais n'est-
il pas dû aussi, pour l'essentiel, aux résonances modernes des « recher
ches abstruses »2 de ce poète-philosophe qui, tout au long de volumi
neux fragments, poursuit une réflexion tenace sur l'imagination, sur les
sources inconscientes de la création et de la contemplation esthétiques,
et par là même sur la communication humaine en général ?
On a pu dire des premiers Romantiques allemands qu'ils se sont em
ployés « à rendre coprésents le fragmentaire et le systématique»3 . A
cet égard, Coleridge, qui fut leur messager en Angleterre, se situe bien
dans leur lignée ... L'aspect de sa réflexion est manifeste.
Même si la Biographia Literaria présente l'apparence d'un tout, les cha
pitres consacrés à la « déduction » de l'imagination sont tronqués ; au
cun des Essais consacrés à l'art4 n'est achevé. Les Conférences (sur
Shakespeare, sur Milton, et de nombreux autres auteurs)5 sont aussi des
ensembles de fragments ; et de plus grandioses projets (tels le périodi
que L'Ami ou les Conférences Philosophiques)6 n'ont été menés à bien
(1) Nous pensons particulièrement à l'ouvrage marquant de I.A. Richards, Coleridge
on Imagination, Londres, Routledge, 1934, rééd. 1962.
(2) Nous renvoyons, par exemple, aux rapprochements présentés par E.R. Marks,
dans Coleridge on the Language of Verse, Princeton U.P., 1981 .
(3) Dans D. Wilhem, Les Romantiques Allemands, Seuil, 1980, p. 27.
(4) Voir les divers Essais publiés dans le vol. II de S.T. Coleridge, Biographia Literar
ia, J. Shawcross, éd., Oxford U.P., 1958, 2 vol. (abréviation :B. Lit.).
(5) S.T. Coleridge, Shakespeare an Criticism, T.M. Raysor, éd., Londres, Dent,
1967, 2 vol. (abréviation : S.C.).
(6) Nous renvoyons à l'édition suivante des conférences : The Philosophical Lectur
es of S.T. Coleridge, 1818-1819, éd. by К. Coburn, Londres, The Pilot Press, 1949.
The Friend (L'Ami), ed. by B.E. Rooke, Princeton • 1969, 2 volumes,
partie de The Collected Works of Samuel Taylor Coleridge, general editor K. Co-
burn, Princeton Univ. Press ; Londres, Routledge, 1969. Cette publication est en
cours, et comprendra les œuvres complètes de Coleridge. A ce jour, neuf titres sont
disponibles (outre les Carnets et les Lettres, qui font l'objet de publications sépar
ées). 0 Denise Degrois 1
qu'en partie. Tous ces textes (de même que les écrits personnels) font
actuellement l'objet de publications hors pair, à la Princeton University
Press. Ce seul travail de publication et son appareil critique suffiraient à
prouver la richesse de ces grandes esquisses ; et les controverses qu'elles
suscitent témoignent d'autre part de la portée d'une réflexion où l'in
achèvement peut être tour à tour signe évident de faiblesse ou audace
masquée. Il est devenu en effet lieu commun de constater les contradic
tions inhérentes aux écrits théoriques de Coleridge sur l'imagination.
Ils se présentent d'abord comme projet philosophique destiné à
battre en brèche l'associationnisme anglais ; ils se donnent comme issus
de l'idéalisme post-kantien ; ils empruntent une grande partie de leur
terminologie, non seulement à Schelling, mais aussi à Schiller, à Jean-
Paul Richter, à Schlegel, pour ne citer que les emprunts les plus mar
quants7 . Le souci majeur de Coleridge, fasciné par la rigueur de la lan
gue allemande, a été de préciser et d'affiner la terminologie anglaise
touchant àl'esthétique ; il voulait ainsi attirer l'attention de ses contemp
orains sur le rôle fondamental de l'imagination, à la fois dans le psy
chisme humain, et à l'intérieur d'une métaphysique idéaliste ou l'acte
imaginatif est la répétition d'un « fïat » divin, l'appréhension d'une
transcendance.
Tels sont les projets sans cesse affirmés. Mais qu'en est-il de leur
achèvement et surtout de leur application à la critique littéraire qui de
vait en être le corrélat ? Entre les investigations philosophiques et le tra
vail critique effectivement accompli, le contraste est frappant... Les r
etombées sont aussi fragmentaires que le projet était totalisant ; les célè
bres définitions de l'imagination et de la « fancy », les analyses critiques
concernant Wordsworth, Shakespeare ou Milton, où se mêlent innova
tions et « bardolâtrie », ne sauraient être considérées comme des ensemb
les critiques cohérents ; pas plus que les multiples notes de lecture ac
cumulées en vue des Conférences, ou les considérations sur la musique
ou la peinture dans les Conférences Philosophiques. D'autre part, l'in
spiration schellingienne se transmue maintes fois en paraphrase, s'inté-
grant avec un inégal bonheur à la démarche plus concrète de pensée
propre à Coleridge.
On ne s'étonnera donc pas du nombre d'ouvrages ou d'articles con
sacrés à l'étude des influences allemandes sur Coleridge ou à la résur
gence, dans son œuvre en prose comme dans sa poésie, des innombrab
les lectures de ce « cormoran de bibliothèque »8 . R. Wellek, et, plus
près de nous dans le temps, N. Fruman, ont consacré de volumineuses
études à tous ces emprunts et leur minutie nous permet d'en mesurer
l'étendue9 . Mais nous permet-elle de conclure à l'incohérence et à la
quasi totale inanité des écrits de Coleridge sur les œuvres de l'imagina
tion humaine ? Fruman est bien près de le faire, et pourtant ni sa formi
dable érudition ni sa passion polémique n'ont convaincu ceux qui, com-
(7) Au sujet des rapports complexes entre Coleridge, les courants associationnistes
anglais, et l'idéalisme allemand, on pourra se reporter à l'ouvrage suivant : P. Des
champs, La Formation de la pensée de Coleridge, 1 772-1804, Didier, 1963.
(8) L'expression est de Coleridge lui-même, dans une lettre de novembre 1796.
(9) N. Fruman, Coleridge, the Damaged Archangel, Londres, Allen and Unwin,
1971. ,
L 'apport des écrits personnels de Coleridge 1 1
me K. Coburn, R.A. Foakes ou T. Mac Farland, persistent à affirmer la
richesse intrinsèque et le caractère novateur de ces fragments sur l'art10.
Peut-être serait-il vain de vouloir trancher le débat. Mais nous avons
pensé qu'il pourrait être stimulant de se poser la question de leur in
achèvement autrement qu'en termes biographiques ou strictement logi
ques. Car l'examen des écrits personnels de Coleridge (ses Lettres, et
surtout ses Carnets, actuellement en cours de publication) peut éclairer
d'un jour nouveau la manière dont Coleridge entreprend en poète une
sorte d'exploration de l'imaginaire qui se situe à la fois en marge de
l'empirisme anglais et de l'idéalisme allemand. C'est dans une telle pers
pective que les célèbres fragments théoriques, retrouvent une fonction
dans un projet philosophique nourri par l'expérience passée de la créa
tion poétique.
Rappels et p

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