Blocage de développement et industrialisation par substitutions  d importations.  L exemple de l Argentine - article ; n°30 ; vol.8, pg 503-515
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Blocage de développement et industrialisation par substitutions d'importations. L'exemple de l'Argentine - article ; n°30 ; vol.8, pg 503-515

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Tiers-Monde - Année 1967 - Volume 8 - Numéro 30 - Pages 503-515
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Marie Martin
Blocage de développement et industrialisation par substitutions
d'importations. L'exemple de l'Argentine
In: Tiers-Monde. 1967, tome 8 n°30. pp. 503-515.
Citer ce document / Cite this document :
Martin Jean-Marie. Blocage de développement et industrialisation par substitutions d'importations. L'exemple de l'Argentine.
In: Tiers-Monde. 1967, tome 8 n°30. pp. 503-515.
doi : 10.3406/tiers.1967.2366
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1967_num_8_30_2366BLOCAGE DE DÉVELOPPEMENT
ET INDUSTRIALISATION
PAR SUBSTITUTION
D'IMPORTATIONS
L'EXEMPLE DE L'ARGENTINE
par Jean-Marie Martin*
Le cas de l'Argentine est presque unique dans l'évolution économique
mondiale des vingt dernières années : « Du fait de la lenteur de la crois
sance de son économie et de ses fortes fluctuations, le produit intérieur
par habitant en 1963 ne dépasse pratiquement pas le niveau qu'il avait
atteint il y a 15 ans, en 1948 » (1). La structure même du produit intérieur
ne s'est pas sensiblement modifiée : si les industries dites « dynamiques »
ont crû plus rapidement que les « végétatives », l'ensemble du secteur
industriel ne semble pas avoir dépassé, sur toute la période, le taux
annuel moyen de 2,5 %, soit une croissance égale ou légèrement supé
rieure à celle du produit intérieur (2). Une telle expérience appelle bien
une interprétation en termes de blocage, en donnant au concept la
signification non pas d'une absence totale de croissance mais d'une
* Chargé de Recherches au C.N.R.S. (Institut économique et juridique de l'Énergie,
Grenoble) .
(1) Cf. Centres de lnvestigaciôn del lnstituto de Dcsarroilo F.conrtmico y Social, Situa
tion ad cojuntura, 6 ; Situation actual y per spectivas de la Hconomia Argentina, Agosto 1966 (70 p.),
p. 12. Compte tenu de toutes les réserves que peut inspirer ce type de classement, indiquons
que seuls l'Uruguay, Haïti, le Maroc, la Bolivie et le Paraguay précèdent l'Argentine dans
l'ordre des croissances du P.I.B., les plus faibles entre 1955 et 1964. Cf. Angus Maddison,
Analisis comparative del desarrollo economico de Argentina, Brasily Mejico, Seminario sobre estra-
tegia para el Sector Externo y Desarrollo Economico, lnstituto Torcuato di Telia, sept. 1966,
21 p., Cuadro 11.
(2) La divergence des évaluations s'explique principalement par les fortes distorsions
qu'a introduites dans les prix l'inflation persistante et par les inévitables erreurs d'une évalua
tion en unité monétaire constante. Cf. Consejo Nacionál de Desarrollo Kconomico, Informe
sobre el plan nacionál de desarrollo, doc. ronéoté, sept. 64.
503
312* JEAN-MARIE MARTIN
stagnation, parfois même une diminution de la productivité du travail
dans presque tous les secteurs de l'économie, d'une décapitalisation et
d'un vieillissement des équipements, surtout en matière d'infrastructure,
plus généralement encore de la sécrétion d'une sorte de scepticisme à
l'égard de l'industrialisation (i).
T. a plupart des recherches suscitées par cette situation tentent de
l'expliquer par le jeu de facteurs liés à l'épuisement du processus de
substitution d'importations. L'Argentine, en effet, comme de nombreux
autres pays d'Amérique latine, entame son industrialisation au début des
années trente lorsque la grande crise la prive d'une partie des débouchés
de ses exportations traditionnelles, provoque l'effondrement de ses
ressources en devises et, par là, de sa capacité d'importation (2). En
réponse aux opportunités profitables que suscite ce semi-isolement,
aggravé d'ailleurs quelques années plus tard par la seconde guerre
mondiale, de nombreuses industries, tant nationales qu'étrangères,
s'implantent. Elles commencent leur activité dans le domaine des biens
de consommation non durables ou semi-durables (produits alimentaires,
vêtements, textiles...) puis retendent aux biens de consommation durables
(mobilier, appareils électroménagers, automobiles...) et plus récemment
aux biens d'équipement et, à un moindre degré, aux produits interméd
iaires (3). Chronologiquement, on estime que les années 1948-1950
constituent le point de clivage entre les deux étapes (biens de grande
consommation et produits plus élaborés) et le commencement du blocage
industriel. Celui-ci résulterait ainsi du jeu combiné de l'épuisement des
opportunités de substitution les plus aisées (technique simple et faible
intensité capitalistique) et des difficultés croissantes à importer des biens
(1) Sur l'évolution de la productivité du travail et la décapitalisation de l'économie
argentine, on peut voir : Estela Bee de Dagum, La evolucion de la industria en Argentina,
Ustiidios Eco'iomicos, juillet-décembre 1963, n° 4, p. 1(^-192: Lorenzo Juan Sigaut, Désarr
oi la agropecuario y pro ce so de industriali^acion en la economia argentina, FIAT, Bs. As., Julio 1964
(167 p.).
(2) II est clair qu'il s'agit d'une simplification lorsque nous disons que l'industrialisation
commence en 1930. D'une part, l'apparition de l'industrie remonte à la seconde moitié du
xixe siècle; d'autre part, maints indices font penser que l'Argentine de 1965 n'est pas encore
industrialisée si l'on définit l'industrialisation comme « la restructuration de toute la société
sous l'influence d'un complexe organisé de machines » (Pr F. Perroux).
(3) Sur l'ensemble du problème de la substitution d'importations, on peut renvoyer aux
divers travaux de David Félix, et plus particulièrement à son dernier : Beyond import substi
tution : a Latin A.me?-ica dilemma, Seminario sobre estrategia..., op. cit. (85 p.). Pour le cas
particulier de l'Argentine, l'analyse la plus approfondie est probablement celle de Carlos
F. Diaz Alejandro, Etapas de la industriali^acion argentina, Seminario sobre estrategia...,
op. cit. (80 p.).
504 BLOCAGE DE DÉVELOPPEMENT ET INDUSTRIALISATION
d'équipement, ce goulot d'étranglement externe résultant lui-même d'une
stagnation du produit (en valeur) des exportations face à la croissance
des besoins en capitaux pour continuer le processus de substitution dans
les branches de plus en plus « capital-intensive ».
Une autre explication, qui n'est pas indépendante de la précédente,
voit l'origine du blocage actuel dans la hausse continue des prix relatifs
des biens d'équipement : une telle hausse aurait ainsi réduit de 20 %
environ à 13 % le taux d'investissement de l'économie argentine depuis
la seconde guerre mondiale (1).
Si l'une et l'autre de ces explications nous éclairent sur des points
essentiels de l'évolution industrielle de l'Argentine, elles ne nous sati
sfont pas totalement. Elles ne suffisent pas, nous semble-t-il, à expliquer
certains aspects, qui ne sont pas les moins significatifs, de la situation
actuelle : l'importation de matières premières qui pourraient être pro
duites dans le pays sans achat de matériel à l'extérieur; la coexistence
d'un goulot d'étranglement externe et d'une industrie des machines et
biens d'équipement qui ne travaille pas à 50 % de sa capacité installée;
la faible productivité du capital dans des industries dotées pourtant
d'équipements récents; plus généralement encore la faible propension
à innover, ne serait-ce que dans le domaine de l'organisation. La nature
du blocage nous semble donc plus générale. Elle prend la forme d'une
absence — ou d'une débilité — de tous les effets d'entraînement à partir
des industries qui sont susceptibles de les engendrer (2) et cette situation
résulte du processus même d'industrialisation par substitution d'import
ations. Dans ce qui suit, nous nous proposons de montrer :
— que la substitution d'importations n'interdit pas l'installation
d'industries susceptibles d'être entraînantes (chimie, métallurgie,
mécanique...) mais, qu'en l'absence d'une véritable politique d'indust
rialisation qui modifierait totalement la nature du facteur « substi
tution d'importations » (3) elle ne permet pas à ces industries de
se constituer en secteur dynamique et entraînant;
(1) Cf. Carlos F. Diaz Alejandro, Relative prices and capital formation in the Argentine
Republic, Centro de Invest

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