Boris Pahor ou l originalité de la littérature Slovène de Trieste - article ; n°2 ; vol.74, pg 547-562
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Boris Pahor ou l'originalité de la littérature Slovène de Trieste - article ; n°2 ; vol.74, pg 547-562

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Revue des études slaves - Année 2002 - Volume 74 - Numéro 2 - Pages 547-562
Boris Pahor or the originality of slovenian literature in Trieste.
Like the cities of Italy, Central Europe and Balkans, the inhabitants of Trieste have in the past and still enjoy today a cosmopolitan culture. An important centre of Slovenian cultural and political life developed in Trieste during the 19th century. After 1918, when the city became Italian, the Slovenian minority suffered under the régime of Mussolini.
One of the greatest exponents of Slovenian literature in Trieste is Boris Pahor (born in 1913). The article deals with his work, which is classical in style and largely based on personal expérience. Two events which marked the life of the writer are reflected in ail his work: the fire set by young Italian Fascists who burnt down the Slovenian cultural centre in Trieste in 1920 and the author's life in Nazi death camp during the Second World War where Pahor had been sent as a member of the résistance. In spite of this tragic background, Pahor's vision of life remains full an optimistic one, reflected in his writings.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Madame Antonia Bernard
Boris Pahor ou l'originalité de la littérature Slovène de Trieste
In: Revue des études slaves, Tome 74, fascicule 2-3, 2002. pp. 547-562.
Abstract
Boris Pahor or the originality of slovenian literature in Trieste.
Like the cities of Italy, Central Europe and Balkans, the inhabitants of Trieste have in the past and still enjoy today a cosmopolitan
culture. An important centre of Slovenian cultural and political life developed in Trieste during the 19th century. After 1918, when
the city became Italian, the minority suffered under the régime of Mussolini.
One of the greatest exponents of Slovenian literature in Trieste is Boris Pahor (born in 1913). The article deals with his work,
which is classical in style and largely based on personal expérience. Two events which marked the life of the writer are reflected
in ail his work: the fire set by young Italian Fascists who burnt down the Slovenian cultural centre in Trieste in 1920 and the
author's life in Nazi death camp during the Second World War where Pahor had been sent as a member of the résistance. In
spite of this tragic background, Pahor's vision of life remains full an optimistic one, reflected in his writings.
Citer ce document / Cite this document :
Bernard Antonia. Boris Pahor ou l'originalité de la littérature Slovène de Trieste. In: Revue des études slaves, Tome 74,
fascicule 2-3, 2002. pp. 547-562.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_2002_num_74_2_6822BORIS PAHOR
OU L'ORIGINALITÉ DE LA LITTÉRATURE SLOVÈNE
DE TRIESTE
PAR
ANTONIA BERNARD
Mis à part quelques exceptions, la littérature Slovène est peu connue en
France. Pierre Seghers a bien inclu dans sa prestigieuse collection Poètes d'au
jourd'hui la poésie de Srečko Kosovel traduite par Marc Alyn. Puis vint la
Ballade du nuage et de la trompette de Ciril Kosmać. Ces dernières années des
romans comme Alamut de Vladimir Bartol ou Demain le Jourdain de Alojz
Rebula ont connu un certain succès. Mais c'est incontestablement Boris Pahor
avec sept traductions en français qui est l'auteur Slovène le plus connu en
France. Tous les auteurs cités ont un point commun : ils viennent de Trieste.
Si elle a donné lieu aux nombreux comptes rendus et aux quelques études
publiés à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire de l'écrivain1, on ne peut
pas dire que l'œuvre de Pahor ait toujours été appréciée à sa juste valeur en Slo
vénie même. On a tendance à y voir le reflet d'un certain provincialisme, d'un
passéisme thématique et stylistique, à la considérer comme marginale par rap
port à la littérature centrale. Cela paraît de prime abord étonnant, car il s'agit
d'une œuvre intimement liée au vécu national, une œuvre qui puise dans le
passé éloigné et dans le passé proche, qui touche aux racines mêmes de
l'existence de la Slovénie, à la place de celle-ci en Europe centrale comme dans
l'Europe de demain. À près de quatre-vingt-dix ans, l'écrivain a eu le temps de
parachever cette œuvre d'une rare unité de forme et de pensée. Elle est à la fois
témoignage et fiction, reflet fidèle d'une époque et hors du temps, attachée à un
lieu précis et s 'appliquant à tous les lieux, tragique et profondément optimiste
dans son humanisme.
La biographie de Pahor éclaire son œuvre. Il est né, citoyen autrichien, le
26 août 1913 à Trieste, dans une famille Slovène. Son père avait été photographe
de la police, puis, après la disparition de la Double Monarchie, marchand des
quatre-saisons. Trieste devint italienne en 1918, ce qui explique en grande partie
1. Pahor jev zbornik : spomini, pogledi, gradivo, Trieste, Narodna in studijska
knjižnica v Trstu, 1993.
Rev. Étud. slaves, Paris, LXXIV/2-3, 2002-2003, p. 547-562. 548 ANTONIA BERNARD
la scolarité chaotique de Pahor : après l'école primaire, le collège technique de
commerce et le séminaire qui lui donna une solide formation classique, il entra
en théologie à Gorica, qu'il quitta en 1938, après deux années. Conséquence : il
fut aussitôt mobilisé et envoyé en Libye où il tomba malade, ce qui lui permit de
préparer son entrée à l'université. En 1942, il fut interprète dans l'armée, puis
rentra à Trieste en septembre 1943, où il fut arrêté sur dénonciation d'un
compatriote en tant que sympathisant de Kocbek2 et déporté le 28 février 1944
en camp de concentration (Dachau, Struthof, Harzungen, Bergen-Belsen, Dora-
Mittelbau). À la libération, après la convalescence en France, il retourna à
Trieste, termina ses études à Padoue avec une thèse consacrée à la poésie de
Kocbek. Entre 1953 et 1975 il fut professeur de littérature slovène et italienne
dans les établissements triestins Slovènes, tout comme Alojz Rebula. Il fut
toujours très actif au sein de la communauté slovène, dirigeant la revue Zaliv. Il
est l'un des membres les plus actifs de l'Association pour la défense des langues
et cultures menacées (AIDLCM)
LA VILLE DANS LA ВАШ
Boris Pahor se qualifie lui-même « d'écrivain triestin de langue slovène3 ».
Il n'est pas possible de pénétrer dans son œuvre et d'en comprendre le sens sans
savoir ce qu'est cette ville qu'il qualifie en général comme « ma ville natale »,
cette ville à laquelle toute son existence, tant individuelle que sociale, tout
comme son œuvre dans son ensemble sont organiquement rattachées. Cette ville
des frontières, selon Claudio Magris, qui a vu passer et qui a marqué Stendhal,
Rilke, Morand, Valéry-Larbaud, Svevo, Saba, Joyce, etc. a également été et
reste un noyau de culture slovène que l'on imaginerait difficilement sans cette
fenêtre sur le monde.
Occupant une place stratégique au fond de la mer Adriatique, la Tergeste
antique commença son ascension fulgurante au XVIIIe siècle. En 1719, Trieste
devint port franc et le principal débouché sur la mer de toute l'Europe centrale,
relié à Vienne par le chemin de fer dès 1857. La bourgade côtière se transforma
en une grande métropole reliant l'État des Habsbourg à la Méditerranée et au
monde. La population y affluait du pourtour adriatique, d'Italie, ď Istrie et sur
tout du Karst tout proche. Juifs, Arméniens, orthodoxes, musulmans y trouvaient
également travail ou possibilité de négoce. Les fonctionnaires et les commerç
ants venus d'Autriche s'y établirent, donnant à certains quartiers leur visage
thérésien. Souvent simples pêcheurs, ouvriers, artisans ou dockers, les nouveaux
venus s'y fixaient, s'élevaient dans l'échelle sociale, formaient peu à peu une
bourgeoisie aisée, ouverte et cultivée, sans pour autant renier leurs origines. Les
diverses communautés coexistaient, possédaient leurs lieux de culte, leurs
écoles, leurs journaux, etc. L'afflux des populations Slovènes de l'arrière-pays
fut tel que durant la seconde moitié du XIXe siècle la ville abritait la plus grande
agglomération slovène. On rêvait d'y établir la capitale de la « Slovénie unifié »,
de fonder une université.
2. Edvard Kocbek ( 1904-198 1), poète et écrivain, chrétien de gauche qui s'allia avec
les communistes en 1941 pour former le Front de libération. Il fut rejeté par la puissante aile
droite des chrétiens farouchement anticommunistes, puis, après la libération, par les commun
istes au pouvoir.
3. V vodoravni legi, Ljubljana, Slovenska matica, 1997, p. 246. BORIS PAHOR ET L'ORIGINALITÉ DE LA LITTÉRATURE SLOVÈNE DE TRIESTE 549
Les Slovènes possédaient à Trieste à la fin du XIXe siècle leur palais de la
culture, riche bâtiment de six étages, centre de leur vie intellectuelle. Les jour
naux en slovène y proliféraient et le libéralisme tout comme son pendant le
socialisme s'y développaient avec plus de facilité que dans le reste des terri
toires plus ruraux et davantage sous l'emprise d'un catholicisme relativement
paternaliste.
On imagine difficilement le choc que représente la Première Guerre mond
iale pour Trieste et ses Slovènes : le front d'Isonzo, ce Verdun des montagnes,
toucha la région de plein fouet, mais c'est surtout le pacte secret de Londres, en
vertu duquel toute la région jusqu'à Postojna passa à l'Italie, qui représente le
début du chemin de cro

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