Campigny et le Campignien - article ; n°1 ; vol.10, pg 36-62
28 pages
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1899 - Volume 10 - Numéro 1 - Pages 36-62
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1899
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Adrien De Mortillet
Campigny et le Campignien
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 10, 1899. pp. 36-62.
Citer ce document / Cite this document :
De Mortillet Adrien. Campigny et le Campignien. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, IV° Série, tome 10, 1899.
pp. 36-62.
doi : 10.3406/bmsap.1899.5816
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1899_num_10_1_581636 49 janvier 1899
Campigny et le Campignien.
Par M. A. de Mortillet.
Le fascicule de décembre 1898 de la Revue mensuelle de l'École
d'anthropologie contient un travail de nos collègues Philippe Sa
lmon, d'Ault du Mesnil et Gapitan, intitulé : Le Campignien, travail en
grande partie consacré à l'exploration d'un des fonds de cabanes
du village néolithique du Campigny, à Blangy-sur-Bresle (Seine-
Inférieure). A cette fouille, entreprise par l'École d'anthropologie
avec des fonds provenant d'une subvention de l'Association fran
çaise pour l'avancement des sciences, assistaient, outre les au
teurs, G. de Mortillet et Gustave Fouju. Elle a donné plus de
2,000 pièces, dont 1,790 silex taillés.
Les résultats de ces recherches présentent par eux-mêmes un
très réel intérêt, mais il convient de faire quelques réserves sur
la détermination des objets recueillis, et il me semble tout à fait
impossible d'admettre les conclusions qu'on a voulu en tirer.
Laissant de côté environ 1,500 fragments informes, les auteurs
ont récolté tous les silex offrant nettement des caractères de taille.
Ils les divisent en trois lots :
1° Les éclats et lames sans retouche aucune, au nombre de
1,003;
2° Les éclats et lames retouchés de façon plus ou moins irré
gulière ou présentant sur les bords des éclatements déterminés
par l'emploi que les préhistoriques en ont fait. Au nombre de 421 ;
3° Les véritables instruments, au nombre de 366.
Rien a dire de la première catégorie.
La seconde comprend toutes les pièces portant quelques re
touches, mais n'ayant pas une forme bien définie. On y rencont
re pour ainsi dire autant de formes que de pièces. Les unes sont
considérées par les auteurs comme des éclats ébréchés accidentel
lement en s'en servant, les autres comme des instruments improv
isés, destinés à un emploi momentané. C'est là une distinction bien
subtile, d'une application difficile dans nombre de cas, et n'of
frant d'ailleurs qu'un intérêt fort contestable. Ces prétendus in
struments adventices, compris sous la dénomination générale d'out
ils de fortune, sont divisés en plusieurs groupes suivant le travail
qu'on suppose qu'ils étaient destinés à effectuer. Sans doute, cer- ,
DE M0RÏ1LLET. — CAMPIGNY ET CAMPIGNIEN 37 A.
tains éclats, mêmes informes, ont pu servir à couper, scier ou ra
cler, mais est-il prudent d'assigner un nom précis à des instru
ments aussi vagues. Pour notre part, nous ne le pensons pas.
Quelques exemples choisis parmi les pièces représentées mont
rerons mieux que tout raisonnement combien: les désignations
données sont discutables et dans quelles erreurs on s'expose à
tomber en suivant cette voie.
La figure 43, indiquée comme étant une scie, paraît plutôt
être un retouchoir grossier, de forme irrégulière, dont le bord
coupant a été abattu pour ne pas blesser la main. Lafigure44, don
née comme scie-racloir, n'est qu'un simple éclat portant à peine
quelques écaillures sur un des tranchants. La figure 45, représen
tant une lame avec coche sur un des côtés, peut tout aussi bien
être regardée comme un véritable grattoir concave que comme
un instrument de hasard. Le perçoir-en coche figure 46 est très
contestable. C'est un éclat de forme bizarre dont les bords ont été,
par places, ébréchés, sans aucune idée arrêtée. Dans la figure 47,
désignée comme burin, il n'est pas possible de voir autre chose
qu'un éclat de dégagement conservant une portion de la croûte
du rognon de silex dont il a été détaché. Il n'y a aucune retouche
et si la pointe a une certaine épaisseur, c'est purement accidentel.
La figure 48 est bien plus une scie qu'un couteau. Enfin, le grat-
toir-radoir de la figure 49 n'est qu'un grattoir mal venu; les quel
ques faibles retouches qu'on observe sur les côtés ne suffisent pas
pour en faire un racloir.
En somme, rien de moins précis que ces soi-disant outils de
fortune, rien de moins certain que leur emploi à telle ou telle des
tination. Etant donné qu'ils se rencontrent par milliers dans les
ateliers et qu'on les retrouve partout où le silex a été travaillé,
n'est-il pas plus naturel de les considérer comme des rebuts de
taille : éclats ébréchés acciden tellement, outils commencés et rejetés
avant d'avoir reçu une forme déterminée. Chercher à les distr
ibuer par ordres et par groupes en donnant à chacun d'eux un
nom, c'est véritablement pousser un peu loin la passion du cla
ssement et prêter par trop complaisamment le flanc aux critiques
des adversaires du préhistorique.
Plutôt que d'encombrer la science d'un fatras de formes incer
taines, de créer des types mixtes mal définis, des instruments comp
osites douteux, mieux vaut laisser de côté toutes les pièces indéc
ises, ou se contenter de les citer sans essayer de les classer, et ne .
38 49 janvier 4899
tenir compte que des instruments bien caractérisés, de formes incon
testablement voulues, cherchées, qui seuls sont capables de nous
apprendre quelque chose sur ceux qui les ont fabriqués et uti
lisés,
Concernant la troisième catégorie, les véritables instruments,
quelques observations sont également nécessaires.
Sous le nom de pics, les auteurs confondent deux types bien
différents : l'instrument d'assez grande dimension, généralement
désigné sous ce nom, qu'on rencontre dans les exploitations de
silex de l'époque robenhausienne, et un outil plus petit, de forme
prismatique, terminé en pointe obtuse souvent plus ou moins
polie.
On ignore encore à quoi a pu exactement servir ce dernier instru
ment. Les palethnologues l'ont appelé retouchoir et, jusqu'à plus
ample informé, c'est le meilleur nom qu'on puisse lui donner. Nous
savons en effet que les néolithiques taillaient le silex non seul
ement par percussion mais aussi par pression, or dans l'outillage
en pierre ou en os de l'époque nous ne voyons aucun instrument
se prêtant mieux à ce genre de travail.
Parmi les grattoirs, recueillis au nombre d'environ 150 dans le
fond de cabane, les auteurs ont cru reconnaître « des formes net
tement dérivées des formes paléolithiques ».
Deux échantillons, représentés figures 59 et 60, sont indiqués
l'un comme « type moustérien », l'autre comme « type solutréen ».
Le grattoir, qui dérive du racloir, commence à apparaître à la fin
de l'époque du Moustier, mais les grattoirs de cette époque n'ont
rien de typique. Je ne me souviens pas avoir vu de véritables
grattoirs nettement caractérisés parmi les objets provenant du
Moustiers ou d'autres stations bien pures du même âge.
On y remarque seulement quelques racloirs se rapprochant des
grattoirs par la plus faible dimension et la courbure plus accentuée
de la partie retouchée, ainsi que quelques éclats plus ou moins
retaillés à une de leurs extrémités qu'on peut à la rigueur ranger
dans les grattoirs, mais qui ne constituent en aucune façon une
forme typique.
Quant aux grattoirs du Campigny donnés comme étant de type
solutréen, ils n'ont qu'une ressemblance assez éloignée et toute
fortuite avec les échantillons paléolithiques,, ressemblance due à
ce qu'ils ont été confectionnés avec des éclats plus étroits a la base
qu'au sommet. Les grattoirs vraiment typiques de l'époque de A. DE MORTILLET. — CAMPIGNY ET CAMPIGNIEN 39
Solutré sont de plus petites dimensions, beaucoup moins épais, plus
délicats et taillés en pointe à la base avec le goût et l'habileté que
savaient déployer dans toutes leurs œuvres les taill

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