Charles Valentin Alkan : un solitaire dans le Romantisme français - article ; n°57 ; vol.17, pg 33-44
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Description

Romantisme - Année 1987 - Volume 17 - Numéro 57 - Pages 33-44
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Britta Schilling
Charles Valentin Alkan : un solitaire dans le Romantisme
français
In: Romantisme, 1987, n°57. pp. 33-44.
Citer ce document / Cite this document :
Schilling Britta. Charles Valentin Alkan : un solitaire dans le Romantisme français. In: Romantisme, 1987, n°57. pp. 33-44.
doi : 10.3406/roman.1987.4879
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1987_num_17_57_4879Britta SCHILLING
Charles Valentin Alkan : un solitaire dans le romantisme français
< Y aura-t-il, en vérité, un romantisme
musical français ? Si l'on excepte Berlioz,
il reste bien peu de musiciens de valeur, de
naissance et de traditions françaises, et l'on
sera frappé de cette indigence en comparai
son de la floraison d'artistes de premier plan
en Allemagne. > x
Ces mots caractérisent la majorité des études musicologiques qui traitent
du romantisme de la musique française. La disparité des mouvements qui
détermine cette période pose le problème de savoir comment les réunir tous
sous le terme « romantisme français ». On trouve assez peu de compositeurs
français dont l'œuvre reflète d'une manière typique l'esprit de l'époque.
Hector Berlioz semble être le seul représentant et sa gloire mettait à l'ombre
celle de son compatriote Charles Valentin Alkan. Dans le cas de ce dernier,
on se contenta de le considérer tout simplement comme une «énigme».
Des histoires et anecdotes indéracinables obscurcissent depuis la fin du
XIXe siècle sa véritable signification. Aujourd'hui on ne se souvient de lui
en tant qu'élève de Zimmermann et l'ami des célébrités du jour. Nonobstant
il incarne comme nul autre compositeur de son pays à l'exception de Berlioz
le romantisme musical français. Il est symptomatique que, dans le Diction
naire Larousse, le contenu des articles concernant Alkan varie, lors de la
parution de chaque nouvelle édition, sans jamais le juger précisément. Dans
la dernière édition, l'on a même réussi à ne presque rien dire sur les qualités
de la musique de ce compositeur :
« Alkan (Charles Valentin M orhange, dit), compositeur et pianiste
français (Paris 1813 - id. 1888). Elève de Zimmermann, il obtint à
dix ans son premier prix de piano au Conservatoire de Paris. Péda
gogue recherché, virtuose, ami de Liszt, de Chopin, de Hugo et de
Lamennais, il a exprimé ses conceptions pianistiques dans un grand
nombre d'études et de suites aux intentions souvent descriptives (" le
Chemin de fer ", " l'Amitié ", " les Mois ") » 2.
Dans la première moitié du XIXe siècle la capitale fut envahie d'une
foule d'artiste étrangers qui dominaient la vie musicale. Il s'agissait avant
tout de pianistes venus de tous les coins de l'Europe qui voulaient compléter
leurs études au Conservatoire ou débuter dans les salles de concert pari
siennes. La ville se noyait dans un flot de morceaux brillants et légers, à la
mode, que les virtuoses produisaient sans arrêt. Pour le jeune Charles Valent
in on prévoyait une carrière pianistique dans le genre du «petit Liszt».
Enfant prodige, il entra dès l'âge de six ans au Conservatoire et devint vite
l'élève préféré de son professeur Pierre Joseph Zimmermann8. Son père
Alkan Morhange, qui tenait un petit pensionnat dans la rue des Blancs- 34 Britta Schilling
Manteaux dans le Marais, quartier juif de Paris 4, surveillait avec soin l'édu
cation musicale de ses six enfants — Alkan avait une sœur aînée et quatre
frères cadets, tous plus ou moins doués — et faisait attention à ce que son
fils aîné ne négligeât pas ses études de composition. C'est alors qu'en 1836
il s'adressa au vicomte de La Rochefoucauld, le directeur des Beaux-Arts,
afin que Charles Valentin puisse étudier la musique des grands Maîtres de
l'Opéra :
< Comme mon fils fait maintenant son cours d'harmonie, il serait
très-utile et très avangeux pour lui d'avoir les entrées Au grand Opéra
et au Théâtre Italien pour qu'il pût s'y former à l'école des grands
Maîtres de l'art musical, d'autant plus que je le destine à devenir lui-
même un Compositeur, les professeurs ayant reconnu en lui les plus
heureuses dispositions à cet égard, dans les morceaux qu'il a déjà
composés » 5.
Ainsi la formation traditionnelle de compositeur semblait être indiquée
à Alkan. L'opéra français et italien était le genre idéal pour faire fortune en
composition. En fait, les premières œuvres d'Alkan qui datent du début des
années vingt sont écrites dans le style brillant de l'époque. On retrouve,
parmi celles conservées, plusieurs variations sur des sujets tirés de l'opéra
italien6. En 1834, on pouvait lire dans un article du journal Le Pianiste
la critique suivante concernant trois nouvelles compositions d'Alkan 7 :
« Ces morceaux sont bien écrits, et, considérés comme recueils
d'exercices difficiles, nous les recommandons aux professeurs pour leurs
élèves, et plus particulièrement le rondo op. 5, " largo al factotum ".
Mais il ne faut pas aujourd'hui juger l'auteur sur ces échantillons ;
beaucoup de notes et peu d'idées neuves sont les défauts principaux
de ces ouvrages, sur lesquels nous n'insisterons pas davantage (...)
D'ailleurs il est vrai de dire que ses facultés intellectuelles musi
cales ont pris un développement remarquable depuis quelque temps, et
que ce jeune artiste promet un beau nom à la France musicale et un
brillant élève à Zimmermann » 8.
Cependant, Alkan ne chercha pas seulement ses modèles parmi l'opéra
français ou italien. A l'exception des concerts sensationnels donnés par les
virtuoses célèbres et de l'opéra, la vie musicale parisienne, à cette époque,
offrait une multitude d'impressions. Même si, aujourd'hui, on ne sait plus
quels furent les concerts visités par le jeune musicien ou les ouvrages qu'il
étudia, il est pourtant sûr qu'il fut entre autres influencé, dans une large
mesure, par l'historisme qui se développait au début du xrx* siècle à Paris.
Alexandre Choron avait commencé à éditer la musique vocale des anciens
maîtres dans sa « Collection générale des ouvrages classiques » (1806) et en
1810 il reçut l'ordre du ministère de réorganiser les maîtrises des cathé
drales. Un an plus tard, il publia la Méthode élémentaire de musique et de
plain-chant, étude importante pour la jeune génération des compositeurs
romantiques français qui ouvrait des voies nouvelles. Choron constata que
le plain-chant possédait « toutes les qualités d'une bonne composition mélo
dique » • et les musiciens furent attirés par une nouvelle « expression
vraie > 10, qu' Alkan tentait d'atteindre dans sa musique, par une écriture
d'une simplicité extrême. François Antoine Habeneck venait de fonder en
1825 la с Société des Concerts » du Conservatoire et présentait les sym
phonies de Beethoven au public parisien. Quelques années plus tard, en Charles Valentin Alkan 35
1832, François Joseph Fétis créa les « Concerts historiques » d'après le
modèle de Choron, organisateur des premiers concerts en France
de 1827 à 1830, initiant l'enthousiasme des musiciens français pour Pales-
trina. Dès le début de sa carrière musicale, Alkan montra un vif intérêt
pour la musique classique, encouragé certainement par son professeur Zim-
mermann. Etant son élève favori, il est plus que probable que le jeune
pianiste assista assez régulièrement aux soirées brillantes de son maître. Le
caractère des séances de Zimmermann est significatif du genre de concerts
donnés à cette époque à Paris. Le programme était un mélange de musique
de salon et de morceaux religieux, alors très en vogue. La Gazette des salons
rapportait en 1835 que с les soirées de M. Zimmermann sont toujours le
rendez-vous de l'élite musicale de Paris [...] et la séance s'est terminée par
le " Kyrie " et le " Gloria " de la messe en ré de Chérubini, qui assistait
lui-même en personne à cette exécution [...] » n. Dans cette ambiance des
années 1820 à 1830 la v

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