Commentaire d une exposition - article ; n°1 ; vol.5, pg 27-44
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Description

Déviance et société - Année 1981 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 27-44
A partir de la mort du peintre Fusco ayant vécu le bagne et l'asile, l'auteur pose le problème de l'incapacité que présente la société actuelle de reconnaître le rôle de la folie et de la mort. Elle les dépouille en quelque sorte de leur sens pour les rendre acceptables, en médicalisant la première et en occultant la seconde.
Une telle opération se rattache à une philosophie de la conscience, du je cartésien, historique et limité, face à laquelle l'auteur pose, par opposition, la structure de l'infinissable (l'inconscient posthume) à laquelle participent la folie et la mort.
The author uses the death of the painter, Fusco, who had firsthand knowledge of both convict prisons and asylums, to pose the problem of present-day society being incapable of acknowledging the role of madness and death. It somehow strips them of their meaning to make them acceptable, medicalizing the former and masking the latter. This undertaking is tightly bound up with a philosophical view of the conscious, of the historical, circumscribed, Cartesian I which the author contrasts with the limitless nature (the posthumous unconscious) of both madness and death.
Vom Tod des Malers Fusco ausgehend, der sein Leben als Insasse von Zuchthaus und Irrenhaus zugebracht hatte, illustriert der Verfasser das Problem der Unfähigkeit unserer modernen Gesellschaft, die Rolle des Wahnsinns und des Todes anzuerkennen. Indem sie ihnen die Bedeutung nimmt, nämlich die erstere medikalisiert, die letztere verdeckt, will sie sie annehmbar mac hen. Ein solches Unterfangen ist eng verknüpft mit einer — historischen und begrenzten — Bewusstseinsphilosophie des kartesianischen Ichs, der der Verfasser nun die Struktur des Unbegrenzten (das posthume Unterbewusstsein) gegenüberstellt, an dem Wahnsinn und Tod teilhaben.
Verwijzend naar de dood van de schilder Fusco, die zowel de gevangenis als het assiel had meegemaakt, stelt de auteur het probleem van de onbekwaamheid der huitige samenleving om de roi van de gekheid en van de dood te erkennen. Om ze aanvaardbaar te maken ontdoet zij die verse hijnselen in zekere mate van hun betekenis door het eerste te vergeneeskundigen en het tweede te verbergen. Zulke operatie is verbonden met een filosofie van het bewust- zijn, van het cartesiaanse ik, historisch en beperkt, waar de auteur tegenover plaatst de structuur van het onbeëindigbare (het posthume bewustzijn) waaraan de gekheid en de dood deel nemen.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

André Requet
Commentaire d'une exposition
In: Déviance et société. 1981 - Vol. 5 - N°1. pp. 27-44.
Citer ce document / Cite this document :
Requet André. Commentaire d'une exposition. In: Déviance et société. 1981 - Vol. 5 - N°1. pp. 27-44.
doi : 10.3406/ds.1981.1069
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1981_num_5_1_1069Résumé
A partir de la mort du peintre Fusco ayant vécu le bagne et l'asile, l'auteur pose le problème de
l'incapacité que présente la société actuelle de reconnaître le rôle de la folie et de la mort. Elle les
dépouille en quelque sorte de leur sens pour les rendre acceptables, en médicalisant la première et en
occultant la seconde.
Une telle "opération" se rattache à une philosophie de la conscience, du "je" cartésien, historique et
limité, face à laquelle l'auteur pose, par opposition, la structure de l'infinissable (l'inconscient posthume)
à laquelle participent la folie et la mort.
Abstract
The author uses the death of the painter, Fusco, who had firsthand knowledge of both convict prisons
and asylums, to pose the problem of present-day society being incapable of acknowledging the role of
madness and death. It somehow strips them of their meaning to make them acceptable, medicalizing
the former and masking the latter. This "undertaking" is tightly bound up with a philosophical view of the
conscious, of the historical, circumscribed, Cartesian "I" which the author contrasts with the limitless
nature (the posthumous unconscious) of both madness and death.
Zusammenfassung
Vom Tod des Malers Fusco ausgehend, der sein Leben als Insasse von Zuchthaus und Irrenhaus
zugebracht hatte, illustriert der Verfasser das Problem der Unfähigkeit unserer modernen Gesellschaft,
die Rolle des Wahnsinns und des Todes anzuerkennen. Indem sie ihnen die Bedeutung nimmt, nämlich
die erstere medikalisiert, die letztere verdeckt, will sie sie annehmbar mac hen. Ein solches Unterfangen
ist eng verknüpft mit einer — historischen und begrenzten — Bewusstseinsphilosophie des
kartesianischen "Ichs", der der Verfasser nun die Struktur des Unbegrenzten (das posthume
Unterbewusstsein) gegenüberstellt, an dem Wahnsinn und Tod teilhaben.
Verwijzend naar de dood van de schilder Fusco, die zowel de gevangenis als het assiel had
meegemaakt, stelt de auteur het probleem van de onbekwaamheid der huitige samenleving om de roi
van de gekheid en van de dood te erkennen. Om ze aanvaardbaar te maken ontdoet zij die verse
hijnselen in zekere mate van hun betekenis door het eerste te vergeneeskundigen en het tweede te
verbergen. Zulke "operatie" is verbonden met een filosofie van het bewust- zijn, van het cartesiaanse
"ik", historisch en beperkt, waar de auteur tegenover plaatst de structuur van het onbeëindigbare (het
posthume bewustzijn) waaraan de gekheid en de dood deel nemen.Déviance et Société, Genève, 1 981 , vol. 5. No 1 , pp. 27-44
LA MORT DU FOU
Commentaire d'une Exposition
A. REQUET *
Cette exposition fut, par sa valeur artistique et la puissance de sa
signification, tout autre chose qu'une quelconque exhibition de tra
vaux de malades psychiatriques, telle qu'il est possible d'en voir un peu
partout maintenant : car elle apparaissait comme l'occasion privilégiée
d'une discussion fondamentale sur la place et le rôle de l'aliéné dans
notre civilisation. Fusco n'est, en effet, pas un personnage psychiatrique
ordinaire, tel qu'on peut en cerner facilement le problème par un
quelconque positivisme, nosographique, phénoménologique, analytique
ou autre. Par la révélation fulgurante de son génie artistique, à la fin
d'une existence marquée par le drame, le malheur, la réprobation et
l'exclusion sociales, et finalement la psychose, Fusco nous apparaît, à
travers son oeuvre et son destin, comme le type d'un artiste, schizo
phrène et maudit, dont le prohlème nous oblige, peut-être, à réviser nos
présupposés habituels sur le rôle du fou dans la cité.
La question pourrait, en effet, se poser de la façon suivante : est-ce
que, par le trouble même de son esprit, le fou aurait un rôle à jouer
parmi nous, et quel pourrait bien être ce rôle, qui apparaîtrait alors
comme essentiel ?
L'étrange apparition du génie pictural de Fusco, à la fin de sa vie,
comme à la fin d'une époque, semble, en effet, donner à cet événement
infime, la dimension de l'Histoire ; d'autant plus, que la création de
cette oeuvre remarquable brille avec l'intensité d'un météore, pour
s'éteindre en même temps que tout basculait dans la tragédie.
C'est dire qu'il me semble impossible de définir le personnage de
ce peintre-fou avec les seules lumières de la psychiatrie et que ce serait
une énorme erreur, que de vouloir interpréter son oeuvre uniquement
sous l'angle de la schizophrénie clinique et se contenter ainsi des
explications laborieuses et stériles, souvent inhérentes à un certain
académisme psychiatrique. Je crois donc que, pour rendre compte de
l'événement Fusco, nous sommes dans l'obligation de le présenter
comme un triptyque, dont les trois volets, plus ou moins complém
entaires, doivent être étudiés chacun dans sa perspective particulière
et suivant une discipline différente.
Médecin honoraire des hôpitaux psychiatriques, Lyon.
27 Le premier volet, c'est le drame de l'existence, dont celle de Fusco
est particulièrement exemplaire, avec son début dans une famille d'arti
sans-artistes, très pauvres, mais très unis, pour rencontrer ensuite très
tôt la passion et le crime, puis la prison, l'interdiction de séjour, le
bagne militaire et la psychose, avec la réforme et la désocialisation
profonde, et finalement l'asile d'aliénés, avec une espèce de stupéfiante
résurrection artistique terminale, pour sombrer enfin dans la cachexie
de la famine asilaire, après la défaite, et en mourir sans dire un mot le
29 décembre 1940. Seul un auteur dramatique de très grand talent
pourrait, peut-être, donner sa mesure à cette existence marquée par le
plus sombre destin, et dont la réflexion psychiatrique serait bien inca
pable de rendre compte à elle seule.
Le deuxième volet, c'est l'art pictural de Fusco, dont le problème
pourrait s'énoncer de la façon suivante : un très jeune homme de 18
ans, doué pour les arts plastiques, mais sans formation artistique, sauf
celle qu'il apprend auprès de son père, artisan sculpteur sur bois, est
condamné brusquement à vivre pendant 17 ans comme un réprouvé, le
plus souvent en milieu concentrationnaire et sans possibilité d'express
ion, surtout artistique ; en pleine psychose, au bout de ces 17 ans, il
accomplit à l'asile d'aliénés une oeuvre picturale d'avant-garde, qui peut
rejoindre aujourd'hui, sans peine, après 40 ans, les problèmes actuels de
l'art contemporain. Or il semble que cet art contemporain puisse être
interprété, dans certaines de ses oeuvres, comme une écriture ésoté-
rique, cherchant à exprimer l'inexprimable : c'est ainsi qu'on peut voir
aujourd'hui des peintres de grand talent qui, faisant fi de l'émotion
esthétique, produisent des oeuvres pleines d'énigmes, dont la fascina
tion, qu'elles exercent sur le spectateur, lui donne l'impression d'avoir à
découvrir un autre monde. N'est-ce pas ce que nous ressentons en face
des oeuvres de Fusco ? C'est pourquoi ces oeuvres ne relèvent pas de la
seule psychiatrie et méritent, par contre, l'attention des amateurs et
spécialistes de l'art, critiques et historiens, voire des artistes eux-mêmes,
s'ils arrivent à se confronter sincèrement avec elles.
Le troisième volet, c'est la mort du fou. Comme je l'ai déjà signalé
plus haut, Fusco est mort stoïquement de faim, sans prononcer une
parole, ni esquisser le moindre geste, le 29 décembre 1940. Il est mort,
non pas, comme on aimerait nous le faire croire, d'une cachexie
psychiatrique par refus négativiste de nourriture, mais bien de la
famine, qui s'installa de très bonne heure à l'asile de Bron, dès après la
défaite de 1940, par suite des restrictions extrêmement sévères impos
ées aux aliénés, bien avant celles de la population civile. Ces restric
tions eurent pour effet une mortalité carentielle massive, qui vida
littéralement l'asile de sa popul

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