Conditions de logement et types de ménages. Résultats de l'enquête-logement 1988 - article ; n°5 ; vol.47, pg 1294-1306

Denise Arbonville, Catherine Bonvalet

Description

Population - Année 1992 - Volume 47 - Numéro 5 - Pages 1294-1306
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1992
• Nombre de lectures: 32
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Denise Arbonville
Catherine Bonvalet
Conditions de logement et types de ménages. Résultats de
l'enquête-logement 1988
In: Population, 47e année, n°5, 1992 pp. 1294-1306.
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Arbonville Denise, Bonvalet Catherine. Conditions de logement et types de ménages. Résultats de l'enquête-logement 1988. In:
Population, 47e année, n°5, 1992 pp. 1294-1306.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1992_num_47_5_39511294 NOTES ET DOCUMENTS
CONDITIONS DE LOGEMENT ET TYPES DE MENAGES
Résultats de l'enquête-logement 1988
Les changements profonds intervenus au cours des vingt dernières années
dans le domaine de la nuptialité se sont traduits par une modification des structures
familiales*1 ', mais également par une diversification des modes d'habiter. L'exploi
tation de l'enquête-logement 1988 permet de faire apparaître une large gamme de
nuances dans les comportements résidentiels des Français. L'âge de la personne de
référence et le type du ménage restent, bien sûr, des déterminants principaux du
mode d'habitat. Cependant, la prise en compte de la situation matrimoniale légale
des individus - si elle a perdu dans certains cas sa signification et décrit un état
passé, sans renseigner précisément sur le mode de vie actuel -, introduit un critère
fort de différenciation des comportements en matière d'habitat, à l'intérieur d'une
catégorie définie de type de ménage : personne seule, famille monoparentale ou
couple.
L'écart entre la situation légale et la situation de fait des individus s'est creusé
à tel point qu'il faut, pour mieux cerner la vie familiale des considérer
simultanément l'état matrimonial et la structure des ménages(2). Ce sont les résultats
détaillés de cette recomposition que nous présentons ici.
I. - Les grandes tendances
La propriété et l'habitat individuel continuent à se diffuser dans l'ensemble
de la population : en 1988, plus de la moitié des logements sont individuels (57 %),
plus de la moitié des ménages sont propriétaires (54 %) et la taille moyenne des
logements est de 3,9 pièces pour des ménages qui comptent 2,6 personnes en
moyenne ; un peu moins de la moitié des (45 %) habite en zone péri-urbaine
ou en banlieue(3). De plus, l'accession à la propriété s'est effectuée de plus en plus
tôt dans le cycle de vie(4) : 49 % des personnes de référence âgées de 30-39 ans
sont déjà propriétaires de leur logement; et cette proportion atteint 63-64% pour
les plus de 40 ans. La mobilité potentielle reste cependant toujours forte puisque,
en 1988, 21 % des ménages déclarent vouloir déménager.
Néanmoins, ce tableau global doit s'assortir de nuances catégorielles plus
fines. Les changements dans les structures familiales repérés par les sociologues et
O J.P Courson et M. de Saboulin : «Ménages et familles, vers de nouveaux modes
de vie», Economie et Statistiques, n° 175, 1985, J. M. Durr :« Nuptialité et structure des
ménages», La nuptialité : Evolution récente en France et dans les pays développés (eds T. Hi-
bert et L. Roussel), Paris, INED, Congrès et Colloques n° 7, 1991.
(2) C. Bonvalet et E. Lelièvre : «Nuptialité et mobilité» in La nuptialité: Evolution
récente en France et dans les pays développés (eds T. Hibert et L. Roussel), Paris, INED,
Congrès et Colloques n° 7, 1991.
(3> Regroupant les zones «rural en ZPIU» (15 %), « urbain périphérique » (18 %), petite
(5 %) et grande (7 %) couronnes de Paris.
(4) On note toutefois parmi les dernières tendances, un léger ralentissement dans le
rajeunissement des accédants dû à la baisse des prêts aidés (PAP) et à l'augmentation des
achats dans le parc ancien. NOTES ET DOCUMENTS 1295
les démographes ont continué à s'accentuer en 1988 : montée des personnes seules,
augmentation des familles monoparentales et des couples sans enfant, et diminution
relative des couples mariés avec des enfants. Ainsi, actuellement, le cycle de vie
des ménages, tant familial que résidentiel, ne peut plus être représenté par un modèle
linéaire.
Auparavant, les périodes de vie étaient plus tranchées. La majorité des jeunes
quittaient leurs parents pour se marier, les divorces et les séparations étaient moins
fréquents et la phase de vie solitaire se situait au moment du décès du conjoint,
dans le cas où le parent âgé n'était pas accueilli par un de ses enfants. Aujourd'hui,
les jeunes quittent leurs parents le plus souvent pour vivre seuls, se mettent pro
gressivement en couple et se séparent de la même façon, en cas de mésentente. De
plus, la cohabitation hors mariage s'est largement banalisée : plus qu'une simple
cohabitation prénuptiale pour les jeunes, elle s'est aussi diffusée considérablement
auprès des personnes séparées ou divorcées (ou même veuves). En outre, les tran
sformations de la fécondité et le recul de la mortalité induisent l'existence d'une
nouvelle étape du cycle de vie : la période du couple post-parental ou étape « du
nid vide»(5).
En conséquence, on observe désormais des alternances plus fréquentes de pé
riodes provisoires de vie en couple (avec ou sans enfant, marié ou non) et de vie
solitaire (avec ou sans enfant), tandis que la durée de la vie s'allonge fortement.
Le caractère flou des comportements familiaux se répercute directement sur les
comportements résidentiels : le modèle dominant (couple marié/propriétaire/indivi-
duel/péri-urbain)<6) se voit fortement perturber par des transitions individuelles (s
éparé/locataire/collectif/urbain central), voire progressivement supplanter par des marginaux (solitaire/locataire/collectif/urbain central), qui gagnent
de plus en plus d'ampleur dans l'ensemble de la population, et qui rendent délicat
l'équilibre population-logement. Et l'on voit ainsi apparaître, selon l'âge, le type
de ménage et le statut matrimonial, une forte différenciation des modes d'habitat.
II. - Types de ménages et modes de logement
Les personnes seules La situation résidentielle des isolés peut se résumer à
ces quelques chiffres : 32% sont propriétaires, 60% vi
vent dans un habitat collectif, ils disposent en moyenne de 2,9 pièces; soit donc
une majorité de locataires d'appartement. Mais ces chiffres recouvrent des réalités
très différentes selon le sexe et la position dans le cycle de vie (tableau 1).
Par sexe et âge
En fait, une très forte proportion de jeunes commencent leur vie adulte par
une période solitaire (66 % des personnes de référence de moins de 20 ans, 37 %
des 20-24 ans), le plus souvent en location, ou logé gratuitement par l'employeur
ou les parents. En 1988, 84% des jeunes de moins de 30 ans, chefs de ménages
isolés, sont locataires dans un petit appartement (1,9 pièce) et 11 % sont logés gra
tuitement. Le parc locatif privé constitue majoritairement la première étape
<5) H. Le Bras : « Structures de la famille dans la France actuelle » in Transformations
de la famille et habitat, Paris, INED, Travaux et Documents cahier n° 120, 1988.
(6) C. Bonvalet, P. Merlin (eds) : Transformations de la famille et habitat, Paris, INED,
Travaux et Documents cahier n° 120, 1988. i
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NOTES ET DOCUMENTS 1296
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