Confiance et méfiance dans le marché : les statistiques et la recherche clinique (1945-1960) - article ; n°4 ; vol.18, pg 9-27
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Confiance et méfiance dans le marché : les statistiques et la recherche clinique (1945-1960) - article ; n°4 ; vol.18, pg 9-27

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Sciences sociales et santé - Année 2000 - Volume 18 - Numéro 4 - Pages 9-27
Confianza y desconfianza en el mercado : las estadísticas y la investigación clínica (1945-1960)
Este artículo trata de la influencia de la desconfianza social en el surgimiento de las nuevas prácticas de experimentación en medicina. Entre 1940 y 1960, los investigadores universitarios introdujeron una série de prácticas (sorteo de pacientes, grupo de control, evaluación a ciegas de los resultados, recurso a la utilización de mediciones objetivas de los efectos y del análisis estadístico) que rompieron radicalmente con los procedimientos clásicos de evaluación de las terapias. Estas innovaciones fueron justificadas retoricamente por la necesidad de sacar la evaluación terapéutica de las manos de los industriales en quienes no se podía tener confianza, así como también de las de los médicos inexperimentados. Esta desconfianza social jugó un papel esencial en el establecimiento de las nuevas normas metodológicas. Las corrientes reformadoras se apoyaron en la existencia de una tradición de crítica social de la comercialización de los medicamentos para convencer a sus colegas de aceptar los nuevos procedimientos de investigación clínica. Para el autor, los cambios culturales que afectan a los valores epistémicos, no pueden explicar por sí mismos la aceptación de estas nuevas normas : para hacerlo, hay que observar de cerca quienes son aquellos cuyas pruebas y prácticas están puestas en duda.
Trust and mistrust in the market place: statistics and clinical reasearch (1945-1960)
My paper will focus on the role of social mistrust in bringing about changes in experimental practice in medicine. Between 1940 and 1960, academie researchers in the United States introduced a series of radically new experimental practices to evaluate new therapies: random allocation of patients to «experimental» or «control» treatments, «blind» assessment of therapeutics, the increased use of objective measures of therapeutic outeomes, and the statistical analysis of results. These innovations were justified by rhetorical appeals about the need to remove therapeutic evaluation from the control of «untrustworthy» drug manufacturers and «unreliable» practitioners. Social mistrust played a key role in establishing the new methodological canons. Reformers relied on a prior tradition of social criticism of drug marketing to convince colleagues to accept innovative research procedures. I will argue that cultural changes in epistemological standards and beliefs cannot by themselves explain the acceptance of new epistemological standards. One must also look to whose evidence and practices are mistrusted.
Résumé. Cet article traite de la méfiance sociale dans l'avènement de nouvelles pratiques d'expérimentation en médecine. Entre 1940 et 1960, les chercheurs universitaires ont, aux États-Unis, introduit une série de pratiques (tirage au sort des patients, groupe de contrôle, évaluation en aveugle des résultats, recours aux mesures objectives des effets et utilisation de l'analyse statistique), rompant radicalement avec les procédures classiques d'évaluation des thérapies. Ces innovations furent justifiées rhétoriquement par la nécessité de sortir l'évaluation thérapeutique des mains d'industriels en qui on ne pouvait pas avoir confiance ou de celles de praticiens inexpérimentés. Cette méfiance sociale joua un rôle essentiel dans l'établissement des nouvelles normes méthodologiques. Les courants réformateurs s'appuyèrent sur l'existence d'une tradition de critique sociale de la commercialisation des médicaments pour convaincre leurs collègues d'accepter les nouvelles procédures de recherche clinique. Pour l'auteur, les changements culturels touchant les valeurs épisté- miques ne peuvent pas par eux-mêmes expliquer l'acceptation de ces nouvelles normes : pour en rendre compte, il faut regarder de près qui sont ceux dont on met en doute les preuves et les pratiques.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Harry Marks
Confiance et méfiance dans le marché : les statistiques et la
recherche clinique (1945-1960)
In: Sciences sociales et santé. Volume 18, n°4, 2000. pp. 9-27.
Citer ce document / Cite this document :
Marks Harry. Confiance et méfiance dans le marché : les statistiques et la recherche clinique (1945-1960). In: Sciences sociales
et santé. Volume 18, n°4, 2000. pp. 9-27.
doi : 10.3406/sosan.2000.1503
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/sosan_0294-0337_2000_num_18_4_1503Resumen
Confianza y desconfianza en el mercado : las estadísticas y la investigación clínica (1945-1960)
Este artículo trata de la influencia de la desconfianza social en el surgimiento de las nuevas prácticas
de experimentación en medicina. Entre 1940 y 1960, los investigadores universitarios introdujeron una
série de prácticas (sorteo de pacientes, grupo de control, evaluación a ciegas de los resultados, recurso
a la utilización de mediciones objetivas de los efectos y del análisis estadístico) que rompieron
radicalmente con los procedimientos clásicos de evaluación de las terapias. Estas innovaciones fueron
justificadas retoricamente por la necesidad de sacar la evaluación terapéutica de las manos de los
industriales en quienes no se podía tener confianza, así como también de las de los médicos
inexperimentados. Esta desconfianza social jugó un papel esencial en el establecimiento de las nuevas
normas metodológicas. Las corrientes reformadoras se apoyaron en la existencia de una tradición de
crítica social de la comercialización de los medicamentos para convencer a sus colegas de aceptar los
nuevos procedimientos de investigación clínica. Para el autor, los cambios culturales que afectan a los
valores epistémicos, no pueden explicar por sí mismos la aceptación de estas nuevas normas : para
hacerlo, hay que observar de cerca quienes son aquellos cuyas pruebas y prácticas están puestas en
duda.
Abstract
Trust and mistrust in the market place: statistics and clinical reasearch (1945-1960)
My paper will focus on the role of social mistrust in bringing about changes in experimental practice in
medicine. Between 1940 and 1960, academie researchers in the United States introduced a series of
radically new experimental practices to evaluate new therapies: random allocation of patients to
«experimental» or «control» treatments, «blind» assessment of therapeutics, the increased use of
objective measures of therapeutic outeomes, and the statistical analysis of results. These innovations
were justified by rhetorical appeals about the need to remove therapeutic evaluation from the control of
«untrustworthy» drug manufacturers and «unreliable» practitioners. Social mistrust played a key role in
establishing the new methodological canons. Reformers relied on a prior tradition of social criticism of
drug marketing to convince colleagues to accept innovative research procedures. I will argue that
cultural changes in epistemological standards and beliefs cannot by themselves explain the acceptance
of new epistemological standards. One must also look to whose evidence and practices are mistrusted.
Résumé
Résumé. Cet article traite de la méfiance sociale dans l'avènement de nouvelles pratiques
d'expérimentation en médecine. Entre 1940 et 1960, les chercheurs universitaires ont, aux États-Unis,
introduit une série de pratiques (tirage au sort des patients, groupe de contrôle, évaluation en aveugle
des résultats, recours aux mesures objectives des effets et utilisation de l'analyse statistique), rompant
radicalement avec les procédures classiques d'évaluation des thérapies. Ces innovations furent
justifiées rhétoriquement par la nécessité de sortir l'évaluation thérapeutique des mains d'industriels en
qui on ne pouvait pas avoir confiance ou de celles de praticiens inexpérimentés. Cette méfiance sociale
joua un rôle essentiel dans l'établissement des nouvelles normes méthodologiques. Les courants
réformateurs s'appuyèrent sur l'existence d'une tradition de critique sociale de la commercialisation des
médicaments pour convaincre leurs collègues d'accepter les nouvelles procédures de recherche
clinique. Pour l'auteur, les changements culturels touchant les valeurs épisté- miques ne peuvent pas
par eux-mêmes expliquer l'acceptation de ces nouvelles normes : pour en rendre compte, il faut
regarder de près qui sont ceux dont on met en doute les preuves et les pratiques.3
Sciences Sociales et Santé, Vol. 18, n° 4, décembre 2000
Confiance et méfiance dans le marché :
les statistiques et la recherche clinique
(1945-1960)
Harry M. Marks*
Résumé. Cet article traite de la méfiance sociale dans l'avènement de
nouvelles pratiques d'expérimentation en médecine. Entre 1940 et 1960,
les chercheurs universitaires ont, aux États-Unis, introduit une série de
pratiques (tirage au sort des patients, groupe de contrôle, évaluation en
aveugle des résultats, recours aux mesures objectives des effets et utilisa
tion de l'analyse statistique), rompant radicalement avec les procédures
classiques d'évaluation des thérapies. Ces innovations furent justifiées
rhétoriquement par la nécessité de sortir l'évaluation thérapeutique des
mains d'industriels en qui on ne pouvait pas avoir confiance ou de celles
de praticiens inexpérimentés. Cette méfiance sociale joua un rôle essent
iel dans l'établissement des nouvelles normes méthodologiques. Les
courants réformateurs s'appuyèrent sur l'existence d'une tradition de cri
tique sociale de la commercialisation des médicaments pour convaincre
* Harry M. Marks, historien, Department of History of Medicine, Science and
Technology, Johns-Hopkins University.
Certains passages de ce texte sont extraits de The Progress of Experiment, Science and
Therapeutic Reform in the United States, 1900-1990 (Cambridge University Press,
1998).
L'auteur tient à remercier les organisateurs de conférences du Max Planck Institut fiir
Wissenschaftsgeschichte, ainsi que Culture technique et l'INSERM de lui avoir donné
la possibilité de présenter les premières versions de cet article. La traduction de ce
texte a été réalisée par C. Réti. HARRY M. MARKS 10
leurs collègues d'accepter les nouvelles procédures de recherche clinique.
Pour l'auteur, les changements culturels touchant les valeurs épisté-
miques ne peuvent pas par eux-mêmes expliquer l'acceptation de ces
nouvelles normes : pour en rendre compte, il faut regarder de près qui
sont ceux dont on met en doute les preuves et les pratiques.
Mots clés : essais cliniques, évaluation thérapeutique, statistique, his
toire de la médecine.
En 1784, un groupe de « Commissaires du Roi » comprenant des
personnalités aussi renommées que Antoine Lavoisier et Benjamin
Franklin, décida de bander les yeux de sujets « choisis dans la classe du
peuple » afin d'expérimenter sur eux l'effet thérapeutique du mesmé-
risme. Le présupposé de cette opération était que, sans bandeau sur les
yeux, les personnes soumises à l'expérience pourraient guérir par le seul
« effet de l'imagination » (Commissaires, 1980 : 23 et 36 ; Darnton, 1968 ;
Kaptchuk, 1998). On considérait alors que, contrairement au témoignage
des Commissaires, hommes éclairés dont les perceptions étaient aliment
ées par la pratique du « doute philosophique », le témoignage d'hommes
et de femmes du « menu peuple » n'était pas fiable (Commissaires, 1980 :
30-31).
Comme l'a montré Kaptchuk, à partir du xixe siècle, des médecins
sceptiques quant aux vertus thérapeutiques de pratiques situées aux
marges de la médecine officielle tentèrent d'utiliser les méthodes « en
aveugle » afin de contrôler les effets de l'imagination sur les patients. Au
début du xxe siècle, ces pratiques furent incorporées au répertoire tech
nique des chercheurs en pharmacologie (Haas et al., 1962 ; Kaptchuk,
1998). Dans les années cinquante, les chercheurs préconisaient la mise en
œuvre d'études de nouveaux médicaments faisant appel à la méthode du
« double-aveugle », c'est-à-dire sans que le patient et le médecin sachent
ce qui était reçu ou prescrit. Cette méthode faisait partie d'un ensemble de
subterfuges proposés par les spécialistes de la recherche thérapeutique
afin de réduire la part de subjectivité inhérente aux évalua

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