Contrepoint. Autour d Edouard Branly : trois propositions de révision. Journée Edouard Branly (Palais de la découverte, 9 octobre 1990) - article ; n°1 ; vol.46, pg 83-94
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Contrepoint. Autour d'Edouard Branly : trois propositions de révision. Journée Edouard Branly (Palais de la découverte, 9 octobre 1990) - article ; n°1 ; vol.46, pg 83-94

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Revue d'histoire des sciences - Année 1993 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 83-94
RÉSUMÉ. — Cet article reprend les conclusions présentées au soir de la Journée organisée au palais de la Découverte le 9 octobre 1990 autour des travaux d'Edouard Branly. Il insiste sur trois points : la complexité du processus d'acceptation/appropriation des travaux de Hertz en France entre 1888 et 1892 ; puis sur les relations alors courantes entre universitaires et monde des affaires, ainsi que sur les formes particulières qu'elles prennent en France ; enfin sur le fait que l'historiographie de Branly est prise en France dans le grand débat droite/gauche et qu'il nous est difficile de nous en abstraire dans les jugements que nous portons sur la « découverte » d'Edouard Branly.
SUMMARY. — The article summarizes the conclusions presented by the author at the end of the workshop devoted to Edouard Branly on the 9th of October 1990. It stresses three points. First, the complexity of the process of acceptation/ reappropriation of Hertz's works in France between 1888 and 1892. Secondly, the relationships then current between academics and the world of business, and the particular forms they took in France at the time. Finally, the fact that the historiography of Branly has always been caught up in France in the wider political debate between Right and Left, and that it is difficult for us to escape it when passing judgements on Branly 's « discovery ».
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M Dominique Pestre
Contrepoint. Autour d'Edouard Branly : trois propositions de
révision. Journée Edouard Branly (Palais de la découverte, 9
octobre 1990)
In: Revue d'histoire des sciences. 1993, Tome 46 n°1. pp. 83-94.
Résumé
RÉSUMÉ. — Cet article reprend les conclusions présentées au soir de la Journée organisée au palais de la Découverte le 9
octobre 1990 autour des travaux d'Edouard Branly. Il insiste sur trois points : la complexité du processus
d'acceptation/appropriation des de Hertz en France entre 1888 et 1892 ; puis sur les relations alors courantes entre
universitaires et monde des affaires, ainsi que sur les formes particulières qu'elles prennent en France ; enfin sur le fait que
l'historiographie de Branly est prise en France dans le grand débat droite/gauche et qu'il nous est difficile de nous en abstraire
dans les jugements que nous portons sur la « découverte » d'Edouard Branly.
Abstract
SUMMARY. — The article summarizes the conclusions presented by the author at the end of the workshop devoted to Edouard
Branly on the 9th of October 1990. It stresses three points. First, the complexity of the process of acceptation/ reappropriation of
Hertz's works in France between 1888 and 1892. Secondly, the relationships then current between academics and the world of
business, and the particular forms they took in France at the time. Finally, the fact that the historiography of Branly has always
been caught up in France in the wider political debate between Right and Left, and that it is difficult for us to escape it when
passing judgements on Branly 's « discovery ».
Citer ce document / Cite this document :
Pestre Dominique. Contrepoint. Autour d'Edouard Branly : trois propositions de révision. Journée Edouard Branly (Palais de la
découverte, 9 octobre 1990). In: Revue d'histoire des sciences. 1993, Tome 46 n°1. pp. 83-94.
doi : 10.3406/rhs.1993.4262
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1993_num_46_1_4262Contrepoint
Autour d'Edouard Branly :
trois propositions de révision (*)
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tation/appropriation des travaux de Hertz en France entre 1888 et 1892; puis
sur les relations alors courantes entre universitaires et monde des affaires, ainsi
que sur les formes particulières qu'elles prennent en France; enfin sur le fait l'historiographie de Branly est prise en France dans le grand débat
droite/gauche et qu'il nous est difficile de nous en abstraire dans les jugements
que nous portons sur la « découverte » d'Edouard Branly.
SUMMARY. — The article summarizes the conclusions presented by the author
at the end of the workshop devoted to Edouard Branly on the 9th of October
1990. It stresses three points. First, the complexity of the process of accepta
tion/ reappropriation of Hertz's works in France between 1888 and 1892. Secondly,
the relationships then current between academics and the world of business, and
the particular forms they took in France at the time. Finally, the fact that the
historiography of Branly has always been caught up in France in the wider polit
ical debate between Right and Left, and that it is difficult for us to escape
it when passing judgements on Branly 's « discovery ».
Les organisateurs de la conférence m'ont demandé de parti
ciper à cette journée et d'accepter de réagir aux travaux de l'après-
midi par un « contrepoint » final. Ayant argué de ma méconnaiss
ance du sujet pour décliner l'offre, il me fut répondu que l'intérêt
était aussi là, dans le fait de porter un regard partiellement exté
rieur. J'ai donc accepté de jouer le jeu — tout en continuant de
plaider l'indulgence.
Ce que je me propose de faire n'a rien d'un travail de synthèse.
Il s'agit plutôt de soulever trois questions, d'avancer trois thèmes
(*) Texte donné en clôture de la Journée Branly, le 9 octobre 1990.
Rev. Hist. Srí., 1993, XLVI/1 84 Dominique Pestré
de réflexion qui m'ont été suggérés par les divers exposés que nous
avons entendus. Ces remarques sont très disparates de nature mais
elles touchent toutes trois à des questions historiographiques ou de
méthode qui sont importantes. Elles ont de plus un point commun,
celui d'inviter à une relecture de thèses couramment admises dans
notre monde d'historiens de la physique, de thèses héritées d'un passé
quelque peu ancien et que nous oublions peut-être trop facilement
de réétudier de façon critique.
I. — La première est celle qui tient pour acquis que le monde
physicien de 1888 fut immédiatement frappé — et conquis — par
les premières expériences de Hertz, que les travaux de ce dernier,
drapés dans leur évidence fulgurante, se diffusèrent quasi-
instantanément. Un rapide coup d'œil, à titre d'exemple, à l'article
« Heinrich Rudolf Hertz », dans le Dictionary of Scientific Bio
graphy, confirme qu'on tient pour « acquis » que la preuve fournie
par Hertz convainct sans délai.
La piste d'investigation que je propose est celle-ci : est-il vrai
qu'entre 1888 et les deux grands articles théoriques de 1890, voire
les publications de 1892, il y ait accord et acceptation rapide de
l'ensemble des résultats de Hertz? Ce qui me semble apparaître,
notamment à la suite de conversations avec Michel Atten et Chris
tine Blondel, c'est bien l'existence d'un état de choc, le fait que
les théories faisant appel à des propagations de proche en proche
gagnent soudainement en crédibilité. Pendant deux ou trois ans,
par contre, l'expectative demeure, les discussions-contestations sont
vives et chacun tente, à sa façon, de réévaluer le travail de Hertz,
de se le représenter, de l'intégrer à ses schémas de lecture du monde
et, pour certains, d'en « répliquer » la partie expérimentale pour
l'invalider, la confirmer ou en faire autre chose.
C'est le cas de Cornu et de Marcel Brillouin à Paris, ce dernier
discutant, par exemple, le dispositif utilisé par Hertz et contestant
l'interprétation que le savant allemand en donne dans ses calculs.
C'est aussi le cas de Blondlot, en 1892, qui, avec un système de
détection nouveau autorisant, selon lui, une détermination plus aisée
des paramètres, produit des résultats qui apparaissent comme des
preuves expérimentales cette fois convaincantes à un Henri Poin-
caré jusque-là soupçonneux (pour ce dernier, il est vrai, les cohé
rences théoriques ont de toute façon au moins autant d'importance). Autour d'Edouard Branly 85
L'hypothèse de travail qui me semble raisonnable consiste donc
à admettre un processus différencié d'acceptation entre 1888 et
1892, un processus qui est aussi une redéfinition des notions et
des critères de preuves, une redistribution des concepts et des pro
cédures expérimentales acceptables. Un travail historique reste donc
à faire avant que nous sachions qui accepte et pense quoi, et à
quel moment (1). Mis à part les doutes historiques précis que nous
venons de rapporter, ce sont les analyses de controverses menées
depuis quelques années qui incitent à cette prudence méthodolog
ique. Elles nous ont en effet appris que la science de la frontière,
celle « en train de se faire », est infiniment plus complexe dans
son déploiement temporel que ce que fournissent les réécritures
rétrospectives habituelles (2).
Dans le cas plus particulier de Branly, il semble même import
ant d'ajouter une remarque, à savoir que ses centres d'intérêt ne
semblent pas être d'abord, dans ces années, du côté des ondes
et de leur propagation (les articles de Branly ne se situent pas par
rapport à un Hertz absent), mais plutôt du côté de Y 'electrisation
et de la conductibilité des tubes à limaille et autres objets à contacts
imparfaits. Tendre à lui attribuer, comme le fait par exemple
d'Arsonval, la découverte de « cet espèce d'œil qui permet de per
cevoir à distance les ondes hertziennes », revient donc à se tromper
lourdement d'objet, à prêter à Branly des objectifs et des préoccu
pations qui ne sont pas les siens. En bref, à donner une lecture
en partie anachronique des év

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