Crâne et cerveau des assassins Esposito et Tégami - article ; n°1 ; vol.11, pg 594-647

Alezais

Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1888 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 594-647
54 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

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• Publié par: BULLETINS_DE_LA_SOCIETE_D-ANTHROPOLOGIE_DE_PARIS0
• Publié le: 01 janvier 1888
• Nombre de lectures: 32
• Langue: Français
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Extrait

Fallot
Alezais
Crâne et cerveau des assassins Esposito et Tégami
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 11, 1888. pp. 594-647.
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Fallot , Alezais . Crâne et cerveau des assassins Esposito et Tégami. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III°
Série, tome 11, 1888. pp. 594-647.
doi : 10.3406/bmsap.1888.5396
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1888_num_11_1_5396I
•
•■*'• •■•' séance du 29 novembre Wi
anthropologique éous la direction de M. le professeur Mathîas
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Topioa'rd.) ' * (Communiqué par M.
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i..1 La 'Société d'anthropologie a plusieurs fois déjà accueilli
avedfaieur et écouté avec intérêt diverses communications
relatives aux parttétllarîtéâ de conformation attatomique pré-
éenté^spar le1 cerveau et le crâne de criminels ayant encouru
et sdbi la peine Capitale'. La- raison en est' facile' à saisir.
Tous V&& faits de cette nature touchent, en effet, â Une série
de problèmes d'ïrne haute portée philosophique, car ils sont
à peu près également du domaine du physiologiste et du
psychologue. Nou3 n'envisagerons cette qtiestiëîi qu'à un seul
point de vUe.'J1 '' •'!■ ■'■• -'•'-'*''' •■ <■ • ' .:- '• ij
■ i'attatomie pathologique et la 'Depuis quelques années,
physiologie expérimentale, se contrôlant l'une l'autre, sont
arrivées a mettre 'à peu près hors de toute contestation ce
doublé fait, que', dàtls l'encéphale humain, on peut distinguer
une région doliëe dé propriétés exclusivement motrices, et
que fcette région elle-même se subdivise en un certain nombre
de départements dont chacun est affecté à des mouvements
distincts et déterminés. D'autres faits plus récents, mais déjà
assez nombreux' et asâe2 bien observés pour présenter Une
incontestable' valeur démonstrative/ 'ont'âbotiti à cette con
clusion, qu'en'dèhors <ië la zone motrice 'se trouvent d'autres
centrés"
affectes aux perceptions Sensorielles de spécialement
la vue et de l'ouïe.' L'induction Scientifique autorise "en'con-
séquence à admèltrV à^u'il doit exister' de même une troi-
atiatômi^u'e,'
siège des diverses facultés de l'isièniè région
ntelligence; que l'encéphale doit également renfermer des
zones spéCialôè,' tlont le développement exagéré ou insuffisant
est en rapport1 avec les aptitudes, les instincts et les pas-
ëions variées/ caractéristiques d'une individualité humaine. ET AÉËÏÀÎS. — CRANE ' T>fa CERYEAtf D'ASSASSINS. 996 FALLÛT
L'existence de Véritables localisations psychiques, bien que.
non encore démontrée, mérite d'être considérée comme inf
iniment probable. C'est à ce titre qu'il y. a un intérêt tout
particulier à soumettre à un examen anatomique rigoureux
et détaillé l'encéphale, et plus particulièrement les circon
volutions cérébrales, de tout homme ayant marqué de son
vivant par dés aptitudes spéciales, par la prédominance man
ifeste de telle ou telle faculté. L'étude du développement
absolu de ces circonvolutions, de leurs proportions relatives î-
de leurs cdnnexions réciproques, ne peut manquer de fournir
un jour ou l'autre les éléments de la confirmation de cette
• hypothèse ou de sa réfutation définitive. Parmi ces indb-
vidus qui se distinguent ainsi du commun et tranchent suf la
foule banale et vulgaire, figurent, presque à titre égal, deux
catégories de sujets, cependant profondément dissemblables,
les hommes de génie et les criminels. Les passions brutales,
les impulsions violentes de ces derniers,' les désignent tout
spécialement aux recherches et en font un sujet d'étude mal-»
heureusement beaucoup trop commun. ' ; . , .
• L'analyse des caractères physiques des criminels a été,
depuis quelques années surtout,' l'objet d'un engouement
qui, on peut le dire sans paradoxe, a nui aux progrès de la
science bien plus qu'il ne lui a servi. En effet, sur dès obser-
.vations incomplètes et tronquées, sur des faits le plus sou
vent très imparfaitement étudiés, des écrivains : plus pressés
de conclure qu'exigeants en matière de démonstration, ont
échafaudé tout un édifice de théories ■ et de conceptions à
priori. Alors qu'il eût fallu se contenter d'accumuler lent
ement fles matériaux solides ,et s'abstenir déboute synthèse
anticipée, ils ont, presque d'emblée, formulé des systèmes
que la critique n'a point eu' de peine à réfuter de toute pièce.
Ces tentatives prématurées ont eu une Conséquence fâcheuse :
elles ont contribué à jeter, auprès de beaucoup de bons es
prits, un véritable discrédit sur ce genre d'études, et ne ten
draient à rien moins qu'à les faire Considérer comme ne
pouvant aboutir à aucun résultat sérieux. C'est là, à notre ' ' SÉANCE DU 29 NOVEMBRE 1888. 596
une" dangereuse exagération ; la vraie science avis du moins,
ne saurait être rendue responsable des écarts de quelques
disciples entraînés -trop loin par une imagination trop ar"
dente ; et l'on ne doit pas perdre de vue que Broca lui-même,
dans sa description du cerveau de l'assassin Prévost, a donné
un exemple qui ne saurait être oublié.
Ces diverses considérations, jointes aux nombreux précé
dents contenus dans les Bulletins de la Société, nous ont
décidé à communiquer le résultat de nos recherches sur le
cerveau et le crâne des deux assassins Esposito et Tegami,
condamnés à mort par la Cour d'Aix, le 12 avril, et exécutés
dans cette ville le 8 octobre 1887.
Au point de vue des anamnestiques de nos deux sujets,
l'un, Esposito, était âgé de vingt-quatre ans, né à Grenade,
profession, cordonnier ; l'autre, Tegami, était âgé de vingt et
un ans, néenltalie, profession, tailleur d'habits. Les faits quiles
ont amenés devant les assises d'Aix ne sont point des crimes
compliqués, à trame savamment ourdie, dénotant chez leurs
auteurs une intelligence au-dessus de la moyenne ; ce sont de
simples arrestations à main armée. Esposito et Tegami sont
des malfaiteurs vulgaires. Ils faisaient partie d'une bande de
gens sans aveu qui dévalisaient les passants, le soir, dans les
rues de Marseille, les frappant au besoin en cas de résistance.
C'est ainsi que Tegami a tué pr«sque sur le coup, avec un
poignard, un ouvrier attardé, et qu'Esposito a mortellement
frappé d'une balle de pistolet un négociant qui se rendait à
la gare. Il semble établi par l'instruction que, pendant leur
détention préventive, ils ont projeté une tentative d'évasion,
laquelle a, du reste, complètement avorté. Au cours des dé
bats, qui ont duré du 9 au 12 août, leur attitude n'a rien
présenté de particulier. Malgré les charges accablantes pe
sant sur eux, ils n'ont cessé un instant de nier avec énergie,
et ils ont jusqu'à la fin protesté de leur innocence. Après
avoir entendu le jugement de la Cour qui le condamnait
avec son complice à la peine capitale, Esposito n'a pas perdu
son sang-froid ; il a ri et plaisanté. Il a demandé « une guitare ET ALEZAIS. — CRANE ET €ERVEAU D* ASSASSINS. 597 FALLÛT
pour en jouer quelques morceaux aux juges ». Il semble,
cependant, qu'il y ait eu en lui moins de férocité native que
chez son complice Tegami. Il aurait, pendant leur séjour en
prison, reproché à ce dernier et à leurs autres associés leur
cruauté inutile. « C'