Crise et mutations de l'emploi industriel en Basse-Normandie - article ; n°1 ; vol.128, pg 635-650

A.-M. Fixot

Description

Norois - Année 1985 - Volume 128 - Numéro 1 - Pages 635-650
In th elast ten years, the level of employment in industry has dropped considerably in Lower Normandy. Since 1980, there has been a marked decrease in the number of wage earners while unemployment resulting from economic redundancy, and primarily affecting the youth population with no proper professional training, has risen sharply.
These tendencies have engendered a dual pattern in the regional distribution and structures of industries, and have also led to the neglect or abandonment of socio- economic spaces and to the marginalization of an ever-increasing population that is subject to precariousliving and working conditions.
Au cours des dix dernières années, la situation de l'emploi industriel s'est fortement dégradée en Basse-Normandie ; notamment depuis 1980, on assiste à une forte diminution des effectifs salariés, à une aggravation parallèle du chômage liée à l'augmentation des licenciements économiques qui concerne essentiellement les jeunes à trop faible niveau de formation professionnelle. Cette évolution conduit à la formation d'un tissu industriel régional de nature duale, à des espaces socio- économiques laissés pour compte et à la marginalisation de population de plus en plus nombreuses, inscrites dans des conditions de vie et de travail caractérisées par la précarité.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: NOROIS
• Publié le: 01 janvier 1985
• Nombre de lectures: 27
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Anne-Marie Fixot
Crise et mutations de l'emploi industriel en Basse-Normandie
In: Norois. N°128, 1985. pp. 635-650.
Abstract
In th elast ten years, the level of employment in industry has dropped considerably in Lower Normandy. Since 1980, there has
been a marked decrease in the number of wage earners while unemployment resulting from economic redundancy, and primarily
affecting the youth population with no proper professional training, has risen sharply.
These tendencies have engendered a dual pattern in the regional distribution and structures of industries, and have also led to
the neglect or abandonment of socio- economic spaces and to the marginalization of an ever-increasing population that is subject
to precariousliving and working conditions.
Résumé
Au cours des dix dernières années, la situation de l'emploi industriel s'est fortement dégradée en Basse-Normandie ; notamment
depuis 1980, on assiste à une forte diminution des effectifs salariés, à une aggravation parallèle du chômage liée à
l'augmentation des licenciements économiques qui concerne essentiellement les jeunes à trop faible niveau de formation
professionnelle. Cette évolution conduit à la formation d'un tissu industriel régional de nature duale, à des espaces socio-
économiques laissés pour compte et à la marginalisation de population de plus en plus nombreuses, inscrites dans des
conditions de vie et de travail caractérisées par la précarité.
Citer ce document / Cite this document :
Fixot Anne-Marie. Crise et mutations de l'emploi industriel en Basse-Normandie . In: Norois. N°128, 1985. pp. 635-650.
doi : 10.3406/noroi.1985.4280
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1985_num_128_1_4280Poitiers, 1985, t. 32, n° 128, p. 635-650. Norois,
Crise et mutations
de l'emploi industriel
en Basse-Normandie
par Anne-Marie FIXOT
U.A.-C.N.R.S. 915. C.E.R.A.- Université de Caen
Esplanade de la Paix 14035 Caen Cedex.
Les résultats du recensement de 1975 ont permis d'officialiser l'impor
tance économique et sociale des activités industrielles dans la vie régionale
de la Basse-Normandie : depuis une décennie, l'industrie emploie désor
mais plus d'actifs que l'agriculture ; le nombre des ouvriers dépasse
celui des exploitants et des salariés agricoles réunis. Ce tournant historique
traduit l'ampleur des mutations qui ont affecté la région en une trentaine
d'années. Par contre, les évolutions récentes de l'emploi de 1975 à 1982,
sont caractérisées par deux faits majeurs : le faible solde positif du total
des emplois (+ 7 000 environ) et la légère diminution des effectifs tra
vaillant dans l'industrie ( — 3 100).
Ces résultats mettent en évidence quelques-unes des graves difficultés
que subissent actuellement l'économie et les populations régionales en
matière d'emploi et particulièrement dans l'industrie, secteur dans lequel
les structures et la démographie des entreprises ont fortement évolué,
non seulement globalement, mais aussi selon les branches et la taille des
des établissements.
Avec des taux de chômage supérieurs d'au moins un point à ceux des
moyennes nationales, la Basse-Normandie continue d'appartenir au groupe
des régions françaises à insertion socio-professionnelle problématique.
L'analyse de l'emploi et du chômage depuis les débuts de la crise révèle
la complexité des facteurs à prendre en compte non seulement dans l'étude
des stratégies patronales, syndicales, gouvernementales et individuelles
qui interviennent dans l'organisation du marché du travail, mais aussi
dans l'inscription spatiale du mode de production et des rapports sociaux
existants dans la région.
Toutefois cet article n'a pas pour finalité d'exposer et d'expliquer les
réalités du marché du travail à travers ses mécanismes et ses enjeux.
Son objectif est plus modeste et plus limité : préciser quelques éléments
simples de la situation de l'emploi industriel.
Mots-clés : Normandie. Emploi industriel. Chômage. Formation professionnelle. Tissu
industriel dual.
Key words : Normandy. Industrial employment. Unemployment. Professional training.
Dual industrial patern. 636 ANNE-MARIE FIXOT
I. — CREATIONS ET DISPARITIONS D'EMPLOI :
LE CAS DE L'INDUSTRIE EN BASSE-NORMANDIE.
A) UNE GRANDE INCONNUE : LA SITUATION PRECISE DE L'EMPLOI.
Prétendre ne pas pouvoir cerner, à travers les séries statistiques dispo
nibles, la situation de l'emploi industriel ne correspond ni à un excès de
modestie intellectuelle, ni à un accès d'humeur intempestif à rencontre
des sources officielles d'information.
La contrainte de devoir travailler sur des estimations relève de multiples
raisons, celles-ci se répercutant d'amont en aval, c'est-à-dire de la source
même de l'information, l'entreprise, jusqu'au chercheur par l'intermédiaire
des services publics collecteurs des informations.
L'outil statistique ne fournit que des ordres de grandeur : estimations
dans le cadre des bilans annuels de l'I.N.S.E.E., résultats du sondage au
quart à partir du R.G.P. de 1982, plus de trois ans après sa réalisation
(situation regrettable pour saisir entre autres les taux de chômage). A
propos du cadre statistique et des outils de travail « publics » mis à la
disposition d'une étude sur l'emploi, deux observations peuvent être
faites :
— D'une part, ils sont rassurants. Ils montrent en effet que l'appareil
statistique n'est pas tout. Loin de constituer une fin de recherche,
ils n'en demeurent qu'un moyen. La compréhension des phénomènes
socio-économiques et spatiaux ne se résout pas en calcul arithmé
tique : Un emploi de plus ne signifie pas un chômeur de moins (1).
Les évaluations ne troublent donc pas la pertinence du travail engagé
sur l'analyse des grandes tendances et ne découragent pas l'effort de
réflexion entrepris sur leurs mécanismes et leurs significations.
— Mais d'autre part, ils sont gênants : ils font illusion, par l'apparente
rigueur mathématique que tout chiffre véhicule. Ils masquent en
outre certaines réalités que révèlent des analyses effectuées à des
échelles fines d'observation.
B) UNE DEGRADATION TARDIVE, MAIS BRUSQUE ET PROFONDE DE L'EMPLOI
INDUSTRIEL.
Qu'il s'agisse des données de l'emploi industriel salarié au lieu de
résidence (1975-1983) ou au lieu de travail (1978-1984), une coupure majeure
intervient entre le 1er janvier 1980 et le 1er janvier 1981 (fig. 1). Au cours
de l'année 1980, l'emploi salarié dans l'industrie de la Basse-Normandie a en
effet considérablement diminué : la perte de 4 000 emplois environ cor
respond à une rupture profonde par rapport à la décroissance relativement
faible enregistrée dans les premières années de la crise.
Jusqu'en 1980, si les créations d'emploi en Basse-Normandie ne com
pensent pas toutes les suppressions, la diminution générale des effectifs
(1) Selon la remarque d'Henri Coing in La ville, marché de l'emploi, P.U.G., 1982.
Cf. aussi A. Minc, La fin du plein emploi : accident ou fatalité. Le Débat n° 2, juin 1980. INDUSTRIEL EN BASSE-NORMANDIE 637 EMPLOI
ficnbre d'errplï
»:«ti ....taivfl mi>4.*.,i*litti ,.,.k<'i*> V-
I I I l I LJL.L&1 kJ 1979 '■ 1980 1982 ! 1983 ! 1984
Fig. 1. — Evolution de l'emploi salarié industriel en Basse-Normandie
au premier janvier de chaque année.
de main-d'œuvre apparaît lente, entrecoupée de fluctuations, telles celles
de la « mauvaise année sociale » de 1975 que mesure le repli du 1er janvier
1976. Depuis 1980, le niveau global de l'emploi marque un net décroche
ment, passant d'une moyenne de 130 000 à 122 000 environ. En outre,
l'érosion des effectifs se poursuit à un rythme plus élevé que celui des
années soixante-dix.
Entre 1978 et 1984, les nombre des salariés n'augmente régulièrement
que pour une seule activité économique : la production et la distribution
d'énergie ; mais elle n'emploie au total qu'un nombre très faible de tra
vailleurs : 3 700 au 1er janvier 1984. Malgré une régression enregistrée en
1979-1980, l'activité des biens de consommation retrouve au début de
l'année 1984 son niveau du 1er janvier 1978. Par contre, industries agro
alimentaires, biens d'équipement et b