De l esclavage à la féodalité : la périodisation de l histoire mondiale - article ; n°5 ; vol.17, pg 930-939
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De l'esclavage à la féodalité : la périodisation de l'histoire mondiale - article ; n°5 ; vol.17, pg 930-939

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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1962 - Volume 17 - Numéro 5 - Pages 930-939
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 56
Langue Français

Extrait

Ernst Werner
De l'esclavage à la féodalité : la périodisation de l'histoire
mondiale
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 17e année, N. 5, 1962. pp. 930-939.
Citer ce document / Cite this document :
Werner Ernst. De l'esclavage à la féodalité : la périodisation de l'histoire mondiale. In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 17e année, N. 5, 1962. pp. 930-939.
doi : 10.3406/ahess.1962.420900
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1962_num_17_5_420900De l'esclavage à la féodalité :
La périodisation
de l'Histoire mondiale
une historique marxistes Dans fois de une International sur plus importante la une périodisation vieille de communication Stockholm, discussion de l'histoire 1. E. Les M. présentée historiens Žukov mondiale, a au exposé bourgeois ouvrant XIe les Congrès thèses déclaainsi
rèrent qu'il ne s'agit pas, purement et simplement, d'établir des sépa
rations entre périodes successives ; ce sont plutôt les questions fonda
mentales du développement historique qui doivent être débattues,
c'est-à-dire la cause des transformations. La présente contribution n'a
pas la prétention de faire un bilan, ni d'établir un rapport sur les débats
de Stockholm. Elle prétend plutôt évoquer quelques aspects de la coupure
entre l'Antiquité et le Moyen Age.
Dans un récent passé, les formes du passage de l'esclavage à la
féodalité ont fortement préoccupé les historiens marxistes. Un conflit
entre forces productives et conditions de production provoque toujours
une crise au sein d'une société de classes, une crise qui ne peut être dé
nouée que par la transformation des anciennes conditions de product
ion. De là, l'importance particulière attachée aux insurrections révolu
tionnaires des esclaves dans l'Empire Romain 2.
1. E. M. Žukov, The periodization of World History. Rapports I, Goteborg-Stock-
holm-Upeala, I960, p. 74-8S.
2. Cf. par ex., A. D. Dmitbjev, Der Aufstand der Westgoten an der Donou und
die Revolution der Skktven, Berlin, 1952 ; N. A. Maškin, « De la question des mouvements
révolutionnaires des esclaves et des colons dans l'Afrique Romaine », Vestnik Drevnii
Istorii (VDIJ , 4, 1959 : E. Engelmann a Zuř Bewegung der Bagauden im Rômischen
Galîien », dans Vor?i Mittelalter zut Neuzeit, Festschrift fur H. Sproemberg, Berlin,
1956 ; Tïi. Buttner л Die Sozial-religiôse der Circumcellionen in Nord-
afrika »5 dans TV;;; Mit'dàlter sur Neuzeit, cité.
930 ESCLAVAGE ET FÉODALITÉ
Žukov élargit alors le cadre de la discussion et attira l'attention sur
la Chine, où « the first revolutionary transition from slavery to feudalism
took place ». Il faisait ainsi allusion au mouvement populaire des
Turbans Jaunes qui, entre 168 et 184, donna le coup de grâce au despo
tisme des propriétaires d'esclaves de la dynastie Han. Dans une même
perspective de généralisation des connaissances, les événements d'Iran,
sous les Sassanides, revêtent une grande importance. Il s'agit du puissant
mouvement populaire des Mazdakites sous le règne du Chah Kawád I
(488-531). L'imposante figure du chef religieux et réformateur social
Mazdak (-f- 529) a fait plus d'une fois l'objet de recherches de la part
d'historiens tant bourgeois que marxistes x. Seules nous intéressent les
mesures révolutionnaires mises en œuvre par Mazdak avec l'appui
de ses partisans. Pour Mazdak, la cause première de tout mal réside
dans le besoin et dans l'envie. A l'origine, les hommes possédaient tout
en commun et en jouissaient pleinement. Si l'on veut rétablir l'état
originel, la possession doit redevenir commune. Il pensait vraisem
blablement aux communes rurales qui existaient alors en Perse mais y
végétaient, et où les moyens de production étaient mis en commun.
Le prophète s'emportait aussi contre les harems des nobles et exigeait
le partage des femmes entre les pauvres. Les Mazdakites, transposant
les préceptes de leur maître, firent irruption dans les maisons des
nobles, y dérobèrent bétail, céréales et femmes, et tuèrent bon nombre
d'entre eux. Il est intéressant de constater que, lors de la première phase
du mouvement, les Chah et la petite noblesse, les Deccans, firent cause
commune avec les rebelles. L'attaque était dirigée unanimement contre
la haute noblesse propriétaire d'esclaves, qui avait tout intérêt au maint
ien de l'ancienne situation et intriguait contre le pouvoir central pour
l'empêcher de devenir trop puissant. Les Chah et les Deccans furent
les principaux bénéficiaires de ce mouvement, ainsi que les villes animées
de mêmes aspirations, et favorisèrent l'évolution vers une structure
féodale 2. Une nouveau contrat social s'instaurait ainsi : les réformes
de Chosroès I (531-578) manifestent cette féodalisation de l'Etat iranien.
Les Deccans devinrent dès lors le principal appui du pouvoir central :
subordonnés au roi, en tant que noblesse de robe, ils étaient investis
par lui. Le système des impôts reposait sur un cadastre précis et sur la
prédominance de la rente féodale, ce qui représentait, pour les paysans
1. A. Christensen, « Le règne du roi Kawádh I et le communisme mazdakite »
Kgl. Donské Vid, Selsk. IX. 6, Copenhague, 1925 ; F. Altheim et R. Stiehl, Bin
asiatischer Staat. Feudalismus untcr den Sassaniden und ihren Nachbarn, Wiesbaden,
1954, p. 192-206 ; O. Klima, Mazdak. Geschichte einer sozialen Bewegung im sassa-
nidischen Persien, Prague, 1957 ; N. V. Pigujgevskaja, « Le mouvement mazdakite »,
Jzv. otd. istorii i fil, n° 3, 1944 ; du même, Le concept d'égalité dans les préceptes des
Mazdakites. Histoire des idées socio-politiques, Moscou, 1955.
2. Cf N. V. Pigulevskaja, dans Histoire de l'Iran de la plus haute antiquité jus
qu'à la fin du XVIIIй siècle, Leningrad, 1958, p. 56 ss. ; et Histoire des pays de
UOricni durant le Moyen Age, Moscou, 1957, p. 83.
931 ANNALE S
ид allégement par rapport à l'arbitraire d'antan 4. Tout cela illustre
clairement le renversemetit de l'ancien système par la masse populaire.
Mais quelles furent les principales forces motrices ? Etaient-ce les esclaves
des grands domaines ? D'autres classes sociales se trouvaient-elles au
premier plan ? Si l'on s'en tient aux sources d'information dont nous
disposons, il faut souscrire à ce qu'en dit Pigulevskaja : rien, dans ces
textes2, ne nous éclaire à ce sujet. Cependant, d'autres historiens sovié
tiques ne s'arrêtent pas à cette conclusion négative, et croient pouvoir
soutenir, en raisonnant par déduction, que la plupart des Mazdakites
étaient issus du petit paysannat 3. Récemment, Pigulevskaja déclarait, lui
aussi : « Divers groupes paysans prirent part au mouvement mazdakite *.
O. Klíma, l'éminent spécialiste des textes arabes et persans, sou
tient une thèse analogue. Selon lui, il faut envisager l'ensemble de la
période des Sassanides, donc ne pas perdre de vue la décadence des
communautés villageoises et l'oppression des petits paysans qui en
découle. C'étaient ces derniers qu'intéressait au premier chef une
réforme sociale telle que Mazdak la concevait. Il est probable que les
artisans des villes prirent également part à l'action subversive, mais il
ne peut en aucun cas être question d'une révolution d'esclaves. Même
si des esclaves se sont trouvés aux côtés des réformistes, ils ne déci
dèrent ni du but, ni du déroulement de l'insurrection. Beaucoup d'entre
eux n'étaient pas des Iraniens, mais se recrutaient parmi les prisonniers
de guerre. Enfin, la structure sociale de l'Iran ne leur donnait pas la
possibilité, de jouer un rôle prépondérant, car ce n'était pas un système
d'esclavage pur et simple : la persistance solide de structures gentilices
y avait empêché un développement analogue à celui qui se produisit à
Rome. Bien plus décisive fut la crise de l'Etat tout entier qui conduisit
à légaliser la révolution issue d'en bas par des réformes émanant d'en
haut. C'est ainsi qu'en Iran, le passage d'une société antique décadente
à la féodalité eut lieu sous une forme révolutionnaire, et ceci sous
l'égide d'un mouveme

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