De l Histoire des mythes Narrations et polémiques autour du rocher Até (Nouvelle-Calédonie) - article ; n°106 ; vol.28, pg 263-295
36 pages
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De l'Histoire des mythes Narrations et polémiques autour du rocher Até (Nouvelle-Calédonie) - article ; n°106 ; vol.28, pg 263-295

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Description

L'Homme - Année 1988 - Volume 28 - Numéro 106 - Pages 263-295
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1988
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Alban Bensa
Jean-Claude Rivierre
De l'Histoire des mythes Narrations et polémiques autour du
rocher Até (Nouvelle-Calédonie)
In: L'Homme, 1988, tome 28 n°106-107. pp. 263-295.
Citer ce document / Cite this document :
Bensa Alban, Rivierre Jean-Claude. De l'Histoire des mythes Narrations et polémiques autour du rocher Até (Nouvelle-
Calédonie). In: L'Homme, 1988, tome 28 n°106-107. pp. 263-295.
doi : 10.3406/hom.1988.368983
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1988_num_28_106_368983Alban Bensa et Jean-Claude Rivierre
De l'Histoire des mythes
Narrations et polémiques autour du rocher Até
(Nouvelle-Calédonie)
polémiques narrateur, implantée enracinés. structurale même générales des Alban aire comme peuvent Les textes restreinte leur Bensa auteurs une eux d'une récemment à en signification appliquée autour promouvoir aussi construction révèle rapport & « étudient Jean-Claude pensée du prétendre les aux au rocher avec pratique. conditions voisinage », une ici corpus idéologique l'enquête les Até le stratégie au Rivierre, mythe institutions contrôle Elle (Nouvelle-Calédonie). de de historiques mythes plusieurs autorise ethnographique d'alliance fondateur visant De de matrimoniales les l'institution. L'Histoire l'esquisse d'élaboration à aires plus spécifique légitimer d'une linguistiques. vastes et — d'une linguistique chef des Si Contestations et et l'ancienneté des peut l'analyse ferie mythes. géographie à politiques narrations, évincer dégager Ce de menée mythe la comparative Narrations les du où côte thématique ou les dans clans et apparaît clan ils réaffiformes ouest, par sont une qui du et là et
rmations de ce projet hégémonique sont développées par divers types de narrations qui
participent des transformations anciennes et actuelles de la société kanak.
En conformité avec le système d'oppositions (interne/externe, fini/infini,
simple/complexe, etc.) qui travaille son œuvre, C. Lévi-Strauss conçoit le
rapport du mythe à l'histoire comme celui d'une intériorité autonome à une
extériorité contingente : sur le « déploiement spontané » du mythe, unique
ment astreint à sa propre nécessité logique, viendraient du dehors peser les
contraintes de l'histoire, la diachronie et ses désordres. La pensée mythique, en
vertu de propriétés classificatrices, combinatoires et transformatrices, celles en
dernière instance du « tréfonds de l'esprit »1, se tiendrait à l'abri des flétri
ssures du temps. En développant « une philosophie de la finitude »2 et de la
continuité dans la redondance, la pensée sauvage se distinguerait d'autres
formes de pensée, non plus closes sur elles-mêmes mais évolutives et soucieuses
de prendre en charge le devenir historique.
Ce grand partage est conforté par le principe de « ne rien expliquer du
mythe que par le mythe »3 au sein d'un système mythique lui-même déterminé
par d'autres systèmes mythiques : les mythes dialoguent entre eux, se reflètent
L'Homme 106-107, avril-sept. 1988, XXVIII (2-3), pp. 263-295. 264 ALBAN BENSA & JEAN-CLAUDE RIVIERRE
les uns les autres, etc., et finalement nous révèlent les opérations mentales
générales qui les organisent. L'analyse structurale parvient d'autant mieux à
circonscrire son objet qu'elle exclut de sa procédure centrale d'interprétation la
prise en compte de toute causalité extrinsèque. L'examen des contraintes
externes n'est pas oublié mais, plus périphérique, s'attache surtout à repérer les
modalités « d'embrayage » du mythe sur les infrastructures et l'histoire : sans
que « les lois qui gouvernent l'esprit »4 soient trahies ou perdent leur indépen
dance, la pensée mythique s'infléchit, bifurque et s'ajuste en réponse aux
pressions qu'exerce sur elle, de l'extérieur, le milieu naturel, technique ou
historique5.
Pour l'ensemble des analyses de la pensée totémique et des mythes, la dis
tinction est maintenue entre un déterminisme interne, aussi inconscient que
fondamental, et un déterminisme externe, plus limité et aléatoire. Il arrive
toutefois que C. Lévi-Strauss inverse ce schéma en important au cœur de sa
compréhension de certains mythes des arguments extérieurs aux textes eux-
mêmes. Ainsi, dans Paroles données, des traditions orales nord-américaines
sont jugées porteuses de « revendications économiques, politiques ou terri
toriales » et d'aspirations individuelles à « fonder un nom, un rang, un titre,
un privilège »6. Mais ce mode d'interprétation n'est considéré comme vraiment
opératoire qu'appliqué au mythe historisé, « forme intermédiaire entre la struc
ture stationnaire du mythe et le devenir ouvert de l'histoire »7. Entreraient
notamment dans cette catégorie quelques pans de la mythologie des Indiens
nord-américains actuels et certaines mythologies polynésiennes. Ces indications
esquissent un partage entre le mythe proprement dit — dont le monde amérin
dien serait l'archétype — et le en prise sur l'histoire.
La distinction n'est pas retenue par nombre d'anthropologues qui, spécial
istes de cultures les plus diverses, n'ont pas recours à la notion de « pensée
mythique ». Pour ces auteurs, les productions symboliques, quel que soit le
genre étudié, prennent d'abord sens par référence circonstanciée à leurs condi
tions d' énonciation et à un système social en devenir. Ainsi, dans son ouvrage
sur les Kachin, E. Leach présente mythes et rites comme un « langage de signes
par lesquels les hommes expriment leurs droits et leurs statuts », mais, dit-il,
« c'est un langage pour discuter, ce n'est pas un chœur harmonieux »8.
Compte tenu de la portée pratique des narrations, il est dès lors vain de distin
guer entre mythe au sens classique du terme, c'est-à-dire échappant à l'histoire,
et mythe historisé. Le genre ou la facture générale du texte ne préjuge en rien
de l'interprétation qui lui convient ; la portée sociologique des narrations est au
principe de leur signification et de leurs variations. Examinant un ensemble de
« mythes » kachin, Leach remarque par exemple que dans tous les cas cités
« les prétendants rivaux à la préséance s'accordent sur les principes mêmes de
la supériorité ; ils divergent seulement sur les incidents mythologiques cruciaux
qui sont censés légitimer les statuts actuels »9.
Plus récemment, J. Bazin a montré à propos d'un cas africain qu'il est
nécessaire « d'accorder à la narration elle-même son plein statut d'acte De l'Histoire des mythes 265
historique ». Les récits sont le « sédiment d'historisations successives dont cha
cune avait pour but de ' ré-écrire ' l'histoire en fonction des intérêts du
moment ». Au moyen d'un travail continuel de « représentation narrative »,
les situations et événements de référence sont transmués en signes, éléments
d'un code à l'œuvre dans les récits relatant l'avènement du roi comme dans les
contes ou les énoncés cosmologiques10. Le jeu sur l'ambiguïté des signes facilite
l'élaboration et la coexistence de différentes versions, en relation étroite avec
les configurations sociales et la conjoncture historique11. En Océanie, il est cou
rant de ne pas séparer non plus le mythe de l'organisation des sociétés étudiées
et de leur histoire. Ainsi, J.-P. Latouche caractérise par le terme « myt-
histoire » les traditions micronésiennes de Kiribati : « Grâce à des schemes
mythico-généalogiques complexes et précis, les récits des temps primordiaux et
ceux des temps plus récents et contemporains ne présentent pas de solution de
continuité. La cosmologie, engendrement temporel d'un ordre, produit l'orga
nisation d'un monde social [...]12 ». L'expression « mythistoire » pourrait a
fortiori s'appliquer à la Nouvelle-Calédonie où l'ensemble des traditions
recueillies à ce jour s'inscrit dans l'histoire d'institutions aussi fragiles que
mouvantes et dans les conflits qui les animent. Dans ce contexte, «

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