De la musique à la finance pendant la guerre de Succession d Espagne - article ; n°2 ; vol.24, pg 322-336
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1969 - Volume 24 - Numéro 2 - Pages 322-336
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Peter Claus Hartmann
De la musique à la finance pendant la guerre de Succession
d'Espagne
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 24e année, N. 2, 1969. pp. 322-336.
Citer ce document / Cite this document :
Hartmann Peter Claus. De la musique à la finance pendant la guerre de Succession d'Espagne. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 24e année, N. 2, 1969. pp. 322-336.
doi : 10.3406/ahess.1969.422056
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1969_num_24_2_422056A L'ÉPOQUE
DE LA GUERRE DE SUCCESSION D'ESPAGNE :
De la musique à la finance
L'histoire des manieurs d'argent qui grouillèrent autour des finances
de la monarchie à la fin du règne de Louis XIV a été défrichée par
l'ouvrage si riche d'Herbert Ltithy. C'est principalement pendant la
guerre de la Succession d'Espagne que se multiplièrent les firmes qui
allaient dominer à Paris la banque cosmopolite du xviiie siècle x.
L'information est cependant moins complète sur cette période initiale
que sur la suivante. Pour une figure relativement bien campée au
premier plan, comme celle de Samuel Bernard, combien d'autres,
fréquemment citées, restent néanmoins difficiles à situer selon leur
importance ?
Des recherches sur les subsides reçus par l'Électeur de Bavière, atti
rant notre attention sur Jean-Paul Bombarda, permettent d'apporter
une contribution à l'étude de ce milieu 2. Le personnage pourrait
donner matière à une substantielle monographie, après une nouvelle
exploration des archives bavaroises, belges, hollandaises et françaises,
puisque ses talents se sont exercés successivement à Munich, à Bruxelles
et à Paris. Il s'agit ici seulement, à la lumière de ce qui a été rassemblé
sur son activité pendant la guerre, de donner le signalement d'un type
de financier étranger, par ses origines, à la grande famille des hommes
d'affaires protestants, et d'examiner quelques problèmes posés par
cette carrière vue dans son contexte.
Les chroniqueurs de l'époque aiment à signaler les débuts modestes
1. H. Luthy, La Banque protestante en France, de la Révocation de VÉdit de Nantes
à la Révolution, 2 vol., 1959-1961.
2. Nous nous inspirons en partie des résultats des recherches de notre thèse de
doctorat, rédigée sous la direction du professeur Karl Bosl, de Munich : P. C. Hart
mann, Die Finanz- und Subsidienpolitik des Kurfůrsten Max Emanuel von Bayern
und der kurbayerische Gesandte in Paris, Comte d'Albert-Furst Grimberghen, 1967.
J'adresse ici mes remerciements à M. Pierre Jeannin, directeur d'études à l'École
Pratique des Hautes Études (VIe Section), pour l'aide et les conseils qu'il a bien voulu
me donner pour la rédaction de cet article.
322 MUSIQUE ET FINANCE
des parvenus. Un financier ayant commencé par la musique n'est à
cet égard qu'un détail de plus dans une galerie pittoresque. Notre
personnage était peut-être, du moins au départ, un financier amateur.
Bombarda, dont nous ignorons la date de naissance, était d'origine
romaine, venu à Munich, comme beaucoup d'autres Italiens dans la
seconde moitié du xvne siècle. Un décret de l'Électeur Maximilien-
Emmanuel (1679-1726), en 1680, le nomma instrumentiste dans l'or
chestre de la cour. Plusieurs quittances, signées à Munich de 1688 à
1692, attestent des paiements reçus à ce titre par Bombarda 1. Quand
Maximilien-Emmanuel se rendit à Bruxelles, en mars 1692, comme
Gouverneur Général des Pays-Bas espagnols, le musicien l'accompagna
ou le rejoignit. Il joua vite le rôle d'homme à tout faire. « On le retrouve
en de multiples circonstances, et son activité lui fit entreprendre de
vastes affaires. Trésorier particulier du Gouverneur, conseiller des
finances, fermier des impôts et des monnaies de Bruxelles et d'Anvers,
banquier, commerçant, directeur de théâtre, il est fort bien en cour et
se fait octroyer titres et places. » 2 II devint par droit d'acquisition
seigneur de Sainte- Gertrude-Machelen, Buggenhout et autres lieux.
La musique l'occupait toujours. Directeur de l'Opéra de Bruxelles en
1694, il entreprit la construction du nouvel établissement appelé Opéra
de la Monnaie, qui lui appartenait, et fut inauguré dans le courant de
l'année 1700.
Les services financiers du Trésorier n'étaient pas réservés à l'Élec
teur. Le 6 septembre 1692, il prêtait 40 615 rixdalers au roi Auguste de
Pologne 3. D'où provenaient ses moyens ? Peut-être ses débuts comme
banquier seraient-ils à chercher déjà dans ses années munichoises.
En tout cas sa situation ne pouvait qu'être consolidée par son mariage.
Veuf ď Angela- Theresa Bernabe, il épousa en deuxièmes noces à
Amsterdam, en septembre 1693, Gertrude-Marie Cloots, âgée de vingt-
huit ans : la sœur de Paul- Jacques Cloots (1672-1725), banquier anver-
sois qui devait être, avec Pietro Proli, le principal fondateur de la
Compagnie d'Ostende. Bombarda s'alliait ainsi à une famille qui se
retrouve dans tous les grands réseaux de la finance belge au début du
xvme siècle 4.
1. Adolf Sandberger, « Ausgewahlte Werke des kurfurstlich bayerischen Concert-
meisters Evaristo Felice dall'Abaco 1675-1742 », 1. Th., in Denkmaler deutscher Ton-
kunst, 2. Folge, 1, Leipzig, 1900, p. XVI. Arch. Nat., Т 153" : par exemple, le 17 dé
cembre 1688, reçu d'une somme versée par Widmann, « direttore délia Camera ».
2. Henri Liebrecht, Histoire du théâtre français à Bruxelles au XVIIe et au
XVIIIe siècle, 1923, pp. 119-128.
3. Arch. Nat., Т 58 : Mémoire ou Protocole.
4. Luthy, op. cit., I, p. 266 et II, p. 655. P. J. Cloots avait lui-même épousé une
fille de Jacques de Prêt, banquier en relations avec Bombarda. Celui-ci eut deux fils
de son second mariage : Pierre-Paul, né en 1698, et Antoine-François, né en 1700. Le
mariage à Amsterdam ne serait-il pas un indice de protestantisme ?
323 С. HARTMANN Р.
En sa qualité de Trésorier de l'Électeur — à ne pas confondre avec
la charge de Trésorier Général des Pays-Bas — , Bombarda devait
essentiellement, pendant ces années bruxelloises, fournir des fonds à ce
prince dépensier. Les ressources de celui-ci comme Gouverneur Général
ne suffisaient pas à entretenir sa cour de Bruxelles. Diverses caisses de
Munich étaient mises à contribution x. Bombarda dirigeait les trans
ferts. A Munich, ses agents Vittorio Orsi ou Vincenzo Bernabei, égal
ement « Camer Musicus », recevaient l'argent en son nom. Des remises
lui étaient faites par les banquiers Gugler, de Munich, ou Rauner, d'Augs-
bourg, par l'intermédiaire de Jacques de Prêt, d'Anvers 2.
Maximilien-Emmanuel conclut le 9 mars 1701 un traité de subsides
avec la France et l'Espagne. Avant de recevoir les fonds promis, il
voulut mettre en ordre et arrêter l'administration que Bombarda avait
tenue jusqu'alors. D'où le document du 21 mars 1701 : « Nous Maxi-
milien... accordons à Jean-Paul Bombarda notre Conseiller et Trésorier
de notre Chambre des finances, et à ses héritiers, Dix pour Cent pour
une seule fois, de toutes les sommes, qu'il luy sont passées par les
mains, depuis le tems qu'il est venu pour notre Service dans ce Pays-ci
jusqu'au 15me 9bre 1700 la somme se montant à plus de 3 millions de
Pattacons » (écus). Seule l'étude approfondie des transferts et autres
opérations des années antérieures permettrait d'apprécier, en fonction
des difficultés des remises, la générosité de cette commission de 10 %
ainsi accordée après coup pour « les dommages, Intérêts, Changes et
rechanges, qu'il a été obligé de faire », et qui s'ajoutait peut-être à des
bénéfices déjà prélevés virtuellement.
Il devait toucher les 300 000 écus sur le profit qu'il réaliserait en
faisant frapper de la monnaie à Munich. Si cette solution ne couvrait
pas toute la somme, l'Électeur s'engageait à payer autrement 8. Bomb
arda opérait donc sur le marché des métaux précieux. Il fit livrer à
Munich des quantités d'or et d'argent dont la frappe lui rapporta un
bénéfice de 83 700 florins 4. Mais avec le début de la guerre, ses affai

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