Des ordres dans l'archive - article ; n°3 ; vol.45, pg 735-754

Adi Ophir

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1990 - Volume 45 - Numéro 3 - Pages 735-754
Orders in the Archive.
History as the totality of that which really happened constitutes the domain of the (always absent) signified: the Archive as the totality of all traces history has left behind is the domain of the signifier. Historical discourse interprets Archive's signs in order to represent things of the past (now absent signifieds) within various narrational frameworks. The distinctions between history's three domains is elaborated into an anarchist view of historical discourse in which any historical interpretation may go. This view is then rejected with the help of Foucault's alternative notion of the archive. Instead of looking back for lost signifieds one reconstructs orders of signifiers which historical reality itself has produced and imprinted in its archives. Without abandoning the basic semiotic distinctions it is now possible to account for serious historical discourse that seeks the truth and examines narratives on the basis of how well they fit the evidence established by orders in the archive.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ANNALES_ECONOMIES_SOCIETES_CIVILISATIONS
• Publié le: 01 janvier 1990
• Nombre de lectures: 7
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Adi Ophir
Des ordres dans l'archive
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 45e année, N. 3, 1990. pp. 735-754.
Abstract
Orders in the Archive.
History as the totality of that which really happened constitutes the domain of the (always absent) signified: the Archive as the
totality of all traces history has left behind is the domain of the signifier. Historical discourse interprets Archive's signs in order to
represent things of the past (now absent signifieds) within various narrational frameworks. The distinctions between history's
three domains is elaborated into an anarchist view of historical discourse in which any historical interpretation may go. This view
is then rejected with the help of Foucault's alternative notion of the archive. Instead of looking back for lost signifieds one
reconstructs orders of signifiers which historical reality itself has produced and imprinted in its archives. Without abandoning the
basic semiotic distinctions it is now possible to account for serious historical discourse that seeks the truth and examines
narratives on the basis of how well they fit the evidence established by orders in the archive.
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Ophir Adi. Des ordres dans l'archive. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 45e année, N. 3, 1990. pp. 735-754.
doi : 10.3406/ahess.1990.278865
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1990_num_45_3_278865DES ORDRES DANS ARCHIVE
ADI OPHIR
Histoire ludique
Les historiens évoluent rapidement entre trois registres différents de la
réalité Histoire Archive et le discours Histoire pour reprendre
expression de Sartre1 est la totalisation détotalisée des choses passées
Archive corollairement est la des vestiges encore pré
sents de Histoire et le discours est un champ action contemporain qui met
en rapport la seconde avec la première et relève en vérité des deux En tant que
pratique le discours est toujours déjà du passé est-à-dire il appartient
Histoire mais est une activité dont les effets sont continuellement inscrits
dans Archive Dans le discours ces trois registres du réel sont entremêlés par
des actes interprétation et intérieur un système de signification Sémioti-
quement parlant Histoire comme totalité de tout ce qui est vraiment passé
constitue le domaine du signifié Archive en tant que totalité de tous les
résidus que histoire laissés derrière elle est celui du signifiant Il faut
ajouter les histoires productions délibérées de activité discursive et médium
dans lequel ce discours incarne Les histoires sont des textes qui interprètent
les vestiges du passé afin de donner voir des signifiés absents les choses pas
sées intérieur une structure narrative historique)
La terminologie que emploie est évidemment problématique Il est sans
doute pas nécessaire de totaliser le passé et de objectiver en un concept vide
Histoire peut-être ne peut-on saisir ce concept indépendamment des repré
sentations du passé en donnent déjà les narrations historiques prisonnières
de leurs techniques de mise en scène et de la grille de lecture que leur impose un
certain discours historique Mais histoire historia rerum gestorùm est un
discours sérieux que parce elle présuppose la réalité du passé et des
faits anciens que le discours vise reconstituer Peut-être a-t-il pas ou ne
devrait-il pas avoir de distinction bien nette entre les histoires et autres
récits ou entre les histoires et autres textes qui révèlent le passé Mais on peut
affirmer en toute sécurité propos de certains ouvrages par exemple les tra
vaux de Thucydide Michelet ou Braudel ils prétendent dire le vrai
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Annales ESC mai-juin 1990 pp 735-754 TIER HISTORIEN
propos des faits anciens est-à-dire ils contiennent clairement et explicite
ment des affirmations de vérité se référant ces faits Histoire et les histoires
sont peut-être des termes discutables mais du point de vue du débat qui suit la
thématisation de cette problématique est sans grand intérêt et je me permets de
les employer dans leur sens commun positiviste en quelque sorte Le cas de
Archive particulièrement de la distinction entre Archive et discours est diffé
rent Je me préoccuperai essentiellement de ce concept dans la suite Cela me
permettra de développer facilement un modèle historiographie relativiste
nietzschéenne et ensuite plus laborieusement de le critiquer et de le rejeter en
faveur une historiographie un peu plus réaliste qui dans un sens restreint
sera également nietzschéenne
La distinction cruciale se situe entre discours et Archive Il est donc néces
saire avant de se pencher de plus près sur Archive elle-même de fixer le sens
de la plus abstraite des notions précédentes celle de discours historique) et
indiquer brièvement ses relations avec les autres Je utilise en un sens foucal-
dien un peu amendé par la conception de champ de Bourdieu Le discours
est une activité intellectuelle gouvernée par des règles qui ne sont que partielle
ment explicites est un ensemble de pratiques coordonnées entre des positions
que définissent et différencient accès aux sources de pouvoir et de savoir3 et
autorité sur leur usage Cet ensemble de règles de pratiques et de positions
interconnectées est un segment de Histoire et dans le cas du discours histo
rique un élément constitutif de Archive
En tant activité qui produit ou distribue des prétentions vérité inter
prète des signes et réaffirme et reproduit sa propre structure au cours du pro
cessus le discours appartient toujours déjà Histoire Cependant comme
ensemble de règles que respectent les actes discursifs et comme réseau de situa
tions interconnectées intérieur duquel ces actes sont exécutés est-à-dire
dans sa dimension synchronique le discours transcende Histoire compris
Histoire future Le discours est un champ de possibilités dont une partie seu
lement se réalisera est un système exclusion et de raréfaction dans lequel
autorisé ne sera jamais épuisé et interdit jamais complètement délimité
En tant activité interprétative le discours historique délimite systémati
quement un champ phénoménologique interpréter est-à-dire il dessine
les frontières des archives accessibles au moment considéré et détermine leur
ordonnancement interne archive est le domaine phénoménologique auquel le
discours historique se confronte toujours et il organise et réorganise
contrôle et explicite Le discours historique déchiffre et interprète des éléments
archivistiques se débarrasse de ceux qui sont obsolètes ceux qui sont devenus
insignifiants au cours du travail) il classe et enumere tout cela pour produire
toujours plus histoires Les histoires quant elles deviennent immédiate
ment des données archives ce est pas lié la représentation des faits
anciens elles contiennent mais au fait en tant que textes elles sont
imprégnées de traces de activité discursive qui les produites Cependant le
discours laisse des empreintes dans Archive de plus une fa on Il ajoute des
éléments aux étagères poussiéreuses en collectant et en publiant des docu
ments ou en produisant les siens Plus encore il conditionne la manière dont
ces étagères sont arrangées attendant de nouvelles générations historiens
leur imposant tant les limites de interprétable une grille interprétation
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leur fournissant un ensemble de méthodes En général les êtres humains impri
ment leur marque sur Archive en donnant forme au matériau le discours
historique laisse ses propres traces dans Archive en structurant ces formes
introduisant un ordre dans ce qui sans lui ne serait un agrégat informe de
vestiges est vers cette Archive apparemment amorphe il nous faut nous
tourner maintenant
Archive se situe extérieur du discours historique et en différencie
est le registre auquel le langage doit se référer pour interpréter et il trans
cende ensuite la poursuite des signifiés absents de Histoire est lui aussi
il doit retourner pour soutenir ou tout au moins faire admettre et illustrer
ses affirmations au sujet des choses passées Enfin est là aboutit tout ce
travail linguistique En conséquence entends par Archive tout ce que Fou
cault dit que Archive est pas Dans Archeologie du savoir Foucault intro
duit la notion de archive et la définit négativement
Par ce terme Archive je entends pas la somme de tous les textes une
culture gardés par dev