Des promesses à la crise : économie politique de la Papouasie-Nouvelle-Guinée - article ; n°149 ; vol.38, pg 139-156
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Des promesses à la crise : économie politique de la Papouasie-Nouvelle-Guinée - article ; n°149 ; vol.38, pg 139-156

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Tiers-Monde - Année 1997 - Volume 38 - Numéro 149 - Pages 139-156
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Ron May
Des promesses à la crise : économie politique de la Papouasie-
Nouvelle-Guinée
In: Tiers-Monde. 1997, tome 38 n°149. Le Pacifique insulaire. Nations, aides, espaces ( sous la direction de Joël
Bonnemaison et Jean Freyss ). pp. 139-156.
Citer ce document / Cite this document :
May Ron. Des promesses à la crise : économie politique de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. In: Tiers-Monde. 1997, tome 38
n°149. Le Pacifique insulaire. Nations, aides, espaces ( sous la direction de Joël Bonnemaison et Jean Freyss ). pp. 139-156.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1997_num_38_149_5131DES PROMESSES A LA CRISE:
ÉCONOMIE POLITIQUE
DE LA PAPOUASIE- NOUVELLE-GUINÉE
par Ron J. May*
Lors de son accession à l'indépendance en 1975, la Papouasie - Nouv
elle-Guinée jouit d'une économie saine, d'institutions financières et
décisionnelles solides, d'une politique reposant sur l'autonomie écono
mique et la justice sociale. L'essor de plusieurs grands projets miniers et
pétroliers consolide ces auspices prometteurs. Dès le milieu des
années 90, cependant, le pays se trouve confronté à une grave crise budg
étaire, à une dégradation généralisée de son administration ainsi qu'à
de sérieux problèmes de maintien de l'ordre et de respect de la loi. Cet
échec de la Papouasie - Nouvelle-Guinée à accomplir ses promesses éco
nomiques initiales s'explique en grande partie par la non-émergence
d'un sentiment d'identité et d'objectifs nationaux.
UN ÉTAT COLONIAL TARDIF
L'île de la Nouvelle-Guinée est un des derniers territoires du globe à
connaître la colonisation européenne1 ; lorsque sa partie orientale
devient indépendante sous le nom de Papouasie - Nouvelle-Guinée
en 1975, la pénétration coloniale du territoire demeurait fort limitée.
* Université nationale d'Australie.
1. En 1885, un traité annexe la partie nord-est de la Nouvelle-Guinée à l'Allemagne et la partie sud-est
à la Grande-Bretagne. La moitié occidentale de l'île (aujourd'hui la province indonésienne d'Irian Jaya) fait
alors partie des Indes néerlandaises. En 1905, la Grande-Bretagne cède à l'Australie la Nouvelle-Guinée br
itannique, qui s'appelle alors territoire de Papua, puis Papouasie. En 1914, occupe la Nouvelle-
Guinée allemande, occupation que la SDN transforme en mandat en 1919. Pendant la deuxième guerre mond
iale, les Japonais occupent le nord de l'île. En 1946, l'ONU place la Nouvelle-Guinée orientale et ses
dépendances sous tutelle de l'Australie, qui unifie leur administration avec celle de la Papouasie. En 1975,
les territoires de Papouasie et de Nouvelle-Guinée obtiennent leur indépendance et forment l'État de
Papouasie - Nouvelle-Guinée.
n° 149, janvier-mars 1997 Revue Tiers Monde, t. XXXVIII, 140 R. J. May
La deuxième moitié du XIXe siècle a vu l'aliénation d'une partie des
terres et l'extension des plantations par les Européens, en particulier
dans certaines zones des côtes septentrionale et méridionale de la Nouv
elle-Guinée et dans les îles voisines de la Nouvelle-Bretagne, de la
Nouvelle-Irlande et de Bougainville. Après la première guerre mondiale,
les plantations s'étendent, principalement par le fait de grandes compag
nies ; l'instauration d'un système d'impôt de capitation encourage les
habitants à produire du coprah et à rechercher des emplois salariés.
Dans les années 20, la découverte d'importants gisements aurifères
amène une nouvelle vague de prospecteurs et, au début des années 30,
l'or vient en tête des produits d'exportation du territoire, dépassant le
coprah et les autres dérivés de la noix de coco. Lorsque éclate
la deuxième guerre mondiale, la présence européenne en Papouasie et en
Nouvelle-Guinée reste confinée à une étroite frange côtière et aux îles
qui lui sont rattachées. Après la deuxième guerre mondiale, le rythme du
développement s'accélère. L'administration coloniale est peu à peu réta
blie et s'étend à des régions plus éloignées1. Les plantations de cocotiers,
de cacao et de caoutchouc installées avant la guerre sont, au moins en
partie, réhabilitées, d'autres sont mises en exploitation par des colons
australiens indépendants. Cet essor concerne surtout les terres hautes,
où le café (Г « or brun ») constitue la principale culture.
Dans le nouveau contexte politique de l'après-guerre, cependant, les
actions du gouvernement australien cherchent à garantir un développe
ment économique qui profite à la population de Papouasie - Nouvelle-
Guinée. En présentant le projet de loi provisoire sur l'administration de
la Papouasie - Nouvelle-Guinée (Papua New Guinea Provisional Admin
istration Bill) en 1945, le ministre des Territoires extérieurs déclare:
« Ce gouvernement reconnaît l'insuffisance de l'intérêt porté aux terri
toires avant l'invasion japonaise... et considère comme un devoir impé
rieux d'améliorer le plus possible le développement des indigènes... A
l'avenir, la base de l'économie du territoire sera une industrie indigène
et européenne, le bien-être général des indigènes déterminant les limites
de l'expansion des non-indigènes. »2
L'octroi de terres louées à bail à des colons indépendants est consi
déré comme un moyen de stimuler les cultures de rente des petits pro
priétaires locaux et, au milieu des années 60, leur production de café
dépasse celle des grandes plantations. Les dépenses de l'État en matière
d'éducation, de santé et d'équipement s'accroissent de façon notable.
1 . Toutefois, la plus grande partie de l'intérieur de l'île restera « territoire partiellement fermé » jusqu'à
la fin des années 50 ; certaines zones seront encore « restreintes » en 1970.
2. Commonwealth Parliamentary Debates, Chambre des Représentants, vol. 183, 4052, 4054 (4 juil
let 1945). politique de la Papouasie - Nouvelle-Guinée 141 Economie
Des coopératives et des conseils administratifs locaux sont créés, les pre
mières mesures visant à recenser et aider les entrepreneurs de Papouas
ie - Nouvelle-Guinée sont prises.
Des premiers projets de développement à l'Indépendance (1975)
En 1950, la première d'une série de missions de I'onu vient en
Papouasie - Nouvelle-Guinée pour vérifier la façon dont l'Australie
s'acquitte de son mandat d'administrateur. Elle conclut à la nécessité
d'accroître la participation des habitants à la vie économique et
politique. Un Conseil législatif est créé l'année suivante. Peu après, le
gouvernement australien mandate une équipe de l'Université nationale
d'Australie pour étudier les besoins en développement de la Papouasie
et de la Nouvelle-Guinée. Le rapport préconise de donner la priorité à
l'essor des petites exploitations agricoles, à la création d'un réseau
routier et à la mise en œuvre de réformes fiscales; il approuve par
ailleurs la politique du gouvernement de limiter l'aliénation de la
terre1.
Le développement se poursuit globalement au cours des années 50
et 60, quoiqu'une certaine ambiguïté entoure les objectifs de la poli
tique australienne; nombreux sont ceux, en Australie comme en
Papouasie - Nouvelle-Guinée, qui considèrent alors que l'intégration
des deux territoires à l'Australie sous la forme d'un septième État
devrait être sérieusement envisagée, et qu'en tout état de cause l'aut
onomie économique conditionne l'indépendance politique2. En 1962,
une autre mission de I'onu critique l'Australie pour son manque de
planification à long terme (un premier plan de cinq ans avait été éla
boré l'année précédente). En partie pour répondre à cette critique, le
gouvernement australien invite la bird3 (Banque mondiale) à procéder
à une étude économique des territoires, qui sera réalisée en 1964. Ce
rapport de la Banque mondiale de 19644 entre alors au cœur du débat
sur l'avenir de la Papouasie - Nouvelle-Guinée. Il prône,
en substance, la croissa

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