Deux mémoires inédits des frères Massiac sur Buenos Ayres en 1660. - article ; n°2 ; vol.25, pg 219-249
32 pages
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Deux mémoires inédits des frères Massiac sur Buenos Ayres en 1660. - article ; n°2 ; vol.25, pg 219-249

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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1933 - Volume 25 - Numéro 2 - Pages 219-249
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1933
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Paul Roussier
Deux mémoires inédits des frères Massiac sur Buenos Ayres en
1660.
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 25 n°2, 1933. pp. 219-249.
Citer ce document / Cite this document :
Roussier Paul. Deux mémoires inédits des frères Massiac sur Buenos Ayres en 1660. In: Journal de la Société des
Américanistes. Tome 25 n°2, 1933. pp. 219-249.
doi : 10.3406/jsa.1933.1889
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1933_num_25_2_1889DEUX MEMOIRES INEDITS
DES FRÈRES MASSIAC
SUR
BUENOS AYRES EN 1660,
Par Paul ROUSSIER.
Les deux mémoires sur Buenos Ayres auxquels la Société des Améri-
canistes veut bien donner l'hospitalité de son Journal ont pour auteurs
deux frères, tous deux ingénieurs des fortifications sous Louis XIV, dont
les noms sont connus, les frères Massiac, originaires de Languedoc.
L'aîné, Pierre de Massiac, écuyer, sieur de Ste-Golombe, prit part à la
campagne de Catalogne sous les ordres de Gondé, y fut blessé au siège de
Lérida en 1647, et passa ensuite au service du roi de Portugal. Revenu
en France, il devint intendant des fortifications à Brest. C'est lui qui dressa
le plan de l'enceinte bastionnée de cette ville, et poussa si activement les
travaux à partir de mai i 681 qu'en 18 mois plus de 12000 toises cubes
avaient été déblayées et 2655 toises cubes de murs construits entre la
Penfeld et la porte de Landernau. Vauban, de passage à Brest en 1683,
jugea le plan de Ste-Colombe critiquable en certaines parties mais il
laissa néanmoins subsister le tracé adopté, parce que les travaux étaient qu'il*
trop avancés pour fût possible de le corriger i. Ste-Colombe était
mort le lo novembre 1682 2.
Il eut pour successeur à Brest son frère, Barthélémy de Massiac, égale
ment ingénieur et chevalier des ordres du roi de Portugal. Celui-ci est dit
inventeur de diverses machines, il mourut vers 1702, âgé de 86 ans.
C'est Barthélémy de Massiac qui avait fait le voyage de Buenos-Ayres.
Né vers 1616, ses parents l'avaient d'abord destiné à l'état ecclésiastique.
Il raconte comment le refus de son oncle Renouard de résigner en sa
1. Levot, Histoire de la ville de Brest, tome IL
2. D'après les registres de sépulture de la paroisse des Sept Saints que M. Reuss-
ner, professeur à l'École navale, a eu l'obligeance de consulter pour moi ; je lui en
exprime ici tous mes remerciements. 220 SOCIÉTÉ DES AMÉR1CANISTES
faveur autre chose qu'un petit bénéfice, lui fit prendre la carrière des armes
et fut cause qu'il alla faire sa première campagne, en qualité de volontaire
sous Monsieur le Prince, avec son frère et comment le manque d'argent
du trésorier de Son Altesse le détermina à aller chercher fortune au Portug
al. De là, séduit par un traitement de 25 pistoles par mois, il accepta
d'accompagner le général Rodrigo de Miranda Henriquez nommé gouver
neur de la colonie portugaise d'Angola. Massiac arriva à Loanda en février
4652. Voulant rentrer en France neuf ans plus tard, il prit passage en
janvier 1660 sur un bateau hollandais, qui devait revenir en Europe en
passant par Buenos- Ayres. Un acte de piraterie dont il fut victime à son
arrivée dans cette ville, le contraignit à y séjourner jusqu'à la fin de
l'année 1662. Il eut donc le temps d'étudier la situation de la ville et de
la colonie, et les relations épistolaires qu'il entretint avec un jésuite alors
au Paraguay, le père Pestot de Lyon, lui permirent d'étendre le champ
de ses investigations.
A son retour de Buenos-Ayres, Massiac, semble-t-il, retrouva Ste-
Golombe en Portugal. Les deux frères durent rentrer en France en 16691.
D'après les récits de Massiac, Ste-Golombe rédigea le « Mémoire pour
l'établissement d'une colonie à Buenos Ayres » et le remit à Colbert du
Terron. Celui-ci le transmit à son frère, le ministre, qui fut intéressé.
Toutefois, désirant quelques éclaircissements sur les circonstances qui
avaient amené un sujet du roi à faire ce voyage dans un pays lointain et
presque inconnu, Colbert fit rédiger un questionnaire auquel Massiac fut
prié de répondre.
Massiac écrivit sa réponse dans la marge même du questionnaire. Cette
particularité matérielle explique le décousu de la réponse, aucun ordre
n'y règne, nulle composition logique. Les explications fournies sur un
point donné dépassent beaucoup l'espace correspondant sur le papier à la
question posée ; elles empiètent sur la question suivante. D'autre part les
questions du ministre ne semblent pas suffisantes à Massiac, d'autres
points lui paraissent devoir être mis en lumière ; il a ainsi ajouté à la fin
deux grandes pages sur la navigation 2.
1. On trouve aux Archives Nationales sous la cote Marine G 221 un recueil de 155
lettres datées de Lisbonne, La Rochelle, Brest. . , 1668-1682, adressées par Massiac
de Ste-Colombe à l'érudit Nicolas Thoynard.
2. On trouvera donc : 1° Le Mémoire rédigé par Ste-Colombe qui tend à démontrer
la possibilité et l'utilité de fonder une colonie française sur les rives du Rio de la
Plata. 2° Le questionnaire dicté par Colbert. 3° Les précisions fournies par Massiac.
Le Mémoire de Ste-Colombe se trouve dans un recueil factice où sont réunis plusieurs
autres Mémoires et lettres tous relatifs à Buenos Ayres, et signés de la Sierra
Ambroise Jauffret (de Marseille), Janssen (d'Anvers), datés de 1694 et années suivantes. DEUX MÉMOIRES INÉDITS DES FRÈKES MASSIAC 221
Dans ces conditions les explications de Massiac sont d'une lecture peu
agréable, mais celte absence même de toute préparation, de tout effort
pour plaire, en un mot de toute littérature, attestent la sincérité de l'au
teur; il s'efforce de donner des renseignements d'ordre pratique ; il ne sou
tient pas une thèse, il raconte ce qu'il a vu ou cru voir et ce qu'il a entendu
dire ; c'est ce qui fait l'intérêt de son témoignage sur la grande ville qui
naissait alors aux bords du Rio de la Plata.
Cette réunion de documents, sans aucun doute ordonnée par Colbert lui-même (l'une
des pièces porte une note indiquant qu'elle a été cotée de sa main) prouve que ce
ministre étudia sérieusement l'idée des frères Massiac.
Les explications de Massiac forment un cahier à part de 24 pages in-folio.
Ces deux documents sont conservés dans les archives du Ministère des colonies :
Amérique carton 49 du- classement provisoire de 1911. TOUCHANT L'ÉTABLISSEMENT MÉMOIRE
d'une
COLONIE A BUENOS AYRES OU SUR LA RIVE OPPOSÉE
DU RIO DE LA PLATA,
Par le Sieur de Ste COLOMBE, 1664.
Je me suis plusieurs fois étonné de quoy nos Roys (peut estre par la consi
dération de l'abondance de la France et de ses propres forces) ont négligé la
navigation, ayant des ports et des rivières sur les deux mers et des sujets qui
sont portés par leur naturelle inclination, hardiesse et coutume à chercher sous
les plus éloignés climats la fortune qu'ils ne trouvent pas en leur pays, tant
par ce que chacun rencontre dans son art ou profession une infinité de comp
étiteurs, qu'à cause qu'il semble que l'étendue du royaume, quoyque grande,
est disproportionnée à la multitude des peuples, d'où vient qu'ils se dispersent
par toutes les parties du monde jusqu'aux moins fréquentées et habitables, où
ils portent la connoissance des arts et l'usage des armes, fortifiant les estats des
princes étrangers par de si grands avantages et surtout en les peuplant et se
naturalisant parmy eux, ce qui est au préjudice de la gloire des armes de la
France et des manufactures de ses artisans. Sans doute que cet inconvénient
(qui fait qu'il y a plus de français hors de la France que dedans) cesseroit, si
elle avoit de puissantes colonies dans le nouveau monde où la grande étendue
et bonne qualité du pays et la réputation des trésors des mines attireroient tous
ceux qui cherchent ailleurs leurs avantages, purgeroit la France des superflus
excréments de la République et osteroit en partie la matière au feu des guerres
civiles dont elle est si succeptible par l'abondance et pauvreté de la petite
noblesse qui cherche son entretien dans les troubles et divisions

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