Diderot, l Encyclopédie et le Dictionnaire de Trévoux - article ; n°1 ; vol.7, pg 71-122
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Description

Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1989 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 71-122
Robert Morin: Diderot, the Encyclopédie and the Dictionnaire de Trévoux.
A detailed comparison of the Encyclopédie articles for which Diderot was responsible with the corresponding articles in the 1752 and 1771 editions of the Dictionnaire de Trévoux. Although the two works pretend to ignore each other, in fact we find that they criticize and reply to each other, as can be seen in particular in the differences between the two editions of Trévoux. What also appears clearly is the contrast between Diderot's empiricism and Scripture and tradition ; they were imprisoned in a rigid rationalistic intellectual framework.
52 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 52
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Robert Morin
Diderot, l'Encyclopédie et le Dictionnaire de Trévoux
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 7, 1989. pp. 71-122.
Abstract
Robert Morin: Diderot, the Encyclopédie and the Dictionnaire de Trévoux.
A detailed comparison of the Encyclopédie articles for which Diderot was responsible with the corresponding articles in the 1752
and 1771 editions of the Dictionnaire de Trévoux. Although the two works pretend to ignore each other, in fact we find that they
criticize and reply to each other, as can be seen in particular in the differences between the two editions of Trévoux. What also
appears clearly is the contrast between Diderot's empiricism and Scripture and tradition ; they were imprisoned in a rigid
rationalistic intellectual framework.
Citer ce document / Cite this document :
Morin Robert. Diderot, l'Encyclopédie et le Dictionnaire de Trévoux. In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 7,
1989. pp. 71-122.
doi : 10.3406/rde.1989.1034
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1989_num_7_1_1034Robert MORIN
Diderot, 1 'Encyclopédie,
et le Dictionnaire de Trévoux
Les Jésuites et Diderot ne s'aimaient guère, il est inutile de le rap
peler longuement pour justifier le thème de notre étude. « Me voilà déli
vré d'un grand nombre d'ennemis puissants», déclarait-il dans sa lettre
à Sophie Volland du 23 août 1762 (Corr., IV, 98), lors de l'interdiction
des Jésuites. Au premier rang de ses «ennemis puissants», il convient
de placer les auteurs des Mémoires de Trévoux et naturellement du célè
bre Dictionnaire1
La confrontation entre V Encyclopédie et le Dictionnaire de Trévoux
que nous allons présenter est fondamentale, du moins entre les articles
qui sont de la main ou de la responsabilité de Diderot dans Y Encyclopéd
ie et les articles correspondants du Trévoux. Les points d'accord sont
très rares et ne portent que sur des aspects mineurs. Le désaccord existe
dans le projet même de V Encyclopédie, qui supposait une carence des
dictionnaires édités jusque-là, y compris le Dictionnaire de Trévoux.
Diderot entendait bien faire le point des connaissances les plus avancées
de son temps et s'opposait ainsi directement ou indirectement au com
portement ordinaire des Jésuites, qui était tout en ouvertures discrètes
et en accommodements prudents et sélectifs, sans jamais rien céder sur
le fond de la théologie officielle. Diderot, lui, n'est prudent que dans la
mesure où l'édition de Y Encyclopédie l'exige, et ce serait trop peu dire
qu'il est ouvert aux connaissances nouvelles. La connaissance l'enivre,
comme elle a enivré Rabelais. Diderot accumule lyriquement les savoirs
* Je tiens à remercier mon collègue Maurice Domino et les Archives de France pour
l'aide qu'ils m'ont apportée au cours de cette étude.
1. Les références à Y Encyclopédie sont données par le tome en chiffres romains, la
page et la colonne, celles au Dictionnaire de Trévoux par la lettre T suivie éventuellement
de la date de l'édition, du tome et de la page ou de la colonne.
Recherches sur Diderot et sur l' Encyclopédie , 7, octobre 1989 72 ROBERT MORIN
de tous ordres, avec une hâte au fond de laquelle il y a peut-être un pres
sentiment que l'époque va bientôt être terminée, où l'on pouvait penser
qu'un seul ouvrage pût embrasser l'ensemble des connaissances humain
es.
Nous avons limité les comparaisons de Y Encyclopédie et du Dic
tionnaire de Trévoux aux éditions de 1752 et de 1771 de ce dernier
ouvrage (V. annexe), c'est-à-dire aux éditions dont les dates encadrent à
peu près celles de la publication de Y Encyclopédie. La comparaison
entre les éditions de 1752 et de 1743 du Dictionnaire de Trévoux, montre
que pour les articles que nous avons utilisés, il n'y a pas de modification
qui puisse être attribuée aux deux premiers volumes de Y Encyclopédie.
Nous nous sommes limité, pour Y Encyclopédie , aux articles écrits par
Diderot ou à ceux dont il a assumé la responsabilité, notre but étant de
mieux situer, si possible, sa pensée. Une comparaison complète de tous
les articles dépasse nos capacités d'analyse et exigerait un travail collect
if. On peut se demander tout d'abord si la comparaison des articles
atteste une lecture directe des deux ouvrages par leurs auteurs récipro
ques. La réponse ne nous semble pas douteuse, bien que les deux ouvra
ges affectent de s'ignorer l'un l'autre. On sait que les Jésuites avaient
critiqué Y Encyclopédie sans ménagements. Quelques allusions directes
permettent de montrer des interférences entre les deux ouvrages. Elles
sont peu nombreuses, chacun ne voulant sans doute pas donner l'i
mpression qu'il se situe par rapport à autre chose qu'à lui-même et faire
indirectement de la propagande pour un adversaire. Cependant l'article
« Convenance » du Dictionnaire de Trévoux cite Y Encyclopédie dans son
édition de 1771 alors qu'il ne le faisait pas en 1752 :
On voit [...] combien il est difficile de donner une notion exacte et précise
de ce qu'on appelle convenance. Elle consiste, disent les Encyclopédist
es, dans des considérations tantôt raisonnables, tantôt ridicules, sur le
squelles les hommes sont persuadés que ce qui leur manque et qu'ils
recherchent, leur rendra plus douce ou moins onéreuse la possession de
ce qu'ils ont (I, 1771, II, 881a).
C'est la reprise exacte des termes de la fin de l'article correspon
dant de Y Encyclopédie (IV, 161-165), et l'on peut penser que si cet
emprunt a été fait, c'est qu'il est idéologiquement indifférent. En réci
procité, mais c'est certainement un emprunt moins innocent, YEncyclo-
pédie emprunte au Dictionnaire de Trévoux une bonne part de l'article
exhumer :
exhumer: c'est tirer un cadavre de la terre, ce qui se fait quelque fois
licitement, lorsque les lois l'ordonnent.
On lit dans Brantôme et dans le Dictionnaire de Trévoux, qu'après la
mort de Charles Quint, il fut arrêté à l'Inquisition, en présence du roi
Philippe II son fils, que son corps serait « exhumé » et brûlé comme héré
tique, parce que ce prince avait tenu quelques propos légers sur la foi [.. .]
(VI, 259a). V ENCYCLOPÉDIE ET LE DICTIONNAIRE DE TRÉVOUX 73
Ces propos se trouvent effectivement dans l'article correspondant
du Trévoux (1752, III, 1246; reprend l'article de 1743).
Un premier trait polémique apparaît nettement à propos du sens et
des intentions des deux dictionnaires. On connaît le long article * ency
clopédie, longue célébration du rôle que Diderot a dévolu à l'ouvrage
qu'il dirige : celui d'être le rassemblement des connaissances du siècle
dans tous les domaines. Le Dictionnaire de Trévoux, dans son édition de
1752, ne fait pas allusion à l'Encyclopédie et ne consacre à la définition
de la notion d'encyclopédie qu'un tiers de colonne : le projet d'une
encyclopédie est peu sérieux et ridicule car ceux qui l'entreprennent se
contentent de savoir un peu de tout et assez superficiellement, alors
qu'il vaudrait mieux s'en tenir à une seule chose et la bien posséder
(T, 1752, III, 750). L'édition de 1771 attaque sournoisement VEncyclo-
pédie au moyen d'un argument que Diderot avait lui-même évoqué dans
son ouvrage :
Plusieurs ouvrages portent le titre d' Encyclopédie pour marquer l'univer
salité des matières dont ils traitent. La plupart ne sont que des collections
informes : quelques-uns ne furent pas tout à fait méprisés, mais il s'en
faut bien que ces Encyclopédies répondent aujourd'hui à leur titre. Quel
progrès n'a-t-on pas fait depuis dans les arts et les sciences ? Combien de
découvertes et d'inventions... ! (T, 1771, III, 695).
Ces deux passages caractérisent l'attitude des Jésuites : rester dans
le concret tout en le jugeant, sans qu'il y paraisse, au nom de principes
supérieurs. Une encyclopédie usurpe son titre : on ne peut tout savoir —
c'est impossible à l'homme — on ne peut donc tout consigner ; on ne
peut que faire le point — avec bien du mal — des connaissances du
moment, mais ce que dit un ouvrage en ce domaine est rapidement
dépassé par l'évolution des sciences. L'article encycl

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