Du mariage et du concubinage dans les classes populaires à Paris (1846-1847) - article ; n°4 ; vol.33, pg 803-829
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Du mariage et du concubinage dans les classes populaires à Paris (1846-1847) - article ; n°4 ; vol.33, pg 803-829

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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1978 - Volume 33 - Numéro 4 - Pages 803-829
A cartographical and mathematical treatment of socio-demographic data, supplemented by trial reports from the Gazette des tribunaux, leads us to challenge L. Chevalier's idea that concubinage was a form of civilisation populaire or an habitude ouvrière, as well as certain notions underlying E. Shorter's hypothesis of a sexual revolution. There are three reasons for our disagreement with these authors. First, concubinage in Paris is not found only in the working class. One-third to two-fifths of those living in concubinage come from other social classes. Second, the significant factor with regard to membership in a social class is marriage and not concubinage. Third, concubinage, which is not differentiated with respect to class position, is pertinent only in the case of working-class women. And this pertinency appears to be conditioned more by a desire for marriage and by the new dependency specific to female wage-labourers generated by industrialization (economic dependence especially) than by the hypothetical sexual liberation of which E. Shorter speaks.
It is for these reasons that we reject an opposition marriage/concubinage which supposedly corresponds to an opposition between the respective cultural behaviors of the lower and middle classes and that we adopt, instead, a pair marriage/concubinage specific to each class. We are still faced with the task of explaining the meaning and evolution of the pair marriage/concubinage and of integrating them into a wider network of working-class culture, in which proper attention is given to sociability to the feeling of being at home, and to the emotional ties between parents and between parents and children.
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 66
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Michel Frey
Du mariage et du concubinage dans les classes populaires à
Paris (1846-1847)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 33e année, N. 4, 1978. pp. 803-829.
Abstract
A cartographical and mathematical treatment of socio-demographic data, supplemented by trial reports from the Gazette des
tribunaux, leads us to challenge L. Chevalier's idea that concubinage was a form of "civilisation populaire" or an "habitude
ouvrière", as well as certain notions underlying E. Shorter's hypothesis of a "sexual revolution". There are three reasons for our
disagreement with these authors. First, concubinage in Paris is not found only in the working class. One-third to two-fifths of
those living in concubinage come from other social classes. Second, the significant factor with regard to membership in a social
class is marriage and not concubinage. Third, concubinage, which is not differentiated with respect to class position, is pertinent
only in the case of working-class women. And this pertinency appears to be conditioned more by a desire for marriage and by the
new dependency specific to female wage-labourers generated by industrialization (economic dependence especially) than by the
hypothetical "sexual liberation" of which E. Shorter speaks.
It is for these reasons that we reject an opposition marriage/concubinage which supposedly corresponds to an opposition
between the respective cultural behaviors of the lower and middle classes and that we adopt, instead, a pair
marriage/concubinage specific to each class. We are still faced with the task of explaining the meaning and evolution of the pair and of integrating them into a wider network of working-class culture, in which proper attention is given to
sociability to the feeling of being "at home", and to the emotional ties between parents and between parents and children.
Citer ce document / Cite this document :
Frey Michel. Du mariage et du concubinage dans les classes populaires à Paris (1846-1847). In: Annales. Économies, Sociétés,
Civilisations. 33e année, N. 4, 1978. pp. 803-829.
doi : 10.3406/ahess.1978.293973
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1978_num_33_4_293973DU MARIAGE ET DU CONCUBINAGE
DANS LES CLASSES POPULAIRES PARIS f1846-1847
aurait-il une propension spécifique des classes populaires contracter des
unions concubines Nous pourrions le penser compulser la littérature et les
enquêtes contemporaines qui ne cessent de dénoncer effondrement de la famille
dans les milieux les plus humbles gangrenés par immoralité est-à-dire
pêle-mêle par la prostitution le concubinage le vice le jeu la boisson le bal..
Frégier dans son analyse minutieuse pour caractériser les classes dangereu
ses décrit ainsi la catégorie des ouvriers des filatures et des fabriques Nulle
part les ouvriers et les ouvrières ne sont plus dissolus nulle part il moins
de mariages et aisance que dans cette classe et il précise Dans cette classe
ouvriers on évalue seulement un tiers le nombre de femmes unies par les liens
du mariage aux hommes avec qui elles vivent est dire que les deux tiers
vivent de manière concubinaire et que mariage et concubinage sont per us
comme deux formes contradictoires union Les ouvriers ateliers et de
boutiques ne sont pas mieux jugés La différence entre ces deux catégories
ouvriers est au niveau du paraître Le vice domine dans les deux classes
mais il est raffiné dans une et effronté dans autre De même Rozier dans son
livre De la condition sociale des femmes demande que la jeune fille sans dot
cesse être condamnée un amour illégitime est désigner le mariage
comme étant de nature bourgeoise tandis que les ouvrières seraient contraintes
union concubine Nous pourrions ainsi multiplier les citations contemporaines
qui vont dans le même sens Plus récemment Louis Chevalier note que le
concubinage est pas simplement le fait importants effectifs ouvriers mais il
est une habitude ouvrière voire une des formes de civilisation populaire
Sur la base une documentation qualitative il avance ainsi idée une culture
populaire spécifique qui se manifesterait par une propension au concubinage Le
concubinage est-il donc contradictoire avec le mariage et significatif une culture
populaire
Nous avons pu exploiter une des rares sources quantitatives sur le problème
du concubinage Il agit un document fabriqué par la Société de Saint-Fran ois
Régis créée en 1826 et dont objectif était précisément extirper le concubinage
chez les pauvres Rappelons-en les buts Il agit pour elle arracher les
803 LA SOCI FRAN AISE
pauvres au malheur et au crime une cohabitation illicite de donner
leurs enfants le bienfait de la légitimation de tâcher de ramener le père la
mère et les enfants la pratique et amour de la religion Mais cette Société
surtout pour nous extraordinaire mérite avoir dressé une statistique4 portant
sur 8588 couples concubins dont elle est occupée pendant quinze ans activité
Cette source quantitative unique nous informe sur un certain nombre de points
quel est le degré relatif de stabilité du concubinage Grossièrement un peu
plus un cinquième des couples re us la Société 218 96 ont eu une
cohabitation inférieure un an un peu moins un quart 2387 ont de un
trois ans de vie commune un autre cinquième 2025 durant une période de
trois six ans enfin 3412 96) soit un peu plus un tiers ont cohabité plus de
six ans précisons que pour plus un cinquième 2266 ) la cohabitation
dépassait neuf ans Le concubinage existe donc chez les pauvres Il un certain
degré de stabilité et il est alors nécessaire de le distinguer du concubinage instable
proche de la relation accidentelle ou de la prostitution Rien indique
malheureusement si les 165 couples recensés Paris sont représentatifs du
concubinage dans les classes populaires et plus exactement si cette population
fournit un échantillon significatif et représentatif de ces classes populaires
malgré cette incertitude la Société fournit cependant la distribution socio
professionnelle de ces couples effectif global des concubins mâles est de 588
sujets Un peu moins de deux tiers 6444 relèvent de la catégorie ouvriers
avec des distinctions intéressantes relever Plus du quart de effectif global
2670 relève des professions pénibles un autre 72 ) états
sédentaires ou presque outils tandis un dixième seulement 1048 est
fourni par les ouvriers des manufactures Cette classification rend difficile
analyse puisque la première catégorie relève aussi bien de artisanat que de
usine Dans ces conditions on ne sait comment répartir ce premier groupe entre
les deux autres qui eux définissent de manière certaine la manufacture un côté
artisanat de autre Probablement artisanat emporte-t-il sur la manufacture
mais nous ne savons pas dans quelle proportion
Enfin le dernier tiers de effectif global se distribue ainsi pour 272 96 il
inclut le menu peuple de Paris est-à-dire des domestiques journaliers gens
de service de comptoir et de boutique cuisiniers infirmiers postiers com
missionnaires fruitiers porteurs eau marchands colporteurs dans les halles et
les rues soulignant importance du monde de la boutique dans la population
concubinaire pauvre pour 646 il enregistre des indigents marginaux tels
saltimbanques chanteurs musiciens ambulants faiseurs de tours chiffon
niers des personnes issues des couches moyennes gens de plume et de
pinceaux employés praticiens écrivains publics teneurs de livres coloristes
instituteurs professeurs et gens de lettres auxquels ajoutent quelques
médecins chirurgiens pharmaciens et surtout des militaires en activité ou
en retraite qui représentent près de la moitié de cet effectif partiel Bref les
hommes concubins se recrutent abord chez les ouvriers plus chez les artisans
que chez les ouvriers usines) ensuite dans le monde des petits métiers parisiens
La petite-bourgeoisie et les militaires ne jouent un rôle marginal dans ce
recrutement
Pour les femmes la statistique est malheureusement plus sommaire Moins
un dixième 846 de effectif est mentionné comme sans profession
agit-il de prostituées ou de profession non indiquée Un peu plus un
804 FREY MARIAGE ET CONCUBINAGE
huitième 1372 se recrute dans les états violents tandis que plus des trois
quarts des concubines 7784 96 proviennent des états sédentaires sans autre
précision ce qui interdit de savoir quelle proportion provient des manufactures
ou de artisanat Les femmes concubines apparaissent donc fondamentalement
ouvrières 9156 96) le monde des petits métiers parisiens et de la bourgeoisie
étant exclu
Au total les clients de la Société Saint-Fran ois Régis sont donc ouvriers aux
deux tiers et ouvrières aux n

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