Économétrie du développement : Facteurs naturels, densité de population et production agricole - article ; n°34 ; vol.9, pg 363-461

Iedes

Description

Tiers-Monde - Année 1968 - Volume 9 - Numéro 34 - Pages 363-461
99 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: TIERS-MONDE
• Publié le: 01 janvier 1968
• Nombre de lectures: 21
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 7 Mo

Extrait

IEDES
Économétrie du développement : Facteurs naturels, densité de
population et production agricole
In: Tiers-Monde. 1968, tome 9 n°34. pp. 363-461.
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IEDES. Économétrie du développement : Facteurs naturels, densité de population et production agricole. In: Tiers-Monde.
1968, tome 9 n°34. pp. 363-461.
doi : 10.3406/tiers.1968.2440
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1968_num_9_34_2440FACTEURS NATURELS
DENSITÉ DE POPULATION
ET PRODUCTION AGRICOLE
LES PHÉNOMÈNES D'ÉCONOMIE D'ÉCHELLE
DANS LES 28 PAYS DE LA ZONE FRANC
ESSAI D'ANALYSE STATISTIQUE
PAR COUPE INTEMPORELLE
par B. Maldant*
assisté de M. Coutsinas, Mme Dumont, M. Romeder
M. Memmi, Mme Bouchouchi, M. Castro**
Un type de calcul économique très courant fait de la population, en pays
sous-développé, une pure et simple charge — à couvrir au prix de prélève
ments sur des ressources naturelles et des possibilités de croissance qui seraient
prédéterminées. Les apports positifs des quantités de travail mobilisées, la
contribution des effectifs démographiques à la bonification des sols et à la
création des structures industrielles, les gains de rendement qu'apporte une
certaine compacité sociale, tout cela reste hors de tout décompte. Et les
hori2ons des projections sont dessinés comme si les habitants d'un territoire
national étaient uniquement des consommateurs, sans jouer leur rôle de
producteurs. Il en est ainsi du moins dans bon nombre de travaux de planifi
cation, et dans presque toute la littérature économique destinée au grand
public.
Il faut dire que, plus généralement, l'analyse des facteurs de la production
est, dans notre système de connaissances, beaucoup moins avancée que celle des
facteurs de la consommation. La réalisation du Produit Intérieur Brut mobilise
** * Chargés Directeur de de recherches. la Recherche à l'LE.D.E.S.
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des ressources multiples et pas toujours mesurables : sol, climat, hydrographie,
population, situation sanitaire, stock d'éducation, équipement, ne sont pas
encore uniformément des variables entrées dans le champ de la Statistique.
L'étude d'un aussi grand nombre de causalités, au surplus, se trouve nécessair
ement répartie entre des spécialités différentes, dont chacune ouvre une pers
pective, par nature incomplète ou biaisée, sur l'un ou l'autre des moyens
concourant à la création des biens disponibles : le déterminisme géographique
traditionnel s'exagère l'action du milieu naturel sur les activités nationales;
l'éducateur et le médecin se donnent à juste titre l'épanouissement physique
et mental de l'homme comme une fin suffisante, et se refusent à quantifier
l'efficacité économique évidente de leurs interventions sociales; l'économiste,
trop souvent, s'enferme dans une définition tronquée de l'investissement pro
ductif ou du travail.
Les groupes de recherche de l'I.E.D.E.S. s'efforcent actuellement d'éclaircir,
à propos des pays insuffisamment développés, le problème des facteurs du
Produit Intérieur Brut dans toute sa généralité. Il s'agit de définir une « fonc
tion de production », avec une formalisation plus large que celle des fonctions
classiques, plus large en un double sens : au-delà des branches, on visera l'éc
onomie globale; au-delà du capital et du travail, on ne renoncera pas à adopter
comme variable explicative la population dans sa totalité biologique et on
s'efforcera de caractériser les actions du milieu naturel. La construction éco
nométrique que tente ainsi d'édifier l'I.E.D.E.S. dépasse donc l'économétrie :
les facteurs de la production, dans les développements statistiques qui suivent,
vont être empruntés à la climatologie, à la pédologie, à la démographie, à
l'appareil de la Santé publique et de l'Éducation autant qu'au dispositif
classique des variables économiques. Nous procéderons par confrontation
d'indicateurs, comparaison de distributions, étude de variances liées à des
classifications qualitatives, corrélations simples et multiples, et non pas dès
maintenant par analyse multivariate. Car seul un long programme de
recherches sera capable de transformer en grandeurs mesurables les attributs
définissant actuellement l'écologie physique et sociale d'une production. Plu
sieurs de nos approches, en conséquence, resteront pour le moment lacunaires.
Et sur plusieurs points, c'est un programme de travail qui sera proposé ici,
autant que des résultats.
Soyons plus précis encore : il est théoriquement imaginable :
— d'affecter à chacune des parcelles de la superficie des continents quinze
ou vingt variables caractérisant le milieu naturel et humain;
— de répéter l'opération par intervalle au cours du temps;
— d'analyser ensuite mathématiquement les liaisons des variables entre elles,
à la faveur des centaines de milliers d'observations qu'on aurait ainsi mises
en forme;
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— et finalement, de fixer d'après les leçons de l'expérience et des critères de
rationalité l'ordre des causalités susceptible d'animer le modèle obtenu.
Actuellement, cependant, les facteurs qui nous intéressent ici sont, selon
les techniques qui les conceptualisent, attachés à des unités statistiques diffé
rentes : le pays, la circonscription administrative, le kilomètre carré, la branche
d'activité, la tête d'habitant ne peuvent en conséquence être uniformément
crédités de la totalité des influences que ces entités subissent. Dans le temporel,
les séries chronologiques des diverses spécialités ne prennent pas leur consis
tance à la même époque — et l'idée même de série chronologique est inappli
cable à plusieurs des caractéristiques du milieu. Plus généralement, les univers
que nous décrivent des disciplines parfois contiguës ne sont pas superposables.
L'économétrie future de la production demandera donc un terrible effort
aux opérateurs qui seront chargés de positionner, dans un espace unitaire,
les 15 ou 20 variables principales de la géographie, de la sociologie, de l'édu
cation, de la santé, de la démographie, de l'économie, avec un élément porteur.
Il va de soi que nous n'en sommes pas là.
Dans l'immédiat, c'est la fonction de production agricole qui sera seule
étudiée. Car la branche agricole est par excellence celle à propos de laquelle il
est nécessaire d'analyser l'influence des facteurs naturels. L'invariance des
facteurs naturels bruts au cours du temps va par ailleurs nous conduire à
procéder par coupe intemporelle. Comment, en effet, pourrions-nous discerner
l'action de conditions qui ne changeraient pas de l'un de nos points statistiques
à un autre ?
Nous procéderons en deux étapes et sous deux titres successifs :
Titre Premier : Population, capital et production agricole. Deuxième : Le rôle des facteurs naturels.
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TITRE PREMIER
POPULATION, CAPITAL ET PRODUCTION AGRICOLE
Entreprendre de distinguer les influences du travail, du capital et des fac
teurs naturels en agriculture, c'est traiter un problème central. Or, actuel
lement, l'analyse économique la plus spécialisée est déficiente ici bien davan
tage que dans le domaine industriel; lorsqu'elle existe, elle est monographique
et micro-économique dans son principe; et les facteurs de la production agri
cole dans un milieu techniquement arriéré nous restent inconnus au niveau
des grands nombres, c'est-à-dire des lois moyennes qui prévalent dans l'univers
statistique des pays sous-développés.
En première étape, les groupes de PLE.D.E.S. se sont efforcés de traiter le
cas d'un sous-ensemble de pays du Tiers Monde, à propos duquel la document
ation qualitative et les chiffres étaient particulièrement accessibles, dans le
système de relations d'un organisme universitaire français : celui des pays de la
zone franc, au sens qui a été défini plus haut : les quatre départements et les
six territoires d'outre-mer, les trois pays du Maghreb, les quatorze États de
l'Ouest- Africain e