Emploi et chômage en Corée du Sud depuis la crise asiatique - article ; n°168 ; vol.42, pg 929-946
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Tiers-Monde - Année 2001 - Volume 42 - Numéro 168 - Pages 929-946
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 2001
Nombre de lectures 108
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Gazier
Rémy Herrera
Emploi et chômage en Corée du Sud depuis la crise asiatique
In: Tiers-Monde. 2001, tome 42 n°168. pp. 929-946.
Citer ce document / Cite this document :
Gazier Bernard, Herrera Rémy. Emploi et chômage en Corée du Sud depuis la crise asiatique. In: Tiers-Monde. 2001, tome 42
n°168. pp. 929-946.
doi : 10.3406/tiers.2001.1556
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_2001_num_42_168_1556EMPLOI ET CHÔMAGE
EN CORÉE DU SUD
DEPUIS LA CRISE ASIATIQUE1
Bernard Gazier* et Rémy Herrera**
Cet article porte sur la politique de l'emploi et la protection contre le
chômage en Corée du Sud après la crise asiatique. Les auteurs commenc
ent par une présentation des conséquences de la crise de 1997-1999 sur
le marché du travail (chômage massif ...). Ils montrent que l'impact
social négatif de cette crise a été tout à fait important, en augmentant
très significativement les inégalités et la pauvreté. Les différentes me
sures prises par le gouvernement sud-coréen en matière d'emploi et
d'assurance chômage sont ensuite analysées en détail. Les limites des
dispositifs mis en œuvre et certaines inquiétudes pour l'avenir sont finale
ment soulignées.
En comparaison avec les grandes dépressions traversées au cours
de leur histoire par les pays industrialisés, et d'abord celle des
années 1930, la crise économique qu'a récemment connue la Corée du
Sud paraît d'ampleur relativement limitée. Elle ne doit pas pour
autant être sous-estimée : il s'agit de la plus profonde crise qu'ait subie
ce pays depuis sa formation, après la guerre de 1950-1953. Sa gravité a
d'ailleurs souvent été mal mesurée, du fait de l'aide financière massive
apportée dans l'urgence par le FMI (57 milliards de dollars en 1997,
soit l'aide la plus importante jamais fournie à un pays membre par
* Professeur, UMR 8595, MATISSE (Modélisation appliquée, transformations institutionnelles, straté
gies socio-économiques).
** Chargé de recherche, cnrs, UMR 8595.
1. Cet article est tiré d'une étude plus large réalisée pour le programme «Beyond the East Asia
Socio-Economie Crisis : Lessons Towards the New Social Policy Agenda » de la Banque mondiale. Il a
été présenté à deux conférences organisées en 2000, l'une par I'iedes et l'Université de Panama à Panama
City (septembre), l'autre par la Banque mondiale et la Korean Social Security Association à Séoul
(décembre).
Revue Tiers Monde, t. XLII, n° 168, octobre-décembre 2001 930 Bernard Gazier et Rémy Herrera
cette institution), avec pour contrepartie l'adoption induite d'une poli
tique d'austérité particulièrement sévère. Symétriquement, la reprise de
l'économie sud-coréenne depuis la mi- 1999 ne peut aucunement être
surestimée : le processus de restructuration engagé est loin d'être
achevé et fragilise temporairement l'économie, comme l'illustrent la
faillite de Daewoo Motor (deuxième conglomérat national) et les diffi
cultés de Hyundai (le premier conglomérat)1. On sait que l'une des
causes majeures de cette crise a été l'ouverture de la Corée du Sud
- qui présentait depuis quelques années des signes patents d'essouf
flement (surproduction, surendettement...) - à la libéralisation financ
ière, sans disposer d'institutions régulatrices appropriées, au sein d'un
système monétaire international flexible dominé par le dollar des
Etats-Unis. Le programme d'austérité implanté en Corée du Sud s'est
traduit, sur le marché du travail, par un triple ajustement : du prix du
travail (flexibilité des salaires), de la quantité de travail (flexibilisation
de l'emploi) et de la qualité du travail (précarisation des contrats),
avec pour effets l'apparition d'un chômage de masse, l'accroissement
des inégalités sociales et une aggravation du dualisme du marché du
travail2. Cet article n'entend pas proposer une analyse d'ensemble des
causes de la crise et de la politique macro-économique mise en œuvre
pour y faire face. Il choisit plutôt d'interroger, après une présentation
des conséquences de la crise sur le marché du travail (lre partie) et de
l'impact social de cette dernière (2e partie), le contenu et l'efficacité des
mesures prises par les autorités sud-coréennes en matière de politique
de l'emploi (3e partie) et de protection contre le chômage (4e partie)3.
LES CONSÉQUENCES DE LA CRISE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL
Avant la crise de 1997, la Corée du Sud était de tous les pays de
I'ocde4 celui qui connaissait à la fois le plus fort taux de croissance du
PIB en termes réels (8,7 % en moyenne de 1985 à 1995) et le plus faible
taux de chômage (2 % de la population active en 1996). La Corée du
Sud a été présentée, longtemps et presque unanimement, comme une
1. Les mutations de ces conglomérats (Chaebôl) ont un impact macro-économique en termes de
pertes d'emplois, mais aussi par leurs effets sur les taux de change et d'intérêt.
2. Pour une analyse théorique, voir : Gazier (1999), et Gazier et Herrera (2000).
3. Sauf indication contraire, les sources de données statistiques sur la République de Corée utilisées
dans cet article sont nationales et officielles : National Statistical Office (Korea Statistical Yearbook),
Ministry of Labour et Ministry of Health and Welfare.
4. La République de Corée est devenue membre permanent de l'OCDE en décembre 1996. Emploi et chômage en Corée du sud 931
success story du développement capitaliste, exemplaire du « miracle
asiatique » (Banque mondiale, 1993) - même si la dépendance et les
défaillances de l'économie avaient été depuis longtemps identifiées par
un certain nombre d'économistes locaux et étrangers1. Les choses ont
toutefois changé depuis 1997-1998 : les Rapports sur le développement
dans le monde de la Banque mondiale ont montré un recul du pib per
capita sud-coréen de 10 550 à 7 970 $ entre 1997 et 1998, faisant passer
le pays (en parité de pouvoir d'achat, ppa) du 24e au 55e rang mondial
sur la période (Banque mondiale, 1999, 2000). L'une des manifestat
ions les plus saillantes de cette crise a été le quadruplement du taux
de chômage entre octobre 1997 et février 1999. À cette dernière date,
le atteignait officiellement 8,7 % de la population active, soit
près de 1,8 million de personnes. La contraction brutale du marché du
travail a résulté des faillites et restructurations des ChaebôP, qui ont
entraîné, après la nouvelle législation du travail autorisant les licenci
ements collectifs pour raison économique, des pertes d'emplois massives
dans tous les secteurs. La diminution du volume total de l'emploi
(pour causes de licenciements3, de départs en retraite anticipés...) a été
de l'ordre de 1,2 million en 1998, tandis que la population en âge de
travailler augmentait dans le même temps de près de 0,6 million.
Le nombre réel de travailleurs sud-coréens au chômage a certain
ement dépassé les chiffres officiels4, compte tenu d'une méthode de cal
cul qui exclut du taux de chômage, entre autres, les indépendants dont
l'entreprise a fait faillite. D'après le National Statistical Office (nso), le
taux de chômage serait de 0,3 à 0,4 point de pourcentage supérieur si
les standards OCDE étaient appliqués. La détérioration de la situation
du marché du travail a sans doute été plus sévère aussi en raison de la
baisse sensible du taux de participation de la force de travail (de 62,2 à
60,7 % entre 1997 et 1998), du glissement de nombreux travailleurs
d'emplois formels vers des activités informelles (moins bien connues
statistiquement) et d'une hausse de l'emploi agricole et familial non
rémunéré (accompagnée d'une progression probable du sous-emploi).
1. Voir, par exemple, à ce sujet Amin et Gonzales Casanova (1993), ou Seo (2000).
2. Les faillites en chaîne de Chaebôl intervenues en 1997 ont commencé avant la crise financière du
21 novembre : Hanbo, sidérurgie (janvier) ; Sammi, sidérurgie (mars) ; Jinro, boissons (avril) ; Daenong,
commerce (mai) ; Hanshin, construction (juin) ; Kia Motors, automobile (s

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