Entre rue et boulevard : les chemins de l allégorie chez Baudelaire - article ; n°134 ; vol.36, pg 55-65
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Description

Romantisme - Année 2006 - Volume 36 - Numéro 134 - Pages 55-65
The grands boulevards are nearly absent in Baudelaire’s work: although his urban topography is a maze of streets, alleyways, and other public thoroughfares, the poet rarely describes them in detail. Actual boulevards (and, in fact, is it not a question of the later Hausmannian variation?) appear on only three occasions: the poet loses his halo while crossing one; from the table of a café he watches a poor family peering in from one; it is upon a boulevard that he encounters one day a •mysterious Being” who will lure him into a gambling house. By following the evocations of streets in Les Fleurs du mal and Le Spleen de Paris, one can detect the fine network linking passageways to the poetic voice, where the surprise and shocks occasioned by traversing the city partake of the allegorical imagination. A space marked by chance and by rupture, the street, in its various forms, is emblematic of Baudelaire’s poetic practice.
Les grands boulevards sont peu présents chez Baudelaire: si la topographie urbaine est un labyrinthe de rues, ruelles et autres voies publiques, il faut reconnaître que le poète les décrit rarement avec précision. Le boulevard en tant que tel (et encore, ne s’agit-il pas surtout de la variante haussmannienne?) se laisse repérer à trois reprises: le poète perd son auréole en le traversant; il voit, depuis une table de café, les pauvres qui y passent; il y rencontre un jour un «être mystérieux» qui l’entraîne dans une maison de jeu. En suivant les évocations de la chaussée dans Les Fleurs du mal et Le Spleen de Paris, il est possible de déceler le réseau complexe reliant la voie publique à la voix poétique, où la surprise et le choc occasionnés par la traversée de la ville participent de l’imaginaire allégorique. Lieu du hasard et de la discontinuité, la rue, sous ses diverses formes, sert d’emblème à la pratique poétique de Baudelaire.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 39
Langue Français

Extrait

Romantisme n
o
134 (2006-4)
Scott CARPENTER
Entre rue et boulevard :
les chemins de l’allégorie
chez Baudelaire
Quel rapport entre voie publique et voix poétique ? À première vue,
la chaussée n’aurait rien à voir avec les muses. Cependant, à en croire
l’étymologie, le terme
vers
renvoie depuis l’origine de la poésie à l’image
d’une voie – le sillon creusé par la charrue –, et le rythme est souvent
associé à la cadence de la marche humaine (on pense à Hugo), de sorte
que le vocabulaire technique, où il est question d’iambes et de pieds, évo-
que obligatoirement les moyens de la locomotion. Par ailleurs, on se rap-
pellera que ce n’est qu’à la fin du
XVIII
e
siècle que la voie publique – prise
pour référent dans
Le Tableau de Paris
de Mercier (le dernier volume
paraît en 1788), et plus tard chez Balzac (dans
Facino Cane
, à titre
d’exemple), ou même dans
Les Mystères de Paris
de Sue – devient
l’emblème de la ville, et une source d’inspiration précieuse pour les
romanciers
1
.
En poésie, on sera plus lent à franchir le pas, et ce n’est sûrement pas
un hasard si la rue commence à y trouver sa place au moment même où,
à partir de 1855, la forme de la ville, en l’occurrence Paris, change. Cette
rencontre entre la poésie et la ville ne débute pas
stricto sensu
avec Baude-
laire, mais c’est lui qui reliera la
pratique
de la ville à celle de la poésie ;
notre propos sera donc de suivre l’évolution du thème de la voirie – et
notamment du boulevard – dans
Les Fleurs du mal
et
Le Spleen de Paris
.
1. À ce propos, voir l’étude exhaustive de Karlheinz Stierle
,
La Capitale des signes. Paris et
son discours
, Maison des sciences de l’homme, 2001.
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