Estimateurs en paléodémographie - article ; n°4 ; vol.17, pg 65-90
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Description

L'Homme - Année 1977 - Volume 17 - Numéro 4 - Pages 65-90
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Claude Masset
Jean-Pierre Bocquet
Estimateurs en paléodémographie
In: L'Homme, 1977, tome 17 n°4. pp. 65-90.
Citer ce document / Cite this document :
Masset Claude, Bocquet Jean-Pierre. Estimateurs en paléodémographie. In: L'Homme, 1977, tome 17 n°4. pp. 65-90.
doi : 10.3406/hom.1977.367809
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1977_num_17_4_367809'
ESTIMATEURS EN PALÉODÉMOGRAPHIE
par
JEAN-PIERRE BOCQUET et CLAUDE MASSET
La paléodémographie se voudrait la démographie des peuples qui n'ont pas
laissé d'archives écrites ou dont les traces, quand elles existent, ne peuvent donner
prise à la statistique. Son domaine s'étend donc de la préhistoire à l'aube des
temps modernes. Les principaux documents exploitables en paléodémographie
sont fournis par les cimetières : il est possible en effet d'apprécier l'âge auquel est
mort un être humain d'après l'état de son squelette ; on peut également diagnos
tiquer le sexe des adultes, bien qu'il ne soit pas rare de prendre un crâne féminin
pour un crâne masculin, et réciproquement. La fouille exhaustive d'un cimetière
permet donc en théorie de reconstruire la table de répartition des décès par âge,
et même par sexe. A partir d'une telle table, et moyennant certaines hypothèses,
on pourrait inférer la structure par âge de la population vivante qui utilisait
ce cimetière {cf., par exemple, Acsâdi et Nemeskéri 1970 : 60 sq.).
Malgré ces prémisses prometteuses, les résultats ont été jusqu'à présent très
décevants, comme l'un de nous l'a montré dans cette revue en 1973. En effet, les
anthropologues ne sont pas toujours d'accord sur la signification des indicateurs
d'âge fournis par le squelette humain. A telle symphyse pubienne passablement
fatiguée, un auteur américain attribuera 36 ans selon McKern et Stewart (1957) ;
à la même symphyse, un auteur hongrois donnera 58 ans selon Nemeskéri et al.
(i960). {Cf. Masset 1977.)
A supposer même qu'il n'y ait pas d'erreur dans la détermination de l'âge au
décès, nous ne sommes pas au bout de nos peines. L'âge d'un squelette, en effet,
ne peut être apprécié qu'avec une certaine approximation. Étroite quand il
s'agit d'enfants, la marge d'incertitude peut devenir considérable quand on a
affaire à des squelettes d'adultes. Il n'y aurait là que demi-mal si les erreurs
ainsi commises, tantôt dans un sens tantôt dans l'autre, pouvaient s'annuler
mutuellement. Il n'en est rien, et d'importantes dérives se font jour (Masset 1971
et 1973). Il est vrai que celles-ci pourraient être considérablement réduites
moyennant certaines précautions ; mais on peut démontrer que, sauf cas de figure
exceptionnel, il est impossible de réduire la dérive à zéro.
L'Homme, oct. déc. 1977 , XVII (4), pp. 65-go. JEAN-PIERRE BOCQUET ET CLAUDE MASSET 66
Ajoutons, pour terminer, que la fouille d'un cimetière ne permet que rarement
de récupérer toute la population inhumée. Pour des raisons qui ont été examinées
en particulier par Acsâdi et Nemeskéri (1970 : 238 sq.) ainsi que par Stloukal
(1974 : 12 sq.), il manque presque toujours une partie des enfants les plus jeunes.
Il arrive même parfois que la mortalité infantile ne soit pas représentée du tout.
Il est évident qu'alors l'espérance de vie à la naissance, quand elle est « calculée »
par le paléodémographe, ne repose absolument sur rien. Chargée de tels handicaps,
la paléodémographie a donc fait, dans l'ensemble, assez peu de progrès depuis
qu'en 1954 L. Henry soulignait le caractère inacceptable des résultats publiés
à l'époque. L'ouvrage le plus sûr et le plus complet est, à l'heure actuelle, celui
d' Acsâdi et Nemeskéri (1970), mais tout n'y emporte pas la conviction et certains
résultats laissent rêveur.
Est-ce à dire que toute recherche d'ordre paléodémographique est impossible
tant que n'aura pas vu le jour une méthode satisfaisante pour déterminer l'âge
des adultes ? A savoir, une méthode sur laquelle un consensus puisse se faire
parmi les anthropologues et par laquelle les déviations systématiques soient
réduites au minimum mathématiquement inévitable. Nous risquons d'attendre
longtemps alors que, pendant ce temps, des milliers de squelettes sont détruits
ou perdus sans examen, ou après une étude dont les résultats publiés seront
inutilisables.
Recherche d'estimateurs
II est donc nécessaire de chercher une autre voie d'approche. Dans ces sables
mouvants sur lesquels est édifiée aujourd'hui la paléodémographie, il existe
cependant quelques éléments solides.
Le premier, c'est la reconnaissance du caractère adulte d'un squelette. Sauf
en cas de très médiocre conservation des os, il est impossible à un anthropologue
de prendre un squelette adulte pour un non adulte : chez celui-ci, en effet, les
épiphyses des os longs ne sont pas encore soudées. Certes, il existe entre 15 et
25 ans une période intermédiaire pendant laquelle les cartilages de conjugaison
des os longs sont en voie d'ossification. On peut néanmoins admettre qu'un
anthropologue exercé se trompe rarement quand il répartit les squelettes d'un
cimetière entre ceux qui avaient plus de 20 ans lors du décès et ceux qui, appa
remment, n'avaient pas encore atteint cet âge.
Un autre élément sûr est la détermination de l'âge des enfants. A la différence
du vieillissement, la croissance est un processus bien défini, dont les variations
individuelles ne présentent qu'une amplitude assez faible. Jusqu'à 15 ou 16 ans,
on peut apprécier l'âge avec moins d'une année ou deux d'erreur. Naturellement,
il n'est pas possible de tenir compte des enfants les plus jeunes puisqu'ils sont
sous-représentés dans les cimetières. Mais il se trouve que cette sous-représentation ESTIMATEURS EN PALÉODÉMOGRAPHIE 67
ne concerne qu'un très petit nombre de classes d'âge. On constate en effet que
dans la plupart des cimetières anciens, le rapport
effectif décédé entre 5 et 9 ans (en abrégé : 5 9 1 entre 10 et 14 ans
est supérieur à 2 (Masset 1973 : 97). Or dans les tables-types de Ledermann (1969),
la valeur de ce rapport est voisine de 1,9 pour les populations les plus défavorisées ;
il est très inférieur à ce chiffre chez les populations développées. Il est donc bien
peu probable que l'effectif des enfants décédés de 5 à 9 ans soit sous-représenté
dans les cimetières anciens. On pourrait penser à une sur-représentation des
enfants âgés de 5 à 9 ans s'il n'apparaissait qu'aux xvne et xvme siècles en
5 9 était, là aussi, très généralement supérieur à 2 ; il est Europe occidentale,
-^10-14
rare qu'il descende au-dessous de 1,9. Citons, par exemple, 2,73 à Stockholm
en 1758-1760 (Wargentin 1766). On en trouvera d'autres exemples plus loin. Il
pourrait s'agir là d'un trait de mortalité archaïque, propre aux époques antérieures
à l'ouvrage de Jenner sur la vaccination contre la variole (1798).
Dans l'analyse d'un cimetière ancien, les seules informations sur lesquelles
nous pouvons nous appuyer avec confiance sont donc l'effectif des adultes et
l'âge des enfants entre 5 et 15 ans. Ces informations ne sont pas suffisantes pour
reconstruire directement la table de mortalité de la population correspondante.
Elles permettent néanmoins de comparer notre population de cimetière à d'autres
populations, mieux connues, et à estimer par là l'ordre de grandeur des paramètres
qui nous font défaut, tels que mortalité infantile et espérance de vie à la naissance.
Cette démarche est tout à fait classique en démographie contemporaine.
Quand il s'agit de populations anciennes, elle implique une hypothèse qu'il y a
lieu d'expliciter : nous croyons que les impératifs biologiques de la condition
humaine n'autorisent pas n'importe quelle structure démographique ; des cons
tantes apparaissent, dont l'existence justifie la comparaison de populations fort
éloignées les unes des autres. Pour ne citer qu'un exemple,

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