Ethnologie urbaine et ethnographie de la communication : préliminaires à une étude sur les places marchandes - article ; n°1 ; vol.30, pg 3-28
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Ethnologie urbaine et ethnographie de la communication : préliminaires à une étude sur les places marchandes - article ; n°1 ; vol.30, pg 3-28

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Description

Langage et société - Année 1984 - Volume 30 - Numéro 1 - Pages 3-28
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacqueline Lindenfeld
Ethnologie urbaine et ethnographie de la communication :
préliminaires à une étude sur les places marchandes
In: Langage et société, n°30, 1984. pp. 3-28.
Citer ce document / Cite this document :
Lindenfeld Jacqueline. Ethnologie urbaine et ethnographie de la communication : préliminaires à une étude sur les places
marchandes. In: Langage et société, n°30, 1984. pp. 3-28.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1984_num_30_1_2008Jacqueline LINDENFELD
Department of Anthropology
California State University, Northridge
ETHNOLOGIE URBAINE
ET ETHNOGRAPHIE DE LA COMMUNICATION :
PRELIMINAIRES A UNE ETUDE SUR LES PLACES MARCHANDES^ '
Cet article vise à mettre en relief quelques-uns des
rapports qui existent entre Is ethnologie et la sociolinguistique,
tels qu'on peut les découvrir à travers des recherches ponc
tuelles. C'est à partir de ma propre étude du marché périodique
en milieu urbain que je tente de le faire, étant convaincue de
la valeur des travaux empiriques, si utiles par ailleurs, pour
une meilleure compréhension des rapports entre diverses disci
plines scientifiques.
La première partie de l'article illustre l'emploi de
sources pluridisciplinaires pour établir le cadre théorique et
méthodologique d'une étude particulière. Bien que centré sur
les places marchandes, cet exposé devrait faire ressortir en
particulier les liens qui unissent, sur un plan général,
l'ethnographie de la communication (ou la sociolinguistique de
façon globale), l'ethnologie urbaine, et ce domaine si proche
des deux qu'est la sociologie interactionniste.
La seconde partie retrace les étapes de mes enquêtes
sur le terrain et expose en détail la méthodologie qui a guidé
le travail de collecte des données. Ce n'est qu'en filigrane
qu'apparaîtront les méthodes et les résultats de l'analyse elle- - - 4
car ils seront longuement présentés dans des publications même,
ultérieures.
Cette recherche est centrée sur les fonctions sociales
du marché périodique en milieu urbain : outre ses fonctions
économiques, il semble jouer le rôle de lieu de sociabilité
dans la ville, et l'échange langagier en constitue une dimension
importante. Quelles sont les pratiques d'interaction sociale
(verbale ou autre) qui s'y déroulent? Quelle est la représenta
tion mentale de la place marchande chez les usagers? Quel rôle
joue-t-elle, à un niveau symbolique, dans la vie quotidienne
du citadin?
C'est pour tenter de répondre à ces questions que j'ai
entrepris une vaste enquête de terrain en France et aux Etats-
Unis (en Californie) ces dernières années. Si ce projet parait
trop ambitieux, j'invoquerai le fait que les études comparatives
sont encore trop rares en ethnologie urbaine et en ethnographie
de la communication, alors même que la vocation première de
l'ethnologue est la comparaison interculturelle, et que Hymes
et Gumperz avaient, dès le départ, conçu leur projet socio-
linguistique sur une base résolument comparative.
En outre, n'est-ce pas en partie sur la base des deux
critères suivants qu'il convient de juger de la validité d'une
démarche méthodologique : a-t-elle mené à des résultats inté
ressants, et peut-elle être reproduite par d'autres chercheurs?
Ce dernier critère oblige à une grande mesure d'explicitation
des stades de la recherche, ce que je vais tenter de faire ici
quant aux sources d'inspiration de cette étude et à la collecte
des données sur le terrain.
Il est à noter que je ne tenterai pas de spécifier le
rapport exact entre telle source d'inspiration évoquée dans la
première partie de cet article, et tel aspect ponctuel de
luenquête sur le terrain (deuxième partie), car il s"agit d'un
rapport de nature diffuse la plupart du temps. En effet, les
lectures ont guidé, parfois ré-orienté la collecte des données,
mais ne l'ont pas déterminée à l'avance, puisqu'elle se voulait
en grande partie empirique. - - 5
I. SOURCES D'INSPIRATION DE L'ETUDE
La présentation qui suit a pour but de mettre en relief
la diversité des sources possibles pour une étude du marché ur
bain en tant que lieu de sociabilité. J'évoquerai d'abord quel
ques ouvrages qui ont contribué à nourrir ma pensée sur les
places marchandes à un niveau général; il ne sera pas question
ici de travaux spécifiques sur les marchés périodiques en milieu
urbain/ parce que cela m 'entraînerait beaucoup trop loin (Voir
à ce sujet J. Lindenfeld 1984). Je passerai ensuite à l'apport
théorique et méthodologique de plusieurs branches des sciences
sociales à ma recherche. Si ma démarche relève avant tout de
l'ethnologie urbaine et de l'ethnographie de la communication,
elle fait également place à d'autres perspectives de recherche,
en particulier à la sociologie interactionniste, selon laquelle
la compréhension de l'ordre social passe par l'observation des
rites d'interaction dans les lieux publics.
1. Généralités sur la place marchande et son rôle social.
Dans son ouvrage sur l'histoire de la ville, L. Mumford
(1961) consacre plusieurs passages à la place marchande, qu'il
considère comme un élément essentiel du milieu urbain. D1 après
1 il, il est possible que dès l'an 2.000 avant J.C., c'est-à-dire
bien avant les débuts de l'économie de marché avec ses méca
nismes monétaires, il ait déjà existé dans la ville des marchés
en plein air où se pratiquait le troc sur un plan local.
Il fait remarquer à quel point, dans la civilisation
urbaine des Anciens Grecs, les notions d'agora (ou place pu
blique) et de marché en plein air se confondent de plus en plus
à partir du Ve siècle après J.C. : conçu comme un lieu où tout
citoyen pouvait s'exprimer en public et où se traitaient les
affaires civiques, l'agora devint également, peu à peu, le
siège d'échanges économiques. A partir du Vile siècle, le com
merce prenant de plus en plus d'ampleur dans la ville, les
fonctions économiques de la place publique ne cessèrent de se
développer, parallèlement à ses fonctions politiques et sociales.
On peut donc parler d'un lieu public où se pratiquaient à la fois - - 6
l'échange économique et l'échange verbal.
Cette caractéris ation de la place marchande comme lieu
d'échanges de plusieurs sortes se retrouve dans un grand nombre
d'ouvrages, mais on n'a pas toujours assez insisté sur son im
portance dans la ville en particulier. Comme le rappellent
H. Reichert et J.D. Remond dans leur Analyse Sociale -de la Ville
(1980)# "les marchands se partagent avec les guerriers la pa
ternité de la plupart des cités11/ et "la ville est le lieu
privilégié des échanges" (p 204) . Bien entendu, il convient
de faire allusion ici aux travaux de F. Braudel (1979) , si
connus en France que nous ne nous y attarderons pas.
Les traités d'ethnologie urbaine américaine constituent
une autre source de réflexion sur le rôle des places marchandes
dans la ville. E. Eames et j. Goode (1977), par exemple, notent
qu'elles possèdent une dimension intégratrice, puisqu'elles
sont ouvertes à toutes les catégories de citadins. C'est sans
doute là ce qui explique en partie que la communication y ait
un caractère spécifique, par rapport à d'autres lieux publics :
se référant en particulier aux travaux de Geertz sur le bazar
à Java, ils font remarquer que l'interaction verbale est à la
fois plus agressive et plus impersonnelle sur une place mar
chande qu'ailleurs.
Quant à U. Hannerz (1980), s 'appuyant sur les idées de
Pi renne, de Weber et de Braudel entre autres, il montre à quel
point l'existence de places marchandes dans la ville va de pair
avec le développement et le fonctionnement économique des modes
de vie urbains, dimension essentielle de l'existence quotidienne.
Se référant également à un article de R. Redfield et M. Singer
(1954) sur le role culturel des villes, il rappelle que cer
taines d'entre elles ont été conçues spécifiquement pour Re
change économique, d'où l'image de la ville entière comme une
pl

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