Etude anthropologique de 85 crânes de Bengalis des castes inférieures ou parias - article ; n°4 ; vol.2, pg 363-402

S. Defelice

Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1975 - Volume 2 - Numéro 4 - Pages 363-402
Summary. These Bengali skulls of 50 men and 35 women represent an exceptionnal osteological material from India. They have a small size and a small endo- cranial capacity, with smooth reliefs. The skulls have wormian bones and mostly pteric ones ; they are mainly birsoid in shape, the others are sphenoid ; 58.8 % of these skulls are dolichocephalic and 36.7 % are mesocephalic. These skulls have a cranial vault which looks high in norma occipitalis, and a broad forehead in relation to the cranium ; they are orthognathous, with a medium sized face, medium sized orbit and nose, and a broad palate. Such are these Bengali's skulls with one marked difference between male and female in that the females are platyrrhines ; other sexual differences are less important. Indian anthropology is complex, and involves many mixed races. There are few osteological informations in this large country. This study let clear up the presence of a certain melanoid element, which appear in the breadth of the nose, and probably also of a mediterranean one in other features of the skull.
Résumé. Appartenant à 50 hommes et 35 femmes, ces crânes de Bengalis des castes inférieures ou même parias, représentent un matériel osseux rarissime en Inde. De petite taille et de petite capacité, à reliefs osseux atténués, ils comportent de nombreux os wormiens, ptériques en particulier, et sont en majorité de forme birsoïde, les autres étant sphénoïdes. Dolichocrânes (58,8 %) ou mésocrânes (36,7 %), à voûte élevée en norma occipitalis, à front large par rapport à la boîte crânienne, orthognathes, avec une face moyenne ou haute, des orbites moyennes, un nez moyen et une voûte palatine large, tels sont ces Bengalis avec une seule différence marquée pour les femmes qui sont platyrhiennes, les autres différences sexuelles étant moins importantes. L'anthropologie de l'Inde est complexe et plusieurs races s'y trouvent mêlées. On possède, pour ce grand pays, très peu de renseignements sur le plan ostéologique. On peut, d'après cette étude, reconnaître dans cette population du Bengale, et pour cette couche sociale, la présence d'un élément mélanide certain qui ressort de la largeur du nez, et probablement celle d'un élément méditerranéen dans les autres caractéristiques du crâne.
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: BULLETINS_ET_MEMOIRES_DE_LA_SOCIETE_D-ANTHROPOLOGIE_DE_PARIS0
• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 13
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

S. de Félice
Etude anthropologique de 85 crânes de Bengalis des castes
inférieures ou parias
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, XIII° Série, tome 2 fascicule 4, 1975. pp. 363-402.
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de Félice S. Etude anthropologique de 85 crânes de Bengalis des castes inférieures ou parias. In: Bulletins et Mémoires de la
Société d'anthropologie de Paris, XIII° Série, tome 2 fascicule 4, 1975. pp. 363-402.
doi : 10.3406/bmsap.1975.1824
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1975_num_2_4_1824Abstract
Summary. These Bengali skulls of 50 men and 35 women represent an exceptionnal osteological
material from India. They have a small size and a small endo- cranial capacity, with smooth reliefs. The
skulls have wormian bones and mostly pteric ones ; they are mainly birsoid in shape, the others are
sphenoid ; 58.8 % of these skulls are dolichocephalic and 36.7 % are mesocephalic. These skulls have
a cranial vault which looks high in norma occipitalis, and a broad forehead in relation to the cranium ;
they are orthognathous, with a medium sized face, medium sized orbit and nose, and a broad palate.
Such are these Bengali's skulls with one marked difference between male and female in that the
females are platyrrhines ; other sexual differences are less important. Indian anthropology is complex,
and involves many mixed races. There are few osteological informations in this large country. This study
let clear up the presence of a certain melanoid element, which appear in the breadth of the nose, and
probably also of a mediterranean one in other features of the skull.
Résumé
Résumé. Appartenant à 50 hommes et 35 femmes, ces crânes de Bengalis des castes inférieures ou
même parias, représentent un matériel osseux rarissime en Inde. De petite taille et de petite capacité, à
reliefs osseux atténués, ils comportent de nombreux os wormiens, ptériques en particulier, et sont en
majorité de forme birsoïde, les autres étant sphénoïdes. Dolichocrânes (58,8 %) ou mésocrânes (36,7
%), à voûte élevée en norma occipitalis, à front large par rapport à la boîte crânienne, orthognathes,
avec une face moyenne ou haute, des orbites moyennes, un nez moyen et une voûte palatine large,
tels sont ces Bengalis avec une seule différence marquée pour les femmes qui sont platyrhiennes, les
autres différences sexuelles étant moins importantes. L'anthropologie de l'Inde est complexe et
plusieurs races s'y trouvent mêlées. On possède, pour ce grand pays, très peu de renseignements sur
le plan ostéologique. On peut, d'après cette étude, reconnaître dans cette population du Bengale, et
pour cette couche sociale, la présence d'un élément mélanide certain qui ressort de la largeur du nez,
et probablement celle d'un élément méditerranéen dans les autres caractéristiques du crâne.Bull, et Mém. de la Soc. d'Anîhrop. de Paris, t. 2, série XIII, 1975, pp. 363-402
ETUDE ANTHROPOLOGIQUE DE 85 CRANES DE BENGALIS
DES CASTES INFÉRIEURES ET PARIAS
par MUe S. de Félice
L'Inde ayant, comme chacun sait, l'habitude de détruire les corps, soit
par incinération, soit en les jetant dans le Gange, le matériel ostéologique est
très rare dans ce pays. Aussi m'a-t-il semblé intéressant d'étudier les collec
tions de crânes bengalis actuellement confiées au Laboratoire d'Anthropol
ogie du Musée de l'Homme, et provenant des collections du Laboratoire
Broca et de la Société d'Anthropologie de Paris. Ces crânes appartiennent
d'ailleurs pour la presque totalité à cette dernière, et lui furent, pour la plu
part, offerts au cours de sa séance du 15 avril 1880, comme en fait foi, cette
année-là, le rapport du Professeur Samuel Pozzi, l'un des deux secrétaires
annuels. « M. Ax », y est-il dit, « envoie à la Société une centaine de crânes
pourvus pour la plupart de leur mâchoire inférieure. Les deux tiers environ
proviennent des rives du Gange. On sait que les riverains de ce fleuve y
jettent leurs morts : on a même regardé cette coutume comme propre à
propager le choléra. Ces crânes n'offrent pas une grande différence avec les
crânes de parias que M. Dumesnil nous a envoyés et qui provenaient d'un
cimetière de parias situé près de Calcutta » (1).
En fait, les 85 crânes d'adultes que j'ai eus en mains pour faire cette
étude comprennent : d'une part 12 crânes de parias offerts précédemment
par le Dr Du Mesnil (2), d'autre part 68 crânes du Dr Hacks (3) portant la
mention « castes inférieures » pour 63 d'entre eux et « caste des jardiniers »
pour un autre. Il faut leur ajouter le crâne d'un « Hindou de Calcutta » offert
par le Dr Bassignot à la Société, dans sa séance du 3 juin 1869 et, appartenant
au Laboratoire Broca, 4 crânes de parias également, dont 3 donnés par le
Dr Mugnier (4). Cette collection comprend, pour autant qu'on puisse faire
(1) Bull, de la Soc. d'Anthrop. de Paris, t. 3, 3e série, 1880, p. 346.
(2) Ces crânes portent l'inscription : « Alipore de Calcutta » ; Alipore (ou Alipur) est un
faubourg de Calcutta, ainsi que j'ai pu le vérifier sur une carte.
(3) Ces noms propres ont été mal orthographiés par le Pr Pozzi.
(4) L'un de ces crânes porte une étiquette presque totalement effacée mais sur laquelle
on peut cependant lire : « Crâne provenant du cimetière des Parias, faubourg d'Alipour,
Calcutta ». 364 société d'anthropologie de paris
une détermination sexuelle exacte, 50 crânes masculins et 35 crânes
féminins (1).
Comparaisons. Je n'ai pu trouver d'autres séries de crânes de l'Inde
auxquelles ma propre série pourrait être comparée. On rencontre seulement,
çà et là, dans la littérature anthropologique, les mensurations de quelques
crânes isolés, et encore les publications dans lesquelles figurent ces monog
raphies sont-elles difficiles à obtenir. Seul le travail déjà ancien de
G. Morant (1924), que j'ai pu consulter après avoir terminé mon mémoire et
qui étudie des « séries de crânes orientaux », mentionne quelques
« Hindous » ; mais l'origine géographique de ceux-ci n'est pas autrement
précisée et leur nombre est d'ailleurs restreint. Je publie donc ma série
sans comparaisons. Elle pourra servir elle-même de base de référence pour
des travaux ultérieurs.
Etude morphologique
Aspect général, état de conservation et pathologie.
Ces crânes sont, dans l'ensemble, de petite taille ; les dimensions rédui
tes des féminins, en particulier, sont dignes de remarque. Les reliefs
osseux sont atténués également, en général.
Leur état de conservation est assez satisfaisant. Nous avons 19 crânes
sensu stricto, c'est-à-dire têtes osseuses complètes avec maxillaire inférieur
(13 H. et 6 F), 63 calvariums (36 H. et 27 F.) et 3 calvarias (1 H. et 2 F.).
A ce sujet, il faut relever ce que dit le Pr Pozzi, à savoir que les crânes offerts
à la Société d'Anthropologie de Paris dans la séance sus-dite sont, précise-t-il,
« pourvus pour la plupart de leur mâchoire inférieure ». Or, il se trouve que
sur les 85 crânes étudiés ici, 19 seulement possèdent leur maxillaire infé
rieur, monté avec ressorts et crochets. D'autre part, la collection comprend
36 mâchoires isolées, numérotées d'une façon indépendante. Il est logique
de penser que ces mandibules ont quelque rapport avec la série de crânes ;
mais comme elles n'ont pu être raccordées aux calvariums correspondants
et qu'il n'est pas possible d'en déterminer le sexe avec exactitude, en raison
de cet isolement, je ne les ai pas jointes aux 19 autres, me contentant d'en
tirer uniquement des renseignements d'ordre morphologique.
Deux calvariums féminins ne possèdent qu'une moitié de leur face.
Les manques, quand il y en a, affectent principalement les arcades zygoma-
tiques et les arcades alvéolaires sur lesquelles le prosthion est assez souvent
(1) La collection du Dr Hacks comprend également un crâne d'enfant que j'ai laissé de
côté. Je dois signaler que dans mon travail sur la hauteur du crâne (L'Anthropologie, t. 69,
n° 5-6, 1965), j'ai utilisé