Étude du processus d urbanisation d un secteur de Paris : le quartier du Gros-Caillou et son environnement - article ; n°4 ; vol.25, pg 1024-1065
43 pages
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1970 - Volume 25 - Numéro 4 - Pages 1024-1065
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Olivier Zunz
Étude du processus d'urbanisation d'un secteur de Paris : le
quartier du Gros-Caillou et son environnement
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 4, 1970. pp. 1024-1065.
Citer ce document / Cite this document :
Zunz Olivier. Étude du processus d'urbanisation d'un secteur de Paris : le quartier du Gros-Caillou et son environnement. In:
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 25e année, N. 4, 1970. pp. 1024-1065.
doi : 10.3406/ahess.1970.422340
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1970_num_25_4_422340ÉTUDE D'UN PROCESSUS D'URBANISATION :
Le quartier du Gros-Caillou à Paris
La recherche présentée ici n'a d'autre but que de vérifier dans l'histoire quel
ques impressions sur la ville et d'en quérir de nouvelles. Elle se propose de re
construire l'environnement dans lequel les hommes ont vécu, en restituant le
processus physique d'urbanisation d'un secteur de Paris. Analyser l'évolution du
tissu dont la ville est constituée permet de décrypter ses formes et de rendre intel
ligible les groupements, de saisir la logique urbaine toujours existante même lors
qu'elle prend sa forme la plus illogique.
C'est dans cet esprit qu'il me paraît intéressant de retracer les étapes de fo
rmation d'un secteur de Paris.
La perspective qui va du Palais de Chaillot à l'École Militaire intègre vér
itablement la Seine comme espace urbain. L'histoire pré-urbaine de cette pers
pective m'a amené à étudier le quartier du Gros-Caillou \ triangle qui s'étend du
Châmp-de-Mars à l'Esplanade des Invalides, limité au sud par les deux monuments et
au nord par la Seine. Pour mieux l'interpréter, j'ai dû en considérer, sur les deux
rives, les couronnes extérieures afin de ne pas l'isoler de la toile d'araignée urbaine.
Ce secteur d'étude présente plusieurs avantages : il est encore rural au
XVIIIe siècle ; on peut donc étudier toute sa formation en se limitant à deux
siècles d'histoire. Le spectacle y est permanent, et presque provocant. Il est traversé
par le fleuve. Les éléments monumentaux y sont nombreux et influencent direc
tement sa composition.
L'île et son rattachement à la berge : or/g/ne du processus d'ur
banisation
L'île des Cygnes avant la soudure et l'unification.
Dans ce décor, au milieu de la perspective en son état pré-urbanisé, un vaste
espace parcourt la distance des Invalides à la barrière de la Cunette, l'île des
Cygnes (carte 1).
* Ce travail n'aurait pu être conçu sans l'apport indispensable de la cartographe: Françoise
MALLET.
1. Quartier des Invalides avant 1860.
1024 LE QUARTIER DU GROS-CAILLOU O. ZUNZ
Le roi en fait don à la ville en 1 720, « pour être à l'avenir destinée aux déchi
rures de bateaux et à leur commerce qui se fait le long de la rivière, comme aussi
pour servir de dépôt, vente et port public pour les bois à ouvrer et à brûler que
les marchands forains font arriver du côté d'aval » 1. C'est une décision de salu
brité publique qui concerne l'économie générale de Paris ; c'est, en fait, une
décision d'urbanisme : il s'agit de repousser du « centre » vers la « périphérie »
les activités encombrantes, dangereuses, malodorantes... mais indispensables.
Phénomène permanent que ce transfert qui consiste à retirer simultanément de
la ville à la fois les sources de son alimentation et les édifices qui matérialisent
la domination pour en faire un ordinaire aggloméré.
Quarante-trois ans plus tard, recommencement : entre 1760 et 1775, le
nettoiement et la préparation des abattis et tripes de bœufs, vaches et moutons
qui se faisaient entre le pont Notre-Dame et le pont au Change et dans le quart
ier de l'ancienne place aux Veaux, sont aussi transférés à l'île des Cygnes (voir
carte n° 7).
Entre ces deux opérations fonctionnelles, la rive gauche est dotée de la
grandiose construction de Gabriel (1752-1757) ; l'École Militaire reste alors
un bloc monumental isolé, le Champ-de-Mars un immense terrain vague, la
Seine un dépotoir et l'île un espace utilitaire. L'idée d'une perspective et d'un
aménagement de l'esplanade en fonction du fleuve n'était pas encore dans les
esprits, sauf sans doute dans celui du constructeur.
La ville de Paris ne conserva pas longtemps la concession de toute l'île dans
son intégrité. Après la construction de l'École Militaire, l'esplanade, déjà très
vaste, fut encore agrandie jusque dans la partie occidentale de l'île : une plan
tation d'arbres traçait une ligne — visible sur la carte n° 7 — au travers de l'île
des Cygnes, prolongeant vers le nord l'avenue orientale du Champ-de-Mars
(avenue de La Bourdonnais). Sur ordre du roi, les prévôts des marchands et
échevins vendirent en 1773 à l'École Militaire toute l'aire située à l'ouest de cette
ligne 2. L'appellation « île des Cygnes » s'appliqua désormais plus couramment
à sa seule partie orientale, qui fut alors exhaussée. Il apparaissait nécessaire de
relever le terrain pour le garantir des inondations. L'autre moitié non exhaussée
s'abaissait vers la pointe d'aval.
Déplacement morphologique et phénomène conjoncturel.
L' « accrochage » de l'île à la berge — carte 2 — apparaît comme un phéno
mène d'osmose de première importance pour l'ensemble du quartier du Gros-
Caillou. L'observation des plans anciens apprend que le petit bras de la Seine
s'est comblé naturellement, selon un processus géographique normal. Tout
porte à le croire, la forme de l'île, le sens du courant, la nature des activités. Cette
impression est confirmée par les lettres patentes du 20 juin 1 773 qui autorisent
la ville de Paris à faire combler le canal qui sépare l'île des Cygnes du Gros-Cail
lou : « Le canal qui sépare cette île au lieu dit le Gros-Caillou s'est comblé en par
tie de manière que l'eau n'y a plus cours, sinon dans les crues considérables et
que dans l'été, elles y restent stagnantes et qu'il s'en exhale des vapeurs mal
saines. »
1. A.N., E 2013.
2. A.N., Q1 1281.
1025 APPROCHES
PLAINE
L'tLE DES CYGNES ET SON ENVIRONNEMENT (Taprët le pian de Roussel. 1730
0 100 200m
i/20 0 90 QUARTIER DU GROS-CAILLOU O. ZUNZ LE
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Illustration non autorisée à la diffusion
ENCEINTES
ET UNITES ANCIENNES
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« limite d'interdiction de bâtir bsrnée en
^^^^^ mmmmm dur construit d'enceinte de !784 dit â des 1791 Fermiers Généraux
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DIVISIONS ADMINISTRATIVES ACTUaLES
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1029
1028 C d'iprèi art» A. Srimayit complétée par M, Flwry ÎSt4 et rgnteign»m«nti J. Pront«»u
Françoise Hallet et Olivier lwz 1969 APPROCHES
L'acte prévoit que la surface récupérée appartiendra à la ville pour faciliter
l'urbanisation. « Le Champ-de-Mars trop resserré pourrait prendre une extension
suffisante. » « Le surplus d'un terrain aussi vaste devenir un nouveau
quartier. » * 1 773 marque donc le début de la volonté d'accrochage. Le proces
sus spontané et presque naturel devient compris dans un système volontaire.
En 1 773, on décida aussi de poursuivre la construction du quai d'Orsay com
mencé à l'est soixante-cinq ans auparavant (arrêt du Conseil en 1704) *. En
fait, le comblement du petit bras de la Seine n'a été véritablement achevé qu'avec
la seconde partie du quai d'Orsay, c'est-à-dire en 1812.
1773, 1812 sont les deux dates entre lesquelles s'inscrit l'accrochage de
l'île. Le petit bras de Seine d'abord, puis le quai sont les traces matérielles d'un
changement radical. L'accrochage signifie la fin de la vocation « dépotoir » de
l'île et aussi le changement du rôle de la Seine qui, d'un espace utilitaire, d'une
zone de décharge, devient un espace intégré dans la perspective, dont il autorise
e

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