Evaluation critique de la politique des drogues - article ; n°3 ; vol.7, pg 271-280
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Description

Déviance et société - Année 1983 - Volume 7 - Numéro 3 - Pages 271-280
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Louk Hulsman
Hilde Van Ransbeek
Evaluation critique de la politique des drogues
In: Déviance et société. 1983 - Vol. 7 - N°3. pp. 271-280.
Citer ce document / Cite this document :
Hulsman Louk, Van Ransbeek Hilde. Evaluation critique de la politique des drogues. In: Déviance et société. 1983 - Vol. 7 -
N°3. pp. 271-280.
doi : 10.3406/ds.1983.1380
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1983_num_7_3_1380Déviance et Société, Genève, 1983. vol. 7, No 3, pp. 271 -280 DEBAT
EVALUATION CRITIQUE
DE LA POLITIQUE DES DROGUES
L. HULSMAN* et H. van RANSBEEK*
1. Les drogues: définition et contexte
1.1. Avant de faire une analyse de la politique des drogues actuelles
et de ses conséquences, il est important d'expliciter ce que nous entendons
par drogues et usage de drogues.
Nous définirons les drogues comme des substances produisant un
changement de la conscience. En utilisant cette définition, nous faisons
tomber la distinction juridique entre drogues légales et illégales (l'alcool, le
tabac, le café, le chanvre indien, l'héroïne, le valium . . . ).
L'emploi de drogues n'est pas un phénomène nouveau. Au contraire,
c'est une habitude universelle dans le temps et l'espace. Les gens ont tou
jours cherché une manière de changer leur conscience. Pour cela, ils font
usage de plantes ou d'autres sources à leur disposition.
Chaque formation sociale1 a sa (ses) propre(s) drogue(s). Il est même
possible que, dans une formation sociale, il y ait des groupes qui optent cha
cun pour une drogue différente. Pour certains groupes de jeunes le «joint»
est le numéro un, tandis que d'autres groupes du même âge préfèrent une
petite bière. La façon d'employer une drogue peut varier de groupe en
groupe dans une même formation sociale. Ainsi, la majorité des femmes uti
lisent le tabac sous la forme d'une cigarette, alors que l'autre sexe fume
aussi des pipes et des cigares. La préférence donnée à une certaine drogue
est liée à la valeur qu'on lui donne, à la signification et à la fonction qu'elle
doit remplir dans le groupe et à l'effet qu'elle produit.
Autour de chaque substance existe un ensemble de codes et de rituels,
dans chaque formation sociale, qui règle son emploi et lui donne sa propre
signification.
1.2. Puisque l'usage des drogues est un phénomène si général, il est
évident que nous nous posons la question : Pourquoi tant de gens dans tant
de sociétés utilisent des drogues?
Le fait que l'usage des drogues a beaucoup d'effets positifs est une
réponse plausible à cette question : les drogues peuvent contribuer à la
jouissance, à l'amoindrissement du mal, à l'augmentation de l'activité ou de
la méditation, à rendre plus aisés les contacts sociaux . . .
A côté de ces effets positifs, peuvent aussi se présenter un certain
nombre de risques ou d'effets négatifs. En cas d'incrimination légale de
l'usage d'une drogue, on parle souvent d'«abus». Il est aussi possible
qu'une formation sociale définisse l'emploi d'une certaine drogue dans une
Erasmus Universiteit, Rotterdam.
271 autre formation sociale comme «abus». Un tel abus va de pair avec ce
qu'on appelle « des problèmes ». Il est éclairant de faire une distinction dans
la problématique des drogues. Il y a deux catégories de problèmes :
— Les gens peuvent individuellement éprouver des avec leur
emploi de drogues. Ils peuvent faire l'expérience de dégâts physiques :
des affections hépatiques par suite de l'emploi d'alcool, des affections
pulmonaires par suite de l'usage de tabac ... en sont des exemples
bien connus. Ils peuvent aussi connaître des problèmes psychiques.
Certaines psychoses peuvent se manifester à la suite de l'emploi
d'alcool ou de L.S.D. Les gens peuvent avoir la sensation de ne plus
pouvoir vivre sans la drogue et trouver que cette (la dépen
dance)2 est désagréable.
Ces problèmes peuvent causer de la souffrance dans l'entourage
immédiat du consommateur de drogues. La famille et les amis d'une
personne qui boit beaucoup d'alcool ou qui a un cancer du poumon
peuvent arriver dans une situation extrêmement difficile. L'emploi des
drogues peut aussi créer des problèmes pour l'entourage un peu plus
large du consommateur. L'alcoolisme des conducteurs, par exemple,
peut être un danger pour les autres usagers de la route.
Nous appelons les problèmes que nous avons énumérés jusqu'ici : les
problèmes primaires de la drogue. Ces problèmes sont liés à l'usage des
drogues et se présentent au consommateur lui-même, à son entourage
restreint ou large. Cette catégorie de n'est pas spécifique à
l'emploi d'héroïne, la cocaïne ou d'autres drogues illégales ; l'alcool,
le tabac et les produits pharmaceutiques peuvent provoquer des pro
blèmes primaires de cet ordre.
— La deuxième catégorie de problèmes est, par opposition à la première,
spécifique à l'usage de drogues illégales. Ce sont les problèmes secon
daires que les gens (et leur entourage restreint et large) rencontrent en
raison de la politique de drogues3.
Donc, la première catégorie des problèmes se produit indépendam
ment de la politique des drogues suivie, tandis que la deuxième catégorie
n'existerait pas si cette politique n'était pas appliquée.
La naissance d'une certaine politique des drogues est liée à la format
ion des Etats. Cette évolution a placé les groupes sociaux et leurs drogues
dans un autre contexte.
2. Les drogues et l'Etat
Les Etats industrialisés se sont mêlés de l'emploi des drogues sous des
formes différentes et à un degré toujours plus élevé.
Au début, l'intervention de l'Etat se bornait à la levée des impôts et
reposait sur le profit d'une telle intervention. Plus tard, l'intervention eut
lieu sous la forme d'une criminalisation de l'emploi de différentes subs
tances. La façon et la mesure dont les Etats ont appliqué cette criminalisa
tion étaient très diverses jusqu'à 1920. Les Pays-Bas et la France ne crimina-
272 pas ou peu, tandis que les pays Scandinaves et les pays anglo-saxons, lisent
notamment les Etats-Unis, le font dans une large mesure.
Très tôt, cette dernière nation a introduit le système pénal sur le ter
rain de l'alcool et de l'opium. En 1919, l'alcool a été prohibé pour une
période de quinze ans. L'introduction du système pénal sur ce terrain a
abouti à un échec. Très vite, le manque sur le marché, résultat de la prohibi
tion, a été comblé par la contrebande, les distilleries clandestines, cela
s'accompagnant de phénomènes de corruption de fonctionnaires, du crime
organisé, de la crminalité consécutive à l'illégalité des drogues (par exemp
le, vols) etc.
En résumé, la criminalisation de l'alcool a créé dans la société améri
caine les mêmes problèmes secondaires que nous connaissons aujourd'hui,
à la suite de la de l'héroïne et d'autres substances.
3. Les drogues : l'arrière-plan de leur criminalisation
Nous supposons que l'histoire de la internationale est
connue.
Nous rappellerons que les principaux caractères de cette histoire
sont : (1) le rôle dominant des Etats-Unis, (2) la croyance qu'une coopérat
ion internationale peut établir un contrôle effectif et (3) l'attention sélec
tive pour les drogues issues des pays du tiers monde.
En 1912, le premier traité était conclu. Une série d'autres suivit. La
criminalisation prit graduellement, quantitativement et qualitativement, une
autre forme dans les conventions. Ainsi, quantitativement; (1) de plus en
plus de pays ont pris part aux traités et les ont ratifiés, même des pays ne
définissant pas auparavant l'usage des drogues criminalisées dans les traités,
comme problématique et (2) de plus en plus de substances ont été inter
dites. Qualitativement: (1) Les appareils de contrôle sont devenus de plus
en plus spécialisés ; à l'intérieur de la police et de l'assistance socio-médicale
sont constitués des services qui s'occupent exclusivement des problèmes de
drogues; (2) le niveau de la pénalisation devient d

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