Evolution des prix relatifs dans les économies agraires européennes et théorie de l'équilibre général. - article ; n°1 ; vol.48, pg 55-74

Jean-Pascal Simonin

Description

Revue économique - Année 1997 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 55-74
This paper shows that the changes of relative commodity and factor prices in the agrarian European economies were not consistent with the results of the neo classical general equilibrium model. This model can produce the real changes of relative prices only if two additionnai hypothesis are introduced : the consumers become impoverished when the population is growing, the change from livestock farming to arable induced a decrease of the yields of arable land.
L'article rappelle les variations des prix relatifs des biens et des facteurs liées au rythme d'évolution de la population observées dans les économies agraires européennes avant la Révolution industrielle. Les explications traditionnelles des historiens économistes étant incomplètes, il est nécessaire d'analyser le problème en termes d'équilibre général. Les résultats du modèle standard sont cependant incompatibles avec certaines des variations observées des prix des biens. On démontre que le modèle d'équilibre général ne peut être réconcilié avec les varia­tions réelles des prix relatifs que si deux hypothèses sont introduites : l'augmenta­tion de la population et du facteur travail qui en résulte se traduit par un appauvrissement des consommateurs, l'augmentation de la production des céréa­les au détriment de l'élevage se traduit par une dégradation des conditions de pro­duction des céréales.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_ECONOMIQUE
• Publié le: 01 janvier 1997
• Nombre de lectures: 14
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Pascal Simonin
Evolution des prix relatifs dans les économies agraires
européennes et théorie de l'équilibre général.
In: Revue économique. Volume 48, n°1, 1997. pp. 55-74.
Abstract
This paper shows that the changes of relative commodity and factor prices in the agrarian European economies were not
consistent with the results of the neo classical general equilibrium model. This model can produce the real changes of relative
prices only if two additionnai hypothesis are introduced : the consumers become impoverished when the population is growing,
the change from livestock farming to arable induced a decrease of the yields of arable land.
Résumé
L'article rappelle les variations des prix relatifs des biens et des facteurs liées au rythme d'évolution de la population observées
dans les économies agraires européennes avant la Révolution industrielle. Les explications traditionnelles des historiens
économistes étant incomplètes, il est nécessaire d'analyser le problème en termes d'équilibre général. Les résultats du modèle
standard sont cependant incompatibles avec certaines des variations observées des prix des biens. On démontre que le
d'équilibre général ne peut être réconcilié avec les varia-tions réelles des prix relatifs que si deux hypothèses sont introduites :
l'augmenta-tion de la population et du facteur travail qui en résulte se traduit par un appauvrissement des consommateurs,
l'augmentation de la production des céréa-les au détriment de l'élevage se traduit par une dégradation des conditions de
pro-duction des céréales.
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Simonin Jean-Pascal. Evolution des prix relatifs dans les économies agraires européennes et théorie de l'équilibre général. In:
Revue économique. Volume 48, n°1, 1997. pp. 55-74.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1997_num_48_1_409863Evolution des prix relatifs
dans les économies agraires européennes
et théorie de l'équilibre général
Jean-Pascal Simonin*
L'article rappelle les variations des prix relatifs des biens et des facteurs liées
au rythme d'évolution de la population observées dans les économies agraires
européennes avant la Révolution industrielle. Les explications traditionnelles des
historiens économistes étant incomplètes, il est nécessaire d'analyser le problème
en termes d'équilibre général. Les résultats du modèle standard sont cependant
incompatibles avec certaines des variations observées des prix des biens. On
démontre que le modèle d'équilibre général ne peut être réconcilié avec les varia
tions réelles des prix relatifs que si deux hypothèses sont introduites : l'augmentat
ion de la population et du facteur travail qui en résulte se traduit par un
appauvrissement des consommateurs, l'augmentation de la production des céréa
les au détriment de l'élevage se traduit par une dégradation des conditions de pro
duction des céréales.
CHANGES OF RELATIVE PRICES IN AGRARIAN EUROPEAN
ECONOMIES AND GENERAL EQUILIBRIUM THEORY
This paper shows that the changes of relative commodity and factor prices in
the agrarian European economies were not consistent with the results of the neo
classical general equilibrium model. This model can produce the real changes of
relative prices only if two additionnai hypothesis are introduced : the consumers
become impoverished when the population is growing, the change from livestock
farming to arable induced a decrease of the yields of arable land.
Classification JEL : D58, N53
Les économies agraires européennes se sont caractérisées, avant la Révolut
ion industrielle, par des phases contrastées d'évolution des prix qui ont été le
plus souvent appréhendées du seul point de vue de l'évolution du niveau général
des prix : à une phase A de hausse succédait une phase B de stagnation ou de
déclin des prix, phases diversement expliquées par des différences de rythme de
l'afflux des métaux précieux ou de la croissance de la population ou par des
aléas climatiques. Ces phases ont été moins souvent étudiées du point de vue
des variations systématiques des prix relatifs des biens et des facteurs qui les
* Université d'Angers, Faculté de Droit, d'Économie et de Sciences sociales 11, Bd.
Lavoisier - 49045 Angers Cedex 01.
L'auteur remercie pour leurs remarques et suggestions Jean-Marie Le Page ainsi que
les deux rapporteurs de la Revue.
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Revue économique — Vol. 48, N° I, janvier 1997. p. 55-74. Revue économique
caractérisent. Selon l'essai de synthèse proposé par Slicher Van Bath ([1963],
p. 114-115 ; [1977], p. 55-56) ou par Bois ([1981], p. 356-360):
- en période d'expansion agricole associée à une croissance démographique,
telle que le XVIe siècle, les prix des céréales augmentent plus que les prix des
produits de l'élevage qui augmentent à leur tour plus que les prix des produits
manufacturés ; le salaire réel diminue tandis que la rente foncière et le prix de la
terre suivent le prix des grains ; la production et la consommation de céréales
augmentent au détriment de l'élevage.
- en période de stagnation démographique et agricole, telle qu'une grande
partie du XVIIe siècle, les prix des céréales baissent plus que les prix des produits
de l'élevage qui baissent à leur tour plus que les prix des produits industriels ; le
salaire réel augmente tandis que la rente et le prix des terres suivent le prix des
grains ; la production et la consommation des céréales diminuent au profit de
l'élevage .
Les schémas explicatifs de ces évolutions proposés par les historiens écono
mistes restent peu satisfaisants en raison de leur caractère partiel. La complexité
des relations mises en cause nécessite le recours à un modèle d'équilibre génér
al. Cependant, certains résultats du modèle standard (Jones [1965]) sont
incompatibles avec les évolutions constatées : si les variations des prix relatifs
des facteurs et celles de l'ensemble des prix agricoles par rapport aux prix indust
riels sont conformes à la réalité, le prix relatif des céréales par rapport aux pro
duits de l'élevage devrait selon le modèle diminuer, au lieu d'augmenter, en
période d'expansion démographique et il devrait augmenter, et non diminuer, en de déclin démographique. Cet article a pour objet de montrer que les
résultats du modèle d'équilibre général ne peuvent être réconciliés avec les évo
lutions réelles des prix relatifs que si deux hypothèses sont introduites :
- l'augmentation du rapport travail/terre consécutif à l'accroissement de la
population se traduit par une diminution du revenu réel par tête qui accroît la
demande des céréales par rapport à la viande. La diminution de ce rapport a
l'effet inverse ;
- l'augmentation de la culture des céréales au détriment de l'élevage se tra
duit par une dégradation des conditions de production des céréales, c'est-à-dire
une augmentation des quantités de facteurs nécessaires pour obtenir une pro
duction donnée.
Ces deux hypothèses sont conformes aux approches « néo-malthusiennes »
ou « pan-démographiques » dans lesquelles le facteur démographique joue un
rôle moteur dans l'évolution des économies agraires européennes, ce qui semble
confirmer la validité de ces approches.
1 . De très nombreux travaux mettent en évidence ces phases d'évolution des prix relat
ifs. En plus de Bois et Slicher Van Bath, on peut, à titre d'exemples, citer Abel [1973],
Baulant [1976], Phelps-Brown et Hopkins [1957, 1959], Weir [1991]. Pour une vue
contraire sur l'évolution de la rente, voir Le Roy Ladurie [1969].
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Revue économique — Vol. 48. N° I, janvier 1997, p. 55-74. Jean-Pascal Simonin
LES LIMITES DES APPROCHES TRADITIONNELLES
DE L'ÉVOLUTION DES PRIX RELATIFS
L'explication traditionnelle la plus complète est celle de Sucher Van Bath
([1963], p. 115-128 ; [1977], p. 51-57) qui met l'accent sur le rythme de l'évolu
tion démographique. Une forte croissance de la population entraîne un accroi
ssement de la demande des différents biens dont les prix augmentent. La hausse
la plus forte est celle du prix