Existence d un secteur agricole et unité de l économie - article ; n°5 ; vol.13, pg 802-840
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Description

Revue économique - Année 1962 - Volume 13 - Numéro 5 - Pages 802-840
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1962
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Louis Reboud
Existence d'un secteur agricole et unité de l'économie
In: Revue économique. Volume 13, n°5, 1962. pp. 802-840.
Citer ce document / Cite this document :
Reboud Louis. Existence d'un secteur agricole et unité de l'économie. In: Revue économique. Volume 13, n°5, 1962. pp. 802-
840.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1962_num_13_5_407528EXISTENCE D'UN SECTEUR AGRICOLE
ET UNITE DE L'ECONOMIE
Au cours des derniers mois, nous avons vu le président des Etats-Unis
adresser au Congrès un message sur les problèmes agricoles; peu avant, le
président de l'U.R.S.S. avait visité plusieurs exploitations agricoles russes,
se préoccupant notamment du problème du maïs. En même temps, la
mise en chantier d'une politique agricole commune semble être la principale
pierre d'achoppement de la Communauté Economique Européenne, pendant
qu'en France, l'actualité se charge de nous rappeler presque quotidienne
ment ce qu'il est convenu d'appeler le « malaise paysan ». Il semble ainsi
que l'existence d'un secteur agricole pose des problèmes dans tous les pays
développés.
Précisons sans attendre que nous aborderons ici les problèmes soulevés
par l'existence d'un secteur agricole dans les seuls pays développés. Non
certes que l'agriculture n'offre pas matière à étude dans le cas des pays
sous- développés, mais les difficultés à surmonter y sont généralement affé
rentes à une production trop faible pour satisfaire aux besoins de la popul
ation et aux besoins d'une économie en formation. En revanche, les
problèmes agricoles en pays développés sont le plus souvent ceux résultant
d'une surproduction.
Dans le même sens, il est nécessaire de distinguer les économies capi
talistes des économies collectivistes planifiées. Ces dernières ont également
à faire face, dans bien des cas, à l'insuffisance d'une production agricole
plutôt qu'à une pléthore. Au demeurant, les différences de structures qui
existent entre les pays capitalistes évolués et les pays collectivistes ne nous
autoriseraient pas à envisager une réponse univoque à la question de savoir
dans quelle mesure l'existence d'un secteur agricole rompt l'unité de
l'économie.
Dans le cas des pays de capitalisme évolué, qui seul nous retiendra
donc ici, il s'agit en réalité d'un problème ancien. Depuis la révolution EXISTENCE D'UN SECTEUR AGRICOLE 803
industrielle, depuis que l'agriculture n'est plus seule source de richesse
pour l'ensemble de l'économie, le secteur agricole jouit d'une fâcheuse
réputation. En effet, il obéit à un rythme spécifique qui semble le rendre
inapte à épouser celui de l'économie nationale, lorsque le secteur industriel
a pris la place principale. Il est donc normal que, dès le moment où l'on
a commencé à prendre conscience des mouvements cycliques de l'activité
économique, on ait été tenté d'en rechercher la cause dans l'existence de
ces rythmes propres à l'agriculture. Des saisonniers dus aux
cycles solaires, à une explication des cycles par des variations de rende
ments agricoles résultant d'influences astronomiques, la filiation est logique.
En 1875, avec Stanley Jevons, le père, on recherche la liaison entre le
cycle solaire et le prix du blé. Ces recherches se poursuivent avec Stanley
Jevons, le fils, et surtout avec Moore. Mais le véritable problème est de
passer de la notion de cycle agricole à celle de cycle de l'économie en
général. Les explications de ce passage diffèrent alors. Les uns, comme
Pigou, Robertson ou Kirk, s'intéressent principalement à l'élasticité de la
demande de produits agricoles; les mêmes, comme Kirk, ou d'autres,
comme Haberler, examinent l'influence des variations de récoltes sur l'i
nvestissement et l'épargne. On est alors conduit à introduire des distinctions
multiples, des nuances nombreuses pour suivre les détours des réactions
de l'agriculture sur l'économie générale ; et, en définitive, avec Timoshenko,
Dupriez, Hansen, Fromont et d'autres auteurs, nous sommes amenés à
penser « que la généralisation d'un prétendu cycle agricole indépendant
n'est pas du tout certaine» (1).
Au demeurant, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la réalité
des fluctuations cycliques tend à s'estomper. A la préoccupation de l'att
énuation de ces mouvements périodiques a fait place le souci de maintenir
un certain taux de croissance économique et, lorsque aujourd'hui des réces
sions viennent marquer, par des paliers, la courbe ascendante du produit
national, il ne viendrait guère à l'idée d'en rendre responsable l'irrégu
larité des rendements agricoles. En revanche, dans la grande rivalité
actuelle entre l'Est et l'Ouest au sujet des taux de croissance, il ne serait
pas étonnant que certains tentent de rendre le secteur agricole responsable
de la faiblesse relative des taux obtenus dans certains pays capitalistes
évolués.
1. H. Guitton, Les fluctuations économiques, Sirey, 1951, p. 205. Sur
l'ensemble du problème agriculture et cycle, idem, pp. 199 à 206. REVUE ÉCONOMIQUE 804
Car c'est bien ainsi que se pose aujourd'hui le problème : n'est-ce
pas 1 existence d'un secteur agricole qui ralentit la croissance, en rompant
l'unité de l'économie ? L'unité de l'économie ne doit-elle pas, en effet,
se mesurer au regard de la croissance ? N'est-elle pas assurée par un
parallélisme du progrès de chaque branche, de chaque secteur économique,
en fonction d'un processus convergent ? Certes, certains secteurs pro
gressent plus vite que d'autres. Ils jouent alors le rôle de forces motrices.
Us entraînent l'ensemble du système et en définissent l'évolution (2). Mais
l'unité de l'économie se caractérise justement par cette faculté d'adaptation
de l'ensemble à l'impulsion des éléments moteurs; et cette unité sera rompue
chaque fois qu'une secteur économique ne sera pas à même d'effectuer
cette adaptation. En termes plus généraux, on peut dire que l'unité de
l'économie se définit comme une capacité homogène de réponse aux pro
vocations de l'ambiance, en fonction d'un processus convergent. Il faut
alors se demander dans quelle mesure le secteur agricole respecte cette
homogénéité.
Différents exemples se présentent alors.
Certains pays peuvent être classés comme « pays agricoles » (3). Il s'agit
essentiellement de l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada et le Dane
mark. L'appellation « pays agricoles » ne veut pas dire que l'économie de
ces pays soit fondée exclusivement sur l'agriculture. Cette dernière ne
représente que 20 à 25 ]C/c du revenu national de ces pays. Mais il s'agit
d'économies dans lesquelles l'agriculture constitue le « secteur-guide »,
l'élément moteur de la croissance du pays. Il n'y a pas alors chez eux
(du moins pas encore) de problème de rupture de l'unité de l'économie
en raison de l'existence d'un secteur agricole, puisque c'est ce secteur
agricole qui imprime son rythme propre à l'économie nationale tout entière ;
économie qui est d'ailleurs étroitement dépendante du développement éc
onomique mondial puisque les pays ci-dessus sont les principaux exportateurs
agricoles mondiaux.
A l'opposé, nous trouvons des pays de capitalisme évolué qui ont dél
ibérément, et souvent depuis des périodes fort anciennes, sacrifié leur agri-
2. Sxir l'action des forces motrices dans l'évolution des systèmes, on
pourra voir : A. Marchai.. Systèmes et structures économiques, P.U.F.,
(« Thémis»), 1959. pp. 557 et suiv.
3. M. Latil. L'évolution du revenu agricole, A. Colin, 1956, pp. 25 et
suiv., 184 et suiv. EXISTENCE D'UN SECTEUR AGRICOLE 805
culture pour axer leur économie sur le développement de l'industrie et du
commerce. Le cas le plus typique à cet égard est celui de l'Angleterre, dont
l'agriculture ne représentait plus, entre les deux guerres, que 3 à 4% du

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