Folk-lore du Haut-Amazone. - article ; n°1 ; vol.24, pg 121-146
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Description

Journal de la Société des Américanistes - Année 1932 - Volume 24 - Numéro 1 - Pages 121-146
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1932
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marquis de Wavrin
Folk-lore du Haut-Amazone.
In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 24 n°1, 1932. pp. 121-146.
Citer ce document / Cite this document :
Marquis de Wavrin. Folk-lore du Haut-Amazone. In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 24 n°1, 1932. pp. 121-146.
doi : 10.3406/jsa.1932.1847
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jsa_0037-9174_1932_num_24_1_1847FOLK-LORE DU HAUT-AMAZONE,
Par le Marquis de WAVRIN.
Légendes des Ahuarunos (Awahun).
Le feu. — L'oiseau-mouche avait froid. Il arriva tout transi à une
hutte, où il y avait du feu. Les habitants remarquèrent qu'il s'approchait
trop de la flamme, mais lui s'en rapprochait de plus en plus. Eux, peines
de voir qu'il allait se brûler, l'éloig-naient et le poussaient un peu en
arrière, mais il s'obstinait à se rapprocher ; eux le repoussaient de nou
veau, il se rapprochait plus encore. Par inadvertance, il mit sa queue
dans la flamme, se brûla et s'envola, la queue toute en feu.
Gomme il volait ainsi avec la queue enflammée, il rencontra des arbres
secs et partout où il se posa, il mit le feu. C'est ainsi .que les Indiens
connurent le feu.
Le manioc. — Les anciens ne connaissaient pas le manioc, leur nour
riture était composée de fruits d'une liane, le « washik », lorsqu'ils tom
baient. Illes fallait bien soigner ; etcomme ils n'avaient pas de feu, ils les
réchauffaient sous leurs bras (tsukap, sous-bras). A force de. tant les
chauffer ainsi dans leurs sous-bras, les enfants attrapaient la lèpre
« kutchap » et beaucoup en mouraient.
Alors, une femme, qui allait à travers la forêt à la recherche de ce
fruit, arriva à un ruisseau qu'elle voulut traverser. En le passant, elle
trouva une branche de manioc et en fut fort surprise : « D'où peut venir
cela? » Elle suivit le ruisseau afin de voir d'où ça pouvait être venu. Elle
arriva de la sorte en un endroit où elle vit une femme, qui était occupée
à peler du manioc sur la rive. Toute surprise, elle lui dit : « Que fais-tu,
sœur, que pèles-tu là ?» — « Je pèle du manioc », répondit l'autre. Alors
celle-ci lui dit : « C'est cela le manioc ? J'ai entendu dire que jadis il exis
tait du manioc. Donne-m'en un peu, pour que j'en sème moi aussi. » La
femme répondit : « Je ne puis t'en donner, mais je vais te donner un
talisman. » Et elle lui donna un enfant, en lui disant d'en faire ce qu'elle
voudrait. « Demande du « masato », demande du manioc, demande ce
que tu voudras, avec cela tu auras ce que tu désireras. » 122 SOCIÉTÉ DES AMÉRICAMSTES
Alors la femme retourna chez elle, et quand elle arriva à sa maison,
avec l'enfant, elle lui demanda une urne de « masató » et une mar
mite de manioc cuit. Son mari, qui avait été cKassér 'dans la forêt, rentra
affamé ; elle lui présenta le masato. « Qu'est cela? » lui dit le mari —
« Prends-le simplement en silence », lui dit-elle. Le mari but le masato.
Dès lors, ils vécurent bien de la sorte, buvant le masato et mangeant tout
ce qu'ils désiraient.
La femme dit : «Je vais appeler les- diables. » Elle appela les diables
qui lui volèrent l'enfant... C'est pourquoi ils l'ont perdu, ils ne l'ont plus,
mais ils ont gardé le manioc.
Les Dieux du Pongo. — Gumpana habitait le Pongo avec sa femme ;
ils vivaient au sommet de la montagne qui domine la rive droite. En face
de là, sur le qui domine l'autre rive, quelque peu en amont,
habitait Ataghus (dieu), ils se causaient entre eux, se voyaient sans cesse,
se parlaient tous les jours.
Un jour, la femme de Cumpana était descendue au bord de l'eau pour
laver les vêtements. Tandis qu'elle les frottait, Ataghus survint et la vit.
Sa jambe était nue. Dans cette position il remarqua toute sa jambe, et
plus haut. Alors, il lui dit qu'elle devait lui appartenir, qu'il la voulait :
« J'ai désir de Loi, je te veux, tu te coucheras avec moi. » — « Je ne puis,
car Cumpana est mon mari. » — « Cela n'empêche ; tu habiteras avec lui
mais viendras me trouver. »
De ces rapports, la femme devint enceinte d'Apaghus. Quand Cump
ana la vit dans cet état, il comprit, se fâcha, la frappa (la blessa à la
tête de coups de couteau, selon leur façon usuelle) et dit : « Je ne reste
plus par ici. »
II s'en fut vivre au loin, emmenant toutes ses femmes.
Apaghus continua à appeler la femme ; mais l'endroit était vide ; et il
se lamenta. Une pirogue d'Awahun descendit pour pêcher. Elle fut
brisée et tous ceux qui la montaient périrent. Ainsi furent détruites
toutes les embarcations qui se risquaient dans cet endroit. Elles étaient
brisées dans les tourbillons, et ceux qui les montaient étaient noyés.
L'odeur des cadavres devint insupportable. « Je ne puis plus vivre ici ;
je m'ennuie depuis le départ de Cumpana et la mauvaise odeur est
intenable. » II monta au ciel en jetant au Pongo ses caisses, parce qu'il
partait pour ne plus revenir. Les grosses pierres, saillantes au bord de
l'eau, sont les caisses qu'il jeta.
Variante. — A la rive du Pongo vivait un « panghi » (un boa)
dans une caverne de la montagne de Wakanki. Il existe encore DU HAUT-AMAZONE . 123 FOLK-LORE
là un oranger. Là, un Dieu se disputait sans cesse avec un autre, qui habit
ait en haut de la rive d'en face. Ils se querellèrent, se battirent, et depuis
lors le Pongo s'ouvrit un passage. Auparavant, le Maraňon ne passait
pas là.
Le soleil. — Le soleil est un homme. Il avait de nombreuses femmes,
de la famille des grenouilles (quant à leur aspect). Il vivait avec elles en
bonne harmonie. Tandis qu'il était à la chasse, l'une d'elles, en voulant
sauter, se blessa et se rompit la jambe en tombant d'un tronc qui bas
cula. Elle cria: « how ».Elle voulut rire et dire : « Ha, ha, Aay », comme
rient les femmes ; mais ne put que dire : « How, how », comme la gre
nouille qui se fait entendre lorsqu'il va pleuvoir.
Le soleil fut de nouveau à la chasse et ordonna à une de ses femmes
de préparer des haricots pour son retour. Cette femme remplit une mar
mite de haricots qu'elle mit à cuire. En cuisant, leur volume augmenta et
la marmite déborda. En voulant les empêcher de tomber, elle brisa" le
récipient. Quand le soleil rentra affamé, il ne trouva que le désastre
causé par cette femme et la réprimanda. « Inutile, je t'ai dit de cuisiner
parce que je pensais bien que j'aurais faim en rentrant et tu n'as fait que
détruire toute la provision de mikka. Je ne t'avais pas dit de préparer
le tout, mais seulement autant qu'il en fallait pour manger à présent. Par
ta faute tout est perdu. »
Une autre fois, comme il était encore parti pour la chasse, il lui
ordonna d'arracher les mauvaises herbes et de préparer des « pifayos » *.
A son retour, il la trouva encore occupée à détruire les herbes. Rebuté de
tant de stupidité, il posa une planche à broyer la yuca pour le masato
sur une plante de pifayo, sur les feuilles. Là-dessus, il posa encore un
panier et monta sur le tout lui-même. Rapidement l'arbre grandit et il
s'en fut au ciel. Ceux qui cherchaient à grimper ne pouvait y réussir et
tombaient. C'est en vain qu'on essaya d'abattre l'arbre ; on ne parvint
pas non plus à rappeler le soleil. C'est pourquoi le soleil est resté là-haut.
La pluie. — La pluie est un homme. Il pleuvait par trop. Alors un
guerrier s'en fut pour le combattre. Il rencontra la « Pluie », ne le recon
nut pas et lui dit i « N'as-tu pas vu la Pluie, je vais la tuer. » — « Si, elle
vient par là ; attends-la et tu la verras arriver bientôt. » L'autre attendit
et l'averse passa, elle s'en fut en grondant et accompagnée de tonnerre,
vers les montagnes. Le guerrier se rendit compte qu'il avait été dupé. Il
poursuivit la pluie, mais sans jamais parvenir à la rejoindre.
1. Fruil d'un palmier dont les Indiens font également du masato ; ils appellent ce
palmier : « uyae ». 124 . SOCIÉTÉ DES AMÉRICANISTES
Déluge. — Interrogés, tous les Indiens me répondirent qu'ils n'avaient
pas connaissance d'un déluge; que leurs ancêtres n'avaient jamais parlé
d'une grande inondation. Par contre, tous savaient seulement que cer
tains hommes disent que les anciens, les vieux, parlaient d'une terrible

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