Golem, Robot et Chvéïk : trois doubles pragois - article ; n°1 ; vol.58, pg 25-38
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Description

Revue des études slaves - Année 1986 - Volume 58 - Numéro 1 - Pages 25-38
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Sergio Corduas
Golem, Robot et Chvéïk : trois doubles pragois
In: Revue des études slaves, Tome 58, Fascicule 1. Tome 58. pp. 25-38.
Citer ce document / Cite this document :
Corduas Sergio. Golem, Robot et Chvéïk : trois doubles pragois. In: Revue des études slaves, Tome 58, Fascicule 1. Tome 58.
pp. 25-38.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1986_num_58_1_5541ROBOT, CHVÉÏK : GOLEM,
Trois doubles pragois
PAR
SERGIO CORDUAS
PRÉAMBULE
Cette étude ne se propose pas d'apporter d'importantes nouveautés aux études
hébraïques au sens strict, ne serait-ce que parce que je n'ai pas les compétences
voulues. Elle n'entend pas non plus présenter une analyse proprement littéraire,
tant du personnage de Hašek que de celui de Čapek. En troisième lieu, elle ne se
propose pas non plus d'ajouter simplement Chvéïk au couple Golem — Robot.
Appliquant la loi qui veut que le tout est différent de la somme de ses parties,
elle entend si possible proposer un tout — une trinité ou une triade, comme on
voudra — qui comporte certes une part inévitable d'arbitraire, mais sur lequel il
ne me semble pas inutile de s'arrêter.
Pour faire peut-être surgir quelques nouveautés, je tenterai — non sans
fondement, je l'espère — de mettre en relation entre eux un fait relevant de la
culture pragoise -juive (le Golem), un fait relevant de la culture pragoise -pragoise
(Joseph Chvéïk) et un fait relevant de ce que j'appellerai avec Čapek la culture
pragoise -universelle (le Robot). Mon but est de mettre en évidence un aspect
peut-être nouveau de la tendance qu'a la culture (et pas seulement la culture)
« mittel- européenne » à fixer sous forme de types - différents mais connexes —
les nécessités symboliques et représentatives de l'homme ; sans être l'apanage
exclusif des milieux juifs ou mittel- européens, celles-ci trouvent notamment à
Prague une formulation particulièrement heureuse : ces « types » demeurent —
et se transmettent à nos cultures et aux autres en conservant une grande capacité,
non seulement à être « étudiés » d'une manière archéologique, mais encore à être
véritablement « utilisés » d'une façon active, comme suffit à le montrer, pour
Chvéïk, une brève halte dans une brasserie pragoise, ou la lecture d'un livre de
Bohumil Hrabal.
Il va de soi que pour une large part je considérerai comme acquis le lien
entre Golem et Robot1 : il est de fait évident, et bien étudié ; je renvoie à
1. Par Golem, avec majuscule, j'entends celui de Prague. Par Robot, avec majuscule et à
prononcer avec le « t » final, j'entends celui de Čapek. Par robot, avec minuscule et à prononcer
Rev. Etud. slaves, Paris, L VIII/ 1, 1986. p. 25-38. 26 S. CORDUAS
Ripellino1 , tout en ajoutant d'emblée que les implications de ce lien sont loin d'être
épuisées par ce qui en a été dit. Je diviserai mon étude en sept parties, tant pour des
raisons de clarté que par respect pour mon objet de recherche.
GOLEM
Je rappelle que je n'ai pas dans les études hébraïques les compétences nécessaires
pour découvrir des nouveautés. On comprendra que pour moi le Golem est celui de
Prague2 . Sans méconnaître les innombrables tentatives de construction d'un Golem,
je partirai de la légende qui a pour centre « ce Golem qu'il y a fort longtemps le
rabbin Low de Prague a pétri, se servant de pleurs, de malheurs et d'argile », comme
l'a dit l'écrivain Bohumil Hrabal au cours d'une interview sur Hašek et Kafka qui
aurait pu constituer une excellente contribution au colloque consacré à Jaroslav
Hašek dont relève cette étude3 . Je pourrais aussi citer une autre source moderne qui
récrit les anciennes et dire que je pars du Golem qui devait aider le rabbin pragois à
défendre les juifs et qui naquit comme « créature vivante » à partir des « quatre
éléments» : de la terre, du feu, de l'eau et de l'air ; il ressemblait à l'homme au point
qu'on ne pouvait pas l'en distinguer ; une chose toutefois lui manquait : le Golem
n'avait pas la parole, parce que le sage rabbin lui-même n'avait pas la maîtrise de
tous les secrets et le secret de la parole est de tous les secrets le plus grand4 ».
Le précédent polonais du Golem ne revêt pas dès lors une grande importance ici
(il ne semble d'ailleurs pas que le dernier livre que je connaisse sur la question dis
sipe les doutes sur l'authenticité du texte de Rosenberg)5 . Il convient toutefois que
je précise que, parmi les nombreuses acceptions divergentes du Golem en général,
je privilégie celle du cabaliste sefardi Moses Cordovero (de 1548)6, pour des
raisons d'affinités de noms, mais aussi parce qu'elle me semble la plus équilibrée.
Cela vaut notamment pour la question de l'âme et de la parole du Golem.
Les sept principales légendes du Golem pragois (elles ne pouvaient être que sept)
sont connues7 ; on les trouve en partie chez Ripellino8. Je me contente d'en
extraire quelques éléments particuliers — ceux qui sont pour moi les plus import
ants et les plus pertinents — sans pour l'instant les mettre en relation.
- Provenant des légendes.
Le Golem pragois porte le schem (le plus souvent sous la langue, ou bien sur le
front ou sur la poitrine) et non pas le tétragramme 'EMET sur le front. Cet être
(ou cette chose ?) ne parle pas, il n'a pas le don de la parole ; toutefois il (ou ça ?)
peut écrire. П (ou ça ?) peut être invisible, si le rabbin lui met un collier en peau
en anglais ou en français, j'entends les automates, les mécanismes et les ordinateurs. Le golem
avec minuscule, enfin, est n'importe quel golem, pragois ou autre.
1. Cf. K. Čapek, R.U.R., Torino, 1971, « Nota » de A. M. Ripellino, p. 173-183.
2. Pour le Golem pragois, je renvoie à la littérature citée par A. M. Ripellino dans Praga
magica, Torino, 1973, p. 157-187, et à G. Scholem, The idea ofthe Golem et On the Kabbalah
and its symbolism, London, 1965, p. 203.
3. Cf. « L'ironia praghese : Hašek е Kafka », interview en appendice à B. Hrabal, Třeni
strettamente sorvegliati, Roma, Edizioni e/o, 1982, p. 107-115.
4. Cf. V. Cibula, Praïské povesti (Légendes pragoises), Praha, 1972, p. 242.
5. Cf. G. Winkler, The Golem of Prague : An historical and literary investigation of an
Old Bohemian legend, New York, Judaica Press, 1980.
6. Cf. Scholem, op. cit., p. 194.
7. Cf. Cibula, op. cit., p. 241-253.
8. Cf. Ripellino, Praga magica, op. cit., p. 157-187. ROBOT, CHVÉÏK 27 GOLEM,
de daim. En obéissant, il va outre-mesure dans les services qu'il rend. Il peut empêc
her un mariage entre frère et sœur. Il a donné lieu, à travers un oubli du rabbin
Lôw, à l'usage, propre exclusivement à la synagogue de Prague, de lire toujours
deux fois le Psaume 921 . Le processus de création du Golem est réversible. Quand
est rompu l'équilibre qui tient le Golem, il intervient souvent une femme dans la
légende, au moins comme cause apparente (peu importe que le Golem la désire
ou non).
— Provenant de la littérature.
Puisqu'elle est illimitée, j'en prends seulement deux éléments : un Golem-auto-
mate métallique qui « imite le langage humain » (Vrchlický, cité par Ripellino) 2 , et
au moins deux/лмх littéraires"* .
Parmi les interprétations de la légende golémique, je relèverai celles qui
sont les principales et les plus sommaires : il ne fait pas de doute qu'en premier
lieu le Golem est un double* ; Dieu est à l'homme (que ce soit Adam ou Abraham)
ce que le rabbin est au Golem ; la création du Golem est un acte de défense, ou
bien c'est au contraire un acte d'orgueil — révolte et négation de Dieu (Zolla) ; le
Golem a enfin à voir avec le monstre, avec l'apprenti-sorcier, ainsi qu'avec le ser
viteur. Ce sont là des choses connues qui gardent pour moi leur pertinence même
si elles proviennent de textes d'origines géographiques et d'époques différentes.
ROBOT
Les choses sont ici connues, mais pas dans leur totalité. Pour ce qui est connu,
je renvoie encore à Ripellino5 . D va de soi que je n'ai malheureusement pas grande
compétence en matière de « robot », si l'on entend par là les machines et appareils
produits par la science contemporaine, de la machine à laver à l'ordinateur. En
revanche, s'a

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