Habitat et modes de vie. La cohabitation des groupes sociaux dans un ensemble H.L.M. - article ; n°4 ; vol.22, pg 523-547

Michel Pinçon

Description

Revue française de sociologie - Année 1981 - Volume 22 - Numéro 4 - Pages 523-547
Michel Pinçon : Habitat et modes de vie. La cohabitation des groupes sociaux dans un ensemble H.L.M.
A partir d'observations et d'interviews l'article met en évidence les différences, voire les contradictions qui opposent, dans un ensemble H.L.M., les modes de vie des classes moyennes et des classes populaires. Alors que les premières bénéficient d'un contexte qui leur permet d'investir efficacement leur capital culturel dans les équipements, les secondes ne parviennent pas à s'approprier leur espace résidentiel. Les ménages appartenant aux classes populaires cherchent alors à partir, à fuir un habitat où ils n'ont pas véritablement leur place, leurs difficultés matérielles les contraignant parfois à le subir.
Michel Pinçon : Housing and way of life. Cohabitation of social groups in a low-rate housing block.
This article uses observations and interviews to point out the differences, and at times ihe contradictions, existing in a low-rate housing block between the ways of life of its middle and lower class tenants. Whereas the first group is in a position to invest its cultural capital effectively in the housing facilities, the second fails in the attempt to appropriate its living space. The lower-class families then try to get away from a type of housing which they cannot really make their own and which they are at times forced to put up with for financial reasons.
Michel Pinçon : Wohnung und Lebensweise : das Zusammenleben von sozialen Gruppen in einer Wohnsiedlung (HLM).
Gestützt auf Beobachtungen und Interviews unterstreicht der Aufsatz die Unterschiede bis zu den Widersprüchen, die in einer Wohnsiedlung die Lebensweise der mittleren und unteren Klassen gegentiberstellen. Während die mittleren Klassen von den Gegebenheiten profitieren, die ihnen erlauben ihr kulturelles Kapital wirkungsvoll in die Einrichtungen zu investieren, gelingt es den unteren Klassen nicht, sich ihren Wohnraum anzueignen. Somit suchen die Haushalte der unteren Klasse, wegzuziehen und einen Wohnraum zu verlassen, wo sie nicht ihren eigentlichen Platz haben und wo materiellen Schwierigkeiten sie manchmal zwingen, auszuhalten.
Michel Pinçon : Habitación y modos de vida. La cohabitation de los grupos sociales en casas de vecindad de alquiler poco elevado.
Basándose en observaciones y entrevistas evidencia el articulo las diferencias y hasta las contradicciones que oponen en un grupo de casas de alquiler poco elevado los modos de vida de las clases medianas y de las clases populares. Cuando aprovechan las primeras un contexto que les permite meter con eficacia su capital cultural en equipos, no logran los segundos apropiarse su espacio residencial. Los matrimonios que pertenecen a las clases populares tratan de irse para huir de una habitación en que no ocupan verdaderamente su puesto pero sus dificultades materiales les obligan a veces a aguantarla.
Michel Pinçon : Жилище и образ жизни : сожительство различных социальных групп в домах с умеренной квартплатой (ДУК).
Опираясь на обследования и интервью, в статье выявляются различия или даже противоречия, противопоставляющие в ДУК образ жизни средних и народных классов. В то время, когда первым благоприятствует контекст, позволяющий эффективно использовать свой культурный багаж в экипировке, вторым же не удается обжить свою площадь. Семьи, принадлежающие народным классам, стараются тогда уйти, избежать жилища, в котором для них нет настоящего места, и материальные трудности вынуждают иногда их переносить.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_SOCIOLOGIE
• Publié le: 01 janvier 1981
• Nombre de lectures: 20
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Monsieur Michel Pinçon
Habitat et modes de vie. La cohabitation des groupes sociaux
dans un ensemble H.L.M.
In: Revue française de sociologie. 1981, 22-4. pp. 523-547.
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Pinçon Michel. Habitat et modes de vie. La cohabitation des groupes sociaux dans un ensemble H.L.M. In: Revue française de
sociologie. 1981, 22-4. pp. 523-547.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1981_num_22_4_3447Résumé
Michel Pinçon : Habitat et modes de vie. La cohabitation des groupes sociaux dans un ensemble H.L.M.
A partir d'observations et d'interviews l'article met en évidence les différences, voire les contradictions
qui opposent, dans un ensemble H.L.M., les modes de vie des classes moyennes et des classes
populaires. Alors que les premières bénéficient d'un contexte qui leur permet d'investir efficacement leur
capital culturel dans les équipements, les secondes ne parviennent pas à s'approprier leur espace
résidentiel. Les ménages appartenant aux classes populaires cherchent alors à partir, à fuir un habitat
où ils n'ont pas véritablement leur place, leurs difficultés matérielles les contraignant parfois à le subir.
Abstract
Michel Pinçon : Housing and way of life. Cohabitation of social groups in a low-rate housing block.
This article uses observations and interviews to point out the differences, and at times ihe
contradictions, existing in a low-rate housing block between the ways of life of its middle and lower class
tenants. Whereas the first group is in a position to invest its cultural capital effectively in the housing
facilities, the second fails in the attempt to appropriate its living space. The lower-class families then try
to get away from a type of housing which they cannot really make their own and which they are at times
forced to put up with for financial reasons.
Zusammenfassung
Michel Pinçon : Wohnung und Lebensweise : das Zusammenleben von sozialen Gruppen in einer
Wohnsiedlung (HLM).
Gestützt auf Beobachtungen und Interviews unterstreicht der Aufsatz die Unterschiede bis zu den
Widersprüchen, die in einer Wohnsiedlung die Lebensweise der mittleren und unteren Klassen
gegentiberstellen. Während die mittleren Klassen von den Gegebenheiten profitieren, die ihnen
erlauben ihr kulturelles Kapital wirkungsvoll in die Einrichtungen zu investieren, gelingt es den unteren
Klassen nicht, sich ihren "Wohnraum" anzueignen. Somit suchen die Haushalte der unteren Klasse,
wegzuziehen und einen zu verlassen, wo sie nicht ihren eigentlichen Platz haben und wo
materiellen Schwierigkeiten sie manchmal zwingen, auszuhalten.
Resumen
Michel Pinçon : Habitación y modos de vida. La cohabitation de los grupos sociales en casas de
vecindad de alquiler poco elevado.
Basándose en observaciones y entrevistas evidencia el articulo las diferencias y hasta las
contradicciones que oponen en un grupo de casas de alquiler poco elevado los modos de vida de las
clases medianas y de las clases populares. Cuando aprovechan las primeras un contexto que les
permite meter con eficacia su capital cultural en equipos, no logran los segundos apropiarse su espacio
residencial. Los matrimonios que pertenecen a las clases populares tratan de irse para huir de una
habitación en que no ocupan verdaderamente su puesto pero sus dificultades materiales les obligan a
veces a aguantarla.
резюме
Michel Pinçon : Жилище и образ жизни : сожительство различных социальных групп в домах с
умеренной квартплатой (ДУК).
Опираясь на обследования и интервью, в статье выявляются различия или даже противоречия,
противопоставляющие в ДУК образ жизни средних и народных классов. В то время, когда первым
благоприятствует контекст, позволяющий эффективно использовать свой культурный багаж в
экипировке, вторым же не удается обжить свою площадь. Семьи, принадлежающие народным
классам, стараются тогда уйти, избежать жилища, в котором для них нет настоящего места, и
материальные трудности вынуждают иногда их переносить.R. franc, sociol., XXII, 1981, 523-547.
Michel PINÇON
Habitat et modes de vie
La cohabitation
des groupes sociaux
dans un ensemble H.L.M.*
La vie sociale dans les grands ensembles d'habitation a été l'un des objets
privilégiés de la sociologie urbaine au cours des années 1960 et au début des
années 1970. Les recherches qui furent alors menées se sont interrogées sur ce
qu'on appela le « malaise » propre à ce type d'habitat caractéristique des « ban
lieues nouvelles » : pour quelles raisons les relations entre les ménages ainsi
logés paraissaient-elles si pauvres, quand elles n'étaient pas conflictuelles ? On
dénonça l'anonymat, l'absence d'équipements collectifs, voire la structure par
âges de la population. Il semblait aller de soi que chaque individu était porteur
d'un « besoin » de vie sociale et que le grand ensemble constituait une forme
d'habitat incapable de fournir la réponse à ce « besoin » ; ou, hypothèse plus
optimiste, que le grand ensemble constituait le creuset d'une société nouvelle, la
base de nouveaux rapports entre les classes sociales, mais que l'accouchement
de cette société nouvelle ne se faisait pas sans mal. Dans les deux cas de figure,
la propension de l'être humain à nouer des relations avec ses semblables, également partagée et souhaitée, était considérée comme étant au
principe des relations qui se nouent dans l'habitat et à l'origine des insatisfac
tions et des tensions qui apparaissent lorsque ces relations ne peuvent être
nouées.
C'était oublier que le grand ensemble rapproche des catégories sociales qui,
ailleurs, sont le plus souvent séparées, catégories pour lesquelles les formes de
sociabilité diffèrent (1). Même s'il est vrai que, pratiquement, aucun habitat ne
présente une homogénéité sociale parfaite, il reste que le grand ensemble
présente, par rapport à des zones plus anciennement urbanisées, un cadre de vie
* Je remercie, pour leurs remarques et sug- que dans les statistiques ». « Certaines percep-
gestions, Jean-Claude Chamboredon et François tions très défavorables du grand ensemble ne
Grešle. s'expliquent-elles pas, se demandaient les au
teurs, par le voisinage de populations très diffé-
(1 ) Dès 1970, Jean-Claude Chamboredon et rentes qui s'opposent par leurs valeurs et par leur
Madeleine Lemaire ont critiqué cette approche styie de vie ». CHAMBOREDON (Jean-Claude),
du grand ensemble en attirant l'attention sur LEMAIRE (Madeleine). - « Proximité spatiale
l'hétérogénéité sociale qui, en général, en carac- et distance sociale. Les grands ensembles et leur
térise la population et qui conduit à « faire coha- peuplement ». Revue française de sociologie XI
biter des catégories qui, d'ordinaire, ne voisinent (Ц 1970:3-33.
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neuf ou récent dans lequel les relations sociales, leurs formes, leurs rythmes, les
pratiques communautaires ou au contraire ďévitement, sont à mettre en place,
sinon à réinventer.
Poser la question des relations sociales dans un habitat donné en s'interro-
geant sur la nature des obstacles à l'épanouissement d'une vie sociale harmon
ieuse, obstacles qui ne seraient recherchés que dans les caractéristiques de cet
habitat, c'est donc ignorer, en même temps que la réalité des positions sociales
de ceux qui sont amenés à cohabiter, les différences et les oppositions, voire les
contradictions entre les dispositions liées à ces positions. Dans la population du
grand ensemble, les membres des classes populaires dépourvues de capital
culturel (ou du moins du capital culturel qui peut assurer une position sociale
dominante) sont mis en présence de membres des classes moyennes plus ou
moins largement pourvues de ce type de capital. Les grands ensembles et les
zones d'urbanisation récente, en raison de leur hétérogénéité sociale relative et
du développement des équipements socio-culturels et de la vie associative,
réunissent les conditions favorables à l'investissement du capital culturel accu
mulé par le passage dans le système scolaire et, parfois, hérité du milieu familial.
L'illusion du « besoin » universel de la même vie sociale, pour l'ensemble des
habitants d'un même grand ensemble, ne tient que si l'on oublie que les
différences et les contradictions n'ont pas leur source seulement dans les rap
ports de production mais aussi dans les rapports dans le champ du symbolique.
Même si l'hétérogénéité sociale les grands ensembles ne corre