HISTOIRE DE LA GRÈCE SOUS LA DOMINATION ROMAINE
169 pages
Français

HISTOIRE DE LA GRÈCE SOUS LA DOMINATION ROMAINE

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
169 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

HISTOIRE DE LA GRÈCE SOUS LA DOMINATION ROMAINE. PAR LOUIS PETIT DE JULLEVILLE. Professeur à la Faculté des lettres de Dijon, ancien membre ...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 74
Langue Français

Extrait

HISTOIRE DE LA GRÈCE SOUS LA DOMINATION ROMAINE PAR LOUIS PETIT DE JULLEVILLE Professeur à la Faculté des lettres de Dijon, ancien membre de l'École française d'Athènes 1875 PRÉFACE. CHAPITRE PREMIER. — Première guerre entre Rome et la Macédoine CHAPITRE II. — Seconde guerre de Macédoine CHAPITRE III. — Antiochus en Grèce et Philopœmen CHAPITRE IV. — Troisième guerre de Macédoine et triomphe du parti romain en Grèce CHAPITRE V. — Défaite des Achéens et destruction de Corinthe CHAPITRE VI. — Polybe et l'organisation de la conquête CHAPITRE VII. — État de la Grèce après la conquête E VIII. — Sylla en Grèce et le siège d'Athènes CHAPITRE IX. — Pompée en Grèce et les Corsaires CHAPITRE X. — Cicéron en Grèce CHAPITRE XI. — La Grèce pendant les guerres civiles CHAPITRE XII. — La Grèce an temps d'Auguste E XIII. — La Grèce au temps des Césars CHAPITRE XIV. — Saint Paul en Grèce CHAPITRE XV. — La Grèce sous les empereurs Flaviens et Antonins CHAPITRE XVI. — Les Écoles d'Athènes au second siècle après J.-C. CHAPITRE XVII. — La Grèce au troisième siècle après J.-C. CHAPITRE XVIII. — Les Ecoles d'Athènes au quatrième siècle après J.- C. CHAPITRE XIX. — La Grèce au temps de Constantin et de Julien CHAPITRE XX. — La Grèce au temps de Théodose, et l'invasion d'Alaric PRÉFACE. La plupart des historiens de la Grèce ont limité leur œuvre à l'époque où l'intervention des Romains dans les affaires de ce pays en confondit en partie l'histoire avec celle de Rome. Quelques-uns même ont pensé que les dernières années de la Grèce libre ne méritent pas d'être racontées : le plus considérable entre ces historiens, Grote, n'a pas prolongé son grand ouvrage au delà du récit des luttes qui suivirent la mort d'Alexandre. Ces dédains ne me semblent pas justifiés. Un peuple tel que le peuple grec mérite d'être étudié même dans sa décadence; sa vie ne fut pas finie du jour où il perdit sa liberté politique. L'influence très marquée qu'il exerça ensuite sur ses vainqueurs et la prééminence qui lui demeura dans les lettres, dans l'éducation des jeunes gens, ne sont-elles pas une preuve suffisante que la Grèce respirait encore ? Elle n'était plus qu'une province dans l'immense empire romain. Mais, à ce point de vue même, quelle lumière ne jetterait pas sur l'histoire de l'Empire une suite de monographies où serait étudiée, avec un détail suffisant, chacune des provinces dont il se composait? Un tel travail a été fait déjà pour la Gaule, pour l'Asie, pour d'autres régions encore. J'essaie ici de raconter brièvement l'histoire de la Grèce sous la domination des Romains, sans négliger rien d'important parmi les nombreux matériaux que nous a transmis cette époque. CHAPITRE PREMIER. — PREMIÈRE GUERRE ENTRE ROME ET LA MACÉDOINE. - (217-205 av. J.-C.) La conquête de la Grèce a coûté aux Romains soixante et dix ans d’efforts ; et n’a pas été aussi aisée qu’on le croit généralement. La Grèce, à la veille de sa chute, était encore très forte ; elle avait une population compacte de trois à quatre millions d’habitants ; son sol se prêtait merveilleusement à une guerre défensive qu’elle eût pu rendre interminable. Impuissante à agir au dehors par les armes, elle pouvait rester invincible chez elle, au moins dans les limites du Péloponnèse. Enfin, elle avait partout des alliés ; Rome, des ennemis partout : en Asie, à Carthage, en Espagne. La cause de la Grèce n’était donc pas désespérée. Montesquieu ne s’y est pas trompé ; contre la plupart des historiens, il croit « que la Grèce était redoutable par sa situation, la force, la multitude de ses villes, le nombre de ses soldats ; sa police, ses mœurs, ses lois ; elle aimait la guerre ; elle en connaissait l’art, » et il ajoute : « elle aurait été invincible, si elle avait été unie1. » Là se trouve, en effet, l’explication de sa défaite ; et tout le monde sait bien que la Grèce périt par ses funestes divisions. Mais ce fait si connu a lui-même besoin d’être éclairci. On croirait, à tort, qu’il régnait entre les cités des haines de races et des rivalités permanentes. Le temps et d’autres passions plus violentes avaient apaisé ces animosités traditionnelles, qui excitaient, deux siècles auparavant, la guerre du Péloponnèse. La période que nous allons étudier offre un spectacle tout différent. Alors, le caprice des alliances, bouleversées sans cesse, rapproche pour un jour deux villes, ennemies la veille, sans les lier pour le lendemain ; et jette chaque cité, tour à tour, dans les partis les plus contraires. C’est qu’il y a désormais non plus deux races en Grèce, mais deux factions dans chaque ville, qui s’y disputent le pouvoir. Aussitôt que l’une d’elles devient maîtresse, avec une rigueur inexorable, et dénuée de tout scrupule patriotique, elle brise les alliances engagées ; elle va chercher dans les autres cités l’appui de la faction semblable, et déclare la guerre à la faction rivale. Ainsi la Grèce a péri, comme on le répète souvent, par la division ; non pas, comme on le croit, par l’hostilité des villes entre elles ; mais par l’acharnement des factions qui déchiraient chaque ville en particulier, et mettaient en présence, dans toutes les agoras, deux partis, ou plutôt deux armées ennemies ; lesquelles s’appelaient encore, par tradition, les aristocrates et les démocrates ; mais qui n’étaient en réalité que les riches et les pauvres. La politique n’était plus qu’un prétexte dans cette lutte toute sociale. A la fin du troisième siècle avant Jésus-Christ, les constitutions aristocratiques ou oligarchiques étaient depuis longtemps partout tombées en désuétude. Tous les hommes libres étant égaux, l’esclave ne comptant pas encore, la démocratie pure régnait de fait dans tous les États. Mais l’égalité politique n’avait pas guéri l’inégalité sociale ; elle en avait seulement rendu plus sensible l’inévitable amertume ; et la lutte, assoupie entre la noblesse effacée et le peuple vainqueur, s’était réveillée entre les riches et les pauvres ; c’est-à-dire entre ceux qui, possédant quelque chose, voulaient le garder ; et ceux qui ne possédant rien, voulaient tout prendre. 1 Considérations, etc., chap. V. Malgré le retour possible de luttes semblables dans le monde moderne, il faut convenir que notre état social est aujourd’hui mieux armé contre leurs désastreuses conséquences. Le travail, source première de toute richesse (et ce n’est pas là une banalité morale, c’est le principe même et le mieux démontré de la science économique), le travail est au moins libre à tous, par les mœurs, comme par les lois. Dans l’antiquité, les lois quelquefois, les mœurs presque toujours l’interdisaient à l’homme libre ; l’esclave seul travaillait ; mais l’esclave appartenait au riche ; ainsi le riche s’enrichissait sans cesse, et par le travail, et par le capital ; le pauvre traînait dans une orgueilleuse paresse sa liberté misérable, et chaque jour la pauvreté l’étreignait plus pressante. Empruntait-il au riche ? S’acquitter, même des intérêts, lui était impossible, et la dette, tous les jours grossie, le mettait à la merci du créancier. Cependant, la décadence des mœurs avait rendu les besoins plus nombreux, et poussé jusqu’à la fureur l’amour du bien-être et du plaisir. Qu’arriva-t-il au jour où la démocratie triomphante, ayant partout renversé les constitutions aristocratiques, eut remis le pouvoir aux mains du plus grand nombre ? C’est que la guerre fut ouverte entre les deux classes ; elle ne devait se terminer que par la ruine de la Grèce. Les pauvres, repoussant le travail, moyen trop lent, demandèrent la richesse à la violence. Dépouiller les riches fut l’unique but de leur politique ; leurs moyens furent la confiscation, l’emprunt forcé, l’impôt progressif et l’abolition des dettes ou la suspension indéfinie des paiements. Mais les riches ne se laissèrent pas dépouiller sans combat ; ils ne se résignèrent pas au rôle de victimes ; ils usèrent plutôt de moyens qui ne valaient pas mieux que ceux de leurs adversaires ; et repoussèrent souvent la violence par la violence, et la terreur par la terreur. Cette lutte sociale allait entrer dans la période de sa plus vive intensité par l’intervention des Romains dans les affaires de la Grèce. Par un enchaînement singulier des événements, cette intervention se produisit pour la première fois au plus fort de la lutte engagée entre Rome et les Carthaginois. Polybe raconte comment, durant la seconde année de la deuxième guerre Punique1, tandis qu’Annibal, vainqueur au Tésin, à la Trébie, semblait déjà menacer Rome, le roi Philippe de Macédoine et les Étoliens consumaient leurs forces dans une lutte obscure. Profitant d’une courte trêve, le roi assistait un jour aux jeux Néméens ; un courrier se présenta ; il apportait une nouvelle dont l’importance fit pâlir en un instant tout l’intérêt que le jeune roi prenait aux jeux. Les Romains sont vaincus à Trasimène, leur général est tué, l’armée est en pièces, et Annibal va marcher contre Rome. Philippe avait à ses côtés son confident le plus cher, Démétrius de Pharos ; il lui montra les lettres qu’il venait de recevoir, et ne les montra qu’à lui seul. Démétrius les lut ; puis, s’adressant au roi : « Débarrassez-vous au plus vite, » lui dit-il, « de cette guerre d’Étolie, et passez en Italie. C’est là que vous jetterez les bases de la monarchie universelle, dont nul n’est plus digne que vous ; mais c’est maintenant qu’il faut agir, quand les Romains sont abattus2. » Philippe avait alors vingt ans. Il avait succédé trois années auparavant à son oncle, Antigone Doson. Il régnait sur les Macédoniens, nation brave et disciplinée, de longtemps faite à respecter l’autorité absolue de ses rois, prête à les suivre dans tous les hasards, et fière de son obéissance autant que d’autres nations le furent jamais de leur liberté. Je ne sais si l’antiquité offre un
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents