Icônes et iconoclasme en Afrique - article ; n°6 ; vol.46, pg 1235-1249

Jack Goody

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1991 - Volume 46 - Numéro 6 - Pages 1235-1249
Icons and iconoclasm in Africa.
Africa often considered the land of icons of fetishes of three-dimensional repre sentation of divinity. However there are great differences between ethnic groups, only partly the result of Islamic influence or the subsequent attacks of Christians. Significantly the High God is rarely if ever represented anthropomorphically or even provided with an altar at which to communicate. Other major divinities have altars but rarely images which are more frequently created for the category of intermediaries between man and God the beings of the wild or fairies. An attempt is made to account for the external and internal differences in terms of the similar ambivalences towards the representation of the immaterial in material form as was found in iconoclastic phases of the cultural history of Europe and Asia. At this level the mentalities are comparable.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ANNALES_ECONOMIES_SOCIETES_CIVILISATIONS
• Publié le: 01 janvier 1991
• Nombre de lectures: 12
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Jack Goody
Françoise Marin
Icônes et iconoclasme en Afrique
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 46e année, N. 6, 1991. pp. 1235-1249.
Abstract
Icons and iconoclasm in Africa.
Africa often considered the land of icons of fetishes of three-dimensional repre sentation of divinity. However there are great
differences between ethnic groups, only partly the result of Islamic influence or the subsequent attacks of Christians. Significantly
the High God is rarely if ever represented anthropomorphically or even provided with an altar at which to communicate. Other
major divinities have altars but rarely images which are more frequently created for the category of intermediaries between man
and God the beings of the wild or "fairies". An attempt is made to account for the external and internal differences in terms of the
similar ambivalences towards the representation of the "immaterial" in material form as was found in iconoclastic phases of the
cultural history of Europe and Asia. At this level the mentalities are comparable.
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Goody Jack, Marin Françoise. Icônes et iconoclasme en Afrique. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 46e année, N.
6, 1991. pp. 1235-1249.
doi : 10.3406/ahess.1991.279009
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1991_num_46_6_279009ICONES ET ICONOCLASME EN AFRIQUE
JACK GOODY
On considère souvent Afrique comme le continent des icônes figuratives
des masques de la sculpture de la fonte du bronze et des fétiches Dans les
musées les restes sanglants offrande montrent que ces objets avaient une
fonction cultuelle et non pas seulement une valeur esthétique exposition Les
sculptures figuratives africaines sont présentes de fa on dominante dans la plu
part des collections art non européen et elles ont eu au début de ce siècle une
grande influence sur les peintres européens eux-mêmes le cas bien connu du
masque Fang acquis par Derain et admiré de Picasso est un exemple typique
cet
Malgré apparition fréquente de formes figuratives trois dimensions
espace de leur distribution est loin être uniforme est vrai des représenta
tions en métal et dans une certaine mesure de la sculpture en bois plus fré
quente dans les régions de forêt Mais il des régions et des peuples où art
figuratif apparaît pas du tout ou seulement dans certains contextes res
treints ce qui laisse supposer que les enjeux sont plus importants il
paraît Chez les Frafra compris les Tallensi du nord du Ghana on ne trouve
pour ainsi dire aucun art figuratif guère davantage chez les autres peuples de la
région compris les LoDagaa et les Gonja avec lesquels ai travaillé2 En
revanche leurs proches voisins ouest les Senufo de Ivoire et les Lobi
du Burkina Faso sont célèbres pour la richesse de leurs traditions sculpturales3
influence des conceptions de la représentation qui découlent des religions
du Proche-Orient constitue un des facteurs de ces différences attitude du
judaïsme égard de la représentation repose sur un commandement de
Ancien Testament Tu ne feras aucune image sculptée rien qui ressemble
ce qui est dans les cieux là-haut ou sur la terre ici-bas ou dans les eaux au-
dessous de la terre. Exode 20 trad frse Couroyer OP Bible de
Jérusalem Paris Cerf 1973 Cette injonction applique non seulement aux
icônes religieuses mais aussi toute représentation picturale des hommes des
animaux des plantes ou des objets naturels et Islam la reprend rigoureuse
ment son compte bien que ce ne soit peut-être le fait que des auteurs tardifs
de la Hadith pour qui les essais de représentation picturale de la création divine
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Annales ESC novembre-décembre 1991 no pp 1235-1251 DE LA REPR SENTATION PRATIQUES
sont un sacrilège4 Le problème de la création est un trait sinon universel du
moins très largement répandu des cultures humaines jusque dans les sociétés
actuelles dominante profane où la logique de interdit des images qui
découle du Decalogue puisque vouloir répéter acte de création est un défi
envers le créateur5 Dans un conte islamique très connu la un jardin
parfait était jugée comme une imitation du Paradis et par conséquent devait
être détruite6 Dans histoire des sociétés musulmanes interdiction été par
fois surmontée ou tournée mais une fa on générale Islam rejeté les
représentations notamment dans les mosquées dans espace sacré se bornant
des dessins abstraits comme par exemple les rythmes dansant des arabesques
et de la calligraphie Le Verbe toujours été préféré image abstrait au
représentatif
Quand Islam pénétra par la mer en Afrique de Est et par le Sahara
Ouest il était porteur une religion non seulement de écrit mais encore an-
iconique en ce sens très général elle interdisait la représentation des êtres
vivants Ceci ne veut pas dire on ne trouvait aucun art représentatif même
de figures anthropomorphes dans les régions dominées par Islam7 Tout
abord les musulmans ont jamais totalement dominé culturellement ou
même politiquement ils vivaient souvent dans des communautés pluri-ethni-
ques ayant une pluralité de pratiques religieuses En outre puisque mariage et
parenté sont pas confinés des groupes sociaux particuliers comme est le
cas en Eurasie puisque ni hypergamie ni hypogamie ne sont reconnues
comme règle ou norme sociales les pratiques culturelles se diffusent travers la
communauté aboutissant non seulement la conversion automatique une
femme non musulmane même de sang royal elle épouse un musulman
mais apostasie qui est fréquente par exemple une musulmane ne peut
se dispenser de participer aux coutumes du groupe de son mari non musulman8
Une telle situation favorise une plus grande souplesse dans la pratique reli
gieuse modifier le dogme musulman sur la représentation Par
exemple dans de nombreuses ethnies de Afrique de Ouest notamment chez
les musulmans Gonja de la ville de Bole les performances avec masques du Do
avaient lieu la nuit Mais les pratiques de ce type prêtaient le flanc aux attaques
des religieux les plus rigides en vertu de attachement aux religions du Livre et
ses commentaires Bole en 1917 avènement un Mahdi aboutit une
application plus stricte des lois divines dont la conséquence fut interdiction
officielle de ces danses9 Mêmes des indigènes les Vagalla en furent affectés
ils possèdent des masques dans les villages mais non dans la ville cause de la
nature même du canon il est toujours possible un individu ou un groupe
accède au pouvoir localement ou nationalement en se réclamant un retour
la Parole de Dieu et ses voies qui avaient été oubliées par les derniers commen
tateurs ou disciples Les puristes insisteront alors sur le retour aux fondements
aniconiques de la religion
Ces dogmes aniconiques ont pas été toujours incontestés même dans les
régions les plus centrales de Islam Les conquêtes mongoles mirent le Proche-
Orient en contact plus étroit la fois pour le commerce et art avec les
influences une Chine dont les nouveaux dirigeants étaient issus des régions
frontières sous les Saf avides ces régions connurent dès le xve siècle un déve
loppement vigoureux de la peinture représentationnelle renouant avec les pre-
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mières traditions iconiques de la région et se disséminant au régime
Mughal du nord de Inde10 Néanmoins la tradition aniconique persista dans
la sphère religieuse Les peintures étaient surtout profanes et aucune image
aucune sorte était autorisée dans les mosquées sauf en de rares circons
tances
On trouve une tendance similaire dans les premiers temps du christianisme
que on caractérisé comme aniconique instar du judaïsme Même au
siècle après J.-C. où on rencontre des représentations dans la commu
nauté chrétienne certains groupes perpétuent cependant le rejet fondamenta
liste de image en le fondant sur les sources bibliques12 Nombre des premiers
Pères de glise comme Origène opposaient dans le culte emploi des
images qui étaient considérées comme caractéristiques des manières païennes
est globalement que le statut des images religieuses fut mis en question par les
iconoclastes orientaux du vine siècle est-à-dire après avènement de Islam
et dans les territoires il domina13 De récentes interprétations du premier
iconoclasme ont souligné son contexte historique singulier Ce est là un
aspect superficiel des choses propres histoire événementielle Le problème
des