III Langage et communications - article ; n°2 ; vol.53, pg 477-502
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Description

L'année psychologique - Année 1953 - Volume 53 - Numéro 2 - Pages 477-502
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 16
Langue Français
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Extrait

F Bresson
III Langage et communications
In: L'année psychologique. 1953 vol. 53, n°2. pp. 477-502.
Citer ce document / Cite this document :
Bresson F. III Langage et communications. In: L'année psychologique. 1953 vol. 53, n°2. pp. 477-502.
doi : 10.3406/psy.1953.30120
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1953_num_53_2_30120Ill
LANGAGE ET COMMUNICATIONS
par F. Bresson
Les études récentes sur le langage sont marquées par un souci de
plus en plus net de traiter ce type de comportement avec des tech
niques neuves. Jusqu'à présent on l'abordait surtout à travers l'étude
de son développement dans ses aspects pédagogiques et patholo
giques. Même l'importante analyse factorielle du langage de Carr
oll (9) était réalisée à travers des tests en usage et l'on ne saurait
dire qu'elle ait mené, jusqu'à présent, à beaucoup d'hypothèses
fructueuses. La théorie des communications et de l'information
que Shannon et Weaver ont développée (44 et 45) est venue apporter
un premier renouvellement des techniques d'étude. A l'origine il
s'agit de problèmes liés à l'utilisation des systèmes de communication
comme les téléphones et à la transmission des signaux en général.
L'information est transportée par une séquence de signaux discrets
dont chacun est extrait avec une certaine probabilité d'un ensemble.
Plus la probabilité d'extraire un signal d, suivant a, b, c est faible,
plus d transporte d'information. Si la d'extraire d est
au contraire voisine de 1, d ne transporte pratiquement pas d'infor
mation. Si les signaux ne sont ni indépendants ni équiprobables, il
y a «redondance» et la quantité d'information transportée par chaque
signal diminue. L'information est alors définie comme — log pd
et, exprimée en logarithme à base 2, se mesure en bits (contraction pour
binary digit). Les signaux interférents transmis par la même voie
apparaissent comme un bruit de fond qui est soustrait de l'informa
tion émise. Celle-ci ne saurait donc que se dégrader et il ne saurait y
avoir plus d'information au niveau du récepteur qu'au niveau de
l'émetteur. D'où l'assimilation à l'entropie : l'information apparaît
comme entropie négative, « négentropie ». C'est d'ailleurs à partir
de l'analyse des systèmes ergodiques de Boltzmann que s'est déve
loppée cette théorie. On a donc là un corps de techniques mathémat
iques qui permet de comparer entre eux différents messages,
différents systèmes de transmission, etc., sans tenir compte théor
iquement de leur aspect sémantique. Si l'on se souvient des longues 478 REVUES CRITIQUES
discussions sur le problème de la signification qui s'élevèrent dans
la littérature anglo-saxonne il y a une trentaine d'années (cf. C. K.
Ogden et I. A. Richards, The meaning of meaning, Londres, 1923)
on conçoit l'espoir que peut faire naître une théorie qui échapperait
à ces problèmes. On peut noter qu'il s'y ajoute, plus ou moins cons
ciemment, une sorte de jeu de mots sur « information » dont le sens
dans la théorie est confondu bien souvent avec le sens usuel, pré
cisément sémantique. C'est ainsi que le délire de l'aliéné par son
incohérence même qui déroute toute prévision serait le texte qui
transporterait le plus d'information, au sens de la théorie des commun
ications, quand il ne nous en apporte pas au sens usuel du terme.
Quoi qu'il en soit l'importance de ces techniques est de substituer
à une analyse instantanée des processus, en terme de liaison St
imulus-Réponse, ou de corrélation entre deux situations discrètes,
l'étude d'une séquence d'événements interdépendants (30 et 31).
Il y a là aussi un moyen d'unifier des champs jusqu'alors séparés de
la psychologie en appliquant une technique unique de description
de la difficulté du stimulus. H y a certainement dans cette voie un
renouvellement des conceptions de l'application de l'analyse statis
tique à la psychologie.
Le deuxième aspect important des travaux, dont nous allons
rendre compte, est la prise de conscience de la nécessité d'une ana
lyse de la structure des réponses verbales. On semble s'être aperçu
brusquement que l'on ne pouvait faire de la psychologie humaine
sans se préoccuper des modalités des réponses que l'on utilisait. On
avait bien discuté à l'époque héroïque du behaviorisme pour savoir
si l'on avait le droit de considérer les réponses verbales comme un
comportement; on ne s'était pas demandé quelles étaient les condi
tions d'apparition des réponses verbales.
I. — Langage et théorie des communications.
Nous avons déjà parlé [Année Psychologique, 1952, 52, 211-214)
des études faites dans cet esprit, particulièrement de celles de G. A.
Miller (31). Dans un Symposium sur « Speech Communication »
[Communications verbales] tenu au Massachusetts Institute of
Technology, en 1950, Stevens (48) donne une définition générale de
la communication. C'est « la réponse discriminatoire d'un organisme
à un stimulus ». Le message qui n'entraîne pas de réponse n'est pas
une communication (pour l'organisme auquel il s'adressait). Cette
définition opérationnelle doit permettre « l'application directe » de
la théorie de l'information aux communications linguistiques entre
sujets humains. Mais il ne faut pas se méprendre sur cette assertion
et l'application « directe » pose en pratique de bien difficiles problèmes.
Wiener (52) tient d'ailleurs à le souligner dans le même Symposium : BRESSON. LANGAGE ET COMMUNICATIONS 479 F.
il ne faut pas confondre les différents niveaux d'analyse, « ce qui était
un donné nettement quantitatif dans la communication entre
machines devient un donné qualitatif en linguistique ».
On peut toutefois chercher à préciser au moins le problème théo
rique. Fano (11) donne ainsi un aperçu général du travail de Shan
non, mais se borne à l'étude de l'exemple simple d'un code binaire.
Straus (49) va plus loin et tente de relier la phonétique x à la théorie
des communications. Reprenant une comparaison, déjà faite avec la
cryptographie il compare la parole au chiffrage et la compréhension
au déchifîrage d'un message. A cet effet il part de la distinction faite
par les phonéticiens entre phones et phonèmes. Le phone c'est le son
émis que l'on peut étudier avec des techniques physiques. Les phones
ne sont pas des éléments discrets, ils varient de façon continue. Les
phonèmes sont au contraire des éléments discrets à valeur linguis
tique. Ainsi le même phonème pourra donner lieu à de multiples
phones différents selon les sujets qui les émettront, les conditions
de hauteur, d'accent, d'aspect affectif, etc. Phonèmes et phones ont
plusieurs dimensions de variation. Passer des phonèmes aux phones
revient à mettre en code le message, passer des phones aux phonèmes
pour comprendre correspond au déchiffrage. Les différents éléments
de la séquence que ce message constitue ne sont pas indépendants :
il y a un effet du contexte. Les structures linguistiques imposent en
effet contraintes et redondances. Cette disposition stochastique
(processus de Markoff) fait que le phone ambigu, s'il est isolé, (c'est-à-
dire ne permettant pas de passer au phonème correspondant), voit
les probabilités des phonèmes voisins converger rapidement vers
zéro, l'identification s'il est au contraire inclus dans une
série. Si cette convergence, qui pour chaque sujet dépend du niveau
individuel des probabilités (connaissance de la langue, etc.), n'appar
aît pas il y a « incompréhension », et nous avons ainsi un moyen théo
rique de mesurer la compréhension.
Ce sont là des considérations théoriques, que se passe-t-il lorsque
l'on passe aux applications? Miller, Heise et Lichten (33) se posent
le problème de l'intelligibilité des messages en fonction du contexte
et comparent à cet effet des chiffres, des mots, des syllabes non-sens.
Il ne s'agit plus ici d'un simple test d'articulation mais

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