Impérialisme et mode d accumulation international du capital. Essai d une approche du néo-impérialisme - article ; n°57 ; vol.15, pg 233-252
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Impérialisme et mode d'accumulation international du capital. Essai d'une approche du néo-impérialisme - article ; n°57 ; vol.15, pg 233-252

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Description

Tiers-Monde - Année 1974 - Volume 15 - Numéro 57 - Pages 233-252
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 101
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Christian Palloix
Impérialisme et mode d'accumulation international du capital.
Essai d'une approche du néo-impérialisme
In: Tiers-Monde. 1974, tome 15 n°57. pp. 233-252.
Citer ce document / Cite this document :
Palloix Christian. Impérialisme et mode d'accumulation international du capital. Essai d'une approche du néo-impérialisme. In:
Tiers-Monde. 1974, tome 15 n°57. pp. 233-252.
doi : 10.3406/tiers.1974.1997
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1974_num_15_57_1997IMPERIALISME
ET MODE D'ACCUMULATION INTERNATIONAL
DU CAPITAL
Essai d'une approche du néo-impérialisme
par Christian Palloix*
« La situation présente de l'enseignement
de la théorie économique est insatisfaisante,
pour ne pas dire honteuse. »
(Joan Robinson, Les hérésies économiques,
Paris, Calmann-Lévy, 1972, p. 11.)
La question de l'impérialisme a été et reste la grande question décisive
de la critique de l'économie politique. Nous fûmes nombreux à emprunter
le débat sur l'impérialisme, et par suite sur le sous-développement, pour la
remise en cause de la théorie dominante, quitte à adopter des positions
éclectiques, à nous engager dans des conceptualisations pour le moins hasar
deuses à l'origine (1), à confronter avec vivacité Lénine et Rosa Luxem
burg (2)... Le moment est venu de faire le point, et de ne rien renier sur
l'essentiel du chemin parcouru. Il importe surtout, dans le bilan provisoire
de cet itinéraire, de faire basculer le néo-impérialisme du statut idéologique
qui fut le sien jusqu'ici au statut scientifique qui doit lui revenir en tant
que concept (3).
* Université des Sciences sociales de Grenoble, I.R.E.P. (département « Industrialisation
et développement »).
(1) Cf. les nombreux Colloques (Alger, Elsinore, Tilburg, C.E.R.M., ...) qui se tinrent
entre 1968 et 1971 sur le thème de l'impérialisme. Aujourd'hui, hélas, la firme multinationale
a supplanté l'impérialisme comme thème de tout colloque marxiste ou marxisant.
(2) La « controverse » (!) Lénine - Rosa Luxemburg fut la grande question agitée
entre 1968 et 1971. On verra pourquoi.
(3) Avec mes amis J.-M. Chevalier, G. Dhoquois, nous avions délimité d'une manière
quelque peu naïve les phases du photo-impérialisme, de l'archéo-impérialisme et du néo
impérialisme. Cf. Guy Dhoquois, Pour Г histoire, Paris, Anthropos, 1971; С Palloix,
L'économie mondiale capitaliste, Paris, Maspero, 1971, 2 vol.
233 CHRISTIAN PALLOIX
II faut reconnaître sans détour que l'analyse de l'impérialisme entre 1965
et 1970 s'est engagée sur une base idéologique double :
— remise en cause idéologique de l'approche néo-classique des relations
internationales ;
— remise en cause s'appuyant sur un pan de la théorie marxiste où
la liberté critique, compte tenu du dogmatisme vulgaire régnant en
matière d'impérialisme et de sous-développement, était sans entrave
pratiquement.
La catégorie de néo-impérialisme s'est toutefois alimentée à tout un
courant d'approche interne aux formations sociales capitalistes sous-
développées, subissant le joug impérialiste, et dont les classes sociales les
plus exploitées percevaient peu ou prou depuis i960 que l'impérialisme,
tel qu'il avait été cerné par Lénine, avait accentué sa mainmise économique
et politique sous le couvert de l'indépendance dite nationale des anciennes
colonies. Au néo-colonialisme caractérisant la situation formelle nouvelle
se coupla naturellement le terme de néo-impérialisme, qui permit de bousculer
méthodes et concepts de l'analyse marxiste, avec un impétueux et quelque
peu naïf éclectisme.
Le paradoxe de l'approche du néo-impérialisme fut, sur la base d'un
véritable départ de l'analyse scientifique du sous-développement (1), de vives
controverses sur l'impérialisme, d'un détour par l'analyse de l'économie
mondiale, des firmes multinationales et du capitalisme au centre..., de
déboucher sur le lieu authentique de toute critique de l'économie poli
tique : le capital, concept critique fondamental comme nous l'avait indiqué
Karl Marx.
La conduite du débat sur l'impérialisme a mis au premier plan la nécessité
de placer l'analyse des rapports économiques internationaux, dont l'impé
rialisme est une composante essentielle, sous le sceau du capital, comme
rapport social (2) ; sous le sceau du capital, la question de l'impérialisme reçoit
un éclairage saisissant et pour nous décisif. Ce n'est pas par hasard que le
débat sur le capital et par là sur la valeur, le prix de production, la monnaie,
(1) Cf. les travaux d'A. G. Frank, T. Dos Santos, Samir Amin, A. Emmanuel, G. Arrighi,
P. P. Rey, etc. Il faut considérer néanmoins que les travaux de P. P. Rey constituent pour
l'instant le point culminant de l'approche ethnologique (en termes d'articulation de modes
de production) en matière de sous-développement, et qu'il faudra bien en venir à l'autre
versant, i.e. au capital (ce qui est souligné par Rey), à l'internationalisation du capital et à
l'impérialisme pour « suivre » le développement du sous-développement.
(2) Comme ironise Joan Robinson {Les hérésies économiques, Paris, Calmann-Lévy, 1972,
pp. 10-1 1), le capital n'est pas quantifiable, que ce soit sous l'aspect de « mastic », de « gelée »,
de « confiture »...
234 IMPÉRIALISME ET ACCUMULATION DU CAPITAL
le problème de la transformation, soit central car il révèle l'acuité de la corre
spondance des luttes pratiques de la classe ouvrière au sein de la théorie (i) :
« Valeur, monnaie, prix : ces notions théoriques sont à considérer de nouveau, dans
la perspective du Capital, parce que la conjoncture idéologique et diverses pratiques sociales
les placent aujourd'hui sur le devant de la scène » (2).
Les rapports économiques internationaux, comme le marxiste s'en doute
un peu, ne peuvent s'analyser qu'à partir du mouvement de la mise en valeur
du capital, qu'à partir de Y internationalisation du capital dans tout procès de
mise en valeur. Il serait implicitement admis que seule la phase présente,
liée à l'activité des firmes multinationales, est pleinement corrélative avec le
mouvement d'internationalisation du capital. Rien n'est plus faux. Le mou
vement du capital démarre avec le mode de production
capitaliste et n'atteint son plein épanouissement que dans la phase actuelle,
d'où sa découverte. Toutefois, ce mouvement d'internationalisation est pro
gressif et délimite des phases distinctes dans le développement international
du mode de production capitaliste lié successivement à (3) :
— l'internationalisation du cycle du capital-marchandise (ce qui recouvre
le stade du capitalisme dit « concurrentiel » et qui peut être couplé à la
notion d'archéo-impérialisme) ;
—du cycle du capital-argent (phase à mettre en parallèle
avec le stade de l'impérialisme de Lénine);
— l'internationalisation du cycle du capital-productif (phase à mettre en
parallèle avec celle du néo-impérialisme au plan d'une première approxi
mation grossière).
Tout d'abord, l'expression d'internationalisation du capital n'est pas
nouvelle. On la trouve — explicitement ou implicitement — chez Lénine,
Boukharine, Rosa Luxemburg..., et l'émergence du concept d'impérialisme
est extraordinairement enracinée à cette expression, ce qui est révélateur
de la problématique de l'impérialisme, qui n'a de sens que par rapport au
capital en tout premier lieu, dans son procès de mise en valeur d'un côté,
(1) Cf. L. Althusser, Réponse à John Lewis, Paris, Maspero, 1973, p. 12 : « La lutte de
classe dans la théorie est une « partie » de la lutte de classe tout court. »
(2) Suzanne de Brunhoff, Marx A-BJcardien : Valeur, monnaie et prix au début du Capital,
Note polycopiée, Séminaire Anthropos, 1973, p. 9. Reconnaissons que tout le courant critique,
anti-ricardien (S. de Cartelier, Benetti, Berthomieu, Grellet...), qui s'est développé
sur la notion-problème de « transformation » (à partir de la critique de P. Sr

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