Influence de certaines maladies sur la fécondité. Un exemple africain - article ; n°5 ; vol.22, pg 841-860
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Description

Population - Année 1967 - Volume 22 - Numéro 5 - Pages 841-860
L'influence de l'état sanitaire sur la fécondité a déjà préoccupé les chercheurs; mais comme les difficultés d'observation ont empêché de poursuivre l'investigation jusqu'à l'individu, on a pu se demander si telle fécondité, jugée faible, n'avait pas d'autres causes qu'un mauvais état sanitaire; après tout, celui des Européens du passé n'était guère satisfaisant, suivant nos normes, leur fécondité était néanmoins forte. Certes, la comparaison de populations voisines, de même mode de vie, peut donner de fortes présomptions; J. Hurault en a présenté dans Population un bon exemple relatif à la Guyane; mais des conditions aussi favorables à une comparaison ne se rencontrent qu'exceptionnellement et il reste indispensable d'observer à la fois l'état sanitaire et la fécondité des couples ou, au moins, des femmes. Ce travail ne peut être réalisé que par une équipe, ou par un médecin qui soit en même temps ethnologue et démographe; cet ensemble de qualités a permis à Madame le Docteur Retel-Laurentin, chargée de recherches au C.N.R.S. (section ethnologie), d'obtenir les importants résultats quelle présente dans cet article; elle ouvre ainsi la voie à bien des recherches.
Elle apporte aussi une contribution au problème complexe posé par la différence générale de densité et de vitalité démographique entre le continent africain ou du moins l'Afrique noire et le continent asiatique.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Anne Retel-Laurentin
Influence de certaines maladies sur la fécondité. Un exemple
africain
In: Population, 22e année, n°5, 1967 pp. 841-860.
Résumé
L'influence de l'état sanitaire sur la fécondité a déjà préoccupé les chercheurs; mais comme les difficultés d'observation ont
empêché de poursuivre l'investigation jusqu'à l'individu, on a pu se demander si telle fécondité, jugée faible, n'avait pas d'autres
causes qu'un mauvais état sanitaire; après tout, celui des Européens du passé n'était guère satisfaisant, suivant nos normes,
leur fécondité était néanmoins forte. Certes, la comparaison de populations voisines, de même mode de vie, peut donner de
fortes présomptions; J. Hurault en a présenté dans Population un bon exemple relatif à la Guyane; mais des conditions aussi
favorables à une comparaison ne se rencontrent qu'exceptionnellement et il reste indispensable d'observer à la fois l'état
sanitaire et la fécondité des couples ou, au moins, des femmes. Ce travail ne peut être réalisé que par une équipe, ou par un
médecin qui soit en même temps ethnologue et démographe; cet ensemble de qualités a permis à Madame le Docteur Retel-
Laurentin, chargée de recherches au C.N.R.S. (section ethnologie), d'obtenir les importants résultats quelle présente dans cet
article; elle ouvre ainsi la voie à bien des recherches.
Elle apporte aussi une contribution au problème complexe posé par la différence générale de densité et de vitalité
démographique entre le continent africain ou du moins l'Afrique noire et le continent asiatique.
Citer ce document / Cite this document :
Retel-Laurentin Anne. Influence de certaines maladies sur la fécondité. Un exemple africain. In: Population, 22e année, n°5,
1967 pp. 841-860.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1967_num_22_5_11187INFLUENCE DE CERTAINES MALADIES
SUR LA FÉCONDITÉ.
UN EXEMPLE AFRICAIN
empêché se les demander L'influence chercheurs; de poursuivre si de telle mais l'état fécondité, l'investigation comme sanitaire jugée les sur difficultés la faible, jusqu'à fécondité n'avait l'individu, d'observation a déjà pas préoccupé d'autres on a ont pu
causes qu'un mauvais état sanitaire; après tout, celui des Euro
péens du passé n'était guère satisfaisant, suivant nos normes,
leur fécondité était néanmoins forte. Certes, la comparaison de
populations voisines, de même mode de vie, peut donner de fortes
présomptions; J. Hurault en a présenté dans Population un bon
exemple relatif à la Guyane (1); mais des conditions aussi favo
rables à une comparaison ne se rencontrent qu'exceptionnellement
et il reste indispensable d'observer à la fois l'état sanitaire et la
fécondité des couples ou, au moins, des femmes. Ce travail ne
peut être réalisé que par une équipe, ou par un médecin qui soit
en même temps ethnologue et démographe; cet ensemble de qual
ités a permis à Madame le Docteur Retel-Laurentin, chargée
de recherches au C.N.R.S. (section ethnologie), d'obtenir les
importants résultats quelle présente dans cet article; elle ouvre
ainsi la voie à bien des recherches.
Elle apporte aussi une contribution au problème complexe
posé par la différence générale de densité et de vitalité démo
graphique entre le continent africain ou du moins l'Afrique
noire et le continent asiatique.
Les populations en régression numérique ou en voie de disparition sont
plus difficiles à analyser que celles qui sont en expansion démographique.
Pour ces dernières, les études sont centrées sur un fait naturel, normal dans
l'ordre biologique; les problèmes qui commencent à se poser portent surtout
sur leur croissance optimale, en fonction de l'expansion économique et agri
cole. Par contre, les sociétés dont la faible natalité entraîne une régression
démographique soulèvent, avec la question de l'anti naturel, une problémat
ique beaucoup plus complexe.
Les hypothèses et les théories avancées jusqu'ici se sont trop souvent
appuyées sur une observation partielle des facteurs pouvant entraîner la
'!' Jean Hurault, « Étude démographique comparée des Indiens Oayana et des Noirs
réfugiés Boni du Haut-Maroni (Guyane Française) », Population, 14, 1959, n° 3, p. 509-534. 842 INFLUENCE DE CERTAINES MALADIES SUR LA FÉCONDITÉ
stérilité des couples. On a mis en évidence des faits d'ordre socio-culturel;
on a parlé du choc de la colonisation ou de l'acculturation et de ses répercus
sions sur le comportement global de sociétés du Tiers-Monde. On a aussi
montré que la limitation des naissances était un comportement fort ancien
et que des procédés étaient connus dans tous les continents; on a exposé des
pratiques, on a parfois discuté leur efficacité, mais les statistiques d'utilisa
tion sont inconnues W.
Dans l'ensemble, il nous est apparu surtout que la physiologie de la fécon
dité des couples, et donc sa pathologie, n'avait pas été incluse dans de telles
recherches. Les quelques études médicales de stérilité gonococciques au Came
roun et au Congo ^ ont été faites à partir de consultations d'hôpital, ce qui
ne leur confère pas de représentativité par rapport à l'ensemble de la population.
D'autre part, ces cas n'ont pas été reliés au contexte social.
Faute d'étude d'un facteur aussi primordial que la pathologie de la fécond
ité, qu'elle se présente au négatif ou au positif, établir la nature des liens
entre la faible fécondité et les crises de « dégénérescence sociale » ou de désin
tégration culturelle paraît une entreprise risquée. La conduite des couples
vis-à-vis de leur descendance a été plus déduite qu'observée et comprise.
Ces déductions, si on les analyse, semblent d'ailleurs être faites plus à travers
les propres modèles culturels des observateurs que d'après ceux des sociétés
en question, du moins pour les sociétés africaines, les seules que nous con
naissions.
C'est pourquoi, nous avons voulu présenter, dans cet article, un point
négligé jusqu'ici et intéressant la problématique d'une étude de population
en voie de disparition. Comment étudier la synchronisation des faits démo
graphiques, sociaux et pathologiques et comment établir les liens entre eux?
C'est dans ce sens que nous avons travaillé, à partir de 1958, à l'est de la Répu
blique Centrafricaine, chez les Nzakara, groupe d'environ 45.000 personnes,
en voie d'extinction.
Nous résumerons d'abord les hypothèses antérieures à notre enquête;
puis nous exposerons quelques points de notre méthode de travail, en insis
tant sur l'importance des données temporelles : date, durée et chronologie
des événements, pour l'obtention et l'interprétation des résultats.
Les Nzakara. Le territoire des Nzakara couvrait, à la fin du
Situation géographique. xixe siècle, le plus occidental des petits royaumes
du Mbomou, plus communément dénommés « Sul
tanats ». Sis par 20° à 24° de longitude Est et 4° de latitude Nord, à cheval sur
<1J « La prévention des naissances dans la famille », Trav. et Doc. n° 35, I.N.E.D., i960.
A. Verbeek, « Les pratiques anticonceptionnelles chez les Mongo Nkundo », Aequatoria,
1, p. 26-28, 1951; id. : 1, p. 6-13, 2, p. 41-49, 1955.
<2) R. Allard, « Contribution gynécologique à l'étude de la stérilité des Mongo de Befale »,
Annales de la Société belge de médecine tropicale, XXV, 6, décembre 1955. H. P. Griffith,
« Gonorhea and fertility in Uganda », The Eugenic Review, vol. 55, n° 2, p. 103-108, 1953. UN EXEMPLE AFRICAIN 843
le fleuve Oubangui, il avait un roi dont le nom est resté célèbre : Bangassou
(1876-1907). La convention de partage entre les conquêtes coloniales belges
et françaises le fractionna en deux portions en 1894. C'est sur la partie nord,
dans Гех-colonie française Oubangui-Chari, devenue en 1958 la République
Centrafricaine, que se sont échelonnées nos missions sur le terrain.

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