Introduction à l étude des villes tropicales - article ; n°21 ; vol.6, pg 171-204
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Description

Tiers-Monde - Année 1965 - Volume 6 - Numéro 21 - Pages 171-204
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Assane Seck
Introduction à l'étude des villes tropicales
In: Tiers-Monde. 1965, tome 6 n°21. pp. 171-204.
Citer ce document / Cite this document :
Seck Assane. Introduction à l'étude des villes tropicales. In: Tiers-Monde. 1965, tome 6 n°21. pp. 171-204.
doi : 10.3406/tiers.1965.2062
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1965_num_6_21_2062A L'ÉTUDE INTRODUCTION
DES VILLES TROPICALES
par Assane Seck (i)
Le qualificatif « tropicales » évoque avant tout une idée de chaleur;
mais ce serait faire fausse route, ou en tout cas se condamner à demeurer
superficiel, que de chercher dans les villes tropicales une catégorie de villes
dont les caractéristiques essentielles seraient directement liées au climat.
Certes l'action directe du climat n'est jamais absente mais elle se manifeste
plus sur la maison que sur la ville en tant que telle — orientation de la maison,
forme des toits, des détails tels que la présence ou l'absence de cheminées, de
baies vitrées, de vérandas, etc. — encore que certaines de ces marques du
climat s'estompent de plus en plus avec les facilités des communications, et
le progrès de la science et de la technique (béton, climatisation, chauffage
central, etc.). En réalité, l'influence du climat est surtout indirecte en ce qu'elle
a de capital dans la particularisation des villes tropicales : élément essentiel
du cadre naturel et base de l'activité agricole, non seulement il intervient par
le biais de la production dans l'établissement des conditions plus ou moins
favorables à la naissance et au développement des villes, mais encore il donne
leur originalité aux faits historiques déterminant les rapports de production,
c'est-à-dire en somme les formes d'organisation économique, sociale et poli
tique qui donnent aux villes leurs caractères originaux. La colonisation
moderne qu'évoquent également les tropiques, n'est qu'un de ces faits histo
riques, mais dont la puissance de transformation a été telle qu'elle a finalement
orienté l'ensemble de l'évolution de ces pays. Comment dans ces conditions,
les villes tropicales, villes d'une zone de civilisation agricole dominante,
villes de pays ayant subi la colonisation, villes de pays faiblement industrialisés,
comment ces villes tropicales soumises aux mêmes influences fondamentales
n'auraient-elles pas un air de parenté qui les distinguent des autres ?
(i) Maître assistant à la Faculté des Lettres de Dakar. ASSANE SECK
Notre ambition n'est ici que d'essayer de dégager quelques éléments qui
paraissent devoir entrer en ligne de compte dans toute étude géographique
des villes tropicales (i).
CARACTÈRES GÉNÉRAUX DES VILLES TROPICALES
Tout d'abord il y a lieu de souligner une confusion qui s'établit fréquem
ment entre villes tropicales et viïles de pays sous-développés d'une part,
villes tropicales et villes coloniales d'autre part. En réalité ces différents termes,
qui sont loin d'être synonymes, présentent une certaine hiérarchie entre eux.
Le groupe le plus large est celui des villes des pays dans lequel
deux sous-groupes peuvent être distingués : le sous-groupe des villes des pays
sous-développés non tropicaux et non coloniaux — par exemple les villes
de certains pays du Moyen-Orient — et celui des villes coloniales. C'est à
l'intérieur de ce dernier sous-groupe que se particularisent la catégorie des
villes tropicales — qui sont en effet toutes des villes coloniales directement
ou indirectement — et celle des villes coloniales non tropicales.
PAYS SOUS-DÉVELOPPÉS
Pays sous-développés non coloniaux
(pays ayant la souver PAYS COLONIAUX aineté nominale et pays de protector
at, ex. : Moyen-Orient, Maroc, etc.)
Pays coloniaux
Pays tropicaux non tropicaux
(ex. : Algérie)
Cette superposition est un fait important dont il faut tenir compte dans
l'analyse car c'est bien ce qui explique qu'on trouve dans les villes tropicales,
à côté des caractères qui leur sont propres d'autres qu'elles partagent avec les
villes des pays sous-développés et avec les autres villes coloniales.
(i) Nous n'avons l'expérience directe que des pays de l'Afrique intertropicale. Pour les
autres pays intertropicaux, nous nous sommes contenté de reprendre, en les groupant, des
idées contenues dans divers ouvrages ou articles cités en référence, notre but étant non
pas de présenter une étude proprement dite des villes tropicales, mais de montrer combien
toutes ces villes sont apparentées par les problèmes qu'elles posent.
172 INTRODUCTION A L'ÉTUDE DES VILLES TROPICALES
i° he s villes tropicales sont des villes de pays sous-dêveloppês
Deux caractères fondamentaux dérivent de cette situation :
En premier lieu on peut appliquer aux villes tropicales, en la généralisant,
l'observation de Milton Santos concernant l'importance de la fonction commerc
iale dans les grandes villes des pays sous-développés : « La et de prestation de services est essentiellement la caractéristique des
grandes villes du monde sous-développé » (i).
Dans les pays tropicaux, cette fonction commerciale ne caractérise pas
seulement les grandes villes : depuis le poste de brousse jusqu'au port, tout
centre administratif est un lieu d'échanges et tout marché important est toujours
un centre administratif. La primauté de cette fonction commerciale parmi les
fonctions économiques s'explique par la « division du travail » qui a été établie
entre pays tropicaux fournisseurs de produits bruts et pays industrialisés
demandeurs de ces produits bruts et vendeurs de produits fabriqués. De ce
fait, la ville tropicale se présente avant tout comme un marché et, comme tel,
a nécessairement besoin, dans un pays plus ou moins hostile, d'une fonction
politique, politico-militaire ou administrative d'organisation. D'autres fonc
tions peuvent exister dans les villes tropicales, en particulier dans les grandes
villes où l'on peut trouver des banques et parfois quelques industries. Cepen
dant non seulement ces fonctions sont généralement secondaires mais encore
elles sont le plus souvent dérivées du commerce et étroitement liées à lui :
il s'agit bien, ainsi que le souligne encore Milton Santos, d'organismes destinés
à faciliter la commercialisation (banques de financement de l'achat des récoltes,
produits semi-ouvrés destinés à l'exportation, etc.). D'autres fois — c'est
souvent le cas des industries — il s'agit de réinvestissements de bénéfices
commerciaux, ou d'extension par intégration verticale pour un contrôle
plus complet de tel produit ou de tel marché.
Le second caractère que les villes tropicales partagent avec les autres
villes des pays sous-développés, c'est le contraste très marqué entre villes et
campagnes. Qu'il s'agisse d'équipement économique ou d'équipement social,
il n'y a pas de commune mesure entre la ville et la campagne environnante.
Par exemple, Dakar qui ne compte qu'un huitième de la population du Sénégal,
a plus de lits dans les hôpitaux, plus d'élèves du second degré, etc., que le
reste du pays. Sans en arriver à une ville de l'importance de Dakar, on peut
noter que toutes les villes du Sénégal de plus de 5 000 habitants ont atteint
ou approchent la scolarisation totale quand la moyenne sénégalaise se situe
aux environs de 35 %. Les contrastes sont encore plus nets en ce qui concerne
l'accumulation des richesses : alors que dans les campagnes sénégalaises, les
(1) Milton Santos, Quelques problèmes des grandes villes dans les pays sous-développés,
Revue de géographie de Lyon, n° 3, 1961, p. 198.
17З ASSANE SECK
revenus moyens réels sont inférieurs à 15 000 francs CFA (60 dollars) par
habitant bien que la moyenne nationale se situe aux environs de 45 000 CFA
(180 dollars), la moyenne pour les 900 000 habitants des villes (sur une popul
ation totale de 3 100 000 habitants) dépasse 100 000 francs CFA (400 dollars).
Les rapports sont peu différents dans les autres pays de l'ancienne Afrique
occidentale française. Évidemment cette accumulation de ressources dans la
ville n'est pas le résultat du seul travail urbain; elle n'est en réalité que la
petite partie non exportée des richesses créées surtout par le travail de cam
pagnes et drain&

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