L Afrique Noire entre hier et aujourd hui : un colloque - article ; n°1 ; vol.13, pg 47-66
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Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1958 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 47-66
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1958
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. Balandier
L'Afrique Noire entre hier et aujourd'hui : un colloque
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 13e année, N. 1, 1958. pp. 47-66.
Citer ce document / Cite this document :
Balandier G. L'Afrique Noire entre hier et aujourd'hui : un colloque. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 13e année,
N. 1, 1958. pp. 47-66.
doi : 10.3406/ahess.1958.2707
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1958_num_13_1_2707L'Afrique Noire
entre hier et aujourd'hui
UN COLLOQUE
Dans le cadre des conférences organisées en 1956-1957 à l'Ecole
Pratique des Hautes Etudes sur les problèmes de l'industrialisation
dans les pays sous-développés, une réunion a été consacrée, le 14
février 1957, à l'Afrique Noire.
En voici la première partie, c'est-à-dire l'exposé d'introduction de
Georges Balandier, et la discussion qui a suivi. Nous en avons conservé
les principales articulations, en éliminant, ici ou là, les longueurs de la
langue parlée ou les formules de politesse, tout en conservant, autant que
possible, la vivacité des réparties, l'excitation intellectuelle de ces débats.
Nous avons cru utile de publier ce colloque sans prétention, non comme
un modèle ou une étude exhaustive, mais bien comme une introduction
originale à l'étude des problèmes sociaux (et donc historiques) que pose
à l'attention des intellectuels et du grand public le destin de l'Afrique
Noire. L'ensemble de ces est abordé ici par un ou deux chemins.
Il a manqué à ces débats la présence de linguistes, de géographes, d'éco
nomistes. Mais tels qu'ils se présentent ils signalent bien, pensons-nous,
l'originalité et l'importance de l'évolution de l'Afrique Noire, trop engagée
dans son passé (réussites et échecs) pour courir, sans reprendre souffle,
vers son avenir.
EXPOSÉ DE M. G. BALANDIER
Pour étudier les problèmes de développement en milieu attardé, il est
indispensable de considérer les économies, et en particulier les techniques,
sous leur aspect traditionnel, d'évaluer notamment quelles sont les inhi
bitions, les limitations qui ort pu intervenir pour créer le retard : c'est
ce problème précis des limitations techniques, dans le cadre des écono
mies africaines traditionnelles, que je veux présenter rapidement.
Nous pouvons nous appuyer, pour préciser le débat, sur deux sortes
47 ANNALES
d'études : d'une part celles de Pierre Gourou, dont les travaux sur les pays
tropicaux sont bien connus x ; d'autre part, les essais de M. Mamadou Dia 2.
Rappelons d'un mot la thèse bien établie de Pierre Gourou : les limi
tations des économies africaines traditionnelles tiennent aux civilisations,
aux systèmes technologiques, autant qu'aux conditions naturelles et au
climat. M. Gourou rejette les explications d'un déterminisme physique
simpliste ; il met, d'une certaine manière, en accusation les civilisations
africaines de type ancien.
D'autre part, M. Mamadou Dia a présenté, sous leurs aspects surtout
positifs, les économies et les sociétés de l'Afrique pré-coloniale. Utilisons
d'abord Гош rage de M. Mamadou Dia.
Dans une première démonstration, l'essayiste sénégalais souligne que
les économies africaines, par leurs seules forces internes, ont accédé à un
certain niveau de différenciation. Elles associent en général, à l'intérieur
d'une même unité, l'agriculture, l'élevage (des petits animaux domest
iques au moins, là où l'élevage des bovidés est impossible), la pêche,
la chasse et la cueillette ; elles révèlent aussi, à côté de ces activités agri
coles et pastorales, de multiples activités artisanales, souvent organisées
dans le cadre de castes professionnelles.
Mamadou Dia ajoute encore qu'elles ont pu, avec un minimum d'in
fluences extérieures, accéder au seuil de la phase industrielle : dans
l'Afrique pré-coloniale, l'extraction, le travail du fer étaient connus, de
même que la fonte du cuivre et du bronze. L'or était exploité et objet
d'échanges fort anciens et à longue distance, en même temps qu'il était
façonné par des techniques complexes.
Notre auteur constate ensuite que ces activités, qui se trouvent toutes
contemporaines à l'intérieur d'une même unité économique, représentent
des âges différents dans revolution des civilisations : ainsi coexistent
sur un même plan, dans un même système, des activités qui, en principe,
représentent des étapes successives de l'évolution technologique.
Or, il est remarquable que cette situation se soit maintenue sans donner
lieu au développement prépondérant de l'une d'elles. Dans le domaine
africain traditionnel, de multiples virtualités existaient sous tous les
aspects de l'activité technico-économique, mais aucune de ces virtualités,
à un moment quelconque et sous une quelconque impulsion, n'a été exploi
tée au maximum. L'Afrique donne l'impression qu'un blocage a joué
dès qu'un certain développement des techniques agricoles, artisa
nales ou pré-industrielles a été atteint. Ce blocage, pressenti plus que
démontré, peut s'expliquer en partie par le relatif cloisonnement des éco
nomies anciennes, par une insuffisance des échanges qui n'a pas incité
1. Pierre Gourou, Les Pays tropicaux, Paris, P.U.F., 1949.
2. Mamadou Dia, Réflexions sur Véconomie de V Afrique Noire, Edit. « Présence
Africaine », Paris, s.d. ; — L'Économie africaine, Paris, P.U.F., 1957.
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à une spécialisation, à une différenciation poussée. Explication facile
certes ; quoi qu'il en soit, le blocage africain et ses causes, voilà, sommai
rement présenté, un premier problème qui mérite discussion.
Dans un second mouvement, M. Mamadou Dia souligne le fait qu'en
Afrique, si l'activité dominante de l'économie traditionnelle est l'agri
culture, il s'agit d'une agriculture diversifiée à procédés divers. En effet,
les paysans noirs ont été capables d'utiliser, d'acclimater avec grand
succès des plantes venues du dehors, d'Amérique notamment : manioc,
maïs, arachide, dont chacun sait la place actuelle dans la consommation
africaine. Ds ont su aussi multiplier tes variétés : une population du Sud-
Cameroun a pu différencier 45 variétés de l'igname ; les riziculteurs de
l'Ouest africain sont arrivés à créer 37 variétés de riz.
Chacun, sans doute, va objecter la culture sur brûlis, habituellement
présentée comme technique dominante et imparfaite des agriculteurs
africains. Les géographes la décrivent comme une culture à médiocre
rendement, appelant une grande consommation de terre. Mais cette
méthode d'exploitation implique néanmoins la connaissance de la jachère,
de la rotation des cultures : sur un même morceau de terre cultivée, existe
une hiérarchie des espèces mises en place selon leurs exigences en matière
de fertilité. De plus, à côté de ce procédé, peuvent en exister d'autres
beaucoup plus complexes : par exemple les cultures sur décrues, dans les
zones inondées, dans tout le Sénégal ; le jardinage sur bas-fonds humides,
qui se retrouve de vastes régions de l'Afrique Centrale ; la rizicul
ture, connue dans l'Ouest depuis une époque fort reculée. Sur ce dernier
point, Jean Dbjesch a montré, dans un article publié voici quelques
années *, avec des preuves difficilement réfutables, que cette technique
était connue et répandue dans la vallée du Niger à l'époque des grands
empires soudanais, qu'elle existait le long des côtes de Guinée dans la région
dite des Rivières du Sud. C'est là une agriculture assez élaborée qui a pu,
avec des améliorations réduites, donner des résultats satisfaisants, puisque,
dans une île proche de Konakry, l'aménagement des techniques rizicoles
permit d'atteindre des rendements voisins de ceux que connaît en
moyenne l'Asie.
Mais ceci pose un problème : pourquoi ces procédés agricoles n'ont-ils
pas été perfectionnés et préf&#

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