L Anthropologie: une structure segmentaire? - article ; n°97 ; vol.26, pg 39-61
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Description

L'Homme - Année 1986 - Volume 26 - Numéro 97 - Pages 39-61
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Nicole Sindzingre
L'Anthropologie: une structure segmentaire?
In: L'Homme, 1986, tome 26 n°97-98. pp. 39-61.
Citer ce document / Cite this document :
Sindzingre Nicole. L'Anthropologie: une structure segmentaire?. In: L'Homme, 1986, tome 26 n°97-98. pp. 39-61.
doi : 10.3406/hom.1986.368673
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1986_num_26_97_368673Nicole Sindzingre
L'Anthropologie : une structure segmentaire ?
Nicole Sindzingre, L' Anthropologie : une structure segmentaire ? —
S'appuyant sur la métaphore de la segmentante, l'auteur s'interroge sur
l'actuelle dissolution de la « communauté anthropologique », qui s'exprime
notamment dans le recours à des modèles plus abstraits ou formalisés, issus
de la philosophie anglo-saxonne et des sciences cognitives. Des notions ou
théories critiques de l'anthropologie religieuse (croyance, relativisme)
illustrent les faiblesses de l'anthropologie, mais aussi celles des disciplines
connexes. Les critères positifs d'une « appartenance » spécifiquement
anthropologique sont finalement suggérés.
Quand il parcourt les ouvrages ou revues de la profession, l'anthropo
logue qui cherche à rester au fait des tendances de sa discipline est frappé
par l'extrême diversité des objets, thèmes ou approches, et peut légitime
ment s'interroger sur l'exacte nature du métier qu'il exerce. Et ce d'autant
plus que, tenu par son insertion dans des institutions de recherche à une
spécialisation nécessairement pointue (géographique ou thématique), il
éprouve un certain désarroi lorsqu'il est confronté à des secteurs du savoir
anthropologique situés au plus loin de ses propres préoccupations. L'im
pression d'une absence d'unité, de a lieu commun », vient aussi des conflits
internes à sa propre institution, de l'exotisme des styles étrangers — bri
tannique, américain, mais aussi ceux qu'élaborent les sociétés autrefois
objets exemplaires de l'anthropologie — qui dessinent un paysage d'obé
diences théoriques, de visions du monde et d'objectifs disparates. Ces
sentiments — inquiets ou désabusés — sont renforcés par l'irréfutabilité,
découlant de leur caractère « littéraire », de descriptions plus ou moins
argumentées, qui pourraient aussi bien être autres (avec d'autres termes,
sous d'autres angles) mais toujours aussi adéquates au réel. Certains
travaux sont bien animés par une idée de l'anthropologie comme activité
théorique à la recherche de constantes et de lois générales, susceptibles de
constituer le lieu d'un consensus, mais, significativement, ils sont eux-
L'Homme 97-98, janv.-juin 1986, XXVI (1-2), pp. 39-61. 40 NICOLE SINDZINGRE
mêmes réduits à n'être qu'un courant particulier de la discipline, épisté-
mologiquement contesté qui plus est par l'extension des analyses cultura-
listes, contextualistes, interprétatives, relativistes, etc. Avec l'éloignement
des pères fondateurs et des certitudes théoriques, le fonctionnalisme et, à
un moindre degré, le structuralisme ne jouant plus leur rôle de représen
tations communes, à une époque (« post-moderne ») qui fait état de la fin
des « grands récits », que reste-t-il de la « communauté anthropologique » ?
On voudrait suggérer ici que cette dissolution apparente de l'anthro
pologie, tant en termes d'objets — géographiques, et donc des concepts
élaborés pour une aire culturelle — que de références théoriques, qui
semble plus flagrante que pour d'autres sciences empiriques, peut être
décrite à l'aide d'une métaphore typiquement anthropologique, celle de
la segmentante. Notion élaborée pour rendre compte de la dynamique
générale des sociétés observées, la communauté anthropologique pourrait-
elle, logiquement, s'y soustraire en tant qu'elle constitue aussi un groupe
d'individus qui se reproduit et se réclame d'un ensemble de représentations
et donc de lignes de transmission ? Et ce, même si par ailleurs cette
notion, depuis longtemps mise en cause, apparaît aujourd'hui aussi
mythique que nombre d'autres notions anthropologiques (Kuper 1982) .
L'anthropologie est régie par un principe segmentaire : l'effacement des
ancêtres éponymes a induit des processus normaux de fission et d'agréga
tion au sein des groupes qui s'en réclament, processus qui sont à leur tour
fonction, diachroniquement, des transformations de la réalité — pression
démographique, expansion vers de nouveaux territoires, modifications,
lors de leur transmission, des représentations communes. En ce sens, la
fragmentation et l'hétérogénéité du paysage anthropologique se manif
estent surtout relativement à un énonciateur et à la position de celui-ci
dans des groupes d'appartenance à composition éphémère. Affiliations,
alliances et conflits varient selon les places respectives des locuteurs et
de leurs destinataires, et s'actualisent principalement à des niveaux et en
des situations donnés — classiquement, situations d'opposition qui
engagent des groupes et obédiences fluctuant selon le cadre du différend
et l'interlocuteur de référence.
On argumentera tout d'abord sur des notions pour lesquelles l'anthro
pologie se trouve fréquemment disqualifiée par des disciplines connexes
ou par l'importation de modèles considérés comme plus fondamentaux,
à puissance explicative supérieure et le plus souvent formels. Cette quête
d'une formalisation marque d'ailleurs toutes les sciences empiriques en
tant qu'elles aspirent à la véridicité scientifique. Ce phénomène semble
particulièrement flagrant aujourd'hui s'agissant de l'anthropologie dite
religieuse, symbolique, cognitive, médicale, etc., et, corrélativement, à
propos de notions telles que croyance, représentation, rationalité, ou de Anthropologie : une structure segmentaire ? 41 U
théories (d'ailleurs controversées depuis longtemps), comme le relativisme.
On poursuivra ensuite la métaphore de la segmentante afin de montrer
que malgré le mouvement centrifuge de différenciations à l'intérieur de la
communauté anthropologique, opérées par les références aux disciplines
voisines, une position réaliste se dessine en des situations ponctuelles de
confrontation sur des questions précises, tandis que se manifestent les
déficiences desdites disciplines et notions connexes, position qui légitime
une définition minimale de l'anthropologie.
Fissions, alliances et affinités
Dès qu'elle réfléchit sur le concept de culture, l'anthropologie (rel
igieuse, cognitive, etc.) illustre clairement ces divergences entre approches
possibles. Il est trivial de constater que les traditions américaine, britan
nique et française (culturaliste — écologie culturelle, culture et personn
alité —, fonctionnaliste, structuraliste, griaulienne, etc.) engagent des
conceptions de l'homme, des cultures ou des sociétés, et donc du travail
anthropologique, tout à fait différentes1. Il en est de même pour les
anthropologies élaborées dans des pays dits en voie de développement, où
contraintes et enjeux politiques et sociologiques (ou post-coloniaux)
expliquent la diversité des prémisses. Tout ceci est vrai d'autres domaines,
ainsi la parenté, dont l'analyse présuppose tout autant des hypothèses
générales quant au fonctionnement des groupes sociaux, aux relations
entre représentations, normes, groupes et substrat biologique, qui peuvent
être incompatibles (à propos des rôles respectifs du biologique et du social
par exemple) .
De fait, comme Needham le remarquait à propos de la parenté, ce qui
transparaît ici plus ou moins explicitement, c'est la question suivante : à
quel degré ces analyses sont-elles informées par des disciplines adjacentes,
où la philosophie — « continentale » ou analytique, logico-linguistique
(« philosophy of mind ») — comme activité intellectuelle fondamentaliste
et la formalisation (logique ou mathématique) occupent une position
« impériale » ? (Needham, éd., 1971). On remarquera ici que la situation
est d'autant plus complexe que les styles nationaux anthropologiques ne
sont pas nécessaire

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