L art français en Pologne sous Stanislas-Auguste - article ; n°3 ; vol.1, pg 255-278
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L'art français en Pologne sous Stanislas-Auguste - article ; n°3 ; vol.1, pg 255-278

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Description

Revue des études slaves - Année 1921 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 255-278
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1921
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Réau
L'art français en Pologne sous Stanislas-Auguste
In: Revue des études slaves, Tome 1, fascicule 3-4, 1921. pp. 255-278.
Citer ce document / Cite this document :
Réau Louis. L'art français en Pologne sous Stanislas-Auguste. In: Revue des études slaves, Tome 1, fascicule 3-4, 1921. pp.
255-278.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1921_num_1_3_1017L'ART FRANÇAIS EN POLOGNE
SOUS STANISLAS-AUGUSTE,
PAR
LOUIS RÉAU.
Le règne du dernier roi de Pologne Stanislas-Auguste Ponia-
towski (176/1-1795) marque, comme les règnes de Frédéric H en
Prusse, de Catherine II en Russie , l'apogée de l'influence française.
Dans la seconde moitié du xvme siècle, on peut dire que Varsovie
fut, au même titre que Rerlin et Pétersbourg, une véritable co
lonie de l'art français.
Stanislas -Auguste avait reçu une éducation toute française. A
vingt ans, il avait fait à Paris un long séjour qui lui laissa d'in
effaçables souvenirs. Accueilli par Madame Geoffrin qui le consi
dérait comme son fils adoptif et qui le traitait comme « l'enfant de
la maison », il avait eu la bonne fortune de fréquenter dans l'int
imité du célèbre salon dela rue Sainl-Honoré tout ce que la France
comptait d'écrivains et d'artistes de quelque renom. Les portes les
mieux fermées s'ouvraient devant lui. « Le peintre en pastel
La Tour, tout difficile qu'il est, écrit-il avec un soupçon de va
nité, m'avait accordé l'entrée de son atelier. »
Combien ce séjour en France fut décisif pour la formation de son
esprit et de son goût, c'est ce qu'il reconnaît ouvertement lui-même
dans ses Mémoires^, qui sont d'ailleurs, comme son Journal de
Voyage et sa Correspondance, rédigés en français. « Plus on vit à
Paris et plus on a le temps ďy trouver des hommes profonds dans
toutes les sciences et supérieurs dans tous les arts, et dont la suite,
non interrompue depuis plus d'un siècle, a rempli leur patrie de
monuments de toute espèce qui seuls suffisent à occuper, à instruire
"' Mémoires du roi Stanislas-Auguste Ponialowski, publiés par Serge Goriainov
aux frais de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg, 191/1 , tome I (seul
paru), p. 101.
Revue des Études slaves, tome T, 1991, fasc. S-.'i. 256 LOUIS RB\ľ.
et à meubler agréablement la mémoire de tout étranger curieux.
Cette langue française même, que tout jeune homme apprend au
jourd'hui en Europe, comme une preuve d'éducation policée, ins
pire, sans qu'on s'en aperçoive, une certaine opinion de supériorité
en faveur de la nation qui en est la propriétaire. De plus, une cer
taine analogie dans les bonnes et mauvaises qualités a établi entre
les nations française et polonaise une sympathie remarquée depuis
longtemps. »
Stanislas-Auguste a manifesté sa prédilection pour l'art français
de trois façons également efficaces : i° en attirant à Varsovie et en
attachant à sa Cour des architectes, des sculpteurs et des peinlres
français; 2° en commandant ou en achetant, généralement par l'i
ntermédiaire de Madame Geofl'rin, des œuvres d'art français pour la
décoration de ses châteaux; 3° en pensionnant, à Paris, déjeunes
artistes polonais.
I
LES ARTISTES FRANÇAIS EN POLOGNE.
La liste des artistes français qui ont travaillé en Pologne sous le
règne de Stanislas-Auguste est très longue si on la compare à
celle de la période précédente. Les plus remarquables de ces « mis
sionnaires » sont l'architecte Louis, le sculpteur Lebrun, les peintres
Marteau et Norblin de la Gourdaine.
Victor Louis, qui devait se rendre célèbre plus tard par la con
struction du magnifique théâtre de Bordeaux , ne fit à Varsovie qu'un
séjour très bref dans le courant de l'année 1766. Le 3 juillet 1 76 5,
il écrivait au Directeur général des Bâtiments, le marquis de Ma-
rigny, pour solliciter un congé ^ : « Monsieur, Le Roy de Pologne
vient de me faire l'honneur de m'appeler pour décorer l'intérieur de
son palais. Quelque flatteuse que soit cette invitation , je ne me par
donnerais pas de m'y rendre sans la permission de celuy sous les
auspices duquel j'ai acquis les talents qui me l'ont méritée. J'ose
l'attendre d'un chef et d'un protecteur des arts qui veille avec tant
(1> J.-J. Guiffrey, «Correspondance des artistes travaillant à l'étranger», Nouvelles
Archives de l'art français, 1878, p. ľ] h. On consultera en outre, sur le séjour de
l'architecte Louis en Pologne, la Correspondance de Stanislas-Auguste avec Ma
dame Geoffrin et l'étude de Marionneau, Victor Louis, sa vie, ses travaux et sa co
rrespondance , Bordeaux, 1881, L'ART FRANÇAIS EN POLOGNE SOUS STANISLAS-AUGUSTE. 257
de soin à tout ce qui peut contribuer à l'avantage de tous ceux qui
les cultivent ». Signé : « Louis, ancien pensionnaire du Roy ».
Cette demande de congé était superflue puisque Louis n'appart
enait pas encore à l'Académie d'architecture. C'est dans ce sens
que lui fit répondre le marquis de Marigny. «M. Louis, lit-on
dans une note en tête de la lettre, n'est point de l'Académie et
par conséquent n'est point architecte du Roy. Il n'y a que les ar
chitectes de l'Académie à qui il soit enjoint de prendre l'attache du
Directeur général pour s'absenter. Répondu qu'il pouvait s'absenter
pendant un an : 9 juillet t 7 6 5 ».
Son départ fut annoncé par les gazettes et notamment par
ľ Avant-Coureur (ł) : « M. Louis, célèbre architecte, a été choisi par
la Cour de Pologne pour faire plusieurs embellissements dans la ca
pitale et pour diriger les fêtes qui s'y préparent. Ce choix fail hon
neur aux artistes français. »
La correspondance de Stanislas-Auguste avec Madame Geoffrin
contient des détails fort intéressants sur le voyage de Louis
dont le roi fut si satisfait qu'il voulut en faire son représentant
et son agent à Paris. Il lui mande le 2 5 mai : « Je ne réponds pas
par écrit à M. Louis, architecte, puisque je le verrai. Vos ci
nquante louis, pour son voyage, seront remboursés et M. Louis
sera content de moi. Dans un mois de séjour ici, il verra l'espèce
de choses et de goût que je demande et ensuite il pourra m'etre
très utile à Paris ».
Le Зі août, il annonce qu'il a vu Louis et qu'il en est « on ne
saurait plus content. ..Ha l'imagination la plus noble et la plus
sage et, quoiqu'il en sache réellement plus que d'autres, il accepte
les idées des autres quand on lui en fournit d'heureuses. Il part
dans dix jours, mais il sera très occupé pour moi à Paris. »
La lettre du 1 5 septembre est particulièrement enthousiaste :
«Ma chère Maman, le sieur Louis, architecte, vous porte cette
lettre. Vous me l'avez recommandé, et aujourd'hui c'est moi qui
vous le recommande. Tout le bien qui pourra lui arriver me fera
plaisir à savoir, parce qu'il me montre la plus grande envie d'em
ployer pour moi tout le génie qu'il a, et ce génie me paraît noble,
fécond et sage. Il m'a rectifié le goût sur plusieurs articles; mais
aussi il a fait qu'on aura encore beaucoup plus de peine désormais
à me satisfaire. Je serai certainement tenté souvent dédire : J'ai vu
mieux que ça : Louis ferait ça tout autrement. Il va être mon bureau
W h' Avant-Coureur, 1765, p. lib'\. 258 LOI IS I! KAL.
d'adresses à Paris pour tout ce qui regarde les arts, et confirmez-le,
je vous prie, dans l'intention qu'il m'a témoignée de revenir ici. Il
vous dira qu'il n'est point impossible du tout de faire une très belle
chose de mon château et il vous le prouvera par ses dessins.
. . . Mandez-moi au vrai si Louis est content de moi? Je vous as
sure que je le suis fort de lui. »
Madame Geoffrinneput-ellesedéfendred'un sentiment dejalousie
contrecenouveau-venuquimenaçaitde la supplanter dans la faveur de
son tils adoptif? Craignit-elle d'être dépossédée de ses fonctions de
correspondante et de conseillère artistique du Roi de Pologne? Tou
jours est-il qu'elle se brouilla avec son ancien protégé. C'est en vain
que S

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