L attention chez un petit enfant - article ; n°1 ; vol.20, pg 126-139
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L'attention chez un petit enfant - article ; n°1 ; vol.20, pg 126-139

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Description

L'année psychologique - Année 1913 - Volume 20 - Numéro 1 - Pages 126-139
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1913
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

E. Cramaussel
IV. L'attention chez un petit enfant
In: L'année psychologique. 1913 vol. 20. pp. 126-139.
Citer ce document / Cite this document :
Cramaussel E. IV. L'attention chez un petit enfant. In: L'année psychologique. 1913 vol. 20. pp. 126-139.
doi : 10.3406/psy.1913.4327
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1913_num_20_1_4327IV
L'ATTENTION CHEZ UN PETIT ENFANT
Par E. Cramaussel,
Professeur de Philosophie au Lycée de Montpellier.
Voici un sujet d'étude bien séduisant, mais, il faut l'avouer,
passablement hasardeux. Comment saisir une pensée encore
inexprimée? Comment la reconstituer, alors qu'elle n'est peut-
être pas constituée encore? Comment y retrouver enfin des
mouvements aussi fugitifs, aussi secrets que ceux de l'atte
ntion?
Nous allons le tenter en interprétant quelques données
objectives : des courbes pneumographiques (respiration thora-
cique) et sphygmographiques (pouls cérébral à la fontanelle).
Ces courbes ont été prises au nombre d'un millier environ sur
un petit enfant du sexe féminin, au cours de sa première
année1.
Nous n'essaierons pas de retracer l'évolution depuis les
premiers jours. Sans renoncer aux faits originels, nous nous
arrêterons de préférence à ceux d'une période plus avancée,
par exemple du septième au dixième mois, c'est-à-dire à un
moment où ils sont déjà suffisamment marqués, sans avoir
encore perdu leur physionomie primitive.
Pour interpréter nos graphiques, nous admettrons le principe
suivant : La fixation de la pensée sur un objet a une influence
directe et immédiate sur les mouvements circulatoires et respira-
1. Ces observations font partie de la même série que celles dont nous
nous sommes servi pour nos études sur le sommeil de l'enfant (Arch, de
Psych., X et XI, 1911 et XII, 1912).
Nous ne croyons pas nécessaire de reproduire ici la description de nos
appareils, que nous avons donnée dans la première et la troisième de
ces études. Nous dirons seulement que la difficulté de l'inscription, qui
est extrême pour l'enfant éveillé, explique et excuse peut-être l'extrême
simplification et parfois l'imperfection de notre technique. E. CRAMAüSSEL. — INATTENTION CHEZ UN PETIT ENFANT 127
toires. Ce principe est évidemment hypothétique, mais la valeur
en ressort pour nous de tout l'ensemble de nos observations.
Sans prétendre le démontrer entièrement, nous ferons en sa
faveur les remarques suivantes :
1° Toutes les fois que le regard, le geste, l'attitude, la voix,
décèlent chez l'enfant un mouvement d'attention, on observe,
du moins pendant une partie de ce mouvement, une modifica
tion dans les courbes. La respiration se fait moins ample, plus
régulière. Le pouls n'a pas la même allure, sa fréquence aug
mente ordinairement1, son niveau s'élève au début pour
s'abaisser à la fin.
2° Lorsque l'attention change d'objet, on constate un trouble,
tout au moins dans la courbe respiratoire, plus sensible ou
plus lisible que l'autre. Assez souvent on voit en même temps
la courbe changer d'allure.
3° Assez souvent aussi, quand l'attention revient à un même
objet, la respiration reprend la même allure; certains objets
paraissent ainsi liés à un certain mode de respiration.
4° Quand il y a lieu de croire que l'attention a cessé, les deux
courbes expriment une réaction plus ou moins longue et accen
tuée, avant la reprise de l'allure habituelle.
5° Quand l'enfant s'endort, à mesure que sa pensée s'apaise,
les deux courbes se régularisent, d'une autre manière d'ailleurs
que pour l'attention. Au réveil, lorsqu'il est franc, elles
reprennent tout de suite leur irrégularité ; sinon, l'irrégularité
s'accroît à mesure que le réveil s'achève. Il n'est pas arbitraire
d'admettre que cette irrégularité, souvent extrême, est en rap
port avec l'extrême mobilité de l'esprit enfantin. On la verra
peu à peu s'atténuer ou disparaître, à mesure que l'enfant
sera capable d'une attention plus suivie, à aussi qu'il
apprendra à dissocier ses actes conscients, et ceux de sa vie
végétative.
L'attention qui paraît s'éveiller d'abord est celle qui répond
aux fortes excitations internes du besoin, du désir ou du
plaisir.
■1. Nous n'avons que par exception tenu compte du nombre des batte
ments, soit parce que les variations y sont parfois trop rapides pour être
sensibles, soit parce que nous n'avons pu ici, comme nous l'avons fait
pour le sommeil, tracer la courbe normale, et déterminer les limites que
peuvent y atteindre les variations spontanées. 128 MÉMOIRES ORIGINAUX
La première est celle que provoque la faim. Quand l'enfant
veut téter, sa respiration prend une allure spéciale, où se
mêlent les inflexions du cri et celles de la déglutition : allure
si caractéristique, qu'il est souvent possible de deviner, à la
seule inspection de la courbe, le moment où apparaît et revient,
parfois au milieu de distractions de toute sorte, la pensée obsé
dante. Nulle autre en effet n'est plus tenace. On peut la cou
vrir, la chasser, parfois des minutes entières. Mais elle revient
au plus tôt, d'autant plus forte qu'elle a été oubliée plus long
temps (voir PI. III, 1. 6, 7, 9). Un moment vient enfin où le
besoin s'exaspère. La respiration se fait alors aiguë, précipitée,
vibrante. Le pouls a des irrégularités, des violences, où l'on
voit par moments apparaître déjà un véritable dicrotisme. Le
niveau présente des ondulations, des remous. Enfin des san
glots éclatent, qui ne se calmeront que par degrés, assez long
temps après satisfaction.
Les effets du désir ne sont pas très différents de ceux du
besoin. Dès qu'il intervient, le désir active la respiration, qui
se fait courte et rapide, dentelée, fébrile, entrecoupée de sus
pens. Le pouls se met à battre à tort et à travers, avec de
grands coups, des ratés, et surtout des ondulations qui
paraissent caractéristiques des mouvements affectifs (voir PI. I,
1.7,8).
Voici enfin les signes du plaisir. Le désir satisfait, la respira
tion se calme, sans se régulariser entièrement. Par intervalles,
11 s'y produit encore de vifs mouvements, assez semblables à
ceux du désir. Le pouls ne cesse d'onduler, bien que ses varia
tions soient moins amples, plus douces, plus allongées (Voir
PI. 1, 1. 9).
Nous n'avons aucune observation se rapportante la douleur.
Voici seulement (PL I, 1. 12) un exemple de sensation désa
gréable. On met sous le nez de l'enfant, et on l'y maintient
12 secondes, un tampon imbibé d'alcali. Pendant 5 secondes
la respiration est à demi suspendue. Puis elle s'élève en grands
mouvements aigus et irréguliers. En même temps le pouls
s'élève et ondule fortement. L'enfant esquisse alors une gr
imace expressive, suivie presque aussitôt... d'un sourire. Le
tampon enlevé, l'on voit après deux secondes apparaître un
fait non moins imprévu. Les deux courbes s'apaisent et
prennent une allure parfaitement régulière, qui durera sans
changement pendant 23 secondes.
Il est intéressant de rapprocher ce qui s'est passé un peu plus E. CRAMAUSSEL. — L'ATTENTION CHEZ UN PETIT ENFANT 120
d'une minute auparavant, alors que Ton faisait respirer à
l'enfant un parfum d'eau de Cologne, présenté de la même
a Guignol
excitée h
vif désir
a t m 50 environ êhhjné s
Le tiens devant elle
Client
La regarde dans sa main
f 6 secondes après
Planche I.
L. 1-5. 6 mois 20 jours; midi; l'enfant dans sa voiture, dans la véranda
vitrée; après le sommeil, avant le repas.
L. ß-7. C mois 21 jours; 1 heure 1/2; ibid.
L. 8-10. 1 2 1
L. 11-12. 6 mois 21 jours; 2 heures; dans son lit, avant le sommeil.
Dans cette planche comme dans les suivantes, les graphiques ont été
réduits de moitié. La vitesse de l'appareil ayant été réglée à 1 cm., il
faut donc compter 1/2 cm. par seconde.
manière et le même temps (PI. I, 1. H). Il y a quelques diff
érences à signaler : le parfum n'a provoqué ni grimace, ni s

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