L'enfer en Pologne médiévale (XIVe-XVe siècles) - article ; n°5 ; vol.42, pg 1231-1244

Stanislaw Bylina

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1987 - Volume 42 - Numéro 5 - Pages 1231-1244
Hell in Medieval Poland (14th-15th Centuries).
The article based on written and iconographic sources reproduces the picture of eternal punishment in religious didactics and collective imagination. In the country situated on the peripheries of christianism, the Church transmitted to the believers a moderate vision of hell with sufferings less refined than those which were preached to people in Western Europe. The technics of infernal tortures were more primitive and limited, probably in connection with the long absence of tortures in Polish trials. In the 15th Century the sources emphasize the closing of hell, resembling to prison. Its hermetic closure was in opposition to popular beliefs concerning contacts of living with condamned. The vision of hell played also a part in the dialogue of the Church with the traditional popular culture, comprehended as practising of superstitions and relies ofpaganism.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ANNALES_ECONOMIES_SOCIETES_CIVILISATIONS
• Publié le: 01 janvier 1987
• Nombre de lectures: 27
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Stanislaw Bylina
L'enfer en Pologne médiévale (XIVe-XVe siècles)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 42e année, N. 5, 1987. pp. 1231-1244.
Abstract
Hell in Medieval Poland (14th-15th Centuries).
The article based on written and iconographic sources reproduces the picture of eternal punishment in religious didactics and
collective imagination. In the country situated on the peripheries of christianism, the Church transmitted to the believers a
moderate vision of hell with sufferings less refined than those which were preached to people in Western Europe. The technics of
infernal tortures were more primitive and limited, probably in connection with the long absence of tortures in Polish trials. In the
15th Century the sources emphasize the closing of hell, resembling to prison. Its hermetic closure was in opposition to popular
beliefs concerning contacts of living with condamned. The vision of hell played also a part in the dialogue of the Church with the
traditional popular culture, comprehended as practising of superstitions and "relies ofpaganism".
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Bylina Stanislaw. L'enfer en Pologne médiévale (XIVe-XVe siècles). In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 42e année,
N. 5, 1987. pp. 1231-1244.
doi : 10.3406/ahess.1987.283445
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1987_num_42_5_283445STANISLAW BYLINA
ENFER EN POLOGNE DI VALE
XIV XV6 SI CLES
Le chrétien en Pologne au déclin du Moyen Age ressentait la mort de
homme comme un phénomène ordinaire et naturel quoique en même temps
elle le remplît de crainte car elle ouvrait une sphère existence inconnue et
inquiétante Participant depuis plusieurs générations au culte chrétien soumis
enseignement de glise habitant des territoires polonais comme ses coreli
gionnaires de toute la chrétienté occidentale ne pouvait connaître que les alter
natives une vie outre-tombe dépendant du verdict divin Il savait aussi que
la récompense comme le châtiment des âmes humaines étaient attachés des
lieux de séjour définis Ceux qui appartenaient au groupe des litterat trou
vaient interprétation de la doctrine eschatologique dans les uvres des Pères
de glise et dans les traités ultérieurs des théologiens Les lliterat connais
saient les traits généraux des vérités de la foi sur au-delà chrétien partir des
sermons des enseignements des confesseurs de enseignement dispensé par les
peintures religieuses et les uvres de la littérature religieuse en langue vulgaire
telle que la version polonaise datant du xve siècle du Dialogus magistri Poly-
carpi cum morte1
homme ignorait en revanche son propre destin après la mort et celui de ses
proches déjà décédés glise ne donnait sur ce point aucune réponse affir
mant uniquement la participation des saints la récompense éternelle Ne
renon ant pas la question qui le hantait homme se tournait vers la culture
populaire vers les croyances et les attitudes traditionnelles considérées par les
théologiens comme reprehensibles et superstitieuses Un des plus illustres théo
logiens polonais du xve siècle Jacques de Paradyz connaissait des chrétiens
qui voulant savoir si leurs mères défuntes se trouvaient dans les tourments ou
Annales ESC septembre-octobre 1987 no pp 1231-1244
1231 IMAGINAIRE DI VAL
là où règne la joie in poenis sive in gaudio) interrogeaient sur ce point les
vieilles femmes On demandait aux mourants informer après la mort les
vivants sur leur sort et sur celui des autres hommes décédés avant eux2
Refusant de prédire le sort posthume de individu enseignement de
glise épargnait pas les descriptions de au-delà et surtout celles du lieu du
châtiment éternel En absence de grands théologiens polonais aux siècles pré
cédents enseignement des contenus eschatologiques était pris charge par des
savants formés Prague liés pour la plupart université de Cracovie rénovée
au début du xve siècle partir du déclin du xive siècle le clergé paroissial et
les fidèles avaient été soumis une information plus détaillée sur les lieux de
séjour après la mort Au siècle suivant glise avait commencé manifester
ambition plus systématique de frapper imagination humaine Celle-ci accep
tait volontiers les représentations plastiques de la récompense et du châtiment
leurs structures et leurs composantes opposaient simultanément ou imposaient
enseignement de glise ses propres images puisées dans le substrat profond
des croyances populaires traditionnelles ainsi que dans le savoir vulgaire et
observation du monde imagination eschatologique collective devait se
former au point de tangence et de confrontation de information savante de la
vulgarisation et de la culture traditionnelle
La doctrine chrétienne ne rencontrait pas dans la population des territoires
polonais et parmi les autres Slaves occidentaux de résistances marquantes sous
la forme de vestiges des idées païennes sur au-delà Il semble que le système
eschatologique slave ait été peu développé et il ait pas été lié la vision des
récompenses ou des châtiments suivant les mérites ou les péchés des hommes3
La croyance traditionnelle dont témoignent les sermons du xve siècle était en
revanche attachée existence posthume matérielle de homme ou de son
esprit le défunt gardait ses besoins temporels apparaissait volontiers parmi les
vivants et surtout dans son environnement antérieur Sous ce rapport héritage
de eschatologie slave devait persister longtemps encore après evangelisation
du pays et extinction des cultes païens Au xve siècle on continuait allumer
les feux auprès desquels pourraient se réchauffer les âmes des proches défunts
séjournant probablement en des lieux froids On leur laissait des restes de nour
riture ou on ne lavait pas les plats après les repas4 En même temps on craignait
le retour du mort dans son ancienne maison et on effor ait de opposer de
diverses manières Le contact avec le fantôme du mort pouvait en effet être
dangereux pour les vivants quand il devenait un spectre démoniaque Les
recherches ethnologiques ont démontré que parmi les fantômes hostiles la col
lectivité des vivants prédominaient les esprits des hommes morts de mort vio
lente5 Les théologiens et les prédicateurs du xve siècle reliaient univers des
revenants aux lieux de leur châtiment le purgatoire ou enfer interdisent sévè
rement toute aide aux spectres comme toute pratique visant se prémunir
contre eux univers des morts subissait en pays slaves les effets de la
christianisation il devenait une collectivité âmes souffrant pour des péchés
non expiés mais il ne se laissait pas facilement enfermer au purgatoire ou en
enfer
La confrontation des deux systèmes de croyances et de représentations avait
lieu aussi sur un autre plan Les maîtres spirituels des fidèles leur transmettaient
la vision du châtiment posthume durable comme un signe de la justice divine
1232 BYLINA ENFER EN POLOGNE
qui vouait la damnation éternelle ceux qui de leur propre volonté avaient
choisi le mal Ils démontraient en même temps elle ne opposait pas la
miséricorde divine Cependant cette vérité de la foi confortée dans la cons
cience humaine coexistait avec idée de la colère de la divinité puissante qui se
vengeait de offense ou du manque obéissance Le Polonais du xve siècle
confondait ces notions de châtiment et de vengeance sur le plan eschatologique
comme il se souvenait de ancienne slave telle elle fonctionnait
dans le système juridique Un glossateur polonais des sermons latins complétait
la demande qui était contenue écarter le châtiment éternel Nos non
punis ne te venge pas de nous iuxta nostra merita
Les pouvoirs ecclésiastiques manifestent en Pologne au Bas Moyen Age
surtout au xve siècle le souci imposer un mode de transmission satisfaisant de
la doctrine religieuse sur la question du châtiment et du lieu de la damnation
éternelle De tels efforts se reflètent dans les statuts épiscopaux et dans les déci
sions des synodes diocésains Selon les indications de évêque de Cracovie
Albertus Jastrzêbiec 1423) les prêtres doivent observer dans leurs sermons une
mesure et une prudence particulières sur ces sujets Ces principes doivent être
respectés tant dans la présentation aux fidèles de horreur de enfer et de la
sévérité du jugement de Dieu que dans la description de espérance du s